Vocation consacrée


Vie consacrée

 

L’appel à la vie consacrée est universel! Cf. fiche Appel de Dieu: discerne!
Le Christ t’a aimé(e) depuis toujours, Il t’aime, et Il désire ton amour!
Tous sont appelés naturellement aux noces, et certains perçoivent comme par dessus l’appel surnaturel à vivre ces noces déjà en cette vie, dans l’Esprit, en participation aux Noces entre le Christ et l’Eglise (Ep 5,25).
Cet appel n’est donc pas lié à un quelconque mérite personnel (il s’agit plutôt d’une responsabilité en plus au service de tous).

1. LA CONSECRATION: AMOUR ENVERS DIEU
La voie contemplative est révélée comme la meilleure part (Lc 10,42 Marie de Béthanie), non en termes de dignité mais de moyens, ce qui signifie que la voie active de Marthe est bonne aussi, et peut éventuellement être excellente.
L’Absolu est évidemment possible dans les 2 vocations; dans la consécration, les moyens enveloppent toute l’existence, saisissant tout ce que tu es, ton corps et ton âme, ce qu’on nomme l' »entièreté« , en cherchant à épouser le Christ jusque dans sa forme extérieure de vie (ce qui vaut aussi pour un homme, car l’âme épouse Dieu).
La consécration est la communion intime et sans médiation (ie sans appui naturel) de tout l’être avec le Christ; on peut transposer l’expression du curé d’Ars, résumée mais à l’immense portée: la consécration, c’est l’Amour du coeur de Jésus.
Elle est une action de grâce en retour à Jésus qui s’est Lui-même consacré pour nous (Jn 17,19), à Lui qui « nous a aimés et s’est livré [lui-même corps et âme] pour nous » (Ga 2,20), à Lui qui vaut la peine d’être aimé jusqu’au bout (cf. Jn 13,1).
Elle consiste autant que possible à orienter toutes ses capacités d’attente (relationnelles, matérielles, désirs…) vers Dieu pour vivre de l’Espérance en Lui; à vivre dans la simplicité et le partage des biens pour dépendre de Lui et L’avoir comme principale Richesse.
Matta el-Maskin (grand spirituel copte, +2006) dit que pour se consacrer, l’unique condition est d’avoir une fois perçu en son cœur un peu de l’Amour divin.
Dieu te laisse libre et te confie de décider jusqu’où tu veux te laisser saisir par le moyen de la grâce.
Dans l’idéal, le mariage devrait permettre tout aussi bien la même communion avec Dieu, et dans quelques cas il le fait (les saintes personnes mariées) mais la Parole de Dieu nous explique comment nous avons été marqués par le péché originel, qui a introduit l’égoïsme: c’est le réalisme biblique anthropologique (aujourd’hui beaucoup d’erreurs et hérésies sont anthropologiques avant d’être théologiques); les conseils évangéliques (qui par définition sont proposés à tous) sont la meilleure réponse du Christ au péché originel, ce sont les meilleurs moyens (Vatican II parle de « perfectae caritatis« ) mais il y a d’autres moyens qui sont très bons aussi, spécialement le sacrement du mariage.
En Lc 17,10, le « serviteur inutile » fait ce qu’il « doit faire » (loi naturelle et commandements divins); mais au-delà, l’ami (ou la bien-aimée) fait (et vit) tout ce que son cœur au plus profond lui indique.
L’expérience des accompagnateurs indique que ceux qui ont vécu la consécration puis y ont renoncé disent que l’intimité avec le Christ peut leur être encore parfois donnée, mais qu’elle est devenue bien plus difficile (certains disent qu’ils l’ont perdue). Ceux qui ont hésité avec le mariage humain mais ont choisi le mariage corps et âme avec Dieu disent souvent que c’est « à cause de Son trop grand Amour » (Ep 2,4, cf Elisabeth de la Trinité: nimis caritatem), ou trivialement: « il n’y avait pas photo ».
Dans la consécration, l’absence sensible d’un bien-aimé t’oblige chaque jour à te tourner vers Jésus et te livrer de nouveau entièrement à Lui, pour accomplir cette soif de communion que Dieu a mise en tout être humain en le créant.
Authentiquement vécue, la consécration montre au monde qui cherche par toutes les manières l’Amour et le bonheur, à quel point l’Amour de Dieu peut rendre heureux.

