Adultère, Divorce, Fidélité


 
 

Fidélité du couple


La sexualité est comme le feu: maîtrisé, il permet lumière, chaleur, nourriture, joie, production… Autrement il ruine toute la maison. De même une formule1 donne sensations fortes, admiration… Mais le faux sentiment de sécurité est grave car il conduit souvent à la mort. Le mariage est ainsi le garde-fou sur le bord du chemin, contre les pulsions et passions folles égoïstes…

Le mariage comme engagement normativement définitif entre un homme et une femme devant le groupe est une institution présente dans toutes les cultures jusqu’à l’époque contemporaine. Son importance anthropologique et sociale cruciale a été tellement perçue qu’il a été sacralisé, même dans les Etats ouvertement athées nazis ou communistes. Les Etats laïcistes ont aussi voulu se substituer dans ce rôle aux religions ou du moins les doubler.

Attention, ce message peut provoquer un sentiment de culpabilité chez certains (e) en raison de leur passé, ou un sentiment de justice personnelle chez les autres. Dans l’un et l’autre cas, ayons bien conscience que Dieu peut transformer toute cicatrice en marques de beauté (cf. doc Miséricorde).


Rq: L’adultère est par définition la relation sexuelle d’une personne mariée avec quelqu’un d’autre que son conjoint. La fornication -du latin fornix, voûte des habitations des prostituées dans l’antiquité romaine- est toute relation sexuelle entre personnes non mariées entre elles (et au sens large, selon la Parole de Dieu, toute relation non chaste, même entre personnes mariées).


1. Adultère = adule-taire.
Il s’agit en effet bien souvent d’une régression dans un comportement infantile pré-oedipien, où l’être adule son parent de sexe opposé et réduit au mutisme sa propre personnalité mature.
Il peut avoir pour origine inconsciente les terrains suivants: fuite d’un sentiment d’angoisse, impatience ou fébrilité, hésitation, poursuite chimérique d’une relation fusionnelle, refus du temps et de la transformation de chacun des membres du couple…
Adultère vient du latin ad-alter: rendre autre, altérer, falsifier, corrompre.
Il ne s’agit pas ici de moraliser (l’accusation d’autrui et le sentiment de justice personnelle sont au moins aussi grave que l’adultère lui-même) mais de synthétiser ce que disent les faits sociaux et la Bible sur cette pratique, sans faire acception de personne, pour percevoir plus clairement le chemin du Bonheur.
L’adultère est loin de ne concerner que la chambre à coucher de ceux et celles qui le pratiquent et utilisent cet argument (qui pourrait être hypocrite) pour se justifier.
L’adultère n’est pas un moindre mal légitime, mais un cancer spirituel et social.
Le monde (les medias et le cinéma qui éduquent aujourd’hui les adolescents) dit: « le feu ne peut jamais sortir de la cheminée »: il est toujours plaisant, sans danger, indolore, et préférable à la relation de couple elle-même et aux enfants… La prétendue « libération sexuelle » a asservi toute une génération en disant « Exprimez vous, faites tout ce que vos envies vous disent, ne vous retenez jamais et surtout pas, Dieu ne sait pas ce dont il parle, ne gardez surtout pas la sexualité dans la prison intolérable du mariage ». Les « intellectuels » ont produit comme nouvelle norme qu’il n’y avait pas de normes, et ont en fait normalisé tous les comportements jusque là considérés comme déviants (Is 5,20 Malheureux ceux qui appellent le mal bien et le bien mal).
Résultat: on ne peut plus laisser les enfants jouer devant la maison ni se rendre seuls à l’épicerie, et les femmes ne sont plus en sécurité dès qu’il n’y a pas une foule autour (et encore, des viols publics se sont produits sans réaction à des heures de pointes du métro…). Pendant des siècles on a reconnu qu’un couple normal était le cadre affectif sain pour la croissance humaine de l’enfant, depuis, on affirme ouvertement que n’importe quel autre cadre fait très bien l’affaire. C’est-à-dire en réalité les affaires de ceux que ces comportements arrangent. On a préféré le bien-être égoïste de certains parents, et finalement on s’étonne que des enfants-roi revendiquent que leur bien-être plutôt prévale sur toute autre réalité, puisque toute « puissance paternelle » a été supprimée.
Certes, d’autres péchés sont plus graves (meurtres, escroqueries contre des pauvres…) et doivent être davantage encore combattus, mais peu ont la même tendance à se transformer en état de péché (répétitif et consenti).


