Shepparton et Wodonga
Shepparton, 60 000 âmes et sans doute davantage de vaches, est une ville moderne de l’horizontal bush australien (180 km au NNE de Melbourne), la deuxième ville du diocèse, et patrie de la tribu aborigène Yota-Yota, dans la riche Goulburn Valley, le garde-manger de l’état de Victoria qui est lui-même le garde-manger de l’Australie (eg: il produit 2/3 du lait australien).
Les Yota- Yota du coin font partie des Koories, la plus vaste population aborigène de l’état de Victoria après Melbourne.
En 1838, le coin est visité une première fois par des occidentaux qui y campent.
En 1848 y a lieu le siège de Tallygaroopna: Sherbourne Sheppard, un irlandais immigré en 1841 obtient par les armes de récupérer sa maison après son retour d’un séjour de quelques années en Angleterre.
En 1871, on y compte 6 maisons et 30 habitants.
En 1880, l’arrivée du chemin de fer provoque le rapide développement du village.
A cette époque y est établie la fameuse fonderie Furphy, toujours en activité, célèbre pour les citernes métalliques vendues partout jusqu’aux armées alliées en Europe pendant la première guerre mondiale: les soldats se réunissaient autour de ces réservoirs pour se reposer et raconter leurs commérages et exploits parfois exagérés ou faux, et l’expression « furphy » a maintenant pris le sens de « pipeau » en anglais australien (voir ci-dessous)…
Dès 1912, un vaste système d’irrigation est construit pour permettre de cultiver fruits, céréales et légumes et d’élever à profusion vaches laitières, moutons et cochons. Ce réseau permet encore aujourd’hui de résister à la sécheresse qui sévit gravement dans tout le pays depuis 7 ans au point d’assécher complètement certains lacs.
Les immigrants européens arrivent alors en particulier d’Angleterre, Irlande, mais on compte aussi pas mal d’Albanais, Grecs et Yougoslaves. Aujourd’hui arrivent aussi de gentils musulmans indonésiens et turcs notamment.
La ville vit en particulier de l’agroalimentaire, des vignobles, et du commerce pour sa vaste région (« Malls » et boutiques en tout genre).
Father Peter son curé, ses jeunes chrétiens et nous-mêmes souhaiterions qu’elle vive aussi encore plus du bon Dieu.
Pour cela, deux bonnes nouvelles:
– cette ville appartient bien au Seigneur, comme l’indique son nom en anglais: ça vient de Shepherd’s Town, la ville du Berger, et notre « unique Pasteur » c’est le Christ (Ez 37,24; Jn 10,16). Par conséquent, on est sûr qu’Il commence déjà à la conduire dans Sa bergerie.
– on vous laisse traduire son nom en alsacien aussi (que dit Dieu quand Il fait miséricorde?…) C’est pas une belle promesse de salut, ça?
Et deux invitations spirituelles:
– La ville du Christ ne peut pas se contenter de produire des nourritures terrestres en abondance, mais a vocation à être aussi un garde-manger spirituel débordant pour l’état de Victoria.
– Nous apprécions éventuellement la viande des veaux mais nous voulons brûler et pulvériser nos veaux d’or (Ex 32,20)
– Loin de nous contenter des moutons du monde, nous cherchons l’Agneau de Dieu et voulons Le désigner (Jn 1,29);
– Nous ne voulons pas seulement engraisser les vaches de Bashan au point de leur ressembler (Am 4,1), mais nous offrir nous même en offrandes agréables à Dieu et nous rassasier au festin du Royaume de Dieu (Mt 22,2);
– Nous ne nous nourrissons pas que de blé, mais de toute parole « qui sort de la bouche du Seigneur » (Dt 8,3) et du pain de Vie (Jn 6), et aspirons « comme les épis épars sur les collines à devenir un » dans le pain de l’Eglise (Didaché 9).
– Nous admirons certes le vignoble d’ici-bas, mais c’est sur la vigne véritable même qu’est le Christ (Jn 15,1s) que nous voulons être greffés pour porter beaucoup de fruit, c’est à la vigne du Seigneur que nous voulons appartenir car il annonce sa restauration après les pillages (Na 2,3).
– Nous nous réjouissons du bon vin terrestre mais cherchons par-dessus tout le vin nouveau que nous désirons boire dans le Royaume de Dieu avec le Christ (Mc 14,25).
– Plus question de « Furphy » (pipeau), mais de rencontrer la personne du Christ qui est la Vérité (Jn 14,6), de Le proclamer et d’en vivre.
A propos de « furphy », pour ceux qui aiment la parole de Dieu, 2Co 12,20 dit: « Qu’il n’y ait pas chez vous de discorde, jalousie, animosités, disputes, calomnies, commérages (pipeaux), insolences, désordres », et pipeau se dit dans le texte grec « psiturismos« : ça fait légèrement penser à « tourisme psychologique »: ce n’est pas exactement ce que nous cherchons à vivre. 1Tm 4,7 critique aussi les racontars, qui se dit en grec « mitos« … En employant le même mot, 2Tm 4,3-4 dit: « Un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais au contraire, au gré de leurs passions et l’oreille les démangeant, ils se donneront des maîtres en quantité 4 et détourneront l’oreille de la vérité pour se tourner vers les fables« …
Le saint-patron de la paroisse d’accueil (a toujours une grâce spirituelle à donner):
Contemporain de saint Benoît et de saint Colomba, il a 11 ans quand meurt saint Patrick, l’évangélisateur de l’Irlande.
Brendan, dont le nom peut signifier « lame d’épée » dans les langues scandinaves, part en mission avec une petite embarcation (probablement un currach, bateau irlandais léger fabriqué avec des lattes de bois, recouvertes de peaux de bœuf graissées et portant un mât) et plusieurs moines, probablement vers l’an 530. Il revient en Irlande en affirmant avoir découvert une île qu’il assimile au Paradis; le récit rapidement propagé de ses aventures attire de nombreux pèlerins à Aldfert, le village d’où il avait prit son départ. En 1976, un Irlandais, Tim Severin construit une barque en peaux de bêtes tendues et en atteignant Terre-Neuve par les îles Féroé et l’Islande, prouve que le voyage de Brendan a pu lui faire découvrir l’Amérique avant les Vikings et Christophe Colomb.
Le récit du voyage de Brendan se rattache à une tradition irlandaise (les « imrama »), et a été interprété comme un récit symbolique en relation avec la liturgie pascale (les voyages de Saint Malo sont essentiellement identiques), mais de nombreux détails sont la preuve qu’il a été écrit par quelqu’un ayant pratiqué la navigation en haute mer sur un petit bateau médiéval.
Selon la tradition, Saint Brendan a écrit des règles monastiques sous la dictée des anges. Il participe avec zèle à l’évangélisation des îles Britanniques et de la Bretagne pendant près de vingt-cinq ans. A l’estuaire de la Rance (près de St Malo), il fonde un couvent (à Aleth), puis retourne en Irlande où il meurt. Il est fêté le 16 mai.
Leçon spirituelle: comme saint Brendan, chacun de nous est invité à être la « lame de l’épée » de l’Esprit c’est-à-dire de la Parole de Dieu (Ep 6,17), dans la main droite de Dieu, pour:
– L’écouter,
– Lui donner toute notre vie,
– L’annoncer, en n’hésitant pas à quitter « pays, parenté… pour le pays qu’il nous indiquera » (Gn 12,1).
Mais où donc est Shepparton?
Le diocèse de Sandhurst (ancien nom de la ville de Bendigo) où nous invite l’évêque Joe Grech a:
– 134 années d’existence (fondé en 1874)
– 45 000 km2 (soit deux régions françaises, un peu plus gros que la Suisse).
– 342 000 habitants, dont:
– 92 000 catholiques
– 41 paroisses
– 74 prêtres
– 109 religieuses
– 5 religieux
– 13 000 élèves dans ses écoles
La région, qui fut l’objet d’une ruée vers l’or à partir de 1851 (les gisements sont encore aujourd’hui exploités par des sociétés plus organisées), est au nord de l’Etat de Victoria, 238 000 km2 avec plus de 5 millions d’habitants et Melbourne pour capitale.
Paysages du bush de Victoria:
WODONGA
A la frontière ouest entre les états de Victoria et de Nouvelle Galle du Sud, à 160 m d’altitude, au bord de la Murray river et aux pieds des Montagnes bleues, Wodonga est une petite ville agro-industrielle typique de l’Australie profonde. Elle a 40 000 habitants, et 82 000 avec sa voisine Albury.
La paroisse est consacrée au Sacré Coeur.
Wodonga est le nom aborigène d’une variété de hauts joncs dont les graines sont comestibles. Les aborigènes vivaient de la chasse et se déplaçaient vraisemblablement en canoës dans cette large vallée peuplée de kangourous, émeus, et oiseaux de marécages.
La ville fut construite à partir d’un relais de poste de brique crue établi en 1836. Des fermiers blancs s’y installèrent avec leurs troupeaux (certaines vaches étaient braconnées par les aborigènes), puis des vignerons, un forgeron, 2 auberges, un poste de police et un moulin. Le commerce se faisait au départ sur des barques à vapeur, mais la ville s’est développée surtout après l’arrivée du chemin de fer Melbourne-Sydney en 1873.
On y trouve aujourd’hui le siège de Masterfoods-UncleBen’s pour l’Asie et une base importante de l’armée. A quelques km se trouve le grand Lake Hume (202 km2).