Argent et Dieu
Les catholiques sont parfois complexés face à l’argent qui représente souvent pour un eux un tabou, une gêne voire une culpabilité, du fait d’un fossé entre le « moi » idéal et le « moi » concret.
Mais l’Evangile et l’Eglise ont transmis à ce sujet un enseignement, tant dans le domaine personnel que communautaire.
1. Quel rapport avoir à l’argent?
Avant même la révélation du Seigneur, l’argent était vu comme un obstacle pour aller vers le bonheur et la perfection (cf. Sophocle, Antigone).
Schopenhauer: La richesse est pareille à l’eau de mer: plus on en boit, plus on a soif.
1Tm 6,8 « Ayant la nourriture et de quoi nous couvrir, nous serons satisfaits. 9 Or ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans un piège, et dans plusieurs désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition; 10 car c’est une racine de toutes sortes de maux que l’amour de l’argent: ce que quelques-uns ayant ambitionné, ils se sont égarés de la foi et se sont transpercés eux-mêmes de beaucoup de douleurs. 11 Mais toi, ô homme de Dieu, fuis ces choses, et poursuis la justice, la piété, la foi, l’amour, la patience la douceur d’esprit. »
L’argent est ce qui révèle à l’extérieur de nous-mêmes ce que nous portons en nous. L’argent est donc cette épreuve et cette attitude qui révèle le cœur.
Dans l’Ancien Testament, la richesse est perçue comme signe de bénédiction (cf. Abraham, le roi David, Salomon…) et la Terre de la Promesse ne tarit pas d’abondances de richesse en tout genre. Pour Israël, être béni de Dieu c’est d’abord être comblé de richesse dès cette vie.
Jésus donne une autre dimension à l’argent: comme simple moyen du Royaume qui vient. Il fait deux affirmations à accueillir en harmonie: Lc 17,21 Le Royaume de Dieu est au milieu de vous. Jn 18,36 Mon royaume n’est pas de ce monde. Le Christ Sauveur est venu restaurer toute chose, y compris la relation paisible avec les biens temporels. Il réapprend à utiliser les biens en fonction du bonheur de l’humanité. Il y a un devoir de solidarité de ceux qui ont, face à ceux qui n’ont rien: « C’est à moi mais c’est pour tous », au contraire du marxisme qui détermine et impose en violant la liberté que « c’est à tous et c’est pour tous! », et provoque alors des divisions et violences entre les hommes, même si cela prétend partir de situations réelles d’injustice, avant d’en substituer simplement d’autres.
Les choses de ce monde ne peuvent pas nous combler. La pauvreté « dans l’Esprit » (qui peut être aussi matérielle ou pas) est le signe d’un appel à vivre pour l’éternité avec Dieu. On ne vit pas pour soi-même! L’homme prend alors conscience qu’il est dépendant. C’est dans la relation (à Dieu, aux autres humains et au reste de la Création) qu’est le bonheur, et non dans l’indépendance (littéralement, « auto-nome » signifie « se donner à soi-même sa propre loi »), car alors cela conduit tôt ou tard à la négation de l’homme et à la destruction: les individualités marquées depuis la chute par la philautie (amour désordonné de soi ou égoïsme) s’affrontent. La vraie richesse est celle que l’on donne et non celle que l’on reçoit (cf. Ac 20,35). C’est un appel à vivre, abandonné à l’Amour divin.
2. Danger des idéologies
Historiquement on observe dans le domaine du rapport à l’argent deux idéologies apparemment opposées:
– Un certain mépris par principe des richesses (au moins dans le discours) à cause de la « culture » (idéologie post-révolutionnaire et post-marxiste culpabilisante) plus que de l’Evangile. A l’intérieur de l’Eglise, on a pu vivre et parfois accentuer idéologiquement l’opposition entre pauvres-riches, au détriment de la communion voulue par Dieu.
