Argent et Dieu


ôle de l’argent

 Mamôn (Lc 16,9) ou Amen?

INTRODUCTION – questions:
Gagner de l’argent, chercher le meilleur job, est-ce chrétien?
Comment ordonner l’avoir à l’être?
L’argent et le succès : obstacles ou aides pour ton salut?
Privilège ou responsabilité?
Le succès, au service de quoi?
D’abord de quoi vivre, ou des raisons de vivre?
Argent, serviteur ou maître?
Réussir dans la vie ou réussir ta vie?

Les Chrétiens sont souvent gênés pour définir ce que devrait être une juste relation envers l’argent, et confrontés à des difficultés pour la vivre.
Le sujet reste souvent un non-dit, entre deux extrêmes, aussi idolâtre l’un que l’autre: le moralisme jusqu’à la culpabilité d’une part, et l’indifférence jusqu’à l’irresponsabilité d’autre part.
Le rapport à l’argent relève du combat spirituel, mais est aussi marqué par des événements historiques (rôle fondateur de l’Eglise dans les œuvres de charité, mais aussi corruption de certains catholiques affichés; différences entre les régions) et des influences idéologiques (socialisme, marxisme qui est un matérialisme antimatérialiste idéaliste gnostique; capitalisme notamment anglosaxon aussi à tendance gnostique).
L’enjeu est le salut: le tien et celui du monde (cf. Mt 25).

La Parole de Dieu et la Magistère nous éclairent cependant, tant dans le domaine personnel que collectif.
Le critère chrétien de la relation à l’argent est la gloire de Dieu, et la dignité de la personne, qui inclut la priorité de son bien suprême qu’est le Salut éternel.

CONTEXTE
Max Weber (L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1905) explique la croissance économique des régions protestantes par l’idéologie de la prédestination (vs ascèse catholique): l’angoisse du salut implique plus ou moins consciemment la recherche de signes de bénédictions. Mais il affirme la tutelle de l’Eglise sans démontrer de différence avec les régions protestantes ni entre elles (avec différentes théologies), se focalise sur l’Europe et ne tient pas compte d’autres facteurs indépendants comme les différences juridiques, politiques et les guerres, la présence de minerais, le climat sud-européen, n’aborde pas la prospérité de certaines régions industrielles catholiques ou la pauvreté de certaines régions protestantes, ni l’évolution diachronique…
La difficulté historique du « catholicisme » a été un enrichissement excessif des élites (aristocratiques puis bourgeoises post-révolutionnaires), et en réaction, le jansénisme instillant la culpabilité (et ignorance, tentation néomarxiste de la « théorie » de la libération (temporelle), puis des compromissions soit avec des classes riches, soit avec des idéologies de libération athées (Internationale, version originale 1871: « Il n’y a pas de Dieu, pas de sauveur suprême… »; le socialisme est condamné par Léon XIII Quod Apostolici muneris, PIE XI Quadragesimo anno, Pie XII Summi Pontificatus, JP II Centesimus Annus, et le communisme –satanisme de Marx– est excommunié par Pie XII en 1949).
Le marketing présente une propension au mensonge (dissimulation, exagération…)
La déconnexion des investisseurs avec la réalité humaine (intermédiaires coupent propriétaires du travailleur et du client): perte de conscience de la responsabilité morale.
En France, à part le droit à la propriété privée, le système économique demeure depuis l’Ancien régime puis le jacobinisme, systémiquement plus étatique que celui de ses voisins: déresponsabilisant ie irresponsabilisant.
Les PVD souffrent certes de faiblesses internes (climat difficile, faible niveau d’instruction, corruption…), mais aussi du coût supérieur du crédit, et du bas prix des matières premières.

Dans le monde, on est riche quand peu de choses matérielles nous manquent (désirs satisfaits). En réalité, la satisfaction matérielle est fondamentalement une illusion (l’être humain imago Dei est pour l’infini: Lc 12,18 « j’abattrai mes greniers et j’en bâtirai de plus grands« ), et l’homo oecumenicus (expression d’économistes et philosophes du XIXè s) recherche plus ou moins obsessivement et névrotiquement la maximisation de cette satisfaction. Les sciences économiques affirment la non-satiété, et la substitution de l’émotivité à la rationalité.

En réalité, les vrais riches sont ceux qui sont détachés des choses terrestres (petits désirs matériels sont faciles à satisfaire, et surtout Dieu comble leurs désirs spirituels infinis), il leur manque beaucoup moins qu’à Bill Gates

La vraie mesure de ta richesse est ce que tu vaudrais si tu perdais toutes tes possessions terrestres.

Cadre biblique:
Dans la pédagogie divine, la richesse apparaît d’abord comme un signe de bénédiction (Gn 13,2; Gn 14,14: 318 serviteurs; 2Ch 31,10…).
Probité et droiture sont aussi demandées (Pr 10,9; 12,11) et l’exploitation des pauvres est clairement dénoncée (Am 5,21s; Mi 3,9; Is…).

