Positions dans la prière


 
 

Comment se tenir dans la prière


L’être humain n’a pas un corps mais est aussi un corps (cf. Gn 1,27)! Ce n’est donc pas que le cerveau qui prie (conception erronée rationaliste), mais tout l’être: corps, psuche et Esprit (cf. 1Th 5,23).
Origène: « Le corps est icône de l’âme. » Ou son miroir.
Devant le Père, Créateur, Sauveur et Roi de l’univers, on ne croise donc pas les jambes, vautré de travers, mais on manifeste ce que notre cœur confesse.
Voici les principales positions pratiques du corps dans la prière.

– PROSTERNATION – hébreu: sgd (origine du terme « mosquée »), grec: proskunesis (« embrasser vers »), front contre le sol. Fréquente dans l’Ecriture, elle peut manifester trois intentions ou sentiments:
* hommage ou obéissance reconnue devant un chef. Par exemple Gn 23,7: Abraham se prosterne devant les fils de Het, afin d’obtenir la grotte de Makpélà pour ensevelir Sara;
* reconnaissance de notre petitesse devant la grandeur de Dieu, et notre adoration devant Dieu (Gn 17,1; 19,1; 1Co 14,25: « il se jettera la face contre terre, il adorera Dieu et il proclamera que Dieu est réellement au milieu de vous… »);
* imploration (Par exemple Mt 8,2; Ap 4,10…), supplication, action de grâce, parfois en se jetant soi-même de la poussière en geste d’humilité.
Basile Traité sur le SE, SC 17b,487: « Nous mettre à genoux, c’est montrer acte que le péché nous a jetés à terre. »
Fondements scripturaires:
Gn 18,2 Ayant levé les yeux, voilà qu’il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui; dès qu’il les vit, il courut de l’entrée de la Tente à leur rencontre et se prosterna à terre.
Jos 7,6 Alors Josué déchira ses vêtements, se prosterna face contre terre devant l’arche de YHWH jusqu’au soir, ainsi que les anciens d’Israël, et tous répandirent de la poussière sur leur tête. (le Seigneur apparaît et écoute).
Ez 43,3 Alors je tombai sur ma face.
Ps 5,8 Et moi, par la grandeur de ton amour, j’accède à ta maison; vers ton Temple sacré je me prosterne (proskunesis), pénétré de ta crainte.
Ps 29,2 Rapportez à YHWH la gloire de son nom, adorez YHWH dans son éclat de sainteté.
Ps 72,11 Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les païens le serviront.
Ps 66,4 Toute la terre se prosterne devant toi, elle te chante, elle chante pour ton nom.
Ps 95,6 Entrez, courbons-nous, prosternons-nous; à genoux devant YHWH qui nous a faits!
Ps 96,9 Adorez YHWH dans son éclat de sainteté. Tremblez devant lui, toute la terre.
Ps 97,7 Honte aux servants des idoles, eux qui se vantent de vanités; prosternez-vous devant lui, tous les dieux.
Ps 132,7 Allons à sa demeure, prosternons-nous devant son piédestal.
Mt 2,11 Mages; Mt 8,2 Lépreux: Si tu le veux, tu peux me purifier; Mt 9,18 Notable, avant la résurrection de sa fille‑; Mt 14,33 après la marche sur les eaux, chute du vent, apôtres se prosternant dans la barque; Mt 15,25 Cananéenne dont fille est possédée; Mt 28,9.18 saintes femmes et disciples après Pâque‑ Lc 24,52 Ascension‑, Jn 9,38 Aveugle guéri; He 1,6 Avec les anges, Ap 5,8 Les vingt-quatre Anciens (humanité) et quatre animaux (Eglise).
Ep 3,14 C’est pourquoi je tombe à genoux devant le Père qui est la source de toute paternité au ciel et sur la terre.
Ph 2,10 Que tout être vivant tombe à genoux et que toute langue proclame: Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire du Père.
Mt 4,10 Alors Jésus lui dit: « Retire-toi, Satan! Car il est écrit: ‘C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, et à Lui seul tu rendras un culte’ (latrein Dt 6,13; 10,20) ».