2. Divorce: moindre mal ou fuite du bien?
Juste en Europe en 2006, on compte 1 divorce toutes les 33 secondes. Un enfant sur quatre ne vit pas avec ses deux parents.
En France en 2008, les « familles monoparentales » concernent 2,8 millions d’enfants, les familles recomposées 1,6 million d’enfants, et les familles homoparentales 30 000 enfants (issus d’une union hétérosexuelle antérieure, d’une adoption par l’un des parents ou d’une insémination artificielle avec donneur).

Dans la Parole de Dieu, divorce se dit apo-stasie, « se tenir loin de »: la séparations des époux/se est aussi une séparation d’avec Dieu, qui par le sacrement a réalisé leur unité au profit à la fois d’eux-mêmes, de leurs enfants, et des autres (en effet, la responsabilité sociale -en termes chrétiens, la participation au témoignage et à la communion des saints- fait partie de l’engagement!).
Dans le Décalogue (Ex 20), sur les deux tables de la Loi, l’interdit de l’adultère correspond (ou équivaut!) à l’interdit de l’idolâtrie. Il se trouve entre celui du meurtre et celui du vol: symboliquement et spirituellement, il est la synthèse des deux.

Le divorce n’est pas toujours le fruit de l’adultère, mais étant données les mœurs communes, il y conduit souvent.
Ml 2,14-17 YHWH est témoin entre toi et la femme de ta jeunesse que tu as trahie, bien qu’elle fût ta compagne et la femme de ton alliance. 15 N’a-t-il pas fait un seul être, qui a chair et souffle de vie? Et cet être unique, que cherche-t-il? Une postérité donnée par Dieu! Respect donc à votre vie, et la femme de ta jeunesse, ne la trahis point! 16 Car je hais la répudiation, dit YHWH le Dieu d’Israël, et qu’on recouvre l’injustice de son vêtement, dit YHWH Sabaot. Respect donc à votre vie, et ne commettez pas cette trahison! 17 Vous fatiguez YHWH avec vos discours! – Vous dites: En quoi le fatiguons-nous? – C’est quand vous dites: Quiconque fait le mal est bon aux yeux de YHWH, en ces gens-là il met sa complaisance; ou encore: Où donc est le Dieu de la justice?
Des événements extérieurs peuvent en être le catalyseur: accident, maladie imprévisible, évolution psychique régressive de l’un des époux, violence, alcool, drogue, etc, mais le divorce reste le résultat d’une décision libre de la volonté.
La vision romantique et adolescente tardive du mariage fusionnel a désormais conquis quasi tout le monde: l’idée reçue est qu’un bon divorce vaudrait mieux qu’un mauvais mariage, et que pour les enfants il serait préférable d’assister à la séparation de leurs parents qu’à leurs disputes. Or aujourd’hui bon nombre de psychologues et neuropsychiatres admettent que c’est plutôt le contraire qui est vrai: même chez les enfants qui en apparence sembleraient moins touchés, la blessure que provoque la séparation des parents nuit à l’équilibre psychique; alors que le fait d’avoir grandi dans un foyer où les parents « ne s’aimaient plus » selon la conception d' »Amour, Gloire et Beauté », est loin de provoquer les même effets.
On a refusé l’idée adulte que l’amour évolue (vs euphorie fusionnelle embryon-mère), et demande donc une adaptation mutuelle continue, mais le mariage se révèle toujours ce qu’il est, une aventure qui demande des efforts et des responsabilités.
Les juges et avocats, à la moindre sollicitation, considèrent bien souvent aujourd’hui la séparation conjugale et le divorce plus comme des objectifs à atteindre que comme de simples éventualités. Il est rare de les voir chercher à guider les personnes vers des solutions alternatives plus respectueuses des intérêts des enfants mineurs, que tout le monde prétend pourtant, par de beaux discours, vouloir préserver.
Le divorce a été présenté comme une mesure qui aurait garanti le progrès et le bonheur des hommes et des femmes. Or il est plutôt devenu un enfer, un océan de souffrances. Dans le discours de la Montagne, Jésus a enseigné que c’est aux fruits que l’on reconnaît les faux prophètes (Mt 7,17). La possibilité de divorcer librement ne nous a pas rendus plus libres, et encore moins heureux. On le voit au malaise social, économique, mais surtout psychologique que le divorce a répandu dans la société occidentale de façon endémique. Cette tendance au divorce se fonde sur une mauvaise conscience collective qui, partant de sa propre idéologie, tente de retirer ces questions essentielles du débat public.