Attention à l’idéologie du « faux franciscanisme« : la pauvreté matérielle n’est pas une vertu en soi, et les pauvres ne sont pas bienheureux parce qu’ils sont matériellement pauvres, mais lorsqu’ils vivent cette pauvreté dans l’Esprit (Mt 5,3). Un pauvre peut malheureusement aussi être égoïste, avide, violent et amer. Il s’agit de connaître le coeur et ses intentions. Au nom de ces idéologies, des Chrétiens ont parfois loué le misérabilisme, cherché moins à être pauvres qu’à « faire pauvre », privilégié des moyens de mauvaise qualité et laids pour la mission et le culte, voire ont sombré dans la violence (soi-disant théologie de la libération »).
– L’idéologie opposée, tout aussi anti-biblique et ne valant pas mieux est le soi-disant « évangile de la prospérité » qui n’est pas celui de Jésus-Christ, mais un millénarisme (salut final pour cette existence terrestre…) confondant souvent l’onction et la ponction… on serait béni et aimé à proportion du nombre de zéros sur notre compte bancaire; on ne cherche plus à être disciple de Jésus-Christ en prenant sa croix et le suivant (Mt 16,24) mais à éviter la conversion et l’épreuve.
Pour réparer ces défauts, éviter aussi bien la violence de la contrainte égalitariste que la violence économique de déséquilibres criants, une théologie chrétienne des biens matériels est nécessaire, comme la théologie qui a été développée pour le corps. Il importe de remettre en valeur les biens et l’expérience que l’on peut en faire.
3. Valeur morale de l’argent
En soi, l’argent et la possession des biens sont neutres.Jésus aussi a eu des amis riches: Lazare, Nicodème, Joseph d’Arimathie, Zachée converti, Jeanne femme de Huza intendant d’Hérode, le parfum de 300 deniers de Marie-Madeleine (Jn 12,5)… Dans ce dernier cas, Judas a voulu opposer idéologiquement l’amour de Jésus à l’amour des pauvres…
L’Eglise aussi possède des biens pour sa mission et pour des raisons historiques; la possession des biens en elle-même ne pose pas de problème. C’est selon notre intention et notre usage que l’argent peut prendre une face positive et une face négative. Tout dépend d’où il vient et à quoi il sert, selon chaque situation.
Dans son sens positif, l’argent sert l’échange, permet la communion entre les hommes et valorise le travail…
Un passage des Ecritures nous donne des indications sur ce à quoi Dieu nous appelle dans ce domaine. Le fait de posséder est une expérience fondamentale de l’homme qui le construit, qui peut l’aider à être plus… C’est une bonne expérience: en Gn 12, Abraham doit tout quitter, parenté, culture… mais avec tout ce qu’il possède. En Gn 13, il revient d’Egypte comblé de biens. Mais cette richesse n’est pas sans conséquence: en l’occurrence éclate une dispute entre les bergers de Lot et ceux d’Abraham; ce dernier prend une décision importante pour éviter la dispute. Nous voyons alors deux attitudes différentes:
– Abraham a tout quitté; pour lui il importe d’abord de chercher Dieu et de Le servir (intériorité): se confier en Dieu et chercher le bien de tous.
– Lot est mené par son profit: il arrive à Sodome soumis à une loi qui va en tout contre lui et il n’est plus capable d’utiliser sa liberté. Moins on exerce la liberté et moins on la possède.
4. Piège de l’idolâtrie
Une idole est ce qui prend la place de Dieu qui est Père. Elle surgit quand l’homme ne se reconnaît plus ni interdit ni limite: on veut tout, tout de suite, et à soi avant tous les autres. L’idole est un asservissement, elle renvoie l’individu à son avidité et à son immaturité: comme un jeune enfant, on ne supporte pas la distance, la différence, les limites; il faut que ce soit immédiatement à portée de main. La valeur « fiduciaire » de la fortune devient une FOI.
Or seul le Père comble car il s’occupe de toi en toute chose: Mt 6,32/Lc 12,30 Votre Père céleste sait que vous en avez besoin.
