Connaissance de Dieu
Le but principal des études ne peut pas être que le succès à un examen, autrement dès le premier travail, ce serait l’échec immédiat et donc la ruine par sous-qualification.
L’étude a pour objet la connaissance, qui a elle-même pour objet la vérité, qui a son tour a pour objet ultime Dieu, principe de l’existence de toute réalité!
Dieu se révèle en tant qu’Amour mais aussi comme Verbe, Vérité, Sagesse, Lumière. Il est donc nécessaire de Le chercher aussi de cette manière. La foi judéo-chrétienne est la seule à proposer cet équilibre entre Foi et intelligence: ni fidéisme, ni rationalisme.
Notre connaissance limitée ne peut pas englober et enfermer Dieu infini, mais elle peut comprendre son existence et percevoir à notre humble mesure les qualités essentielles qu’Il a révélées: Bien (Amour), Beau, Vrai, Grand, Miséricordieux, Juste…
DEFINITIONS:
– Etude, du latin studio = passion.
En hébreu biblique, étudier se dit lmd, qui est aussi le nom de la lettre ל , la seule à dépasser graphiquement au-dessus de la ligne d’écriture: elle entraîne vers le haut. C’est l’ultime lettre de la torah pentateuque) et du tanakh. (Ancien Testament).
Etudiant est le mot dérivé talmid , qui a les lettres de meyaledet = sage-femme (enfanteuse): « fait naître« .
St Isidore de Séville: Etudiez comme si vous deviez vivre toujours; vivez comme si vous deviez mourir demain.
– Ecole, du latin schola = « loisir« .
– Intelligence, du latin « cueillir/lire entre« ; en grec: sun-eimi: être avec; en hébreu: binah: construire.
Faculté d’appréhender des vérités spéculatives.
Comme don de l’Esprit (Is 11,2): entrée dans les vérités de Foi.
Vs intellectualisme qui dévalorise affectivité et volonté.
– Raison: faculté pensante, instrument de la connaissance humaine, (l’intelligence humaine est l’exercice de cette raison)
– Sagesse: du latin sapientia, du verbe sapere= goûter: appréhension juste de la réalité,
Comme don de l’Esprit (Is 11,2): perception de l’Amour divin.
– CONNAISSANCE, du latin cum-nascere= « naître avec »: elle exprime une connaturalité entre le sujet et l’objet:
* perception mentale de la vérité d’un être et/ou d’un phénomène;
* condition de l’Amour (on ne peut aimer en vérité une personne sans la connaître suffisamment);
* adhésion à la Parole divine révélée;
* don de l’Esprit (Is 11,2): la perception des manifestations de Dieu (qui est Acte pur) dans sa Création. Il s’agit donc moins d’idées même justes sur Dieu, que d’une communion (relation personnelle et essentielle) à Dieu (qui est Vérité) et un émerveillement qui en découle.
Jn 17,3 La vie éternelle, c’est qu’ils Te connaissent.
Os 4,6 Mon peuple meurt faute de connaissance! (et de ce fait, ne peut aimer comme il devrait).
Lc 2,51 L’enfant [Jésus lui-même] grandissait en connaissance.
* perception et acceptation de ses propres limites
Reconnaître qu’on ne peut pas saisir: Ct 6,12 « Je ne sais! »
Grégoire le Grand, Dial II, Prologue: « Etre savamment ignorant et sagement inculte« . – Augustin: « Docte ignorance » (vs vaines curiosités).
* Pas un concept mais une expérience:
Ep 3,19 L’Amour du Christ surpasse toute connaissance.
La Foi véritable n’est jamais définie en adhésion intellectuelle, mais relève de la conversion (métanoïa).
Thérès d’Avila: L’avancement de l’âme ne consiste pas penser beaucoup mais à aimer beaucoup.
Simone Weyl philosophe juive chrétienne: La connaissance n’est pas d’abordun exercice de l’esprit mais la transformation du coeur.
Thomas d’Aquin peu avant sa mort, après une seconde de contemplation, réalisant la disproportion entre nos travaux intellectuels et la réalité divine, est tenté de brûler toute sa Somme Théologique, pourtant un des plus grands chefs d’œuvres rationnels de l’histoire.
Cantalamessa: Une goutte de sainteté vaut mieux qu’un océan de connaissance. La seule vraie connaissance est au service de la sainteté, ie de la charité.
Lacordaire: N‘enchaînez pas vos cœurs à vos idées.
Ainsi on connaît ses parents parce qu’on les fréquente, on connaît la souffrance lorsqu’on la porte, la joie quand on la vit; Adam et Eve connaissent le mal après l’avoir commis (Gn 3,7).
La vraie connaissance de Dieu est le privilège des pauvres dans l’Esprit (Mt 5,3) ; elle est d’abord une attitude (comportement concret), une conduite ajustée à Dieu: la Foi qui se traduit dans la vie réelle. Elle vient de l’union à Dieu et y tend.
* Pas maîtrise, mais dépossession de soi.
Eckart XIIIe: « Mon Dieu, délivre-moi de Dieu »
(l’image personnelle insuffisante de Dieu). « Dieu, il faut le voir comme dans un vestiaire » (ie: nu), au-delà de nos projections trop humaines, au-delà de tous ces vêtements dont on le revêt pour tenter de se le représenter.
Levinas: Préférer la torah (réalité révélée par Dieu sur Dieu) à Dieu (l’idée qu’on peut se faire de Dieu).