3. Conséquences
– Conséquences psychologiques et sociologiques. Si dans certains cas la résilience permet de surmonter la rupture du foyer parental et la blessure d’abandon qui en résulte (l’enfant n’étant pas capable d’ubiquité, au moins un des 2 parents est absent), toutes les études confirment les effets sur les enfants en général et le coût colossal en termes de santé physique et mentale, éducation, harmonie sociale. La probabilité pour un enfant de divorcés d’avoir des difficultés émotionnelles (incapacité de gérer la culpabilité et la colère refoulée) et/ou scolaires, d’entrer en dépression, de divorcer lui-même, de se suicider, de se droguer, de vire alcoolisme, chômage, marginalisation sociale, ou de commettre des délits est multipliée
Aux Etats-Unis, on estime que la dépense publique résultant des divorces représente 50% du montant de l’impôt sur le revenu.
L’adultère et le divorce ont détourné le cœur de millions de pères de leurs enfants.
Ml 3,23-24 Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que n’arrive le Jour de YHWH….24 Il ramènera le coeur des pères vers leurs fils et le coeur des fils vers leurs pères…

– Evidence économique: doubler les habitations, les voitures et l’électroménager est une charge stérile, fait artificiellement monter le PIB sans réaliser le moindre investissement productif, comme le fait par exemple un accident de voiture (réparation ou remplacement, malus d’assurance, frais éventuels de justice, temps investi…).

– Dans la communion des saints, nous sommes tous responsables les uns des autres:
Ex 20,14 Tu ne commettras pas d’adultère.
Rm 5,12 Par le péché, la mort (et la souffrance) entrent dans le monde.
Rm 8,22 La Création entière gémit dans les douleurs de l’enfantement [à la vie nouvelle, de tous ceux qui ne cherchent pas à se convertir].
Contrairement à l’opinion répandue, la morale personnelle est dans la plupart des cas aussi une morale publique.
Lv 18,25-27 exprime que l’immoralité sexuelle dévaste la terre. J’enfonce mon frère dès que je renonce à l’avertir qu’il se fait du mal à lui-même et aux autres: nous ne sommes pas 6 milliards d’électrons autonomes mais vivons en relations humaines permanente, a fortiori dans la circulation de la grâce (ou de son manque de circulation). La sagesse conventionnelle est loin d’être toujours la sagesse réelle, voire divine.
On a voulu se faire croire et faire croire que le divorce était comme un simple gros rhume, désagréable sur le moment mais s’oubliant bien vite; on se rend compte que sauf exception, il est une déstabilisation en chaîne d’innombrables relations affectives constitutives de la personnalité (en particulier chez les enfants, mais pas uniquement).

Lorsque Dieu a créé l’homme, Il l’a élevé au dessus du monde animal, en donnant à la sexualité de pouvoir réaliser une unité transcendante antre un homme et une femme. Chez les animaux, la « sexualité » est purement pour la procréation. Et pour cela, la sexualité est une faculté puissante, ce qui implique aussi un potentiel de violence, destruction, voire désastre.
1Co 6,18 Fuyez la fornication! Tout péché que l’homme peut commettre est extérieur à son corps; celui qui fornique, lui, pèche contre son propre corps.
1Th 4,3 Voici quelle est la volonté de Dieu : c’est votre sanctification; c’est que vous vous absteniez d’impudicité 4 que chacun de vous sache user du corps qui lui appartient avec sainteté et respect, 5 sans se laisser emporter par la passion comme font les païens qui ne connaissent pas Dieu ; 6 que personne en cette matière ne supplante ou ne dupe son frère… 7 Car Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté mais à la sanctification. 8 Dès lors, qui rejette cela, ce n’est pas un homme qu’il rejette, c’est Dieu, lui qui vous a fait le don de son Esprit Saint.
Cette volonté de Dieu n’est pas extérieure à nous-mêmes, en concurrence avec notre liberté et jaloux de notre épanouissement: elle n’est que l’expression de notre réalité naturelle ou vocation d’être humain.