2. LA CONSECRATION: AMOUR ENVERS LE PROCHAIN
Vis-à-vis du prochain, la consécration est le choix d’aimer comme Dieu sans acception de personne (Dt 10,17), toujours disponible à ceux qui ne sont pas aimables ou pas aimés par le monde, et sans choisir en particulier ceux qui nous aimeraient en retour (Rm 5,8 Alors que nous étions pécheurs, Christ est mort pour nous). Si le Christ avait été marié, il aurait abandonné à la croix une veuve et des orphelins: la personne consacrée cherche à vivre la même modalité du don de soi.
La consécration est de ce point de vue un martyre chronique, une immolation (ou don de soi en entier -sans attendre de satisfaction humaine en retour) en union avec la Passion du Christ pour le salut du monde (cf. Col 1,24). L’immolation est parfois douloureuse, mais exprimant le plus grand Amour, elle apporte aussi la plus grande joie. En particulier renoncer à une personne très aimée est un vrai arrachement (une partie de soi est enlevée), mais cette épreuve qui peut durer des années est féconde et après un temps, source de joie surnaturelle: on donne au Bien-Aimé éternel et pour les âmes ce qu’on a de meilleur.
Un(e) consacré(e) devient frère ou soeur, père ou mère de ceux qui n’en ont pas, et ceci constitue un très grand bonheur.
La consécration est la grande joie de se redonner entièrement et chaque jour à Jésus et aux âmes: ce don est une nécessité intrinsèque, du fait de l’absence d’appuis humains.
St Silouane de l’Athos: Sacrifier sa vie pour prier pour les âmes.
Ce qui exprime aussi notre désir d’appartenir entièrement au Christ, c’est que dans la consécration on tente d’orienter le plus possible notre travail directement en vue de l’annonce explicite de l’Evangile, ce qui enlève aussi d’innombrables soucis du monde (1Co 7).
Le but est d’aimer le mieux et le plus possible; la consécration n’est qu’un chemin (le plus aisé), et quand on nous voit si faibles et pécheurs, il faut se dire que sans les vœux on n’aurait malheureusement pas pu être meilleurs.
Le « devoir d’état » dans la consécration (en fait de « devoir », ce serait plutôt une grâce gratuite) est de chercher à vivre chaque jour à aimer de la manière universelle et désintéressée du Christ.
En Lc 10,36, juste après le commandement de l’Amour de Dieu et du prochain et juste avant le passage de Marthe et Marie de Béthanie, c’est la parabole du bon samaritain: le prochain inclut certainement toute personne, y compris le mari, mais l’exemple choisi par Jésus pour répondre à « qui est mon prochain » est d’abord celui d’une personne délaissée par tous (cf. aussi Mt 5,46 « Si vous aimez ceux qui vous aiment… »)
Elisabeth de la Trinité: L’oubli entier de soi.
La consécration, c’est accepter de vivre sans appui naturel mais par la grâce qui ne peut jamais manquer, de n’exister et compter pour personne ici-bas, de ne pas pouvoir partager joies, peines, pensées et affection avec une autre créature mais « seulement » avec le Christ. On ne vit ainsi que par et pour le Christ, on n’existe que pour recevoir et faire sa joie, appuyé(e) sur Lui seul (cf. Jn de la Croix). Etre ignoré(e) de tous pour être connu de Celui qui est Tout, et que Celui-ci soit enfin connu de tous.
Jn de la Croix Cant Mtées 4,2 cité/Th: « Appuyée sans aucun Appui / Sans lumière et dans les Ténèbres / Je vais me consumant d’amour. Suspendu au seul Amour du Christ: déjà au Ciel sans y être encore ». (Célibat vient de caelum habitare!)
Quel que soit ton choix d’état de vie le bon Dieu passera par toi pour y rendre les autres heureux, par Sa grâce.
Au sujet de la féminité/masculinité, la nuptialité et la fécondité lorsqu’on se consacre, toute inquiétude est ennemie de Dieu; le « célibat pour aimer » n’est en rien contre-nature, au contraire, suivre Jésus en tout point accomplit ta nature:
si tu crois qu’en suivant Jésus jusque dans ta forme de vie,
* tu accomplis ta nature de femme (ou d’homme),
* tu épouses l’Epoux parfait et éternel qu’est le Christ (et que tous épouseront au Ciel),
* et tu t’unis à Lui pour porter des fruits éternels de salut,
alors le chemin du célibat consacré c’est être en plénitude femme, épouse et mère pour les âmes (homme, époux et père). Malheureusement l’esprit du monde rejette cela parce qu’il ne le comprend pas (cf. Mt 19,11), et idolâtre la relation homme-femme voulue par Dieu à sa juste place; les meilleurs guides à suivre, ce sont tous les Saint(e)s, et plus spécialement ceux qui nous sont proches.

