Fiançailles – pratique
Comment se préparer sérieusement au mariage?
Il n’y a aucune obligation formelle à se fiancer sinon celle d’aider son propre couple à mettre toutes les chances de son côté en exprimant à tous que vous vous aimez et voulez prendre tous les moyens de vous préparer et de bien discerner en vue d’un possible mariage.
Même si vous n’avez pas envie de transformer ce moment en énorme solennité, les fiançailles sont l’occasion de faire se rencontrer les deux familles, et surtout un temps symboliquement marqué pour progresser et se découvrir avant de vous engager dans le mariage.
Quand se fiancer, et pour quelle durée ?
Habituellement, on annonce ses fiançailles entre 6 mois et un an avant le mariage: il s’agit surtout de prendre le temps suffisant pour y voir clair. Ce temps doit donc être ni trop court, ni trop long:
– demander à deux jeunes qui s’aiment de vivre la continence pendant des années est très difficile.
– hésiter trop longtemps est peut-être la preuve que le conjoint choisi n’est pas le bon… Les fiançailles sont avant tout un temps de libre de discernement l’un par rapport à l’autre, et c’est en particulier pour permettre cette liberté que l’Eglise demande de ne pas vivre ensemble, même si évidemment c’est un effort à faire (mais si l’on veut vraiment s’Aimer pour toujours, est-ce que cela n’en vaut pas la peine?). C’est pour cela et pour qu’elles gardent tout leur sens que les fiançailles ne doivent pas s’éterniser.
Où se fiancer ?
Les fiançailles sont un événement familial et amical, se déroulant en général chez les parents d’un des deux. A vous de choisir le style de la journée ou de la soirée : plus amicale ou plus sociale. Elle sera une bonne répétition pour définir le style de mariage que vous désirez. Poussées plus loin, les fiançailles font l’objet d’une publication dans la presse et de l’envoi d’un faire-part aux amis. Il ne faut pas oublier de prendre note de toutes les personnes prévenues pour l’occasion afin de penser à les inviter lors du mariage.
Quel cadeau faire ?
Ce cadeau a surtout une grande valeur symbolique. Il s’agit donc d’un objet plutôt intemporel, venant éventuellement du patrimoine familial. Certaines attendent de voir leur chevalier servant se jeter à leur genou pour leur offrir la merveilleuse bague qu’elles montreront ensuite non sans fierté à leurs copines. Le futur marié devrait chercher ce qui correspondra au mieux au caractère de sa fiancée (c’est pourquoi il n’est pas forcément inutile, lors d’une journée de shopping, de vous arrêter devant certaines vitrines). La fiancée aussi fera un cadeau à son futur époux: montre,… Dans une attitude plus évangélique et prophétique, certains fiancés choisissent un Amour plus absolu et ouvert, décidant d’offrir la plus grande partie de leur cadeau à une œuvre de charité (la sainteté est pour tous et pas seulement pour les moines, qui donnent la totalité de leur patrimoine).
En famille…
Les fiançailles permettent en fait de faire se présenter les deux familles mais aussi certains des amis. Les parents respectifs prennent contact afin de pouvoir en temps opportun parler du mariage et de la manière dont ils pensent l’organiser.
Mais le temps des fiançailles est surtout un temps particulier pour grandir dans la connaissance de l’autre dans le regard d’Amour de Dieu.
Un temps de célibat pour mieux aimer
Le mariage est considéré comme un don mutuel des conjoints: « Je me donne à toi pour t’aimer fidèlement, tout au long de notre vie, et je te reçois comme époux. » Pour le meilleur, pour le pire, pour toujours. Aujourd’hui, si on se marie « pour toujours », la vie commune peut durer 60 ans. C’est formidable si on s’aime, ça peut être catastrophique si on s’est trompé de conjoint…
Vivre ensemble pendant les fiançailles, c’est au fond se tromper soi-même: « je te dis que je me donne alors qu’en fait, au fond de moi, ma décision de me donner à toi définitivement n’est pas encore prise. »
Pourquoi l’Eglise invite-t-elle à ne pas avoir de relations sexuelles avant le sacrement du mariage? Beaucoup pensent que c’est parce qu’elle a peur de la sexualité, ou la rejette. Il s’agit là d’un jugement faux par ignorance et superficialité. La sexualité est tellement belle, justement, qu’elle risque de prendre beaucoup de place au niveau affectif et physique, et diminuer sérieusement la capacité de discernement indispensable à cette période. C’est tellement fort de se retrouver dans les bras de son amoureux, surtout si le plaisir est partagé, qu’on en oublie tout le reste: on se marie, et on se réveille un matin en se disant qu’on s’est trompé de conjoint.