Etty Hillesum: La peur de ne pas tout avoir dans la vie, c’est elle justement qui vous fait tout manquer. Elle vous empêche d’atteindre l’essentiel.
La difficulté actuelle de résister à l’idolâtrie vient de ce que la société vit dans un matérialisme pratique (comme si cette existence présente était notre seul but), qu’on le veuille ou non, nous vivons plus ou moins pour la consommation.
Pascal le philosophe distingue trois ordres: matériel, intellectuel, et spirituel. Dans l’ordre matériel, il n’y a pas vraiment de communication: on peut être riche sans toucher à l’intellectuel et on peut être pauvre de même. Dans cet ordre, si l’on s’enrichit, alors on appauvrit les autres. Dans l’ordre intellectuel, si on enseigne, on s’enrichit: la communication est plus grande mais on peut aussi appauvrir les autres. Mais dans l’ordre spirituel, les biens spirituels sont toujours transmissibles et communicables; ce qui vient du Seigneur ne divise pas mais unit toujours.
5. Trois tentations
Dans ces trois ordres il faut agir de façon différente pour guérir de la convoitise et des tentations du « tout, tout de suite » (cf. Mt 4: archétypes vaincus par le Christ avec la puissance de la Parole).
– Première tentation: la possession, se laisser définir par ce que l’on a et s’identifier à ce que l’on fait. L’argent est traité de « dieu » par Jésus parce que Dieu est le créateur de tout, et l’argent donne l’impression de tout me donner (sauf le plus important). On peut gagner beaucoup de choses avec l’argent… mais le cœur?
Le cadeau lui-même est un langage de l’amour, mais on peut voir dans le cadeau surtout le bien simplement matériel au détriment de ce qu’il signifie. Le cadeau doit traduire en vérité l’amour et ne pas être un mensonge; il doit être proportionné.
Ct 8,7 Qui offrirait toutes les richesses de sa maison pour acheter l’amour, ne recueillerait que mépris.
« La fièvre acheteuse » repose sur l’exploitation commerciale de cette tendance à combler mes manques profonds par la simple accumulation matérielle, en débordant d’imagination pour susciter d’innombrables faux besoins sous des jours toujours les plus attractifs.
Le Bling bling est souvent signe extérieur de pauvreté spirituelle.
St Basile De l’avarice, 6: A l’homme avare: “Tu es vraiment pauvre, et même dépourvu de tout vrai bien. Tu es pauvre d’amour, pauvre en humanité, pauvre de foi en Dieu, pauvre d’espérance dans les réalités éternelles”.
– Deuxième tentation: la vanité, le visible en tant qu’apparence, image de soi que l’on donne à voir… (cf. Pierre et ses appels à l’intériorité dans ses lettres)
Puisque je parais posséder, je vais attirer l’affection et être heureux ainsi par moi-même.
La tendance à la comparaison fait naître des désirs toujours plus grands: si on a moins, on n’existe pas; comme si je devais recevoir mon existence de l’extérieur (cf. idolâtrie des marques), et comme si Dieu ne me donnait pas déjà directement ou indirectement l’Amour dont j’ai besoin.
– Troisième tentation: l’orgueil, l’impression illusoire du pouvoir. L’acte d’acheter participe à mon dérisoire fantasme de toute puissance. J’imagine que je m’accomplis en décidant moi-même de tout, à la place de Dieu et des autres, en réalisant mes propres volontés comme un dieu au centre du cosmos et en les imposant à tous grâce à mon compte bancaire…Il convient évidemment d’y mettre raison, car cette tendance très pathologique est à l’origine des plus graves égoïsmes, errements idéologiques et catastrophes de l’histoire… Le matérialisme provient directement de notre mépris des convictions de Foi.