3. POUR AIDER A PORTER TA CROIX ET SUIVRE LE CHRIST (cf. Mt 16,24-25):
– accueille avec décision de Foi tout passage de la Parole de Dieu (c’est le plus important: l’écoute de Foi, peu à peu Il se révèle à ton coeur). Elle contient la réponse à toutes tes questions et la force pour vivre toute circonstance
Qui accepte le Christ pour berger ne peut manquer de rien (cf. Ps 23,1). Même et surtout à travers les nuits, l’unique Epoux parfait te proposera toujours ce dont tu as spirituellement besoin.
– rappelle-toi comme cette vie est brève et comment tant de personnes l’ont livrée (y compris pour des raisons bien inférieures à l’Amour divin): pas de quoi transformer en montagne une décision pour un état passant aussi vite…
– retrouve et aime les personnes que tu veux aimer à la manière du Christ, spécialement dans la plus forte communion d’Amour qui existe: dans l’Eucharistie; en Dieu la seule distance est sensible, et on aime beaucoup mieux en passant par ce « moyen » divin que par les moyens humains.

4. POUR AIDER A DISCERNER:
– fais mémoire des moments de plus grande paix et de plus grandes joies (versets bibliques, temps de prière, chant, Effusion…), et des états où cette grâce a duré.
– fais mémoire des saint(e)s qui t’ont touché(e) durablement, depuis que tu as rencontré personnellement le Christ; il ne s’agit pas que de leurs écrits, mais de qui tu te sens plus proche, au cours de toute ta vie, sur la durée (se « projeter » auprès des saints n’est pas nier sa propre voie, cela permet de prendre de la distance avec soi-même pour discerner plus librement quels sont nos désirs plus profonds et véritables).
– suis ton accompagnateur spirituel et non ton ressenti (cf. fiche Accompagnement)
– vis-à-vis de toute autre personne ici-bas, tu restes exactement toujours libre (ce qu’ils éprouvent envers toi n’est absolument pas la question, car on appartient à Dieu seul). Ce qui compte d’abord pour toi, c’est l’offrande de tout ton être au Christ, renouvelée chaque jour, là où tu trouveras le plus de moyens de la grâce. Il est essentiel d’entrer dans le détachement intérieur (cf. cf. textes en bas du document)
– Lorsqu’on n’a pas encore bien décidé, il est absolument naturel d’éprouver la joie du visage et de la pensée de quelqu’un, d’apprécier la vie familiale et de désirer avoir des enfants: c’est bon, naturel et universel, cela signifie que tu es humainement équilibré(e), mais ne relève pas de l’appel divin surnaturel. L’appel surnaturel ne renie pas la nature (le bon Dieu est l’ auteur des deux), mais l’accomplit à un niveau plus profond.
– Il est tout à fait habituel et normal que ce combat puisse durer des années. Tout ce qu’on peut vivre parfois sans goût dans une communauté, ce n’est pas pour nous: c’est notre travail, une pauvre contribution à l’oeuvre de Dieu pour que le monde soit sauvé.
Vois la fiche Appel de Dieu: discerne!

