Parole de Dieu
La « Parole de Dieu » n’est pas une idole, mais la révélation du « Dieu de la Parole« : elle révèle la personne du Verbe (= »pensée et acte éternels d’Amour ») divin éternel, venu lui-même nous faire voir aussi le Père (Jn 14,9) et donner l’Esprit Saint (cf. Ac 1,8).
La Parole de Dieu n’est pas que la Bible, même si elle en est la partie principale: c’est le trépied de la Bible, de la Tradition et du Magistère, sans quoi ton édifice spirituel se fracasse.
Lis les Ecritures comme:
– un pirate reçoit une carte lui indiquant le trésor recherché depuis longtemps;
– un malade en phase terminale après de grandes souffrances reçoit le diagnostic de guérison complète du chef de tous les médecins;
– un prisonnier condamné à mort lit sa lettre inespérée de pardon et de libération;
– un débiteur en complète insolvabilité (mais bien disposé…) reçoit sa remise totale de dette de la part de son créancier;
– un père dans la misère la plus grave reçoit la lettre d’héritage surprise d’un très riche oncle;
– une bergère aspirant à être aimée et aimer reçoit la déclaration et la demande en mariage du plus beau, pur, saint, fort, riche, intelligent, sage, patient, miséricordieux, aimant des Rois;
– un cosmonaute égaré, dans un vaisseau accidenté et en perdition, trouve le manuel d’instruction pour faire la réparation et rentrer sur terre.
1. DEFINITIONS
– La Parole de Dieu est la personne vivante et éternelle de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme: la Torah vivante, le Verbe divin et incarné. Au VIè s. av. J.-C. à Ephèse déjà, Héraclite décrivait aussi le Logos divin comme davantage que des mots prononcés: il s’agit de la pensée éternelle de Dieu (Sagesse et Amour). Elle est transmise par l’Eglise (Mt 28,19; Rm 10,17).
– L’Ecriture Sainte est « la Parole de Dieu en tant que, sous l’inspiration de l’Esprit divin, elle est consignée par écrit » (DV 9). Elle est Sainte parce qu’en elle, Dieu qui est Saint se révèle et communique sa sainteté. Elle est l’histoire sainte de la révélation de l’Amour de Dieu Créateur et Sauveur aux hommes.
Catholiques et orthodoxes croient depuis les origines que la Parole de Dieu est constituée inséparablement de l’Ecriture et de la Tradition (qui a précédé…), et qu’elle a pour vrais auteurs à la fois Dieu et les auteurs humains qui l’ont rédigée (cf. Vatican II, DV 9-11).
Il ne s’agit donc pas d’un ensemble de mythes fondateurs et de valeurs… Elle est une lettre d’amour quotidienne que Dieu t’adresse personnellement.
– La Bible, du grec papyrus (deux lettres labiales et une palatale) en est le support matériel. Elle est l’écrin de la Parole, comme l' »arche de papyrus » (Ex 2,3) portant Moïse sur les eaux du Nil: ce berceau n’est pas Moïse mais ce qui le porte et l’emmène. Ainsi le bien aimé dit (Ct 6,11) « Au jardin des noyers je suis descendu… »: le fruit ne se livre qu’en ouvrant l’écorce.
La Bible (terme grec pluriel) est une « bibliothèque » de 73 livres (46 de l’Ancien et 27 du Nouveau Testament), 35 527 versets pour toi (27 570 dans l’Ancien et 7 957 dans le Nouveau Testament catholiques), l’ouvrage le plus vendu au monde (100 000 par jour, 40 millions par an, plus de 6 milliards vendus), déjà entièrement traduite en 515 langues.
2. POURQUOI est-elle si importante?
– La Parole de Dieu peut agir efficacement dans ta vie, dès que tu l’entends avec ton coeur; vivante et efficace (He 4,12), elle donne la Foi et par la Foi, bien d’autres grâces.
– Ecoutée avec le cœur, elle tue tristesse, anxiété, peur, angoisse, désespoir, isolement, manque d’amour…
– Elle est éternelle, et a donc plus de réalité que cette terre (Is 40,8; Mt 24,35; Ap 14,6)
– Elle est nourriture (la malbouffe ne concerne pas que l’alimentation du corps), source, eau, feu, lumière, guérison, vérité, salut et vie de Dieu pour toi, richesse et bonheur véritables pour toi, prière, présence et volonté de Dieu, demeure de l’Esprit.