L’argent peut entretenir l’illusion de l’autosuffisance: il en donne apparemment les moyens, avec parfois un fantasme d’absolu et de toute-puissance (cf. Mt 6,24): orgueil de la chair, des richesses et de l’esprit. L’argent donne les moyens à l’orgueil de la chair et à l’orgueil de l’esprit de s’exercer. Il est beaucoup plus exigeant d’être saint avec beaucoup de moyens qu’avec peu! Par exemple dans le domaine de la patience: sans moyen on dépend, on doit attendre… Dans les pays pauvres, on redécouvre un autre rythme plus humain. Cet argent a davantage de dimension communautaire (cf. Evangile du riche et du pauvre Lazare Lc 16,19-30): le riche est responsable du pauvre.
L’argent n’achète pas la politesse, la morale, le respect, le bon sens, la confiance, la patience, l’honnêteté, le caractère, la vertu, la joie, la paix du coeur, l’amour.
6. Relation personnelle à l’argent
Que fais-tu de « ton » argent? Est-il dans sa finalité? Es-tu libre face aux réalités matérielles, qui modèlent ta vie quotidienne? Qu’est-ce qui te fait vivre? Veux-tu avoir le maximum ou bien est-ce l’amour du Seigneur qui te fait vivre? (Cf. Mt 13,22 la parabole du semeur). La question est de savoir où est le trésor de ton cœur (cf. Mt 6,21).
Posséder de l’argent signifie-t-il que cet argent te possède? L’argent est au service des personnes et non l’inverse: il importe de remettre les choses dans leur finalité (cf. Mc 2,27 le shabbat est pour l’homme…)
Le reproche de Jésus se fait sévère quand les biens matériels deviennent le repos de l’âme (cf. Lc 12,15-21 le riche insensé). On cherche alors le repos dans quelque chose qui est inapte à le donner car on peut en avoir toujours plus de par sa nature! Avec l’argent on peut toujours plus et une simple chose est incapable de donner le repos que seule une personne humaine ou divine peut donner à l’âme. A perdre la présence de Dieu, on perd la notion de personne et on demande alors même à des animaux de donner ce repos… Jésus est venu redire à l’homme ce pour quoi il est fait: pour la gloire de Dieu (1Co 10,31).
Ce qui s’exerce en trois domaines: la confiance en Dieu, la charité, et la liberté intérieure.
7. Apports de la relation à l’argent au bien profond de la personne
7.1 Invitation à la confiance en Dieu
Le pauvre n’est pas celui qui n’a pas, mais celui qui a l’humilité de consentir à ne pas pouvoir par lui-même, celui qui vit d’une certaine impossibilité. La pauvreté est le lieu de l’abandon à Dieu c’est-à-dire de la confiance; Jésus ne fait pas seulement de l’argent une question monétaire, Il invite à une conversion dans le sens de l’enracinement dans une vie de prière, une dépendance face au Seigneur.
Le passage concernant le danger des richesses (Lc 18,24-27) « Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu » signifie que seuls les « pauvres dans l’Esprit Saint » sont capables d’accueillir la Bonne Nouvelle (cf. Lc 4,18). Ces pauvres-là ne sont pas repus, ils sont toujours en état de désir, en attente de quelque chose.
Le repos dans les choses matérielles est synonyme d’idolâtrie, qui est le fait de donner aux choses ou aux personnes ce qui appartient à Dieu seul. Et en dehors de Dieu il n’y a pas le repos (cf. St Augustin). Ps 62,2 En Dieu seul est le repos de l’âme.
Jésus lui-même a utilisé les Biens matériels pour nous apprendre à les utiliser. L’homme oublie sa propre origine et sa finalité, et Jésus vient rouvrir les oreilles pour qu’il redécouvre sa vocation. Le Seigneur a choisi de se faire pauvre pour nous enrichir de cette pauvreté (à la crèche, et sur la croix: cf. 2Co 8,9) et pour faire redécouvrir à l’homme qu’il est une créature.
Curé d’Ars: « L’homme est un pauvre qui doit tout demander à Dieu« .
Il est évident que l’abandon à la Providence divine ne supprime pas la croix de la misère, mais le Chrétien pose l’acte de Foi que la grâce est proportionnelle à l’épreuve permise (1Co 10,13) et que Dieu accompagne tout particulièrement « celui qui a du mal » (Cf. Mt 9,12).