Mt 8,2 Or voici qu’un lépreux s’approcha et se prosterna devant lui en disant: ‘Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier.’
Mt 9,18 Tandis qu’il leur parlait, voici qu’un chef s’approche, et il se prosternait devant lui en disant: ‘Ma fille est morte à l’instant; mais viens lui imposer ta main et elle vivra.’
Lc 5,12 Et il advint, comme il était dans une ville, qu’il y avait un homme plein de lèpre. À la vue de Jésus, il tomba sur la face et le pria en disant: ‘Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier.’
Lc 17,16 Et [le lépreux] tomba sur la face aux pieds de Jésus, en le remerciant. Et c’était un Samaritain.
A Gethsémani, Marc et Matthieu présentent Jésus se prosternant, tandis que Luc atténue en disant qu’il se trouvait « les genoux fléchis » (Mc 14,35; Mt 26,39, Lc 22,41).
Dans la liturgie, cette position est la plus rare, ce qui la rend d’autant plus éloquente. Dans les premiers temps de l’Eglise, on restait toujours debout le dimanche; Irénée et Basile insistaient là-dessus en disant que c’est parce que le jour faisant mémoire de la Résurrection est le premier jour du monde à venir et que le Christ est sorti debout de son tombeau.
L’ordinand ou le profès (professant des voeux) s’allonge de tout son corps pendant la litanie des saints, manifestant un anéantissement devant Dieu et par conséquent une parfaite disposition à l’appel divin. L’autre utilisation de ce geste a lieu le vendredi saint (début de l’office des présanctifiés), lorsque le célébrant et ses ministres se prosternent pour signifier leur humble adoration devant le mystère de la Rédemption par la Croix.

– AGENOUILLEMENT – en hébreu brkh: recevoir la bénédiction.
La prière à genoux possède, dans l’Ancien Testament, la même signification triple que la prosternation. Elle est parfois un hommage à un roi (Est 3,2), en d’autres circonstances un geste d’adoration (1R 19,18), ou encore une prière de supplication (2R 1,13). Cette attitude fut souvent recommandée par les Pères de l’Eglise pour la prière privée. Irénée rapporte la tradition de ne pas s’agenouiller durant tout le temps pascal jusqu’à Pentecôte. Au Moyen-Age elle était réservée aux jours de jeûne, exprimant essentiellement la pénitence. L’agenouillement est devenu courant en Occident vers le XIIIe siècle en remplacement de l’inclination profonde (grande métanie); il a été pratiqué pour saluer le pape et les évêques jusqu’au XXè siècle, où on a arrêté cet usage particulier afin d’éviter toute confusion.,
On s’agenouille donc pendant la Consécration eucharistique, devant le Saint-Sacrement exposé ou au tabernacle en signe d’adoration, juste avant de communier au corps du Christ (ou sinon, on fait une inclination/métanie profonde sans ralentir le flot des fidèles), et devant la Sainte Croix lors des moments de vénération (vendredi saint, chemin de croix…), au cours du sacrement de la Réconciliation en signe de pénitence et d’adoration de Dieu en Sa miséricorde.
Puisque Jésus l’a fait pour nous en lavant les pieds de ses disciples (cénacle) et en tombant sous le poids de la croix (via dolorosa), on peut bien en faire autant pour Lui et aussi devant nos frères par exemple pour demander humblement pardon.
Dans l’Eglise de rite romain, lorsque cela ne dure qu’un bref moment, on le fait seulement le genou droit en terre (génuflexion).
L’essentiel est d’incliner son cœur en même temps. Clément de Rome Cor 57,1: « Fléchissez les genoux de votre cœur ».
Fondements scripturaires:
Gn 43,28: Les frères de Joseph devant lui (inclinés, puis se prosternent).
Ex 4,31: Le peuple rend grâce pour la visite du Seigneur. Ex 12,27: Pâque.Ex 34,8: Moïse recevant les tables de la Loi.