Dieu demande déjà aussi de tout confier entre ses mains (eg Gn 12,1), par le détachement:
Gn 12,1 « Va pour toi (ou « vers toi »: pour ton bien, pour être aimé de Dieu et accomplir ainsi ton être; sera répété en Gn 22 aqedat),
quitte ta terre (erets: monde, culture, coutume),
ta parenté (moledet: liens du sang),
la maison de ton père (propriété matérielle) ».
à gradation, parties de l’être humain (1Th 5,23).
Pr 30,8 Ne me donne ni pauvreté ni richesse, slmt ce qu’il me faut pour vivre, 9 de crainte que, comblé, je ne me détourne et ne dise: « Qui est YHWH? » ou encore, qu’indigent, je ne vole et ne profane le nom de mon Dieu.
Pirqe avot 2,17: « Que l’argent de ton prochain te soit aussi précieux que le tien. »

 

1. LEGITIMITE DE LA PROPRIETE PRIVEE
Gn 2,8; interdit du vol dans la loi naturelle et la loi mosaïque révélée.
Ex 20,15: 7ème commandement, développé par CEC 2401s.
La Sainte Famille a eu elle-même probablement sa maison.
Jean-Paul II, Centesimus annus 1991: ~ »La propriété est pour l’autonomie et le développement de la personne et de la société. »
CEC 2402s: « La terre est répartie entre les hommes pour assurer la sécurité de leur vie, exposée à la pénurie et menacée par la violence. L’appropriation des biens est légitime pour garantir la liberté et la dignité des personnes, pour aider chacun à subvenir à ses besoins fondamentaux et aux besoins de ceux dont il a la charge. Elle doit permettre que se manifeste une solidarité naturelle entre les hommes.
Le vol n’enfreint pas que la loi civile, mais la justice de la loi divine. « Ainsi, retenir délibérément des biens prêtés ou des objets perdus; frauder dans le commerce (cf. Dt 25,13-16); payer d’injustes salaires (cf. Dt 24,14-15; Jc 5,4); hausser les prix en spéculant sur l’ignorance ou la détresse d’autrui (cf. Am 8,4-6)… spéculer […] au détriment d’autrui… la fraude fiscale (quand la pression est juste, ce qui demande beaucoup de discernement objectif)… le gaspillage… [la rupture des] contrats (pour ce qui est financièrement possible et équitable) les jeux de hasard […] lorsqu’ils privent de ce qui est nécessaire la personne ou de ceux d’autrui.
Phm 16: traiter son serviteur « comme un frère…, comme un homme, dans le Seigneur ».
Respecter l’intégrité de la création… [sans] détourner vers [les animaux] l’affection due aux seules personnes. »

JP II Centesimus Annus 24 (encyclique de 1991): « Tout système suivant lequel les rapports sociaux seraient entièrement déterminés par les facteurs économiques est contraire à la nature de la personne humaine et de ses actes. »
CEC 2425: « L’Église a rejeté les idéologies totalitaires et athées associées, dans les temps modernes, au « communisme » ou au « socialisme ». Par ailleurs, elle a récusé dans la pratique du « capitalisme » l’individualisme et le primat absolu de la loi du marché sur le travail humain (cf. CA 10; 13; 44). La régulation de l’économie par la seule planification centralisée pervertit à la base les liens sociaux; sa régulation par la seule loi du marché manque à la justice sociale, car il y a de nombreux besoins humains qui ne peuvent être satisfaits par le marché » (CA 34). Il faut préconiser une régulation raisonnable du marché et des initiatives économiques, selon une juste hiérarchie des valeurs et en vue du bien commun. »

Attention à la déification (absolutisation) de ce droit.

Mamôn est lié à presque toutes les autres criminalités de ce monde: trafics de drogue, d’armes, d’êtres humains, d’organes, fornication (usage de son corps et du corps d’autrui comme une chose), avortement, vols, mafias, divisions dans les familles, guerres…

 

2. DESTINATION UNIVERSELLE des biens
Gn 1,28 Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre. 29 Dieu dit: Je vous donne… »
Lv 19,10 Tu ne grappilleras pas ta vigne et tu ne ramasseras pas les fruits tombés dans ton verger. Tu les abandonneras au pauvre et à l’étranger. Je suis YHWH votre Dieu.
Lv 25 (années sabbatiques et jubilaires) v.23 La terre ne sera pas vendue à perpétuité, car la terre est à moi, et vous êtes chez moi comme étrangers et résidents temporaires.
Ps 24,1 Au Seigneur appartient la terre et ce qu’elle renferme, le monde et ceux qui l’habitent.
Dt 15,7 S’il se trouve chez toi un pauvre parmi tes frères, […] tu n’endurciras pas ton cœur, tu ne fermeras pas ta main, mais tu lui ouvriras ta main et tu lui prêteras de quoi pourvoir à ses besoins.
Ag 2,8 À moi l’argent! à moi l’or! oracle de YHWH Sabaot.
Mt 25,14: intendants des talents (Lc 19,11: mines)
1Co 4,7 Qu’as-tu que tu n’aies reçu?
Ac 4,32-35 Nul ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais tout était commun entre eux. […] Il n’y avait aucun indigent parmi eux.

Thomas d’Aquin (ST IIa, IIae, q.66, a. 7) distingue la propriété (qui est un droit naturel), et l’usage de la propriété (qui est une responsabilité personnelle envers tous). Le droit de propriété est ordonné au bien commun.

L’être humain souffre depuis la chute (Gn 3) de tendances à l’égoïsme (cf. yetser hara –mauvais penchant-, 1Jn 2,16; Mt 4; concupiscence), et sa relation à l’argent demande beaucoup d’écoute de Dieu en la conscience de chacun.

L’argent est comme un fumier: non à accumuler chez toi, mais à utiliser pour la fécondité de ton existence.

Pas un privilège mais une responsabilité.

