Statues et images
Pour des raisons historiques, à cause de certaines influences gnostiques puis islamiques fondamentalistes, et de péchés de membres de l’Eglise (certains rois ou évêques sans vocation se servant de maîtresses comme modèles donnés aux artistes), les sculptures et images ont à certaines époques été rejetées par des courants chrétiens.
Ce fardeau de vieilles disputes héritées de nos pères ne va pas nous empêcher de chercher par-dessus tout à aimer Dieu et tout prochain, et d’annoncer par-dessus tout l’Amour divin de Jésus-Christ à ceux qui l’ignorent encore, puisque c’est ce qui importe infiniment plus que les différends sur la forme. Remarquons que ces différences permettent de grandir dans une amitié plus gratuite que si on vivait dans une unité de points de vue qui n’est qu’entre les mains de Dieu.
Appuyons-nous donc avant tout sur ce qui a le plus d’autorité: l’Ecriture Sainte reçue et transmise par l’Eglise.
Ex 25,18-22, 26,1.31 (chérubins); Nb 21,8-9 (serpent d’airain): Dieu commande de faire fabriquer des images. 1R 7,25.29: devant le tabernacle puis le Temple sont des statues de lions, de boeufs et de chérubins.
Dt 5,8 “Tu ne te feras pas d’image/idole taillée… 9 pour les adorer”. Cette phrase se comprend avec son contexte: elle est insérée entre deux versets interdisant l’adoration des faux dieux. Deutéronome (“deuxième Loi”) est tardif, écrit dans le contexte de l’exil en Babylonie, lorsque les Juifs sont entourés de païens adorant des idoles faites de main d’homme. Le principe de l’”hérésie” (= “choix” en grec), c’est de choisir un passage en l’extrayant du contexte et en ne tenant pas compte du reste de la Bible, afin de justifier ses théories humaines.
On peut donc légitimement représenter le vrai Dieu, qui est tout sauf une idole, non pour adorer un bout de bois ou de pierre, mais la personne représentée, et nous aider à entrer en sa présence.
1Co 1,23 « Nous prêchons Christ crucifié [et non sa planche…], scandale pour les Juifs, folie pour les païens… puissance de Dieu et sagesse de Dieu« .
Nous sommes des êtres de chair et l’expérience est que ces médiations sensibles aident notre foi à grandir et à nous rapprocher de Dieu. Elles ne sont pas un obstacle mais un secours dans notre faiblesse humaine, et il serait orgueilleux de juger quelqu’un pour cette pratique, alors que Dieu seul connaît les coeurs (1R 8,39).
Certes ces représentations sont matériellement imparfaites, mais la lettre des Ecritures bibliques (à l’inverse de leur Esprit) aussi est imparfaite puisqu’elles sont passées par des auteurs, copistes et traducteurs humains, et Dieu a voulu passer par l’imperfection afin de révéler sa perfection. La chair du Fils de Dieu lui-même, sans qu’Il ait péché, était aussi marquée par le poids des conséquences du péché des autres hommes (maladies, fatigue…), mais il a voulu s’en servir pour révéler son Amour divin en la livrant entièrement à nous.
1R 6,23-29, 35, 7,29: Le Temple de Salomon contient statues et images.
De même, les synagogues antiques retrouvées par les archéologues en Terre sainte sont recouvertes d’images représentant les personnages bibliques (Doura Europos, Bet Alfa, Tsipori…).
On peut aussi représenter les saints, comme « membres de la famille de Dieu » (Ep 2,19), non pour les adorer mais simplement pour les honorer et nous rappeler leur exemple, tout comme on affiche chez soi des photos ou représentations des personnes que nous aimons.
Depuis l’Incarnation du Fils de Dieu, il est légitime de Le représenter en image ou statue. C’est la pratique de l’Eglise depuis toujours, et on ne demande pas à des iconoclastes, “prophètes” autoproclamés ou ersatz de papes d’enseigner ce qu’il faut croire et pratiquer à l’Eglise une sainte catholique et apostolique depuis 2000 ans, 10 000 saints et 265 papes… Cette Eglise est faite ici-bas de pécheurs, mais c’est justement pour combattre le péché que ces représentations se sont montrées efficaces.
Depuis les catacombes, toutes les Eglises historiques ont des fresques, icônes, croix et crosses sculptées.
Nous ne vénérons d’ailleurs pas des croix vides, instruments de tortures, mais des crucifix, c’est-à-dire l’Amour de Jésus sur la croix.
Sur les 613 commandements de l’Ancien Testament, Jésus pendant son passage sur la terre a accompli pour nous une fois pour toutes tout ce qui relevait des prescriptions rituelles.
Par exemple pour les interdits alimentaires: Mc 7,19 “Jésus déclarait purs tous les aliments.”
Rm 13,8 Celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi.
Le sens, c’est que les prescriptions de l’Ancien Testament faisaient partie de la pédagogie de Dieu avant l’Incarnation. Maintenant, leur observance littérale est incapable de nous sauver: le Christ nous a sauvés une fois pour toutes par toute sa vie, et on accueille son Salut en coopérant à son Esprit:
Rm 8,1 Il n’y a plus maintenant de condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus.
2 La loi de l’Esprit qui donne la vie dans le Christ Jésus t’a affranchi de la loi du péché et de la mort.
3 De fait, chose impossible à la Loi, impuissante du fait de la chair, Dieu, en envoyant son propre Fils avec une chair semblable à celle du péché et en vue du péché, a condamné le péché dans la chair,
4 afin que le précepte de la Loi fût accompli en nous dont la conduite n’obéit pas à la chair mais à l’Esprit.