– Elle est la porte d’entrée et la première de toutes les « armes » de la vie spirituelle. Le manque d’écoute de la Parole de Dieu engendre le dessèchement voire la mort de l’âme, la ruine de la prière, des sacrements, de toutes les vertus, de l’unité de l’Eglise, et la défaite dans les combats spirituels.
L’analphabétisme biblique est la grande plaie ou épidémie de la « culture » et de l’individu post-chrétiens: sans connaître, on ne peut simplement pas aimer (ni puiser à l’Amour; cf. Os 4,6; Jérôme: « Ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ »). Sans son écoute assidue, on ne peut ni connaître et aimer Jésus, ni le faire connaître et le faire aimer.
3. COMMENT être fidèle pour l’écouter?
– Honore ta bible (bonne place dans ta maison): qu’elle ne soit pas une décoration mais la motivation de toutes tes décisions; non un bibelot gadget empoussiéré, mais ta bible familiale ou personnelle scrutée et dégustée (cf. Ap 10,10);
– Lis à l’avance les textes de lectures de la messe (aide l’attention), en communion avec des millions de chrétiens. Par exemple avec Evangelizo.com;
– Viens à l’église avec ta bible et annote en marges ce que tu comprends;
– Lis la bible entière en une année (elle contient 800 000 mots; au rythme normal de 250 mots par minute, cela fait 10 mn par jour ou 3 chapitres en moyenne);
– Lis toujours avec un crayon en main pour entourer et annoter ce qui te touche;
– Ecris peu à peu toute ta vie ton commentaire personnel (en marge ou sur ordi par passage), au lieu de recommencer idiotement à zéro à chaque fois; cela permet aussi de pouvoir retransmettre;
– Donne-toi un objectif pour te motiver: groupe biblique, catéchèse…
4. CREDIBILITE de l’Ecriture Sainte
1 Historicité: Mesure entre 2 extrêmes focalisés chacun sur la lettre et réduisant chacun la foi à un gnosticisme: littéralisme <——————-> scepticisme
– La Bible dépend en partie de la civilisation qui la porte: elle n’a pas été dictée telle quelle par Dieu et n’équivaut pas à la Parole pneumatique de Dieu.
Vs confusion entre la foi et la part de mythe (culte de la lettre ou du papier: sola scriptura).
2Tm 3,16 « Toute Écriture porte l’Esprit (theopneustos): elle n’est pas l’Esprit lui-même. »
Jn 1,18 « Dieu, nul ne l’a jamais vu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, Il l’a fait connaître » (ex-êgeomai = « conduire hors de »)
– Le refus de l’historicité biblique relève de l’orgueil et du mythe rationalistes. L' »histoire » existe en tant que réalité, mais en tant que récit descriptif et analyse, elle n’est qu’ « historiographie », selon son propre contexte, puisque l’image exacte et l’objectivité parfaite n’existent pas. La vérité n’appartient pas exclusivement aux sciences expérimentales (de nombreux évènements ne peuvent pas être reproduits), mais peut relever de preuves historiques, juridiques, philosophiques, théologiques, sous peine d’amputer gravement la réalité, en se soumettant à un exclusivisme immature…
– Les auteurs eux-mêmes n’avaient pas d’intention apologétique mais de transmettre avec soin les témoignages oculaires d’événements déjà bien établis dès les origines (cf. Lc 1,1-4; ainsi en est-il par exemple de l’usage des noms de personnages sans autorité en soi de Luc ou Marc: ils signifient simplement que dès l’époque apostoliques, l’origine de ces récits était acceptée sans arrière-pensée; de même la récupération de ces récits par les gnosticismes successifs montre que leur autorité étaient déjà bien reconnue).
Jn 21,24 « Ce disciple-là rend témoignage de ces choses, il a écrit ces choses, et nous savons que son témoignage est vrai » (cf. 19,35).
2P 1,16 « Ce n’est pas en suivant des fables ingénieusement imaginées, que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais comme ayant été témoins oculaires de sa majesté. »
Les Anciens n’étaient ni des menteurs, ni des idiots.