Ex 16,16-18 Que chacun recueille de la manne selon son besoin. […] Celui qui avait ramassé beaucoup n’avait rien de trop, et celui qui avait ramassé peu ne manquait de rien.
Mt 6,26 Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent ni ne recueillent en des greniers, et votre Père céleste les nourrit! Ne valez-vous pas plus qu’eux?
La terre peut nourrir et loger 100 milliards d’humain. Les problèmes viennent de défauts entre tous d’organisation et de répartition.
Dieu a permis les inégalités dans la Création et l’humanité comme école de charité, préparation à la communion céleste: afin de donner l’opportunité aux humains de donner comme lui ne cesse de donner.

 

3. L’argent est seulement un MOYEN et jamais une FIN
Il est bon serviteur mais mauvais maître.
1Co 14,33 Nous n’avons pas un Dieu de désordre mais de paix.
Lc 20,24 Montrez-moi un denier; de qui a-t-il l’image et l’inscription? Et répondant, ils dirent: De César.  25 Et il leur dit: Rendez donc les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu.
Lc 19,23 pourquoi n’as-tu pas mis mon argent à la banque, et quand je serais venu je l’eusse retiré avec l’intérêt?
Lc 16,9 Faites-vous des amis avec le mamôn d’iniquité, afin que, quand vous viendrez à manquer, vous soyez reçus dans le tabernacles éternels.

Riches: Zachée, Lazare, Joseph d’Arimathie, Jeanne, femme de Huza, intendant d’Hérode
Ambroise Expositio Evangelii sec. Lucam:« Les richesses sont même des moyens de vertus pour les personnes bonnes. »

Il n’est pas mauvais en soi, mais l’incapacité de le partager et l’illusion de l’autonomie et la peur de le perdre sont mortelles.

Mt 6,24: L’argent ne peut avoir la primauté
(Mt 6,24 Nul ne peut servir deux maîtres; car, ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre: vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. 25 C’est pourquoi je vous dis: Ne soyez pas en souci pour votre vie, de ce que vous mangerez et de ce que vous boirez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus: la vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement? 26 Regardez aux oiseaux du ciel: ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni n’assemblent dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup mieux qu’eux? à sans inquiétude)
Servir deux maîtres consiste à suivre deux volontés différentes, c’est-à-dire rencontrer tôt ou tard des conflits de priorité insolubles.
L’argent apparemment peut procurer une autonomie et mettre à l’abri du besoin; transitoirement il donne des sécurités et assure un confort de vie: il permet la réalisation de la volonté propre.

En réalité, il ne fait que refouler les soucis liés à la contingence: lorsque ce soucis émerge de nouveau, il met violemment l’homme en face de sa peur de l’accident, de la maladie, de la mort.
Seul le Père comble car il s’occupe de nous en toutes choses: Mt 6,32/Lc 12,30 « Votre Père céleste sait ce dont vous avez besoin ».
Ton cœur suit ton trésor, quel qu’il soit (cf. Mt 6,21). Et à moins que ce trésor ne soit le Royaume, nous sommes idolâtres, à des degrés divers de gravité. Nous finissons tous par ressembler à ce que nous aimons le plus, et il est extrêmement difficile de ne pas aimer la richesse que l’on a passé toute sa vie à accumuler et à entretenir.

Risques de la richesse:
* détourne la confiance qu’on devrait avoir pour Dieu vers soi-même: autosuffisance, illusion de puissance
Plus une personne ou une société est matériellement riche, plus elle tend à s’éloigner de son Créateur se pensant autosuffisante, tombant dans les 3 tentations fondamentales (Mt 4) et toutes les autres.
La valeur «fiduciaire» de la fortune devient une FOI.
Beaucoup ont tout ce qu’il faut pour vivre, mais pas de raison de vivre. Entre les deux, que priorises-tu?
* entraîne dans une spirale d’avidité
Ap 18 Toutes les nations ont bu du vin de la fureur de sa fornication, et les rois de la terre ont commis fornication avec elle, et les marchands de la terre sont devenus riches par la puissance de son luxe (marchands avec Babel/Rome cité terrestre)
Schopenhauer: « La richesse est pareille à l’eau de mer: plus on en boit, plus on a soif. »
Etty Hillesum: « La peur de ne pas tout avoir dans la vie, c’est elle justement qui vous fait tout manquer. Elle vous empêche d’atteindre l’essentiel. »
* vanité: le bling bling est souvent signe extérieur de pauvreté spirituelle.
* coupe des autres par protection,
* écrase autres pour assurer et augmenter sa « richesse »: dureté et crimes dans l’histoire.
Deux passages sur la nature de l’argent:

Lc 16,1-8 – Le gérant habile: Ce récit est paradoxal car il semble faire l’éloge d’un cas classique de faux bilan, escroquerie et corruption pour l’équivalent de 4 années de salaire (50 barils soit 75 arbres ; 20 mesures soit 40 hectares de blé ; en tout mille deniers ou jours de travail). Mais le genre littéraire des paraboles de l’Ancien Orient n’utilise ces éléments que pour soutenir une leçon centrale bien plus importante : l’habileté, en vue non du monde mais du Ciel.
Les nouvelles nous montrent les moyens toujours nouveaux inventés par les filous et gangsters : comment piller une joaillerie, percer des coffres blindés, emporter les caisses les mieux gardées, cambrioler des maisons protégées, passer des tonnes de drogue par-delà les frontières et océans, arnaquer par internet, escroquer l’Etat, les banques et assurances… : l’imagination et les efforts pour des buts matériels paraissent sans limites.
L’habileté prônée par Jésus est celle du constructeur de la maison sur le roc (Mt 7,24), celle des serpents (Mt 10,16), et celle des vierges prévoyantes et persévérantes (Mt 25,2). Le texte syriaque dit ici : la « sagesse » pratique.