Est 3,2: Culte au roi, auquel Mardochée se refuse
1Ch 29,20: David en prière; 1R 8,54 Salomon en prière; 2Ch 29,29 Salomon et le peuple après l’holocauste
1R 8,54 Quand Salomon eut achevé d’adresser à YHWH toute cette prière et cette supplication, il se releva de l’endroit où il était agenouillé, les mains étendues vers le ciel, devant l’autel de YHWH,
Ps 95,6 Entrez, courbons-nous, prosternons-nous; à genoux devant le S qui nous a faits!
Esd 9,4 Tous ceux qui tremblaient aux paroles du Dieu d’Israël se rassemblèrent autour de moi, devant cette infidélité des exilés. Quant à moi, je restai assis, accablé, jusqu’à l’oblation du soir. 5 A l’oblation du soir, je sortis de ma prostration; vêtement et manteau déchirés, je tombai à genoux, étendis les mains vers le S, mon Dieu.Mêlés aux païens à demande pardon.
Is 45,23 Je le jure par moi-même, ce qui sort de ma bouche est la vérité, c’est une parole irrévocable: Oui, devant moi tout genou fléchira, par moi jurera toute langue. (cité Rm 14,11)
Dn 6,11: Dans la chambre haute, Daniel trois fois par jour se mettait à genoux en priant Dieu (imploration).
Mt 17,14: Père du fils possédé.
Mt 27,29: Soldats romains se moquant.Compenser pour consoler
Mc 1,40 Un lépreux vient à lui, le supplie et, s’agenouillant, lui dit: ‘Si tu le veux, tu peux me purifier.’
Mc 10,17: jh riche
Lc 5,8: Pierre se jeta à genoux devant le Seigneur en lui disant: « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un pécheur » .
Lc 8,41: Jaïre lui demander de guérir sa fille.
Lc 22,41 Puis Jésus s’éloigna d’eux environ un jet de pierre et, fléchissant les genoux, il priaitGethsémani
Jn 11,32 le Samaritain revenir le remercier ou Marie, la sœur de Lazare, demander la vie de son frère.
Ac 7,60 Puis Etienne fléchit les genoux et dit, dans un grand cri:  » Seigneur, ne leur impute pas ce péché.  » Et en disant cela, il s’endormit.
Ac 9,40 Pierre mit tout le monde dehors, puis, à genoux, pria. Se tournant ensuite vers le corps, il dit: « Tabitha, lève-toi. » Elle ouvrit les yeux et, voyant Pierre, se mit sur son séant.
Ac 20,36: Paul et anciens d’Ephèse
Ac 21,5: A Tyr, avant mission à Jérusalem
Ep 3,14 C’est pourquoi je fléchis les genoux en présence du Père 15 de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom.
Ph 2,10 Pour que tout, au Nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers. Signe de reconnaissance de la seigneurie de Dieu sur le cosmos.
Ap 5,8.14 et 19,4: Même attitude de prosternation devant la stupeur que provoque la présence ou la révélation divine.
Ap 22,8: Jean raconte qu’après avoir vu et entendu ce qui lui avait été révélé, il s’était lui-même prosterné en adoration, au pied de l’ange de Dieu.
IGMR 2002 n°43: « Ils [les fidèles] sont à genoux pour la consécration, à moins qu’une raison de santé, l’exiguïté des lieux ou le grand nombre des assistants ou d’autres justes raisons ne s’y opposent. Toutefois, ceux qui ne s’agenouillent pas pour la consécration font une inclinaison profonde lorsque le prêtre fait la génuflexion après la consécration. »
44: Là où coutume veut que l’on s’agenouille de la fin du Sanctus à la fin de la prière Eucharistique et pour le « Ecce Agnus », il faut conserver cette coutume.
B XVI hom Fête-D 2008: « Adorer le Dieu de Jésus Christ, qui s’est fait pain rompu par amour, est le remède le plus valable et radical contre les idolâtries d’hier et d’aujourd’hui. S’agenouiller devant l’Eucharistie est une profession de liberté: celui qui s’incline devant Jésus ne peut et ne doit se prosterner devant aucun pouvoir de la terre, aussi fort soit-il. Nous les chrétiens nous ne nous agenouillons que devant Dieu, devant le Très Saint Sacrement, parce qu’en lui nous savons et nous croyons qu’est présent le seul Dieu véritable, qui a créé le monde et l’a tant aimé au point de lui donner son Fils unique (cf. Jn 3,16)… »

– INCLINATION:
C’est le geste le plus simple, exprimant la vénération et l’humilité.