7.2 Occasion de charité
Quand on possède des biens c’est d’abord une responsabilité pour les autres, sinon on risque le repli sur soi, la peur (de perdre de qu’on a accumulé) et l’auto-enfermement. La doctrine sociale de l’Eglise affirme à la fois la propriété privée et la destination universelle des biens: « C’est à moi mais c’est pour tous ». Mais le droit absolu n’est pas dans la propriété privée mais dans le bien profond des personnes. L’argent est un moyen au service de l’homme. L’homme a été mis sur la terre comme gérant, c’est-à-dire qu’il doit posséder comme s’il ne possédait rien. Cela engendre une attitude de grande liberté intérieure. C’est le bien de tout homme qui est la mesure de l’utilisation des biens et la finalité en est le bonheur de l’humanité. L’Eglise rappelle toujours cette responsabilité de la justice précédant même toute charité.
Il importe de reprendre conscience que, même si j’y coopère par mes humbles efforts, tout est d’abord reçu, et dépend d’abord de l’époque, du lieu (pays, culture) et du milieu (famille, éducation) où je suis né. 1Co 4,7 Qui te distingue en effet? Qu’as-tu que tu n’aies reçu? Et si tu l’as reçu, pourquoi t’enorgueillir comme si tu ne l’avais pas reçu?
7.3 Education à la liberté intérieure
Notre rapport à l’argent concerne notre observance des dix commandements, tant les premiers engageant à poser des actes qui donnent la vie et non la mort, que les derniers portant sur nos désirs. Les biens temporels sont faits pour communiquer, pour donner la vie à condition de ne pas asservir son cœur (cf. Mt 6,24 « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon »)
Comment choisir la liberté intérieure et apprendre à utiliser les biens pour communiquer, donner la vie aux autres?
Dans la parabole du gérant malhonnête qui, pour une fois se sert des biens pour entrer en relation avec les autres (Lc 16,1-8), le Christ nous montre la nécessité de remettre les biens dans leur finalité: Lc 16,9 Faites-vous des amis dans les tentes éternelles…
L’être humain créé à l’image de Dieu est fait pour le don de soi, et donc pour le partage: il faut savoir en parler car c’est un sujet souvent tabou. Il ne faut pas non plus calculer les conséquences de ses actes. Il y a un temps pour tout: et pour économiser et pour dépenser! C’est une question de prudence (mettre la raison et la liberté dans ses choix). Le partage (ou l’aumône), c’est de savoir donner ce que l’on a décidé dans son cœur (2Co 9,7): dans les années 50 après JC, il y eut une grande famine et les apôtres organisèrent une collecte pour une œuvre de communion (cf. Rm 15,25s) et chacun donna ce qu’il avait décidé dans son cœur. A travers le don matérialisé, on marque son appartenance et Jésus, dans ce don, rajoute une petite chose (cf. l’obole de la veuve): apprendre à donner de notre nécessaire et non pas seulement du superflu; c’est un des meilleurs antidotes contre « Mammon » et donc contre l’idolâtrie et l’envie. (cf. Malachie 1,8s) Au Seigneur, on apporte les plus belles brebis: il faut savoir donner le meilleur de soi; c’est l’objet de notre éducation et de celle que nous voulons transmettre.
Quand on donne, on se donne comme Dieu dans l’Eucharistie!
Et pour donner quelque chose, il faut connaître la personne. De quoi a-t-il besoin vraiment? (cf. Ph 2) Quand on donne est-ce que cela se fait sans retenue, sans peur? (cf. Abraham qui choisit la liberté et l’intériorité) Cela nous engage à une éducation à l’intériorité: vivre comme sujet libre, confiant et aimant. Savoir s’offrir, se donner.
8. Récapitulation: 10 principes de la relation chrétienne aux biens matériels
1 Ce n’est pas ta propriété exclusive
Ton argent et tes biens personnels ne sont pas à toi par nature: ils s’agit de dons reçus. Même si tu as travaillé dur et été parfaitement honnête, qui t’a donné ton cerveau, ton éducation, ton milieu culturel, tes économies de départ? Dieu.