Lc 16,9: Mamôn a la même étymologie que la foi (emunah), littéralement : l' »appui » : il indique donc une vraie idolâtrie, ce que l’être humain substitue à Dieu.
Attention à la spirale d’avidité
Choisissons donc plutôt comme Josué (24,15) : « Moi et ma maison, nous servirons le Seigneur ! »,
Jésus nous invite à nous détacher de l’idole de Mamôn, c’est-à-dire non seulement de l’argent mais aussi des préoccupations pour les possessions de cette terre, qui prennent la place du Créateur. Ce peuvent être la santé, l’argent, une profession, des loisirs, des passions de toute sorte
Toutes nos peurs (et notamment celle de manquer) sont inversement proportionnelles à notre confiance.
St Ignace (Suscipe) demande : « Prends Seigneur et reçois toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence, et toute ma volonté, tout ce que j’ai et que je possède. Tu me l’as donné Seigneur, je te le rends : tout est à toi, dispose-s-en selon ta volonté ; donne-moi ton amour et la grâce, et cela me suffit. »

Le Chrétien ne cherche pas d’abord à maximiser son profit mais à servir le bien commun.

Pour investir, il vaut mieux sélectionner des entreprises respectant les trois principes fondamentaux de l’Eglise (principes non négociables pour la Vie), donc éviter à la fois les packages (genre EFT) finançant aussi des activités clairement immorales.
L’Eglise catholique a un service de veille recommandant des fonds éthiques au sens chrétien à bon rendement.
A l’inverse, voici des organisations soutenant financièrement ou idéologiquement des avortements et/ou contribuant à la destruction de la famille naturelle:
Adobe, Alphabet/Google, Amazon, American Airlines, American Express, Apple, Bank of America, Bayer, Ben&Jerry, Boeing, BP, Caterpillar, Chanel, Cisco, Coca Cola, Danone, Delta Airlines, John Deere, Deutsche Bank, Disney, eBay, Energizer, Estee Lauder, Expedia, General Electric, General Motors, GoFundMe, Goldman Sachs, Gucci, H&M, Home Depot, HP, Ikea, JPMorgan, Kering (Luxe), Levi Strauss, Lionsgate, L’Oréal, LVMH, Marriott, Merck, Microsoft, Morgan Stanley, Netflix, Nike, Nvidia, Oracle, Paramount, Patagonia, PayPal, PepsiCo, Pfizer,  Procter&Gamble, Schneider, Sheraton, Starbucks, Uber, UNICEF, Unilever, United Airlines,  UPS, Warner Bros, Wikipedia, YMCA, groupes de presse subventionnés… (sources: veille actualisée de listes d’entreprises par HLI, Concernedwomen, Epcc, Fightpp…)

 

4. Contre la cupidité et l’accumulation
Ps 49,13 L’homme dans son luxe ne comprend pas, il est semblable au bétail muet.
So 1,12 Ils croupissent, engourdis, figés dans/sur leurs richesses.
Mt 19,16 – Le jeune homme riche: Sa demande est exceptionnelle, car très généralement nous nous préoccupons et faisons des demandes de grâces matérielles, et si rarement de la vie éternelle. Comme « jeune homme », il est au départ un développement de l’ « enfant spirituel » confiant en Dieu, dans la bonne direction.
Le détachement est le refus de faire de quoi que ce soit d’inférieur à Dieu le centre de notre vie.

Préférons donc le Christ à tout, puisque Lui nous a préférés même à sa propre vie. La vie chrétienne et la sainteté consistent à être non « une bonne personne » (quelqu’un qui ne nuit pas), mais « une personne bonne« , c’est-à-dire qui cherche de manière conséquente l’union à Dieu dans l’imitation de sa bonté.

« Aimer c’est tout donner et se donner soi-même » (PN 54) :

A celui dont le Seigneur est le pasteur, rien ne manque (cf. Ps 23,1). Imitons Antoine le Grand qui se convertit et donna sa vie à l’écoute de l’évangile de ce jour.
L’antithèse de la confiance du petit enfant en son Père, est la confiance du riche en ses propres moyens
Nous nous contentons trop souvent de nos pensées, interrogations, sensations et possessions, au lieu de prendre de vraies décisions d’aimer le prochain et de faire confiance en Dieu.
Ici, le riche gamberge et tergiverse : « Que dois-je faire… » Un autre riche, Zachée, se résout et change de vie : « Je donne… » (Lc 19,8)
Le riche demande à « hériter« , Jésus demande : « donne » ! Il cherche à se remplir, alors que le Christ invite à quitter tout ce qui retient. Le problème réside dans le manque de Foi en Christ qui donne infiniment plus.

Col 3,5 La cupidité est une idolâtrie.
Dureté de cœur; mensonge de l’accumulation des biens et expériences (vacances coûteuses, possessions bien au-dessus des besoins et usages réels et en déséquilibre avec ses contemporains)
Qui se gave de choses terrestres oublie l’existence et le désir des biens du Ciel.