CITATIONS
Ct 7,14 Tous les meilleurs fruits, les nouveaux (la consécration) comme les anciens (le mariage), je les ai réservés pour toi, mon bien-aimé.
Ph 2,6 Lui, de condition (morphê) divine, ne retint pas jalousement (arpagmos) le rang qui l’égalait à Dieu. 7 s’anéantit (vida) lui-même – pas une partie de lui-même mais tout.
Mt 16,25 Qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi la trouvera (//Mc 8,35 Qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile la sauvera).
Elie; Naziréat à vie Jg 13,5 Samson; 1Samuel 1,11; Jérémie 16,2; cf. Ezékiel 24,16;cf. Am 2,11; (Nb 6: naziréat temporaire); JB Lc 1,15; Esséniens).
Jr 20,7 Tu m’as séduit, YHWH, et je me suis laissé séduire. Tu m’as maîtrisé, tu as été le plus fort.
Pr 23,26 Mon enfant, donne-moi ton cœur.
Lc 20,31s Ceux qui seront trouvés dignes d’avoir part au siècle à venir et à la résurrection des morts ne prennent pas femme ni mari. Ils ne commencent pas à mourir, ils sont égaux aux anges de Dieu puisqu’ils sont fils de la résurrection.
Ps 16,2 Je n’ai pas d’autre bonheur que toi, tu m’apprends le chemin de la vie… 6 Ma part est magnifique!
Ps 63,4 Meilleur que la vie, ton amour; mes lèvres diront ton éloge. 9 Mon âme se presse contre toi (adhère, se joint après toi), ta droite me sert de soutien.
Rm 12,2 Ne vous conformez pas au monde présent… mais discernez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est accompli.
Sg 8,9 Je décidai donc de prendre la Sagesse (le Christ) pour compagne de ma vie, sachant qu’elle me serait une conseillère pour le bien, et un encouragement dans les soucis et la tristesse.
Mc 12,44 Elle a donné tout ce qu’elle avait pour vivre.
Jn 21,15 M’aimes-tu plus que ceux-ci?
1Jn 3,16 À ceci nous avons connu l’Amour: celui-là a donné sa vie pour nous. Et nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères.
1Co 9,19 Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous, afin de gagner le plus grand nombre… 22 Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver à tout prix quelques uns
Ct 2,3-4 Je me suis assise à l’ombre de celui que j’avais désiré, et son fruit est doux à mon palais. Le roi m’a introduite dans le cellier du vin (grâce, esprit), et il a ordonné en moi la Charité.

p.Jacques Marin prédication à l’occasion d’une consécration le 28 mai 2011: « Accepter d’entrer dans ce combat en faveur de l’Evangile, ce n’est pas toujours le choix le plus confortable, mais c’est l’occasion d’expérimenter la fidélité de Dieu, la richesse inépuisable de sa grâce, et aussi d’entrer dans une communion de plus en plus profonde et intime avec le Seigneur qui nous a tant aimés et que nous voulons aimer à notre tour. » « Les trois voeux rappellent certaines vérités essentielles et bienfaisantes: par le choix du célibat, on rappelle que l’amour de Dieu est assez grand et assez réel, assez concret, pour emplir un coeur et une vie. Qu’il n’y a pas de relation vraie et heureuse entre les personnes si Dieu n’est pas mis à la première place, aimé et choisi le premier. Nous sommes tous destinés à nous laisser mystérieusement épouser par Dieu, et c’est dans ce lien de confiance et d’amitié avec Dieu que notre coeur peut trouver la sécurité, la paix, la plénitude auxquelles il aspire tant.

B XVI Dernière prédication aux consacré(e)s, nov 2010: « Vous passez des choses secondaires aux choses essentielles, à ce qui est vraiment important; vous cherchez le définitif, vous cherchez Dieu, vous maintenez le regard tourné vers Lui.
L’Evangile vécu quotidiennement est l’élément qui donne sa fascination et sa beauté à la vie consacrée et vous présente au monde comme une alternative de confiance ». « La société actuelle a besoin de cela, c’est ce que l’Eglise attend de vous: être un Evangile vivant ».
La vie fraternelle est un des aspects que les jeunes cherchent majoritairement quand ils s’approchent de votre vie; c’est un élément prophétique important que vous offrez dans une société fortement individualiste.
La mission est la manière d’être de l’Eglise et, en elle, de la vie consacrée. Elle fait partie de votre identité, elle vous pousse à apporter l’Evangile à tous, sans frontières.
Question du manque de vocations à la vie consacrée: « Les difficultés ne doivent pas nous faire oublier que la vie consacrée a son origine dans le Seigneur: elle est voulue par Lui pour l’édification et la sainteté de son Eglise et pour cela, l’Eglise elle-même n’en sera jamais privée ».

