Apparitions: que sont-ce?
Une apparition est la vision du Christ ou d’un Saint du Ciel par un ou plusieurs voyants, accompagnée généralement d’un message, parfois une prédiction d’évènements futurs (comme à Fatima).
Le fondement biblique consiste en particulier dans les apparitions de:
* Samuel à Saül (1S 28,14-19; Si 46,20)
* un homme à Ezekiel (Ez 40,3-4)
* un homme à Daniel (Dn 8,15-19 et 10 ,4-7)
* des cavaliers dans le ciel avant la prise de Jérusalem par Jason (2M 5,2)
* cinq hommes dans le ciel effrayant l’ennemi (2M 10,29)
* Jérémie parlant à Judas Maccabée (2M 15,11-16)
* Moïse et Elie lors de la Transfiguration (Mt 17: pourtant la résurrection de la chair n’a pas encore eu lieu), dans les apparitions du Christ ressuscité à ses disciples, et après l’Ascension dans la vision de Paul (Ac 22,18). Cf. Ac 2,17.
* un homme de Macédoine à Paul (Ac 16,9)
On ne doit jamais invoquer la manifestation des morts (Dt 18,11; Saül est mort peu après cette idolâtrie qu’est l’invocation des morts ou nécromancie, spiritisme -1S 28-31), mais les Saints sont bien vivants au Ciel, et peuvent se manifester selon la libre et toute-puissante volonté de Dieu à qui Dieu veut. Une sagesse humaine (par exemple une interprétation particulière de la Bible) ne peut pas prétendre empêcher cette liberté de Dieu.
En Lc 16,26, un riche mort dans le péché ne peut pas traverser l’abîme infranchissable, mais il s’agit de ce qui sépare le Shéol du Ciel, et pas du tout d’un abîme entre le Ciel (de Dieu et des Saints, y compris avant le résurrection de la chair) et la terre: attention aux contresens quand on se détache de la tradition de l’Eglise Une…
Etienne, quant à lui, a été lapidé parce qu’il témoignait voir les cieux ouverts (Ac 7), ce qui est la définition d’une apparition: le voile s’entrouvre sur les réalités d’en haut.
La Révélation est achevée en Jésus-Christ (DV 7): les « révélations » (ou parfois secrets) des apparitions ne sont donc pas une Révélation au sens propre, mais le rappel ou l’actualisation prophétique de ce que contient déjà la Parole de Dieu, selon la libre volonté de la Miséricorde divine.
En Jn 19,26-27, le Christ nous a confiés à Marie comme mère; il n’est donc pas du tout étonnant qu’elle vienne. Ce qui serait vraiment étonnant et même contre-nature, serait au contraire que depuis 2 000 ans, une Maman aussi sainte (car habitée par l’Esprit-Saint et ayant reçu la plus grande grâce) reste perdue dans sa gloire et ne soit jamais intervenue pour secourir ses enfants.
L’Eglise a authentifié une vingtaine (sur des milliers) d’apparitions de la Vierge depuis son Assomption, en s’appuyant sur 3 catégories de critères:
– la conformité du message avec la Parole de Dieu, avec un contenu touchant aux choses de la Foi et du Salut
– la cohérence entre les messages et la vie des messagers (liberté, humilité, charité, patience, douceur, confiance en Dieu, franchise, simplicité de vie, obéissance sincère, communion avec l’Eglise, chasteté, piété sincère et désintéressée, équilibre mental), au moins durant le temps des apparitions et du dialogue avec l’Eglise (Dieu ne contraint pas leur liberté et certains ont pu dans une certaine mesure errer après, comme à La Salette)
– les fruits spirituels durables de conversion et de vocation parmi les fidèles.
Dans le cas d’une apparition non encore reconnue, l’Eglise recommande à la fois l’ouverture aux dons gratuits de Dieu, la prudence, et la communion -ou obéissance pour ce qui en relève légitimement.
Lorsque l’évêque du lieu s’est prononcé, on ne doit pas confondre la (fréquente) « non reconnaissance de supernaturalité » (on n’a pas établi ou pas encore établi que les manifestations venaient de Dieu, si c’est le cas), avec une « reconnaissance de non supernaturalité » (qui signifierait que ce n’est vraiment pas une manifestation d’origine divine).
Certaines expériences négatives de l’histoire (fausses manifestations divines, singeries du démon qui est le spécialiste du mélange du vrai et du faux pour tromper le « voyant » ou le peuple…) incitent les évêques à la prudence (non pas la frilosité psychologique mais la vertu cardinale -Sg 8,7), et les fidèles sont invités à leur faire aussi confiance, mais le droit canonique (canon 215) garantit aussi aux fidèles le droit de se réunir librement pour prier et approfondir leur vocation, et ne demande pas d’imprimatur pour la diffusion de messages dans l’attente d’une prononciation officielle. Historiquement, beaucoup d’apparitions authentiques ont, avant d’être reconnues, fait l’objet d’oppositions de responsables de l’Eglise: pour en faire jaillir un bien ultérieur plus grand et plus éclatant, Dieu peut permettre ces obstacles temporaires qui ne sont en rien un empêchement à Sa providence toute-puissante. Ce serait pécher par manque de Foi, d’humilité et d’unité que d’en faire tout un plat… D’autres ont pu commencer de manière authentique, puis un « voyant » a pu tomber dans l’infidélité.
Les apparitions, même reconnues, ne sont cependant jamais l’objet de la Foi de l’Eglise: ces apparitions ne fondent pas la Foi mais la servent.
Benoît XIV, De servorum Dei…: « L’approbation n’est qu’une permission… On ne doit pas et on ne peut pas accorder un assentiment de foi… , on peut ne pas accorder son assentiment à de telles révélations et s’en détourner, pourvu qu’on le fasse avec la modestie convenable, pour de bonnes raisons et sans intention de mépris. »
Elles doivent toutefois susciter notre très fervente gratitude envers Dieu et ses Saints pour le secours miséricordieux que constitue cette surabondance de grâce, elles nous fortifient dans la Foi en l’Amour infini de Dieu et dans notre zèle à y répondre par toute notre vie en mettant la Parole de Dieu en pratique.
Bhx Jean XXIII Message de clôture de l’année Mariale, 18 février 1959: « …Non pour proposer des doctrines nouvelles, mais pour guider notre conduite. »
Apparitions mariales déjà reconnues à divers niveaux par les évêques (très peu, sur les plus de 2 800 du Dictionnaire des ‘Apparitions’ de la Vierge Marie de l’abbé Laurentin, 2012; ce qui indique la prudence de l’Eglise):
Guadalupe 1531 -Mexique
Laus 1664-1718 -France
Mariapocs 1696 -Hongrie
La Vang 1798 -Vietnam
La Salette 1846 -France
Lourdes 1858 -France
Philipsdorf 1866 -Tchéquie
Pontmain 1871 -France
Pellevoisin 1876 -France
Knock 1877 -Irlande
Dietrichswalde 1877 -Prusse
Fatima 1917 -Portugal
Beauraing 1932 -Belgique
Banneux 1933 -Belgique
Ile Bouchard 1947 -France
Lipa 1948 -Philippines
Amsterdam 1945-1959 -Pays-Bas
Syracuse 1953 -Sicile
Akita 1973-1982 -Japon
Betania 1976-1984 -Venezuela
Kibeho 1981-1989 -Rwanda
Excellent site répertoriant tous les lieux, en anglais: The Miracle Hunter