Lc 16,19-31 – Le riche et Lazare
En général, on donne le nom du riche : Jésus renverse les valeurs du monde en ne nommant que le pauvre. Le riche ici n’a pas de nom, car symboliquement, il se coupe de la relation au Père céleste, se prive de son héritage céleste, n’est pas inscrit au « livre de vie » (Ap 20,15), et se coupe aussi de la relation avec les autres par ses liens d’abord matériels. Cet « homme » désigne ici le genre humain, en effet bien souvent déchu dans l’idolâtrie et le gâchis de ses attachements. Le pourpre était la couleur impériale, et le lin fin, la tenue des grands prêtres (Ex 28,5) à Jérusalem (Anne avait précisément cinq fils, qui furent tous grands prêtres : v.28, cf. Josèphe, Ant. 20,9).
Alors que « le pauvre Lazare » est celui qui vit la première béatitude (Lc 6,20) ; son nom (origine des « lazarets », hospices pour lépreux) signifie « Dieu secourt », et on peut le lire en lien littéraire avec l’ami de Jésus sauvé de la mort (Jn 11), comme une histoire symbolique à clé, montrant le même rejet par les grands prêtres.
Le titre traditionnel du passage (au moins depuis Pierre Chrysologue, +450) est « le riche épulon« , terme désignant à l’origine les prêtres païens romains chargés du festin cultuel de Jupiter (lors des ludi magni, avec force dilapidations) : c’est malheureusement ce qui se produit lorsque nous préférons, pour toutes sortes de raisons, le culte de ce qui prend la place de Dieu.
Le problème, comme dans la parabole du jugement dernier (Mt 25,31) est l’inaction envers les besoins de ton prochain (quelle que soit ta richesse matérielle), provoquée par l’indifférence, la dureté de cœur, l’égocentrisme… Que même des animaux venaient lécher les plaies du pauvre, signifie qu’un cœur humain insensible a moins de compassion qu’une bête.
Combien de fois entend-on au confessionnal : « je ne vois pas, je n’ai rien fait de mal« . Or l’entrée au Paradis ne demande pas de ne pas avoir fait de mal, mais de se confier en Dieu, et d’aimer en faisant le bien.
L’hébreu fait un jeu de mot (asir ashir) : le riche est prisonnier. Il trouve sa sécurité en des biens si aléatoires, au lieu de s’appuyer sur Dieu.
Ambroise commente : « Toute pauvreté n’a pas le privilège de la sainteté, comme toute richesse n’est pas nécessairement criminelle, mais de même que c’est la vie molle et sensuelle qui déshonore les richesses, c’est la sainteté qui rend la pauvreté recommandable. »

L’hubris est le franchissement des limites correspondant à la nature; elle se termine par la violence, l’échec et la chute. Parmi les exemples, Aristote rappelle les Titans, Icare, Achille. Son contraire est la sophrôsunè, l’action raisonnable et sage, avec mesure.

L’Ecriture évoque souvent les péchés d’avarice philarguria (affections…) ou pleonexia  cupidité   vs détachement (aktemosune).

1Tm 6,10 La racine de tous les maux c’est l’amour de l’argent.
1Tm 6,17 Aux riches de ce monde, recommande de ne pas juger de haut, de ne pas placer leur confiance en des richesses précaires, mais en Dieu qui pourvoit largement de tout

Le démon entre par le portefeuille…

Schopenhauer: « La richesse est pareille à l’eau de mer : plus on en boit, plus on a soif. »
L’avarice et le consumérisme sont des nihilismes.
Pape François: « Si quelqu’un a des attachement à des biens matériels de tout type, mieux vaut ne pas entrer au séminaire ou en politique. »

Basile De l’avarice, 6: A  l’homme avare: “Tu es vraiment pauvre, et même dépourvu de tout vrai bien. Tu es pauvre d’amour, pauvre en humanité, pauvre de foi en Dieu, pauvre d’espérance dans les réalités éternelles”
Augustin: « L’abondance qui n’est pas de Dieu est indigence. »
Bernard:  « La richesse nous rend aveugle dans le combat spirituel de la charité et nous coupe des autres dans notre suffisance. »
Thomas d’Aquin: La pauvreté parfaite est celle qui sert le mieux notre finalité.
Curé d’Ars: « L’avare est comme un pourceau qui mange des glands sans lever la tête pour savoir d’où ils viennent ».

La pauvreté diminue (de 1,7 Mds soit 35% en 1980, à 780 millions soit 9 % avec moins de 2€ par jour), mais la concentration augmente. 2016 : « La fortune des 1 % les plus riches dépasse celle des 99 % restants. » 2017 : « 8 milliardaires possèdent autant que la moitié de la planète ». 2018 : « Les plus riches se sont adjugé 82 % de la richesse mondiale ». 2019 : « Les 26 plus riches détiennent autant que la moitié de l’humanité. » 2020 : « 2 153 personnes possèdent plus de richesses que 60 % de la population mondiale. »

Beaucoup de gens sont trop riches pour avoir plus d’un ou deux enfants, trop engagés pour travailler pour acheter du prestige, des maisons, les « meilleures » écoles, et des jouets pour les adultes…
Ce n’est pas un problème de quantité mais de préoccupation, par exemple pour un produit particulier dont on estime qu’on y trouvera une certaine plénitude et que l’on va rechercher concrètement, même pour un court temps, avec plus d’ardeur qu’on ne cherche Dieu, comme une dopamine. Or tout ce qui prend la place de Dieu – avec ses croyances à la mode prenant la place des dogmes, ses « évangélisations » et ses enchantements comme la publicité, ses rituels réguliers comme les promotions, et ses temples – est une idole.