Donc, pour les fiancés, le fait de choisir de ne pas vivre ensemble est une décision, un choix, un acte libre que je prends, que nous prenons, pour vivre dans la vérité l’étape où nous sommes. C’est une école de l’écoute de l’autre.
C’est vrai que la pratique la plus courante masque cette réalité et que cette manière de vivre les fiançailles est rarement vécue parce que mal comprise. En tout cas, ça vaut la peine de se poser la question: quel couple ai-je envie de vivre? Un qui dure ou un qui ne dure pas? Si je choisis la durée, quels moyens vais-je utiliser pour ne pas me tromper dans le choix de mon conjoint? Tout le monde peut se poser ces questions, croyant ou non croyant!
Concrètement, on recourt à l’aide puissante des instruments divins que sont:
– la Parole de Dieu partagée (lectures du jour ou au moins un verset quotidien),
– la Prière personnelle et à deux, habitude à prendre chaque jour où on se rencontre,
– le sacrement du Pardon pour notre guérison personnelle et mutuelle
– l’Eucharistie, sacrement de l’Amour divin, source de tout amour
– la participation d’une manière ou d’une autre à la vie de l’Eglise: service, pèlerinage ou retraite spirituelle… (ce qui peut éviter l’étouffement égocentrique du cocon affectif).
Comment savoir si « c’est » lui, si « c’est » elle?
La vie amoureuse ne fonctionne pas comme le programme d’une machine. Les certitudes qu’on peut y connaître ne sont pas scientifiques, mais d’abord psycho-affectives. Elles ne sont pas fondées sur des expérimentations renouvelées qui permettraient d’induire avec une logique imparable une conclusion sans erreur.
Dans la vie amoureuse, comme dans la vie humaine en général, on est toujours dans le domaine du faisable et de la confiance. Il faut se faire une opinion personnelle sans disposer de règles absolues ou de critères inamovibles. A un moment il faut choisir, sans connaître l’avenir, mais pas non plus dans l’imprudence. Voilà pourquoi on se demande toujours, dans la relation amoureuse: suis-je sûr de moi? Suis-je sûr le l’autre? Est-ce que fonder avec cette personne pour laquelle j’ai du sentiment une famille pour toute la vie a une probabilité réaliste de se produire dans des conditions suffisamment paisibles? Question cruciale et dont l’enjeu peut troubler bien souvent celui et celle à qui elle se pose. Le questionnaire téléchargeable (fiche Fiançailles) a pour but d’aider à discerner). Un point essentiel pour décider dans la vraie liberté intérieure est de ne pas se laisser diriger simplement par la puissance du sentiment amoureux et/ou des liens sexuels prématurés, car ces forces ne concernent qu’une partie de ton être et sont aussi fluctuantes: une question essentielle est « Sans la passion actuelle, pourrions-nous être des amis toute la vie? (c’est-à-dire partageons-nous suffisamment d’intérêts dans beaucoup de domaines pour vraiment nous apprécier pendant 50 ans?)
Attention, le choix d’un conjoint n’est ni purement rationnel pour satisfaire mes attentes humaines, ni purement émotionnel ou passionnel car ce serait illusoire, mais un équilibre.
L’expérience montre enfin qu’il est indispensable pour les fiancés, d’être accompagnés et guidés durant ce temps de préparation.
(Fiche retravaillée d’après fiançailles.org)
Progresser dans l’intimité physique cf. fiche Chasteté
Nous vivons à une époque où la relation sexuelle a été à ce point banalisée que beaucoup la considèrent comme « normale » dès qu’un couple se forme et se dit son amour. Plus besoin d’engagement ni même de projet à long terme!
Pas mal de jeunes, pourtant, veulent vivre leur sexualité dans une relation stable et durable, et choisissent d’attendre le mariage avant de se donner physiquement. L’union physique est alors l’expression d’une alliance définitive de deux personnes, cœur, esprit, corps. (cf. article sur le sens de la continence pendant les fiançailles)
La question qui se pose alors est la suivante: si le couple choisit la continence pendant les fiançailles, quelles limites va-t-il se donner dans les gestes physiques?
