Difficultés – Distractions dans la prière
On observe 3 difficultés principales dans la vie de prière:
1. l’empressement et le manque de fidélité à la prière. Il importe de prendre de nouveau conscience du vrai but de ta vie, de tes priorités.
2. l’inquiétude. Tu peux te rappeler que la prière et la vie spirituelle sont d’abord communion d’amour avec Dieu; pose inlassablement des décisions volontaires de confiance en Dieu (cf. fiche Abandon à Dieu).
3. les distractions:
Personne n’en est exempt, car elles sont liées à notre condition d’êtres de chair. Les canaux d’entrées des distractions sont les 5 sens, ainsi que les « puissances » (mémoire, imagination, entendement). Elles te renseignent sur ce que sont tes principales affections, passions et tentations.
Il serait rapidement inefficace de forcer/les chasser avec fureur, comme si elles étaient toutes mauvaises en elles-mêmes; mieux vaut les écarter doucement en revenant sans cesse au but essentiel que l’on se propose: la vie en Dieu, la paix du coeur.
Thérèse d’Avila distingue l’évasion -pas forcément obstacle à l’oraison- et la distraction -décrite comme une vraie infirmité-:
* par la durée, qui dans la distraction peut amener la sécheresse, l’ennui, l’inutilité apparente, l’insuccès dans l’oraison.
* lorsque la volonté est touchée, soit volontairement, soit involontairement en cédant à une impression ou une image.
Causes volontaires:
– négligence à chasser les distractions pendant l’oraison
– complaisance qui les entretient (attaches secrètes à l’objet de la distraction)
– négligences dans la lecture méditée (la prière n’étant qu’une réponse à la Parole de Celui qui nous aimés le premier; autrement, on divague très facilement dans l’illusion)
– négligences dans la préparation (on y arrive dans une précipitation qui empêche le recueillement)
– inconversion de vie produisant l’inquiétude
– manque de désir de vouloir vivre l’oraison
Causes involontaires:
– caractère des vérités surnaturelles nous dépassant infiniment
– instabilité des facultés de l’âme (nécessité du silence et recueillement)
– fatigue ou pathologie physique ou mentale, tempérament. On peut trouver des adaptations, mais rien ne devrait empêcher la prière recommandée par le Seigneur lui-même (Lc 18,1)
– démon: reconnaissable à une inquiétude n’ayant pas directement pour cause notre péché personnel
– Dieu: nous éprouvons des souffrances de l’ordre de la Croix, nous apportant en même temps lumières et grâces.
Issue (8 moyens):
Bien gérées, les distractions forment moins un obstacle qu’un chemin à la rencontre de Dieu:
– Ces distractions dans l’oraison peuvent souvent être providentielles pour les présenter à Dieu: il s’agit de les réorienter (comme on peut détourner un ruisseau), car Rm 8,28 « Tout coopère au bien de ceux qui aiment Dieu ». Comme au judo, récupère la force de l' »adversaire » dans ton intérêt et celui de la prière: tu es poussé ou attiré dans une direction que tu n’as pas choisie, et bien va dans le même sens pour la présenter en intercession à Dieu, qui en tirera un plus grand bien. Exemples:
* Tentation: Seigneur, vois ma faiblesse, Sauve-moi!
* Pensée de rancune: c’est l’occasion de rectifier les choses en coopérant avec Dieu, ie se convertir et tout Lui remettre avec confiance.
* Préoccupation pour une situation (qu’elle soit joyeuse ou triste): Seigneur, qu’attends tu de moi?
* Inquiétude récurrente pour telle personne: Seigneur, protège cette personne, je te la confie.
– écoute de nouveau la Parole pour te recueillir, réorienter ton esprit, nourrir ton coeur
– écris tes pensées ou prières pour pouvoir t’en décharger ainsi l’esprit
– pose un acte d’humilité devant Dieu: Lc 11,1 « Apprends-nous à prier… », car nul ne peut dire qu’il sait prier ou est déjà entré dans la prière « en Esprit et Vérité » Jn 4,23, et renouvelle l’expression de ton désir comme Pierre: Jn 21,17 « Seigneur, tu sais bien que je t’ aime! »
Ces distractions sont donc l’occasion de rechoisir le Seigneur; abandonner une pensée ou rêverie agréable ou intéressante pour lui préférer encore le Seigneur est un acte d’Amour.Une prière où l’on renonce aux distractions en revenant incessamment à l’union d’amour est une occasion de manifester au Seigneur la gratuité de ce temps qui Lui est consacré.
– prends des décisions concrètes et fermes dans ta vie, dont le trouble s’étend à l’oraison (fatigue physique ou psychique due à l’activisme, excès de nourriture, d’alcool, de veille, de « spectacles »…; péchés…): tu peux ordonner/unifier ta vie et te convertir chaque jour.
– cherche à entrer dans la prière du coeur aussi en dehors des temps spécifiquement dédiés à la prière (cf. fiche « Prière du coeur »)
– persévère avec confiance: 2Co 10,5 Nous faisons toute pensée captive pour l’amener à l’obéissance au Christ.
« Tout s’en va, Dieu demeure, la patience tout obtient ».
– ne juge jamais la « ferveur » ressentie dans ta prière (tu ne peux juger que ta fidélité ou non au temps que tu lui a consacré). Dieu, Lui, est touché avant tout par la qualité de tes désirs profonds, Il te rencontre dans le fond de ton coeur et Il agit en toi.
Il y a des moments où l’exercice d’oraison semble impossible: cervelle bourrée d’images, accablement, fatigue nerveuse. On doit alors non pas renoncer à la prière, mais prier autrement: oraison vocale ou mentale, méditation ignacienne, prière de Jésus ou chapelet médité. Mais si l’on est toujours fatigué au moment de l’oraison, cela signifie qu’on a choisi une mauvaise heure pour s’y adonner. Il existe aussi une fatigue de l’âme plus dangereuse, c’est le découragement ou acédie. L’unique remède alors est sous la conduite de l’accompagnateur, la persévérance dans l’amour, seul capable de surmonter la tentation d’abandonner l’oraison.