Pièges:
– faux-franciscanisme: idéologie ou culte du misérabilisme (médiocrité, faible qualité, moche, superficiel, cherchant à « faire pauvre »…), vs pauvreté dans  l’Esprit (Mt 5,3), sequela/imitatio Christi et Dame-pauvreté; opposition des classes et millénarisme (justice temporelle) par la contrainte
– soi-disant théologie de la « libération », recourant à la violence et finissant par rejet la Rédemption par le Christ
– fausse théologie de la prospérité.
Seule vraie théologie de la prospérité: prospérité (= porter devant) en générosité et autres vertus
– déformation de la prière de Yabets (1Ch 4,10: « épreuve ») demandant une simple bénédiction terrestre.

 

5. Importance du DON de soi (partage)
Racine du mot « aimer » ahava = donner
Dieu est com-munion (circulation de don), et tu es créé selon l’image de Dieu.
Générosité: qui reconnaît son genos: origine divine
Ps 112,9 [Le juste tsadiq] fait largesse, il donne aux pauvres; sa justice demeure à jamais.
Jn 12,25 Qui aime sa vie la perd; et qui hait sa vie en ce monde la conservera en vie éternelle.
Jn 15,13 Personne n’a un plus grand amour que celui-ci, qu’il laisse (se dessaisisse de) sa vie pour ses amis.
Ph 2,4 Ne recherchez pas chacun vos propres intérêts, mais plutôt que chacun songe à ceux des autres.
Mt 10,8 Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.
Rm 14,7 Nul d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même.
Gn 4:  Abel s’offre: prémices de son troupeau (vs simple produits du sol), Kaïn s’efforce d’acheter Dieu.
2Co 9,6 Songez-y: qui sème chichement moissonnera aussi chichement; qui sème largement moissonnera aussi largement7 Que chacun donne selon ce qu’il a décidé dans son coeur, non d’une manière chagrine ou contrainte; car Dieu aime celui qui donne avec joie8 Dieu d’ailleurs est assez puissant pour vous combler de toutes sortes de libéralités afin que, possédant toujours et en toutes choses tout ce qu’il vous faut, il vous reste du superflu pour toute bonne oeuvre,
Lc 6,38 Donnez et on vous donnera; c’est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante qu’on vous versera dans le pan de votre vêtement, car c’est la mesure dont vous vous servez qui servira aussi de mesure pour vous.

Mt 6,2 Quand donc tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, pour être glorifiés par les hommes. Amen, je vous dis: ils ont leur récompense! 3 Pour toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite…
Une seule œuvre bonne faite dans le secret vaut mieux que mille qui seraient reconnues.
Augustin: « L’amour n’est pas pour la récompense, mais il n’est pas sans récompense.
Ga 5,14 Une seule formule contient toute la Loi en sa plénitude : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
1Jn 3,18 Petits enfants, n’aimons ni en pensée ni en paroles, mais en actes et en vérité.
Lc 21; Mc 12,44 offrande de la veuve: tout ce qu’elle a pour vivre.
Mt 5,46 Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous? à perfection de moyen selon l’état de vie

Le commandement est de donner; seule la générosité est de tout donner: la raison (discernement) et le cœur déterminent la quantité et l’intention. Le Christ lui-même a gardé du temps et des biens pour sa digne existence, avant de tout donner. Le christianisme est un appel continuel à la conscience (présence et voix de l’Esprit-Saint), avec la raison et dans la confiance en Dieu.

Saint Laurent: « Le vrai trésor de l’Église, ce sont les pauvres. »  Opportunité d’aimer/donner gratuitement comme Dieu nous a aimés gratuitement.
Jérôme Lt 130: Dès que tu donnes un bien, il commence vraiment à t’appartenir, puisqu’il commence d’être au Christ.
Clément d’Alexandrie: Dieu a produit notre race pour la communion… Les richesses sont pour servir non pour dominer.
Dom Helder Camara (Le désert est fertile, DDB 1971, 22): « Dieu n’est pas injuste. Il attend plus de celui à qui il donne plus: qui reçoit plus reçoit pour les autres. Il n’est ni plus grand ni meilleur: il est plus responsable, il doit servir plus, vivre pour servir. »
Augustin: « L’aliment de la charité, c’est la disparition de nos convoitises. »

Ce ne sont donc pas les sacrifices qui sanctifient l’homme, car Dieu n’a pas besoin de sacrifices; mais c’est la disposition intime de celui qui offre, qui, si elle est pure, sanctifie le sacrifice: elle contraint Dieu à l’accepter comme venant d’un ami.

Collectes, secours des pauvres dans la Rome païenne, basiléades, hôtels-Dieu, léproseries…

Option préférentielle pour les pauvres.

Donner non seulement secourt le prochain, mais aide celui qui donne à éviter l’idolâtrie de ses possessions.