Thomas d’Aquin ST 2-2, 184,3: Les conseils ont pour but d’écarter ce qui, même sans lui être contraire, peut constituer un empêchement au développement de la charité.
Théophane le reclus 1815-1894: Nul ne se fait moine, il est fait moine par une force qui ne vient pas de lui. (vs critique pélagianisme /prot)
Thérèse d’Avila Vie 280: Considérez comme absolument certain que Dieu se donne lui-même à ceux qui ne craignent pas de tout quitter par amour pour Lui… Etre tout à Lui, ne rien vouloir pour soi.
Thérèse de l’EJ PN 27: Je suis la fiancée de Celui que les anges/Serviront en tremblant toute l’éternité.
La lune et le soleil racontent ses louanges/ Admirent sa beauté.
MsA 69v: Je suis venue au Carmel pour sauver les âmes
MsA 45,2: …m’oublier pour faire plaisir.
Lt 122: L’Epoux a voulu naître d’une mère vierge, avoir un précurseur vierge, un tuteur vierge, un favori vierge et enfin un tombeau vierge
Ste Thérèse Bénédicte de la Croix: Nous sommes en ce monde pour servir l’humanité; c’est notre vocation d’être devant Dieu pour tous.
Source cachée 278~: La consécration est plus encore qu’un sacrement, ou signe et moyen de l’union nuptiale à Dieu et de sa fécondité surnaturelle: elle en est la réalisation commencée.
EldelaT oc 834: O bon maître, je cède à tous vos divins attraits et je suis à vous pour toujours.
NI 13: Être épouse du Christ… c’est avoir tous les droits sur son cœur… c’est un cœur à cœur pour toute une vie… c’est vivre avec… toujours avec…
NI 16:Pour Son Amour j’ai tout perdu. (cf. Ph 3,8)
L234: Vierge de tout ce qui n’est pas Lui
L 234: Les vierges sont réservées à l’amour, vierges par l’amour et pour l’amour…
P84: Quand j’aime le Christ, je suis chaste, quand je le touche je suis pure, quand je l’accueille je suis vierge.
Etty Hillesum Une vie bouleversée, Journal Intime 1941-1943 et autres lettres de Westerbrock Seuil 199, (après sa conversion): L’Amour de tous les hommes est encore plus que l’amour d’un seul homme.
P.Lamy (mystique +1931): Un vrai religieux est une hostie vivante.
Mère Teresa (+1997): L’accomplissement du mariage c’est la consécration.
Joseph l’Ancien (+1997): La consécration est la voie courte.

Sur le détachement intérieur
Elisabeth de la T, Dernière retraite 1: Ct 6,12 Nescivi: « Je n’ai plus rien su. » Voilà ce que chante l’épouse des cantiques après avoir été introduite dans « le cellier intérieur. » Il me semble que ce doit être aussi le refrain d’une louange de gloire en ce premier jour de retraite où le Maître l’a fait pénétrer au fond de l’abîme sans fond, pour lui apprendre à remplir l’office qui , sera le sien durant l’éternité et auquel elle doit déjà s’exercer dans le temps, qui est l’éternité commencée, mais toujours en progrès. Nescivi!… Je ne sais plus rien, je ne veux plus rien savoir, sinon « le connaître, Lui, la communion à ses souffrances, la conformité à sa mort » (Ph 3,10). Rm 8,29 « Ceux que Dieu a connus en sa prescience, Il les a aussi prédestinés pour être conformes à l’image de son divin Fils », le Crucifié par amour. Quand je serai toute identifiée avec cet Exemplaire divin, toute passée en Lui, et Lui en moi, alors je remplirai ma vocation éternelle: celle pour laquelle Dieu m’a « élue en Lui » (Ep 1,4) in principio, celle que je poursuivrai in aeternum, alors que plongée au sein de ma Trinité je serai l’incessante « louange de sa gloire » (Ep 1,12).
10: « Pour son amour, j’ai tout perdu » (Ph 3,8); c’est-à-dire: à cause de Lui, pour l’adorer toujours, je me suis « isolée, séparée, dépouillée » de moi-même et de toutes choses, tant à l’égard du naturel que dans l’ordre surnaturel vis-à-vis des dons de Dieu. Car une âme qui n’est pas ainsi « détruite et délivrée » d’elle-même sera forcément à certaines heures banale et naturelle, et cela n’est pas digne d’une fille de Dieu, d’une épouse du Christ, d’un temple de l’Esprit Saint. Pour se prémunir contre cette vie naturelle il faut que l’âme soit tout éveillée en sa foi, avec ce beau regard tendu vers le Maître. Alors elle « marchera, comme chantait le roi-prophète, en la droiture de son coeur, dans l’intérieur de sa maison ». Alors elle « adorera toujours son Dieu à cause de Lui-même » et vivra, à son image, dans cet éternel présent où Il vit…