4. Chercher le chemin de la fidélité, bonheur selon l’Evangile.
La fidélité, l’unicité (un seul mariage à la fois) et l’indissolubilité (pas de mariages successifs sauf en cas de veuvage) ne sont pas des institutions de l’Eglise que certains pourraient changer, mais des dispositions de droit divin, certes exigeantes mais en vue du bonheur profond et véritable de tout être humain.
Fidélité vient de fides, la Foi, en hébreu emunah, appui sur Dieu qui nous appelle ses coopérateurs (1Co 3,9) et (Ph 2,13) » fait en vous et le vouloir et le faire selon son dessein bienveillant ». Son principe est donc une relation vivante avec le Christ.
Thérèse PN 23,7: «  Ma vertu c’est Toi. »
La fidélité signifie Suivre Jésus sans connaître d’avance le chemin, sans toujours discerner exactement et désirer ce que Dieu attend maintenant de nous.
Le mariage est un, car l’Alliance divine (dons et appels de Dieu) est irrévocable (Rm 11,29).
La fidélité (symbolisée en Occident par les anneaux échangés, le sel des sacrifices 2Ch 13,5; les amandes des dragées) est la coopération humaine avec la grâce de Dieu, par la volonté et les moyens de durer, et l’accueil du don de Dieu chaque jour.
Elle est la libération par rapport à l’illusion du changement, invasion du consumérisme jusque dans la relation de couple.
L’esprit du monde (transparaissant hors des media et des « arts ») fait croire que les lois de la nature humaine (identité, filiation…; prohibition de l’adultère) n’ont aucune réalité; se dégager de toute norme extérieure à la volonté ambiante du moment permet le culte de l’individualisme et entraîne la destruction progressive du lien social, la dissolution de la place des pères puis même des mères.
Qu’avons-nous fait du « Oui » de Jésus? Lui ne divorce jamais. Son Oui est jusqu’à la mort… c’est-à-dire jusqu’à la Résurrection. Beaucoup de personnes ne savent que faire de leur première union. Après 20 ou 40 ans de divorce, on continue réellement d’être ministre de son sacrement de mariage…
L’Histoire a donné des exemples encourageants de Martyrs de la fidélité: Osée (époux délaissé vers qui reviendra son épouse) Jean-Baptiste (prophète exécuté), Thomas More (vs Henri VIII)…
2Tm 2,13 Si nous sommes infidèles, lui Dieu reste fidèle, car Il ne peut se renier lui-même.
Ap 2,10 Reste fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie.
Mt 5,27 Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu ne commettras pas l’adultère. 28 Eh bien ! moi je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son coeur, l’adultère avec elle.
Gabriel Marcel: La seule victoire sur le temps est celle de la fidélité.
Concrètement. La fidélité commence en soi-même et se vit en prenant les 5 moyens pratiques habituels de la vie chrétienne (cf. doc) et en couple par la communication de cœur et la prière: 1Co 15,44 « Il faut d’abord que grandisse l’homme psychique, puis l’homme spirituel ».
1Co 10,13 Aucune tentation ne vous est survenue, qui passât la mesure humaine. Dieu est fidèle ; il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation, il vous donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter.
Dieu ne peut pas refuser cette grâce car c’est la volonté qu’il révèle. Et Dieu donne ce qu’il ordonne (à qui s’y dispose en vérité!).