On incline tout le corps devant l’icône du Christ ou de la Mère de Dieu, l’autel (mais si le tabernacle est bien dans le prolongement, on s’agenouille), l’évêque en tant que successeur des apôtres du Christ quand on passe devant lui dans la liturgie, avant et après l’encensement, à la doxologie.
On incline la tête devant une icône de Fête ou de Saint, et pour recevoir une bénédiction (petite métanie).
Le prêtre incline la tête lorsqu’il prononce les noms de Jésus, Marie et du saint du lieu.

DEBOUT:
* Position du vivant, face à face devant Dieu, et manifestant l’attente de résurrection:
1R 17,1 Vive Dieu devant qui je me tiens.
1R 19,11 à Elie: Tiens-toi debout devant le Dieu vivant. à face à face; question de foi.
Concile de Nicée I,can.20 (325) a interdit de s’agenouiller le dimanche et pendant les jours de la Pentecôte: « Etant donné que certains fléchissent le genou le dimanche et pendant les jours de la Pentecôte, le saint concile a jugé bon, afin que tous les usages soient gardés de la même façon dans tous les diocèses, qu’on adresse les prières au Seigneur en restant debout ».
Désir de se présenter face à Dieu, la disponibilité, l’attitude de celui qui attend, qui veille, prêt à partir là où le Seigneur l’appellera…
Tertullien: En ce jour de fête (dimanche) on ne doit pas même une fois s’agenouiller!
Vie en croissance. Restons debout pour que Dieu orne notre âme, comme on se tient parfois droit pour que d’autres parent notre corps de beaux habits.
Lorsqu’une personne importante entre dans une pièce, nous nous levons pour la saluer.
* différenciation de l’animal à quatre pattes. D’un point de vue anthropologique et symbolique, signifie la dignité de l’homme et sa noblesse
Ap 5,6 L’Agneau est debout
Ap 7,9; 20,12: les élus debouts pour exprimer leur louange à Dieu et à l’Agneau.
Ne 8,5: lors de la lecture du rouleau par Esdras, le peuple se tint debout.
Au Moyen-Âge, avant que les églises ne soient dotées de bancs ou de chaises, les assemblées se déroulaient debout.
* veille, prêt à l’action, élan vers Dieu
Ep 6,14 (combattant spirituel) Tenez-vous donc debout, avec la Vérité pour ceinture, la Justice pour cuirasse,…
Lc 22,46 Et il leur dit: ‘Qu’avez-vous à dormir? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation.’
Jg 5,12 Eveille-toi, éveille-toi, Débora! Éveille-toi, éveille-toi, clame un chant! Courage! Debout, Baraq! et prends ceux qui t’ont pris, fils d’Abinoam!
* Marie au pied de la croix
Position de l’orante souvent représentée dans l’iconographie antique
Amidah (racine דמע   se tenir debout)
Origène Or XXXI,2: La station debout apporte à la prière l’image (eikon) des qualités qui conviennent à l’âme.
* louange, intercession
Lm 2,19 Debout! Pousse un cri dans la nuit au commencement des veilles; répands ton coeur comme de l’eau devant la face de YHWH, élève vers lui tes mains pour la vie de tes petits enfants qui défaillent de faim à l’entrée de toutes les rues!
Lc 1,19 Et l’ange lui répondit: « Moi je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu, et j’ai été envoyé pour te parler et t’annoncer cette bonne nouvelle.
Tb 12,15 Je suis Raphaël, un des sept Anges qui se tiennent toujours prêts à pénétrer auprès de la Gloire du Seigneur. »
1R 19,11 Il lui fut dit: ‘Sors et tiens-toi debout dans la montagne devant la face de YHWH.’ Et voici que YHWH passa. Il y eut un grand ouragan, si fort qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, en avant de YHWH, mais YHWH n’était pas dans l’ouragan; et après l’ouragan un tremblement de terre, mais YHWH n’était pas dans le tremblement de terre; 12 et après le tremblement de terre un feu, mais YHWH n’était pas dans le feu; et après le feu, le bruit d’une brise légère.