2. 25 000 manuscrits du Nouveau Testament contre 5 d’autres auteurs anciens. 5 800 en grec, 18 000 en latin, 360 en syriaque, d’autres en arménien, copte, éthiopien, géorgien… (avec une polyphonie historique de variantes et une convergence générale sans équivalents)
3. Archéologie (cf. lieux saints, stèles inscrites, pièces de monnaie et autres objets)
4. Sources historiques non chrétiennes antiques (Flavius Josèphe 37-101, Ant. 18; Tacite 55-120, Anales 15,44; Suétone 70-126, De Vita Caesarum, Claude 25; Pline le Jeune 61-113, Lettre à Trajan 96; Talmud de Babylone, Sanhedrin 43a, Lucien de Samosate, Thallus, Celse, Mara Bar Serapion…). On découvre de plus en plus qu’une multitude de noms de lieux et de personnes est attestée par d’autres sources historiques.
5. Ni hagiographie (embellissement: alors que le Christ ressuscité fait la cuisine), ni harmonisation humaine (contradictions littérales)
6. Fruits dans l’histoire: Saints; durée-survivant à tous les régimes politiques et idéologies; réalisations (fondation de milliers d’universités, écoles, hôpitaux, dispensaires, maisons de retraite, travail social, contributions aux sciences et au développement économique depuis les origines: sans équivalent dans le monde)
7. Expérience personnelle de Dieu parlant au coeur profond, vivant, aimant et sauveur: l’Absolu!
5. CANON =liste des livres bibliques selon la Tradition depuis le IIè siècle:
ANCIEN TESTAMENT (Création et chute; Annonce et préparation de la venue du Christ – 46 livres)
– Pentateuque (torah):
* Genèse (Gn 1-2 Création; Gn 3 chute; Gn 4 Caïn et Abel; Gn 7-10 Noé et déluge; Gn 12s Abraham et Alliance; Gn 21s Isaac; Gn 27s Jacob; Gn 37 Joseph)
* Exode (Ex 1s Moïse; Ex 3 buisson ardent; Ex 7-11 plaies d’Egypte; Ex 12 Pâque israélite; Ex 14-15 passage de la Mer Rouge; Ex 16 désert du Sinaï; Ex 20 la Loi; Ex 32 veau d’or; Ex 36s tente du sanctuaire; Ex 37 arche d’alliance)
* Lévitique (Lv 20,26 Soyez à moi, saints, car je suis saint, moi le Seigneur qui vous sanctifie)
* Nombre (Nb 21 Le serpent d’airain)
* Deutéronome (Dt 5 Les dix commandements)
– Prophètes (neviim): Isaïe, Jérémie, Lamentations, Ezéchiel,
Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habaquq, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie
deutérocanonique: Baruch
Livres historiques (faisant partie des prophètes dans le judaïsme):
Josué (Entrée et installation dans la terre de la Promesse),
Juges (Jg 5-6 Déborah; Jg 7s Gédéon; Jg 13s Samson),
Ruth,
1er et 2ème livres de Samuel (1S 1-7 prophète Samuel; 1S 8s roi Saül; 1S 16 David),
1er et 2ème livres des Rois (1R 3s roi Salomon ; 1R 5s le Temple de Jérusalem ; 1R 12s successeurs; 1R 17s Elie; 2R 25 destruction du Temple par Nabuchodonosor et déportation à Babylone),
1er et 2ème livres des Chroniques,
Esdras, Néhémie, Esther
deutérocanoniques: Judith, Tobie, Esther grec, 1-2 Maccabées
– Ecrits (ketuvim) (livres sapientiaux et poétiques):
Job, Psaumes, Proverbes, Qohélet (=Ecclésiaste), Cantique des cantiques, Daniel
deutérocanoniques: Sagesse, Ben Sirac (=Siracide, ou Ecclésiastique), Daniel grec
NOUVEAU TESTAMENT (Jésus-Christ, fils de Dieu, naît, meurt, et ressuscite pour nous sauver -27 livres)
– Evangile = Bonne nouvelle :
Matthieu, Marc, Luc, Jean
– Actes des apôtres
– Epîtres (=lettres)
* de Paul: aux Romains; 1ère et 2ème épîtres aux Corinthiens; Galates ; Ephésiens ; Philippiens; Colossiens; 1ère et 2ème épîtres aux Thessaloniciens; 1ère et 2ème épître à Timothée; Tite, Philémon
* aux Hébreux
(Moyen mnémotechnique: RoCoCoGaEpPhiColTheTheTiTiTittPhiHe)