Le fruit de la fidélité est une confiance réciproque profonde, la joie et la paix de la conscience d’un engagement mutuel à vie.
Dernière remarque: n’esquivons pas artificiellement les difficultés en voilant l’exigence de la réalité par des mots: devant la Parole de Dieu, il n’y pas de divorcés remariés (logique de simple droit civil), mais des divorcés commettant éventuellement l’adultère. Jésus n’accuse ni ne condamne jamais, mais invite: « Va et ne pêche plus » (Jn 8,11), et au pécheur repentant il pardonne « Tes péchés sont remis » (Lc 7,48). « Refaire sa vie« , ce serait supposer qu’elle est morte; on ne refait pas sa vie mais on choisit une autre voie.
Notons bien qu’à ceux qui ne vivent pas ces tentations d’adultère ou de divorce, Rm 11,20 dit: « Ne t’enorgueillis pas », et que l’invitation de la Parole de Dieu est aussi forte à éviter toute pensée de jugement ou tout autre péché, et accueillir avec charité inconditionnelle les personnes divorcées ou adultère ou tout pécheur ouvert disposé à changer de vie.


5. Accès à la communion eucharistique:
Les personnes vivant l’adultère (avec ou sans divorce) ne sont pas « exclues » des sacrements mais appelés à s’y préparer, appelées à prendre tous les moyens pour pouvoir vivre de la grâce baptismale et conformer leur vie à la Parole de Dieu (Jean-Paul II Familiaris Consortio 34: « La loi de gradualité ou voie graduelle [progression dans la mise en pratique de la Parole] ne peut s’identifier à [une prétendue] gradualité de la Loi« , car la Loi, elle, est la volonté éternelle de Dieu): Parole de Dieu, Prière, désir des Sacrements du Pardon et de l’Eucharistie, Vie dans l’Eglise (charité…). Vivre comme amis ou frères et sœurs n’est certainement pas inférieur à vivre en se donnant les apparences d’un mariage. Communier est comme le dessert après tout le repas qui incluait la chasteté… Le père prodigue en miséricorde est fou de joie d’accueillir celui qui avoue avoir péché contre le Ciel et contre lui; mais il aimerait dans le même temps partager cette joie avec l’aîné qui dit: « Je n’ai pas besoin de toi ».
L’Eglise ne peut par nature revenir sur 2 000 ans de Parole de Dieu (et sur le mariage naturel), ni donc bénir de « remariage »; ce serait comme si quelqu’un allait demander à un fonctionnaire: « viens avec moi pour que je puisse voler un terrain de l’Etat, placer des bornes en décente compagnie et faire des papiers; autrement j’irais chercher un autre fonctionnaire qui pense que ça ne pose aucun problème ». L’Eglise doit rester fidèle à ce qui lui a été confié, et ne peut pas disposer de façon arbitraire des sacrements.
Père Alain Bandelier:On est probablement plus près du Christ lorsque, dans un esprit d’obéissance et d’humilité, on accepte de ne pas communier, que lorsqu’on communie sans ouverture du coeur, sans perspective d’obéissance à Dieu, de conversion.
On ne doit jamais juger autrui, mais nous pouvons nous interroger nous- mêmes: Ga 6,4 Que chacun examine sa propre conduite… C’est aussi la suggestion de Paul, à propos de douteuses célébrations eucharistiques à Corinthe: Le corps eucharistique du Christ est en effet inséparable de son corps ecclésial, et donc d’une exigence de charité, d’unité, de cohérence:1Co 11,28 Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe ; 29 car celui qui mange et boit, mange et boit sa propre condamnation, s’il ne discerne le Corps.
Avant de parler de la communion de désir, il faut parler du désir de la communion: communier peut être trop facile, presque automatique. En même temps, pour une raison futile (un coup de fatigue, une invitation d’amis, un voyage), on va se dispenser de la messe du dimanche avec la même facilité. Cela pose question.
Quand je dis que je tiens à communier, je tiens à quoi, finalement? A mes habitudes, à mes envies, à mon image de bon chrétien, à mon confort spirituel (« cela me fait du bien »), à mon besoin d’appartenance (surtout ne pas se singulariser en restant à sa place)? Ou bien je tiens vraiment à Jésus-Christ? Mais alors, cela ne peut pas être sans conséquences. Si mon désir est vraiment d’être en communion avec Lui, est-ce que je suis prêt à rejeter ce qu’Il rejette, à vouloir ce qu’il veut?
On parle de «baptême de désir» pour un catéchumène qui meurt avant de recevoir le baptême d’eau: le désir du sacrement lui procure la grâce du sacrement. Autrement dit, le sacrement agit déjà en celui qui le désire et s’y prépare. Cela peut s’appliquer aux fidèles qui, pour des raisons objectives et involontaires, sont privés de la messe : persécutés, prisonniers, malades, personnes qui travaillent, résidents de contrées où l’Eglise n’est pas présente. Ils peuvent se recueillir, s’unir aux messes célébrées dans le monde, et vivre une vraie communion, spirituelle.
En va-t-il de même quand l’impossibilité de communier est la conséquence de choix personnels qui auraient pu être différents? Je ne le crois pas. Il y a bien un désir intérieur de communion, mais demeure un conflit objectif avec telle exigence de l’Évangile. Je parlerais plutôt de communion partielle : invitation à s’unir de tout coeur au désir du Seigneur là où c’est possible. Ou encore de communion en espérance, invitation à croire qu’un jour, par la miséricorde du Seigneur, cette contradiction sera surmontée.