Un maître du bouddhisme: Si tu vois Bouddha, tue-le. (Cela ne peut correspondre au judéo-christianisme, où Dieu se révèle en personne dans l’histoire et s’incarne).
Baltasar Gracian Y Morales: Il faut parfois une grande intelligence pour ne pas comprendre… (ie reconnaître que je suis loin de comprendre tout).
OBSTACLES et CONTREFAÇONS de la connaissance:
– paresse: ignorance infuse… voire militante (Mal)
– vanité (utilisation de la connaissance pour faire la paon)
– orgueil (idolâtrie de la connaissance pour tenter de dominer autrui)
– recherche de la (fausse) consolation mondaine au lieu de la vérité (si une idée est consolante, l’erreur serait de la considérer immédiatement vraie à cause de cela)
– idolâtrie de la connaissance, comme d’ accepter de ne croire que ce que l’on comprend
Dans le transhumanisme, préfiguré par les cyborgs du cinéma, les êtres ont (et sont) des cerveaux mais plus de vie humaine.
– gnosticisme (pseudo-salut par la connaissance humaine) et ésotérisme (connaissance de mystères cachés réservés à une élite)
1Tm 6,20: fausse gnose.
C’est un grave manque d’intelligence que de ne consentir à croire que ce que l’on comprend: une absence de conscience de soi et de ses limites. Les pauvres… Se pensent le centre de l’univers.
Codratus de Karakallou: Les poissons pourrissent par la tête. La « connaissance » peut être en réalité une crasse ignorance et l’intelligence illusoire une vraie stupidité.
1Co 8,1 La science enfle ; c’est la charité qui édifie.
COMMENT connaître? – 7 clefs de la connaissance:
* Sg 6,11s La Sagesse se laisse … trouver par ceux qui la cherchent.
Ps 36,10 Dans ta lumière, nous voyons la lumière (Parole divine).
Prier: fréquenter pour connaître, dans un dialogue de coeur à cœur avec Dieu.
* Ps 118,130 Dieu donne l’intelligenceaux petits.
Jean Chrysostome: L’humilité est mère de toute connaissance vraie.
* 1Th 5,19 N’éteignez pas l’Esprit = que l’Esprit, vous éclaire! (Is 11,2): Don de l’Esprit;
1Jn 2,27 Son Onction vous instruit de tout.
Sois pneumato-didacte. Que l’Esprit soit ton pédagogue. Pas comme un prof de lycée ou de fac mais comme un Epoux.
1Co 2,10 L’Esprit révèle.
Comprendre le mystère de Dieu sans l’Esprit serait comme demander à un chien de comprendre la théorie de la relativité d’Einstein.
Clément d’Alexandrie protr: Certains estiment qu’on ne doit se mêler ni de philo ni de la dialectique, ni même s’appliquer à l’étude de l’univers; ils réclament la foi pure et simple, comme s’ils refusaient de travailler la vigne et voulaient immédiatement cueillir les raisins.
Anselme: Seigneur je ne puis te chercher si tu ne me l’enseignes, ni te trouver si tu ne te montres.
* 1Jn 4,7 Quiconque aime connaît Dieu. La vie chrétienne ne consiste pas à passer son temps de façon + ou – agréable mais à se donner.
* Jn 10,38 à Croyez afin de connaître…
* Mt 5,8 (6ème béatitude:) Bienheureux les cœurs purs, ils verront Dieu: cardiognosie, cardiologue de Dieu.
* 1Co 1,25: accepter la folie de Dieu, plus sage que la sagesse humaine: reconnaître que notre intelligence faible ne peut pas posséder Dieu.
Lc 11,52 Malheureux êtes-vous parce que vous avez enlevé la clef de la connaissance: Le nomikos (légaliste) s’oppose au gnostikos
CONNAISSANCE DIVINO-HUMAINE: la MYSTIQUE: de « Mystère » (aspect de Dieu; Sacrement), qui vient du verbe mueô: « se taire », devant la transcendance des réalités divines:
Participation (2P 1,4) au Mystère de l’Amour divin.
Prière véritable (Jn 4,23: en Esprit et Vérité) sans représentation mentale (car dépassant le langage humain limité).
Pas simplement spirituelle (il y a des esprits démoniaques), mais surnaturelle.
Pas réservée aux exceptions qui reçoivent stigmates, transfixion, bilocation et lévitation: grâce et responsabilité pour tous.
Le problème est que le chrétien est comme un hibou spirituel, toujours ébloui par la lumière
Tout chrétien doit être Mystagogue: communique le mystère aux autres.
Critère: change ta vie, renonce à ton péché et combats-le jusqu’au sang (He 12,4), exerce la charité douce du Christ pour tes frères et son humilité.
Denys l’Aréopagite Nomi divini II,9 (PG 3, 648) (« pati divina »): Les mystiques sont ceux qui ont « souffert Dieu« , c’est-à-dire qui ont expérimenté et vécu le divin. Ils sont, pour le reste de l’humanité, comme les explorateurs qui entrèrent les premiers, en cachette, dans la Terre promise et revinrent sur leurs pas pour raconter ce qu’ils avaient vu – « une terre ruisselante de lait et de miel » -, exhortant tout le peuple à traverser le Jourdain (Nb 14,6-9). C’est par eux que parviennent jusqu’à nous, dans cette vie, les premières lueurs de la vie éternelle.