Ps 134-135,1 Allons! bénissez YHWH, tous les serviteurs de YHWH, officiant debout dans la maison de YHWH, dans les parvis de la maison de notre Dieu.
Mc 11,25 Et quand vous êtes debout en prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez, pour que votre Père qui est aux cieux vous pardonne aussi vos fautes.»
Cf. aussi DnGrec? 3,25 Je vois quatre hommes en liberté qui se promènent dans le feu sans qu’il leur arrive de mal, et le quatrième a l’aspect d’un fils des dieux »; Ac 16,9: macédonien debout. Mais Lc 18,10-13 Pharisien vs Publicain.
Gn 18,2 Ayant levé les yeux, voilà qu’il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui; dès qu’il les vit, il courut de l’entrée de la Tente à leur rencontre et se prosterna à terre.
BASILE Traité sur le Saint-Esprit. Chap. 27, N° 66 L’ÉDUCATION DE L’ÉGLISE: Nous regardons tous vers l’Orient pour prier, mais peu savent que nous y cherchons l’antique patrie, ce paradis que Dieu planta en Eden, du côté de l’Orient. C’est debout que nous faisons nos prières, au premier jour de la semaine, mais nous n’en savons pas tous la raison. En ce jour consacré à la Résurrection, lorsque nous prions debout, ce n’est pas seulement parce que, ressuscités avec le Christ et devant chercher les choses d’en-haut, nous rappelons à notre souvenir la grâce qui nous fut donnée; mais c’est aussi parce que ce jour-là paraît en quelque sorte l’image du siècle à venir. C’est pourquoi il se trouve au début des jours de la semaine et fut appelé par Moïse non pas premier, mais unique: “Il y eut un soir, dit-il, et il y eut un matin, jour un” comme si le même jour recommençait toujours le même cycle.
Et justement, ce jour “un” est aussi huitième, représentant, par lui-même, ce jour réellement unique et vraiment huitième, dont fait aussi mention le psalmiste dans le titre de quelques-uns de ses psaumes, c’est-à-dire le jour où sera instauré l’état futur de l’humanité: jour sans fin qui ne connaîtra ni soir ni lendemain, siècle impérissable qui ne saurait vieillir.
Il fallait donc bien que l’Église éduquât ses petits à faire debout leurs prières en ce jour-là, afin que par le rappel continuel de la vie qui ne finira pas, nous ne négligions pas de faire des provisions en vue de ce voyage-là.
Toute la cinquantaine pascale, elle aussi, est un rappel de la résurrection que nous attendons dans l’éternité. Car ce jour unique et premier, sept fois multiplié par sept, complète les sept semaines de la sainte Pentecôte. Elle commence, en effet, par un dimanche, premier jour et s’achève aussi en ce jour. Dans l’intervalle elle déroule cinquante fois des journées semblables. Aussi est-elle une imitation de l’éternité, puisqu’elle finit, comme un mouvement circulaire, aux mêmes bornes où elle a commencé.
En ce temps-là les lois de l’Église nous apprennent à préférer la station droite lorsque nous prions. Par ce signe visible l’Église nous invite d’une façon claire à nous souvenir qu’il nous faut faire émigrer, pour ainsi dire, la partie haute de notre âme, du temps présent dans le temps futur. Et, chaque fois que nous fléchissons les genoux et nous relevons, nous montrons en acte que par le péché nous étions à terre et que l’amour de notre Créateur pour les hommes nous a rappelés au ciel.

– ASSIS: écoute, attente, méditation
Ps 23: il me fait reposer.
Lc 10,39: Marie, la sœur de Marthe écoutait Jésus, assise à ses pieds.
Jn 6,1s: multiplication des pains
Jn 20,12: Anges témoins de la Résurrection.
Col 3,1; He 8,1; 12,2: Le Christ assis à la droite du Père.