Cardinal Dionigi Tettamanzi, archevêque de Milan 01 2008, Lettre aux fidèles de son diocèse une intitulée: « Le Seigneur est proche de ceux qui ont le cœur blessé », adressée aux époux confrontés à une situation de séparation, de divorce, ou entrés dans une nouvelle relation:
L’ « impossibilité, pour les époux entrés dans une relation stable de couple, d’accéder à la communion eucharistique » ne signifie pas porter un jugement « sur la valeur affective et sur la qualité de la relation qui unit les divorcés remariés ».
« Le fait que ces relations soient vécues, le plus souvent, de façon responsable et avec amour, au sein du couple et au regard des enfants, est une réalité qui n’échappe pas à l’Eglise et à ses pasteurs ».
« Il est de toute façon erroné de penser que la norme qui rend impossible l’accès à la communion eucharistique signifie que les divorcés remariés sont exclus d’une vie de foi et de charité vécues à l’intérieur de la communauté ecclésiale », car « la vie chrétienne trouve son sommet dans la pleine participation à l’Eucharistie, mais elle ne peut être réduite à son seul sommet ».
Ainsi le cardinal Tettamanzi demande-t-il aux divorcés remariés, même s’ils ne peuvent communier, de «participer avec foi à la messe », car «la richesse de la vie de la communauté ecclésiale reste aussi au service et à la portée de ceux qui ne peuvent avoir accès à la communion».
«Cet appel à renouveler la vie qui nous est donnée dans l’Esprit, vous est adressé à vous aussi. Vous disposez également de tous les moyens par lesquels Dieu offre sa grâce aux hommes. Et l’Eglise attend également de vous une présence active et une disponibilité à servir tous ceux qui ont besoin de votre aide».
«Je pense d’abord à cette grande tâche d’éducateur que bon nombre d’entre vous, en tant que parents, sont appelés à remplir et à ce devoir qui vous incombe d’instaurer des relations positives avec les familles d’origine. Je pense également au témoignage simple, bien que parfois douloureux, d’une vie chrétienne fidèle à la prière et à la charité. Et je pense encore aussi à l’aide que vous-mêmes pouvez apporter à ceux qui traversent des situations comme les vôtres ».
Participer avec foi à la célébration eucharistique, poursuit l’archevêque de Milan, sera «un stimulant pour intensifier dans vos cœurs l’attente du Seigneur qui viendra et le désir de le rencontrer personnellement avec toute la richesse et la pauvreté de notre vie».
Le cardinal Tettamanzi explique avoir écrit cette lettre pour « ouvrir un dialogue, pour partager un peu les joies et les peines de notre marche commune », « pour tenter d’écouter quelque chose de votre vécu quotidien ; pour me laisser interpeller par quelques unes de vos interrogations ; pour vous faire part des sentiments et des vœux qui habitent mon cœur à votre égard ».
« L’Eglise ne vous a pas oubliés ! Encore moins ne vous rejette ou vous considère indignes », écrit-il à tous ceux qui ont vu leur mariage entrer en crise. «Pour l’Eglise et pour moi, évêque, vous êtes tous des frères et des sœurs aimés et désirés».
Chez les couples qui ont vécu une crise, « il y a des questions et des souffrances qui paraissent souvent négligées ou ignorées par l’Eglise ».
L’Eglise ne vous regarde pas comme des étrangers qui ont failli à leur pacte. Elle fait sienne les questions qui vous touchent intimement et sait que dans certains cas, prendre la décision d’une séparation est légitime voire même inévitable : pour défendre la dignité des personnes, éviter des traumatismes plus profonds, préserver la grandeur du mariage, qui ne peut se transformer en une série d’amertumes réciproques insoutenables« .
Le cardinal Tettamanzi reconnaît qu’avant de prendre la décision de mettre fin à un mariage, le couple peut avoir connu des jours et des jours de difficultés: difficultés de vie commune, tensions nerveuses, impatience et souffrances réciproques, dues parfois à un manque de transparence, ou à la sensation d’avoir été trahi, d’être déçu par une personne qui s’est révélée différente de celle que l’on avait connue au début.
Le choix d’interrompre la vie matrimoniale ne peut donc jamais être considéré «comme une décision facile et indolore ». Il est souvent une conséquence du fait que « ces expériences, quotidiennes et répétitives, finissent par rendre le foyer non plus un lieu chaleureux et joyeux, mais une lourde cage dans laquelle le cœur aurait perdu sa paix ».
La fin d’un mariage « est aussi pour l’Eglise un motif de souffrance et une source de profondes interrogations : pourquoi le Seigneur permet-il que ce lien, qui est le ‘grand signe’ de son amour total, fidèle et indestructible, puisse se briser ? »
«Lorsque ce lien se brise, l’Eglise se retrouve, en un certain sens, appauvrie, privée de ce signe lumineux qui devait être pour elle un motif de joie et de réconfort ».