Sur la liberté intérieure qui ouvre à l’Amour:
Ignace de Loyola Exercices, Principe et Fondement: L’homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu, Notre Seigneur, et, par ce moyen, sauver son âme.
Et les autres choses qui sont sur la terre sont créées à cause de l’homme et pour l’aider dans la poursuite de la fin que Dieu lui a marquée en le créant. D’où il suit qu’il doit en faire usage autant qu’elles le conduisent vers sa fin, et qu’il doit s’en dégager autant qu’elles l’en détournent.
Pour cela, il est nécessaire de nous rendre indifférents à l’égard de tous les objets créés, en tout ce qui est laissé au choix de notre libre arbitre et ne lui est pas défendu; en sorte que, de notre côté, nous ne voulions pas plus la santé que la maladie, les richesses que la pauvreté, l’honneur que le mépris, une longue vie qu’une vie courte, et ainsi de tout le reste; désirant et choisissant uniquement ce qui nous conduit plus sûrement à la fin pour laquelle nous sommes créés.

Les trois degrés d’humilité.
165
Le premier degré d’humilité est nécessaire pour le salut éternel. Il consiste à m’abaisser et à m’humilier autant qu’il me sera possible et qu’il est nécessaire pour obéir en tout à la loi de Dieu, notre Seigneur: de sorte que, quand on m’offrirait le domaine de l’univers, quand on me menacerait de m’ôter la vie, je ne mette pas même en délibération la possibilité de transgresser un commandement de Dieu ou des hommes, qui m’oblige sous peine de péché mortel.
166 Le second degré d’humilité est plus parfait que le premier. Il consiste à me trouver dans une entière indifférence de volonté et d’affection entre les richesses et la pauvreté, les honneurs et les mépris, le désir d’une longue vie ou d’une vie courte, pourvu qu’il en revienne à Dieu une gloire égale et un égal avantage au salut de mon âme. De plus, quand il s’agirait de gagner le monde entier, ou de sauver ma propre vie, je ne balancerais pas à rejeter toute pensée de commettre à cette fin un seul péché véniel.
167 Le troisième degré d’humilité est très parfait. Il renferme les deux premiers, et veut de plus, supposé que la louange et la gloire de la Majesté divine soient égales, que, pour imiter plus parfaitement Jésus-Christ, notre Seigneur, et me rendre de fait plus semblable à lui, je préfère, j’embrasse la pauvreté avec Jésus-Christ pauvre, plutôt que les richesses; les opprobres avec Jésus-Christ rassasié d’opprobres, plutôt que les honneurs; le désir d’être regardé comme un homme inutile et insensé, par amour pour Jésus-Christ, qui le premier a été regardé comme tel, plutôt que de passer pour un homme sage et prudent aux yeux du monde.

L’Ancien Séraphim de Valaam (français -ré-ordonné 1990’s par le patriarche CP)Le moine, la souffrance du monde et l’Amour.- kto:
« Beaucoup viennent chercher refuge d’un monde qui est complètement sans dessus-dessous. Notre mission ici bien sûr c’est la prière nocturne pour le monde, mais c’est aussi de recevoir avec Amour chaque être tel qu’il est sans jugement.
Je pense que notre regard, c’est [doit être] le regard d’un homme de Dieu. Il doit regarder avant tout ce qui est le plus précieux: la capacité de l’Homme à souffrir. Voir dans chaque homme, chaque hypostase, chaque être, sa douleur; et chaque Homme a sa douleur, sa croix. On est suffoqué par tous les regards possibles de l’Amour; mais l’Amour véritable, l’Amour évangélique, qui pardonne, qui sait être patient, qui sait être tendre, on ne le rencontre pas beaucoup. Et c’est de cet Amour là dont le monde, de façon inconsciente, a besoin et a soif.
Vous m’avez posé la question: « Qu’est-ce que c’est que le moine ? » Le moine tel qu’il doit être, tel qu’il devrait être, ce doit être l’incarnation de cet Amour-là: l’Amour compatissant, l’Amour qui pardonne, l’Amour qui reçoit et l’Amour qui guérit ».