* de Jacques, Pierre, Jean, Jude
– Apocalypse
6. TRADUCTIONS: laquelle choisir?
Pour permettre de chercher et connaître Dieu, les principales qualités d’un texte biblique traduit sont:
– fidélité littérale au texte original hébreu ou grec des manuscrits
A l’opposé, une Bible trop littéraire est trop marquée par la culture de son époque: elle peut être belle à entendre, mais ne constitue pas un objet d’étude adéquat et fécond, elle constitue moins une transmission qu’une invention. Les lecteurs ne sont pas des idiots et méritent de recevoir un texte non édulcoré.
– unification de la traduction
Ce n’est pas le cas par exemple de la Bible de Jérusalem, où les nombreux contributeurs n’ont pas harmonisé leur travail: un mot dans le texte original est traduit de nombreuses manières différentes en français, ce qui rend impossible de le retrouver ailleurs pour le comprendre.
– présence de tous les livres selon le canon de l’Eglise antique et indivise.
Ce n’est malheureusement pas le cas de la Segond ou de la Darby, aux textes pourtant bien fidèles, car les protestants ont repris le canon juif anti-helléniste et anti-chrétien de Yavné, et ont rejeté comme apocryphes ce que les catholiques et orthodoxes appellent les livres deutérocanoniques.
En français, la traduction la plus fidèlement collée à l’hébreu et au grec est la Darby (1885).
Pour le Nouveau Testament, la traduction du chanoine Crampon révisée en 2004 (éd. Téqui) est une bonne synthèse sur les trois critères, et cette Bible jouit de l’imprimatur de l’Eglise (ce qui par exemple n’est plus le cas de la Bible de Jérusalem).
Pour les notes de bas de pages, si l’on souhaite prendre en compte les dernières dizaines d’année de recherche exégétique, la Bible de Jérusalem, la Traduction Oecuménique de la Bible et la Segond d’étude sont bonnes.
Exemple de gezera shava (« répétition de racine »):
Lc 1,67-80, Cantique de Zacharie: le Salut dans l’Alliance, centre de 8 éléments (Magnificat: Salut par l’Incarnation):
A | 67 Et Zacharie, son père, fut rempli d’Esprit Saint et se mit à prophétiser: |
B | 68 Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, |
C | de ce qu’il a visité et fait délivrance lutrôsis à son peuple, |
D | 69 et nous a suscité une corne de salut |
E | dans la maison de David, son serviteur (paidos) 70 selon qu’il l’avait annoncé par la bouche de ses saints prophètes des temps anciens, |
F | 71 Salut (sôteria) contre nos ennemis |
G | et de la main de tous ceux qui nous haïssent |
H | 72 Ainsi fait-il miséricorde (syr: hanan) à nos pères, |
centre rhét.: | en mémoire de son alliance sainte, 73 selon le serment qu’il a juré |
H’ | à Abraham, notre père, de nous donner |
G’ | 74 que sans peur, délivrés (ruomai) de la main |
F’ | de nos ennemis, nous le servions 75 en droiture et justice devant sa face, tout au long de nos jours. |
E’ | 76 Et toi, petit enfant/serviteur, tu seras appelé prophète du Très-Haut; car tu marcheras devant le Seigneur, pour lui préparer les voies, |
D’ | 77 pour donner la connaissance du salut sôteria |
C’ | à son peuple par la rémission de ses péchés; |
B’ | 78 grâce aux entrailles de miséricorde de notre Dieu, dans lesquels nous a visités l’Astre d’en haut, 79 pour épiphaner/illuminer ceux qui sont assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort, afin de conduire nos pas dans le chemin de la paix. » |
A’ | 80 Cependant l’enfant grandissait, et se fortifiait dans l’Esprit. Et il demeurait dans les déserts jusqu’au jour de sa manifestation à Israël. |