L’existence n’est qu’une école de charité/don de soi: cette vie est trop brève pour se préserver. Qu’aujourd’hui pour donner

Marie aux trois enfants de Fatima: « Voulez-vous vous offrir à Dieu? »
Augustin: « Dieu ne peut que donner son amour… »
GS 24: L’être humain ne se trouve que dans le don sincère et désintéressé de soi-même.
Thérèse (Ms A 45v): « Je sentis, en un mot, la charité entrer dans mon cœur, le besoin de m’oublier pour faire plaisir, et depuis lors je fus heureuse ».
Sr Ruth Burrows: « La chair convoite contre l’esprit (Ga 5,17). Le vrai bien-être est beaucoup plus que la satisfaction de la fleur carnivore de l’ego. »
BXVI (Caritas in veritate, 34): « L’être humain est fait pour le don; c’est le don qui exprime et réalise sa dimension de transcendance. »
Agnès de Nanteuil résistante + 22 ans: « Tout pour les autres, rien pour moi. »

 

6. COMMENT: l’imitation du Christ
Quand on aime quelqu’un en vérité, on cherche la similitude, pour ce qui dépend de nous, entre ce que vit cette personne et ce que je vis. Cela implique de rechercher dans la mesure du raisonnable, des conditions d’existence matérielle semblables: vivre autant que possible dans la tempérance (sobriété), ni plus ni moins riche que le Christ en fonction de son époque, et que nos contemporains aujourd’hui.

2Co 8,9 Le Christ, de riche qu’il était s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté.
Ph 2,6 Le Christ, de condition divine, ne retient pas (harpagein) jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
7 Mais il s’est vidé de lui-même, prenant condition de serviteur, et devenant semblable aux hommes.
Jn 13,34 …Comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez l’un l’autre.

La pauvreté (et non pas la misère) est un des trois conseils évangéliques (avec chasteté et obéissance) révélés contre les conséquences de la chute.
Pour tous les états de vie, chacun selon ses responsabilités.

Etre DISCIPLE, répondant à la grande mission confiée en Mt 28,19
Dìscere (mathêtein, talmid)  = apprendre: pas tant le contenu que le comportement
Dieu et le monde n’ont pas besoin d’admirateurs/fans/clients/membres inertes ou passif, mais de disciples, ie engagés

Phases:
Dispositions: désir d’humilité, curiosité, ouverture, capacité de faire confiance à autrui, recherche
Rencontre personnelle
Passer de membre à disciple, pour devenir des chrétiens à temps plein, et non des saints à temps partiel.
Passer de Jésus comme une connaissance à ami, ami proche, meilleur ami, époux de l’âme et sauveur à suivre.
Discipulat intentionnel (< 1 % des baptisés ?): engagement, formation, cohérence de vie, fidélité (cf. Jn 6,66 Beaucoup de disciples se retirèrent; et ils ne marchaient plus avec lui.)
Moyens pratiques: Parole de Dieu, Prière, Sacrements, Vie dans l’Eglise

Christomimêsis :  cf. 1Co 11,1
Mt 10,24 Le disciple n’est pas au-dessus du maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur. 25 Il suffit au disciple qu’il soit comme son maître,
Rm 8,29 Ceux que d’avance il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l’image de son Fils, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères.
Ep 5,1 Devenez donc les imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés
Lc 6,36 Soyez miséricordieux comme…
1Jn 3,16 Le Christ a donné sa vie pour nous. Et nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères.
Lc 22,19 Faites cela en mémoire de moi       à tout le mystère du don de Lui-même, exprimé dans l’Eucharistie
Rm 12,1 Je vous exhorte, frères, au nom de la miséricorde de Dieu, à vous offrir vous-mêmes (corps: h entier) en hostie vivante, sainte et agréable à Dieu
2Co 12,15 Je me dépenserai très volontiers moi-même tout entier pour vos âmes.
Ap 12,11 Ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à refuser de mourir.

Ignace d’Antioche (Lt aux Philadelphiens 7): « Soyez les imitateurs du Christ comme lui l’est aussi de son Père. »
Jean Chrysostome (In Joa PG 35, 1622): « Le moindre intervalle entre le corps et la tête (cf. Col 2,19) nous ferait mourir. »
« L’Imitation de Jésus-Christ » a convertit et nourri des générations entières
St Charles de Foucauld (Retraite à Nazareth, 5-15 11 1897): « Je ne sais s’il est possible à certaines âmes de vous voir pauvre et de rester volontiers riches… En tout cas, moi je ne puis concevoir l’amour sans un besoin, sans un impérieux besoin de conformité, de ressemblance. » (Lt à G.Tourdes mars 190)2: « L’imitation est inséparable de l’amour, tu le sais, quiconque aime veut imiter, c’est le secret de ma vie. J’ai perdu mon cœur pour ce Jésus de Nazareth, crucifié il y a 1900 ans et je passe ma vie à chercher à l’imiter autant que le peut ma faiblesse.)

St Michel Garicoïts (fdtateur pères du SC de Bétharram, +1863), les trois R: « Sans retard, sans réserve (condition, retenue, restriction, calcul, mesure) et sans retour (récupération, compensation, intérêt) »: toujours, total, gratuit.