– MAINS: (cf. doc Corps)
Lorsque les mains se rassemblent et que les paumes se ferment, elles manifestent une attitude d’humilité et de révérence.
Elles se serrent pour exprimer le recueillement intérieur.
Elles couvrent le visage en signe de pénitence.
Elles s’ouvrent et se soulèvent en signe de supplication.
Elles se rejoignent sur la poitrine pour manifester la pure consécration à Dieu.
En se battant la poitrine, on se donne un simple coup: il doit traverser la porte de notre monde intérieur et l’ébranler afin d’indiquer notre responsabilité, notre faute et l’humilité qui nous permettra la pénitence et la conversion.
L’expression de l’abandon et de la soumission se retrouve dans la jonction des mains. Bien que l’on justifie souvent que l’acolyte ou le diacre garde les mains jointes, pour se différencier du prêtre qui étend les mains, particulièrement au moment de la consécration, l’origine historique serait à chercher dans le geste du vassal qui, au Moyen-Âge, rendait hommage au suzerain et se soumettait à lui, les mains jointes. (Cette origine est plus évidente lorsque l’on pense au geste de l’ordination sacerdotale ou diaconale où l’ordinant, à genoux, met ses mains jointes dans les mains de l’évêque au moment de la promesse d’obéissance.)
Par ailleurs, cette attitude qui consiste à demeurer les mains jointes, présente plus fréquemment dans la prière individuelle que dans la liturgie, peut être vue comme une position de recueillement commune au phénomène religieux. Le Bouddha se tient lui-aussi les mains jointes. Pour nous occidentaux joindre les mains comporte souvent, en plus du recueillement l’idée de supplication.
– MAINS LEVEES:
Ps 134,1 Allons! bénissez YHWH, tous les serviteurs de YHWH, officiant dans la maison de YHWH, dans les parvis de la maison de notre Dieu. Dans les nuits 2 levez vos mains vers le sanctuaire, et bénissez YHWH.
Ps 141,2 Que l’élévation de mes mains soit comme le sacrifice du soir
Lm 3,41 Elevons notre coeur et nos mains vers le Dieu qui est au ciel.
Ex 9,33 Moïse sortit de chez Pharaon et de la ville; il étendit les mains vers Yahvé; le tonnerre et la grêle cessèrent, et la pluie ne se déversa plus sur la terre.
Ex 17,11 Lorsque Moïse tenait ses mains levées, Israël l’emportait, et quand il les laissait retomber, Amaleq l’emportait.
Lv 9,22 Aaron éleva les mains vers le peuple et le bénit. Ayant ainsi accompli le sacrifice pour le péché, l’holocauste et le sacrifice de communion, il descendit;23 avec Moïse il entra dans la Tente du Rendez-vous. Puis ils en sortirent tous deux pour bénir le peuple. La gloire de YHWH apparut à tout le peuple.
Lc 24,50 Puis il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit.
1Tm 2,8 Je veux que les hommes prient en tout lieu, élevant vers le ciel des mains pieuses (saintes), sans colère ni dispute.
Orantes fosses St P en Galicantes et catacombes
Arrière plan biblique: Paul demande une telle attitude lors de la prière dans la 1ère épître à Timothée (1Tm 2,8).
Dans l’Ancien Testament, Salomon adopta cette attitude pour prier Dieu lors de la dédicace du Temple (1R 8,22-23); les psaumes abondent de telles descriptions (Ps 27,2; 63,5; 88,10…), sans oublier l’épisode de la bataille contre Amaleq durant laquelle Israël dominait quand Moïse avait les mains levées, et Amaleq était le plus fort lorsque Moïse baissait les bras (Ex 17,8-13). Un midrash montre qu’il ne s’agit pas d’un geste magique, mais que les bras de Moïse indiquaient la direction vers laquelle les israélites devaient tourner leurs cœurs (Mishnah Ro’sh hashanah 3, 8).