2 La prospérité est bonne si tu es bon
La vertu est nécessaire avant d’être prospère. Pour celui qui est avide ou égoïste, la richesse devient une malédiction. Commence donc par chercher les vertus.
3 Tu es intendant et non propriétaire
Aucun cercueil n’a de coffre. Tu laisseras tout derrière toi. Reconnais donc que tu ne possèdes pas vraiment ce que tu penses posséder: ce n’est qu’un prêt transitoire. Tu n’en es que le gestionnaire. Ce qui compte n’est pas quelle est ta fortune mais quel bien tu fais aux autres avec.
4 Le détachement est la vraie vertu de pauvreté
La pauvreté n’est pas une vertu en soi, mais si l’Evangile et l’Eglise la recommandent, c’est parce qu’elle peut t’enseigner le détachement et t’aider à rechercher les biens supérieurs (Col 3,1: « les réalités d’en haut »). Le détachement consiste à ne rien préférer à l’amour du Christ (St Benoît).
5 Aime toute chose selon sa valeur
Les biens matériels peuvent être une bénédiction et un chemin vers Dieu, s’ils ne sont pas aimés pour eux-mêmes ou parce qu’ils te procureraient plaisir personnel, vanité ou pouvoir, mais s’ils sont estimés selon leur juste finalité; par exemple une maison non pas comme trophée mais pour loger sa famille, recevoir des invités, garantir sécurité, paix et relations harmonieuses.
6 Cherche le beau, le bien et le vrai
N’acquiers pas les choses parce qu’elles brillent de façon plus ou moins vraie et durable. Achète peu, mais que ce soit de bonne qualité, beau, et serve durablement.
7 Ce qui est bon n’est pas cher et ce qui est cher n’est pas forcément bon
Discerne et ne tranche jamais seulement d’après le prix. Ce qui est cher procure rarement un bien proportionnel à son prix, et ce qui est très bon marché a souvent de très gros défauts. Ne soutiens pas juste la vanité d’une marque, et n’encourage pas non plus la camelote laide et inutilisable.
8 Donne, économise, dépense
C’est ici l’ordre du bonheur en ce qui concerne l’argent. Donne d’abord et donne généreusement. Ensuite économise et économise sagement. Enfin dépense et dépense raisonnablement.
9 L’argent est comme le fumier
Stocké en excès dans un lieu enfermé et il se corrompt et devient inutilisable. Répands-le et il fait croître beaucoup d’endroits et porte beaucoup de fruits. Sois donc généreux avec les oeuvres de charité chrétienne, avec ceux qui font le plus grand bien aux autres et ont besoin de ressources pour faire davantage encore de bonnes choses.
10 Ecris tes dernières volontés avec sagesse
Tu laisseras tout derrière toi. Prie l’Esprit Saint et demande à Dieu la Sagesse pour prévoir le meilleur usage possible de tes biens après ton départ.
(retravaillé d’après serviteurs.org et Fr.Longenecker)
PS:
Le budget du Vatican est relativement faible. Il est par exemple 2,5 fois inférieur à celui du Conseil général du Maine-et-Loire (497,2 M d’euros en 2005), et encore inférieur au budget d’une ville comme Angers (250,27 millions d’euros en 2005). Le budget du Saint-Siège est donc à peu près égal à celui d’une ville moyenne française.
Les bâtiments pontificaux sont trompeurs! Quand on voit la basilique Saint-Pierre, les musées et les palais, on se dit que l’État propriétaire de telles splendeurs doit être très riche. Or, il s’agissait de bâtiments administratifs lorsqu’un Etat assurait à l’Eglise son indépendance face aux politiques des royaumes voisins, et ce n’est plus le cas depuis plusieurs siècles, depuis!
2 700 employés vs 40 000 pour la mairie de Paris en 2010.
Epicure: Celui qui est riche n’est pas celui qui a plus mais qui a besoin de moins.