DETACHEMENT, abandon à Dieu
Le détachement ne prive en réalité pas de grand-chose; il est bien davantage l’attachement à la personne du Christ qui comble et qui s’est le premier attaché à nous en se faisant chair.
Après Abraham et les prophètes (eg Elisée sa ferme: 1R 19,19s), Pierre aussi a été appelé à laisser ses filets (Mt 4,18), Matthieu son emploi (Mt 9,9), Nathanaël sa retraite (Jn 1,47), Paul sa condition de maître pharisien…
2Co 4,18 Nous ne regardons pas aux choses visibles, mais aux invisibles; les choses visibles en effet n’ont qu’un temps, les invisibles sont éternelles.
Ph 3,7 Tous ces avantages dont j’étais pourvu, je les ai considérés comme un désavantage, à cause du Christ.
8 Bien plus, désormais je considère tout comme désavantageux à cause de la supériorité de la connaissance du Christ Jésus mon Seigneur. À cause de lui j’ai accepté de tout perdre, je considère tout comme déchets, afin de gagner le Christ,
9 et d’être trouvé en lui, n’ayant plus ma justice à moi, celle qui vient de la Loi, mais la justice par la foi au Christ, celle qui vient de Dieu et s’appuie sur la foi;
10 le connaître, lui, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, lui devenir conforme dans sa mort,
He 13,5 Que votre conduite soit sans avarice a-phil-arguros, vous contentant de ce que vous avez présentement; car Dieu lui-même a dit: Je ne te laisserai ni ne t’abandonnerai (Dt 31,6; Jos 1,5)
Lc 9,3 Ne prenez rien pour la route, ni bâton, ni besace, ni pain, ni argent, n’ayez pas non plus chacun 2 tuniques
Ps 61,11 Si les richesses affluent, n’y mettez pas votre cœur.

Critères de l’attachement: état d’inquiétude ou de tristesse.
Chance inouïe de ne pas avoir besoin de 99% des objets que proposent la société de consommation (liberté).
Païssios Lt 55 ~: « Comment ressentir la consolation divine (la douceur du Paradis), si nous nous remplissons des consolations du monde?… Et comment pourrait-on prétendre être disciple du Christ si nous convoitons des vêtements de luxe, alors qu’en sa Passion Il a accepté pour nous de se laisser dépouiller de tout? »
Augustin: « Pourquoi chercher à posséder des richesses, plutôt que Celui qui les a faites?… Les biens dont nous usons doivent être comme l’hôtellerie du voyageur, et non comme la maison du propriétaire. »
Grégoire le Grand (PL 76,1127): « Comment pourrait-on croire que celui qui ne donnerait pas ses biens extérieurs pour [autrui] donnera sa vie pour [lui]? »
(Hom. sur l’Evg, 36,11): « Si votre esprit est vaincu par l’amour des biens terrestres, c’est plutôt lui qui sera possédé par les biens qui lui appartiennent. »
Jean de la Croix (Montée, 1,13): « Pour pouvoir posséder tout, veillez à ne posséder rien. »
François de Sales: « Ne rien désirer, tout accepter. »
Thérèse à sr Geneviève: « Si vous êtes riches d’une épingle (perdue), vous ne pouvez pas être heureuse. »

Désirer et chercher les vraies richesses (Col 3,1)
So 2,3 Cherchez le S, vous tous les humbles de la terre, qui accomplissez ses ordonnances. Cherchez la justice, cherchez l’humilité (anawa)
Col 2,3 En Lui se trouve cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance.
1Co 1,5; Ep 1,7 la richesse de sa grâce
Ep 3,8 L’insondable richesse du Christ
Ps 16,5 Le Seigneur est ma part d’héritage… la part qui me revient fait mes délices

 

7. RESPONSABILITE sociale: point d’équilibre entre capital et travail
2Th 3,8: responsabilité personnelle dans le travail.
Mt 20,1-16 – « 11è heure« : rétribution égalitaire. Mais Mt 25,14-30 – « talents: rétribution selon les œuvres de chacun.
Léon XIII, encyclique Rerum novarum en 1891.
Compendium de la doctrine sociale de l’Église, § 276-281: participation des salariés au capital.
Le christianisme en appelle à la conscience: ni indifférence irresponsable, ni contrainte (qui finit aussi par irresponsabiliser).
Académie pontificale des sciences socialesMensuram bonam, 11 2022: critères concrets pour les investisseurs.
L’Église adopte une position médiane (et inclassable politiquement): pas de condamnation de la finance en tant que telle, mais des principes pour guider les acteurs économiques afin que le profit concentré et dématérialisé ne soit pas la boussole.

Contre la ploutocratie intéressée, qui ne vaut pas mieux que toutes les idéologicraties.

Engagement dans l’enseignement, en politique, dans la justice, les médias.

Comment vivre le travail en vue du Ciel: cf. article Travail au sens chrétien


Conclusion:
Quel est le sens (signification et direction) de ta vie?
Critère suprême: la primauté de Dieu (théocentrisme) et de la personne humaine, contre l’enflure de l’ego: l’économie est subordonnée. Double commandement de l’amour (Mt 22,36).
Mets Dieu au centre: cf. article Théocentrisme
Code de Droit Canonique (1983), canon 1752: « Salus animarum… suprema lex« : la « loi suprême est le salut des âmes« .Enzo Bianchi: « Seul celui qui a une raison pour laquelle il vaut la peine de donner sa vie a une raison pour laquelle il vaut la peine de vivre. »
Si tu as trouvé des raisons (éclairées et justes) de te donner, tu trouves des raisons de vivre.

PS:
Le budget du Vatican est relativement faible, équivalent de celui d’une petite ville européenne de sa superficie.
Les bâtiments pontificaux sont trompeurs! Quand on voit la basilique Saint-Pierre, les musées et les palais, on se dit que l’État propriétaire de telles splendeurs doit être très riche. Or, il s’agissait de bâtiments administratifs lorsqu’un Etat assurait à l’Eglise son indépendance face aux politiques des royaumes voisins.
2 700 employés vs 50 000 pour la mairie de Paris en 2020.

Epicure: Celui qui est riche n’est pas celui qui a plus mais qui a besoin de moins.