Ce geste de par sa concrétisation variée (paumes des mains tournées vers le ciel, bras étendus devant la poitrine les mains verticales, ou encore les bras écartés au-dessus des épaules), peut signifier des choses contraires telles que donner ou recevoir (s’offrir ou accueillir), demander ou remercier, supplication dans l’épreuve ou exultation de joie… Certains ont vu dans ce geste un rapprochement avec celui qui est fait lorsque l’on se constitue prisonnier, exprimant plutôt l’offrande de soi. Pour Tertullien ce geste imite l’attitude du Christ sur la croix:
Tertullien De Oratione 14: « Non seulement nous élevons les mains, mais nous les élevons en croix comme notre Seigneur dans sa passion, et par cette attitude, nous confessons le Christ. »
Ce geste est prescrit dans notre liturgie pour le prêtre à chaque prière sacerdotale.
Joseph de Panépho 7; Cf. 6: « Abba Lot alla trouver abba Joseph et lui dit: ‘Abba, selon ma force, je fais mon petit office, mon petit jeûne, la prière, la méditation, le recueillement, et, au­tant que je le peux, je me purifie de mes pensées. Que dois-je faire de plus?’ Alors le vieillard, s’étant levé, étendit les mains vers le ciel et ses doigts devinrent comme dix lampes de feu, et il lui dit: ‘Si tu le veux, deviens tout entier comme du feu‘.
Tithoès 1. « On disait d’abba Tithoès [i.e. Sisoès] que, s’il ne baissait bien vite les bras quand il se tenait debout en prière, son esprit était emporté en haut. Si donc il arrivait que des frères priassent avec lui, il se dépêchait d’abaisser les bras, pour que son esprit ne soit pas enlevé et qu’il ne s’attarde dans les hauteurs».
Clément d’Alexandrie (début du IIIe siècle) Strom., VII,40,1: C’est alors que nous levons la tête, tendons les mains vers le ciel, et que nous nous dressons sur la pointe des pieds en prononçant l’acclamation qui conclut la prière: nous suivons l’emportement de l’esprit vers l’essence intelligible. Essayant de détacher, par la parole, le corps de la terre, après avoir rendu aérienne « 1’âme ailée Ps 54,7 », par le désir des réalités supérieures, nous forçons le passage vers le « lieu saint Ps 1,33,2; He 9,24s », pris d’un noble dédain pour le lien charnel.
Nil d’Ancyre, Epistulae, 1,86 (PG 79,120D); référence à Ex 17,12. « Tenant son bâton sur le côté, d’une main (puis) de l’autre (Ex 17,9s), à l’imitation du Christ étendant les bras sur la croix, Moïse, le hiérophante (c’est ainsi que l’on appelait le prêtre à qui revenait, dans le culte païen, de montrer et d’interpréter les symboles et usages sacrés. Il initiait aux mystères religieux), mit en fuite Amalec. C’est pourquoi nous aussi, en élevant les mains pour la prière, nous remportons la victoire sur Satan. Si le saint Moïse avait tenu son bâton droit devant lui, et non sur le côté, comment ses mains seraient-elles devenues lourdes et (comment) par suite aurait-il fallu qu’Aaron et Ôr lui soutiennent les mains à droite et à gauche? »
Nil d’Ancyre, Epistulae, 1,87 (PG 79,121A); référence à Lv 9,22.23: Il serait donc fort utile de prier le plus souvent [les mains levées] en forme de croix: c’est ainsi en effet que nous sommes bénis par Dieu Lc 24,50. et qu’en retour nous bénissons les autres. Car même le divin Moïse, bénit le peuple (en élevant) les mains vers le ciel en forme de croix lorsqu’il inaugura la Tente et qu’il intronisa son propre frère comme prêtre ».»
Tertullien, Or. 29: Tous les anges aussi prient, ainsi que prie toute créature; les animaux domestiques et sauvages prient (Ps 148): ils plient le genou, et, en sortant de leurs étables ou de leurs tanières, ils lèvent des regards et une tête attentive vers le ciel, et y lancent leurs aspirations à leur manière. Les oiseaux même, en prenant l’essor le matin, montent vers le ciel, ils tendent leurs ailes en formant une croix comme on tend les bras, et ils disent quelque chose qui semble une prière« …