Quelques citations:
Mt 19,6 Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas.
Ct 8,6 Pose-moi comme un sceau sur ton coeur, comme un sceau sur ton bras. Car l’amour est fort comme la Mort, la passion inflexible comme le Shéol. Ses traits sont des traits de feu, une flamme de YHWH.
Ga 6,7 Ne vous y trompez pas ; on ne se moque pas de Dieu. Car ce que l’on sème, on le récolte…
Rm 7,3 Du vivant de son mari, la femme mariée [devant Dieu] portera le nom d’adultère, si elle devient la femme d’un autre ; mais en cas de mort du mari, elle est si bien affranchie de la loi qu’elle n’est pas adultère en devenant la femme d’un autre. (4 Ainsi, mes frères, vous de même vous avez été mis à mort à l’égard de la Loi par le corps du Christ pour appartenir à un autre, à Celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous fructifiions pour Dieu.)
1Co 7,11 Au cas où elle s’en séparerait, qu’elle ne se remarie pas ou qu’elle se réconcilie avec son mari – et que le mari ne répudie pas sa femme. … 39 La femme demeure liée à son mari aussi longtemps qu’il vit ; mais si le mari meurt (koimaomai: s’endort) , elle est libre d’épouser qui elle veut, dans le Seigneur seulement. 40 Elle sera pourtant plus heureuse, à mon sens, si elle reste comme elle est. Et je pense bien, moi aussi, avoir l’Esprit de Dieu.
Benoît XVI, 27 janvier 207: Le sens du mariage traverse une crise du fait du relativisme éthique répandu aujourd’hui y compris chez de nombreux croyants, qui conduit à dénaturer la vérité inhérente à l’union conjugale: une union qui révèle le puissant lien établi par Dieu dans la relation homme-femme, et qui ne peut donc pas être sujette au seul libre arbitre des personnes ni à l’instabilité des sentiments humains…
Thérèse PN 41 Divin Jésus,…
(O) montre-moita tendresse infinie
Et la douceur de ton divin regard
Avec amour,oh! que ta voix m’appelle
En me disant:Viens, tout est pardonné(Lc 7,47 pécheresse pardonnée!)
Repose-toi,mon épouse fidèle
Viens sur mon coeur, tu m’as beaucoup aimé.

Témoignage et associations de divorcés fidèles: