Vie dans l’Esprit: les charismes


 
 

Saint


Définition:
– Le charisme est un don donné « en vue du bien commun » (1Co 12,7). Il n’est pas destiné avant tout à la sanctification d’une personne, mais au « service » de la communauté (cf. 1P 4,10). Il est donné pour la mission, et transitoire.
– C’est un don donné à une personne ou plusieurs en particulier, non pas à tous de la même manière, ce qui le distingue de la grâce sanctifiante des vertus théologales et sacrements qui sont identiques et communs à tous.
Vatican II LG 12: « L’Esprit Saint ne se borne pas à sanctifier le peuple de Dieu par les sacrements et les ministères, à le conduire et à lui donner l’ornement des vertus, il distribue aussi parmi les fidèles de tous ordres, « répartissant ses dons à son gré en chacun » (1Co 12,11), les grâces spéciales qui rendent apte et disponible pour assumer les diverses charges et offices utiles au renouvellement et au développement de l’Eglise, suivant ce qu’il est dit: « C’est toujours pour le bien commun que le don de l’Esprit se manifeste dans un homme » (1Co 12,7). Ces grâces, des plus éclatantes aux plus simples et aux plus largement diffusées, doivent être reçues avec action de grâce et apporter consolation».

Le charisme ne dépend pas de la sainteté de la personne à qui il est confié, et il passe par l’humanité de chacun: tout n’est pas de l’Esprit Saint lui-même (eg manière de parler).
Toutefois, on observe trois critères d’authenticité et de fécondité durable: obéissance, humilité, charité.
Cantalamessa Viens Esprit Créateur 10: [Le charisme est gratuit et immérité, mais il n’est] pas sain s’il n’est pas sous-tendu par la sainteté personnelle.

Distinctions:
En 1Co 12 (liste non exhaustive), on distingue les charismes liés:
– à la connaissance
* prophétie: connaissance immédiate, sagesse
* interprétation des langues
* discernement des esprits
– au discours:
* chant et parler en langues
* science: apostolat, exhortation/consolation (Rm 12,7), enseignement, conseil spirituel, évangélisation (Ep 4,11)
* parole de sagesse et parole de connaissance
– à l’action:
* foi (pas la vertu « théologale »; Mt 14,31 marche sur les eaux; 17,20 montagne; Lc 9,41 délivrance d’un possédé) et miracle
* guérison
* service: assistance (aux pauvres), gouvernement (1Co 12,28); service (domestique), distribution, présidence, miséricorde (Rm 12,8), pastorale (Ep 4,11), chant…

Tous peuvent et même doivent y aspirer:
Lc 11,13 Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui l’en prient!
Mc 16,17 Voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom ils chasseront les démons, ils parleront en langues nouvelles, 18 ils saisiront des serpents, et s’ils boivent quelque poison mortel, il ne leur fera pas de mal; ils imposeront les mains aux infirmes et ceux-ci seront guéris.
Jn 7,38 De son sein couleront des fleuves d’eau vive. ie dons, charismes
Judas aussi avait les charismes comme les autres apôtres, mais il a finalement trahi le Seigneur.

Obstacles aux charismes:
manque d’intériorité, manque de confiance en Dieu, manque de communion (ie division), peur du paraître…
P.Tardif: Le principal obstacle pour recevoir des charismes? Je crois que c’est la peur de perdre notre réputation. Les charismes sont une croix et beaucoup ne sont pas disposés à la porter. L’exercice de quelques charismes font en sorte que beaucoup nous considèrent comme fous, que d’autres se moquent de nous, nous méprisent ou nous poursuivent. Tant que nous ne serons pas disposés à mourir à nous-mêmes – toujours à cause de nos privilèges et renom -, nous ne recevrons pas ces charismes.

Citations:
Irénée adv haer V, 6, 1,SC 153,75: nombre de frères dans l’Eglise […] possèdent des charismes prophétiques, parlent toutes sortes de langues grâce à l’Esprit, manifestent les secrets des hommes pour leur profit et exposent les mystères de Dieu.
Maxime le Confesseur, Chapitres variés, IV,81, PG 90,1340: Comme il n’est pas possible de maintenir allumée une lampe sans huile, ainsi il est impossible de maintenir allumée la lampe des charismes sans une attitude capable de nourrir le bien par des comportements adéquats, des paroles, manières, habitudes, idées, pensées convenables. Tout charisme spirituel en effet a besoin de l’attitude qui lui est connaturelle, qui verse sans cesse en elle, comme huile, la matière spirituelle afin de demeurer chez celui qui l’a reçu en possession
Grégoire le Grand Dialogues, I, 1, PL 77,156, SC 260,23: Une âme qui est remplie de l’Esprit divin a très évidemment ses signes, les miracles (virtutes) et l’humilité. Si ces deux signes se rencontrent parfaitement dans une âme, il est clair qu’ils portent témoignage sur la présence du Saint Esprit.
Augustin Commentaire de l’Évangile de Jean, 32,8: [En entendant énumérer tous ces merveilleux charismes (prophétie, sagesse, discernement, guérisons, langues), certains pourraient s’attrister ou se sentir exclus en pensant qu’ils ne possèdent rien de tout cela. Mais attention,] «si tu aimes l’Eglise, il est sûr que tu n’es pas absolument dépourvu [de dons]; car si tu tiens de coeur à l’ensemble de l’Eglise, tu partages avec ceux qui les possèdent les dons de l’Esprit de Dieu. Ne sois point envieux: tout ce que je possède t’appartient: je ne veux moi-même nourrir aucun sentiment de jalousie, car ce que tu possèdes est à moi. L’envie produit la séparation; l’union, tel est l’effet de la charité. Dans le corps humain, l’oeil seul a le privilège de la vue; mais est-ce pour lui seul qu’il en jouit? Il le possède pour la main, pour le pied, pour tous les autres membres […] La main est le seul de tous les membres pour travailler; mais travaille-t-elle pour elle seule? Elle le fait aussi pour l’oeil. Ainsi, qu’on vienne à vouloir frapper, non pas la main, mais le visage, celle-ci dit-elle: Je ne me remue point, puisque ce n’est pas moi qu’on veut blesser?».
Rq: Le charisme est une « grâce créée » (gratiae gratis datae), visible, comme les sacrements; alors que les vertus et les dons de l’Esprit sont des grâces sanctifiantes, invisibles en leur commencement (« gratia gratum faciens« ).