1°) la communication physique est belle et bonne, nécessaire à la construction de l’amour du couple. Si les fiançailles sont essentielles à la mise en place du dialogue et de la réflexion quant au projet de vie du couple, elles sont aussi essentielles dans la découverte progressive du langage physique.
2°) Cette « découverte progressive » des corps est difficile à baliser: elle dépend de l’histoire personnelle de chacun, de son rapport au corps:
– Est-ce que j’accepte mon corps? Si oui, c’est plus simple de le laisser aimer… Si non, je risque d’avoir peur de le laisser approcher par l’autre… J’aurai besoin de temps pour ne pas vivre cette approche sans malaise…
– Est-ce que j’accepte le corps de l’autre?
– La sexualité, c’est quoi, pour moi? L’expression de l’amour? Une pulsion? Un moyen de me faire plaisir? Un moyen de te faire plaisir? Une obligation? Un truc sale? Une merveille? …
La manière dont chacun répond à ses questions est essentielle.
La pudeur existe, même si on semble l’avoir oublié. Et cette pudeur demande à être respectée et apprivoisée, progressivement, pour que le don du corps se fasse dans la joie.
L’apprivoisement des corps pendant la période des fiançailles se fera donc progressivement, dans le dialogue et le respect de chacun, dans la vérité de l’étape où se trouve le couple:
Vérité du sens: le geste exprime un amour authentique. Vérité de l’amour: le corps et le cœur exprime un même amour, il y a correspondance entre les gestes, les sentiments et les paroles.
3°) Le corps est langage d’amour. Tout le corps peut participer à ce langage. Certaines zones sont plus sensibles que d’autres. A chaque couple de trouver le moyen de développer ce langage physique sans perdre le contrôle des limites qu’il s’est fixées. De la même façon qu’on pourrait recommander à un affamé de ne pas toucher à un délicieux gâteau au chocolat s’il doit encore un peu attendre avant de manger, on peut recommander aux fiancés de ne pas stimuler les zones du corps qui « éveillent » l’appétit! De façon assez générale, on peut dire que les organes sexuels sont des zones particulièrement érogènes, et qu’une fois qu’ils sont stimulés, il devient très difficile de canaliser le désir sexuel. La prudence recommande donc de les éviter! Mais ce serait illusoire de croire qu’il n’y a que ces zones-là qui réagissent et parfois échappent à la volonté. Les deux corps sont faits pour s’aimer et si nous choisissons de vivre la continence jusqu’au mariage, mais que nous décidons, en même temps, de passer le week-end en amoureux, dans une cabane glaciale au fond d’un bois, avec un seul lit et une seule couverture pour se réchauffer, il y a des chances qu’on ne tienne pas, indépendamment de toutes les limites prévues ! Soyons donc réalistes et clairvoyants. La continence est difficile, et c’est normal. L’attrait sexuel est parfois très puissant, et c’est normal. Le meilleur moyen de vivre paisiblement cette période est donc d’oser se parler et dire ce qui se passe en soi. Ce n’est pas facile, mais c’est bien utile pour construire une sexualité réellement épanouie!
4°) Une difficulté typique de notre époque est qu’aujourd’hui, pas mal de jeunes ont vécu des expériences amoureuses précoces, encouragés entre autre par les séries TV, les campagnes de prévention contre les grossesses indésirées et de lutte contre le SIDA, tout faisant croire que les relations sexuelles sont « obligatoires » dès l’adolescence pour affirmer sa valeur.
Ces premières expériences amoureuses et sexuelles débouchent rarement sur la formation d’un couple stable, mais au contraire se terminent le plus souvent par des séparations parfois très douloureuses.
Quand un jeune a vécu ce genre d’expérience, et puis, suite à une conversion ou une réflexion personnelle décide de changer de mode de vie, il ne sait plus trop comment se situer par rapport à la sexualité. Le risque est de tomber dans l’autre extrême: ne voir dans l’amour que la rencontre de 2 cœurs et de 2 esprits, en évitant de trop penser au corps qui l’a peut-être fait vivre des relations peu épanouissantes.
La continence avant le mariage n’a de sens que si elle est au service de l’amour, du dialogue et du respect de l’autre. Le moyen le plus sûr de la vivre de façon épanouissante est d’en parler en couple, en vérité et dans l’amour.
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