Appel de Dieu: discerne!


Discernement chrétien

 

Quel est le sens de ta vie (sa signification et sa direction)?
Quel est ta mission sur terre? Que veux-tu faire de ta vie?
Quelle sera sa fécondité?

Tu es devant une multitude de possibilités, sans parvenir à y voir clair, parfois inquiet, ou tenté (individualisme, indifférence, égoïsme, autres péchés)?
Tu te sens attiré(e) en profondeur par une voie mais ne parviens pas à te décider?

La Parole de Dieu offre une multitude de récits de vocation (du latin vocare: « appeler »): Abraham, Moïse, Samson, Samuel, Isaïe, Jérémie, Jonas, Zacharie, Marie, les premiers disciples, Paul…
On y relève des constantes: préparation, appel, mission (‘envoi »), promesse d’assistance, signes d’authenticité; et intérieurement: questionnements voire doutes et objections de la personne, écoute, accueil, réponse…

Chaque être humain reçoit la vie et est mis (Gn 2:15) dans un endroit et un contexte (historique, culturel, religieux et familial) particuliers.
Cette vie n’a qu’un passage, de durée limitée, et nous recevons donc tous un appel fondamental à nous disposer au Ciel: la sainteté, nécessaire pour y entrer! (cf. Mt 5:48; Ap 21:27).
Jean de la Croix, Avisos 59: « Au soir, tu seras jugé dans l’Amour ».
GS 24: « L’être humain ne se trouve que dans le don sincère et désintéressé de soi-même ».

Ceci se fait pour chacun selon un chemin personnel (cf. Ex 33:12), un « état de vie » (mariage ou célibat), et une manière singulière de vivre ce dernier.
Dieu t’appelle personnellement à la sainteté, et attend ta réponse.
Attention, l’état de vie n’est donc pas une fin mais seulement un moyen: quel est pour toi le chemin le meilleur pour aimer et te donner à Dieu et aux autre?

Le discernement est ce qui te permet de prendre les moyens de reconnaître les bonnes options, en particulier pour cette direction fondamentale de ta vie,
et le bon choix consiste à appliquer vraiment ce que tu as perçu.

Mais comment s’y prendre?

 

1. QU’EST-CE QUE L’APPEL?
1.1 L’appel révélé dans la Parole de Dieu
Même parmi les Chrétiens il y a bien souvent de fausses idées sur la Volonté de Dieu quant au choix de l’état de vie, et une conception déconnectée des Ecritures (psychologisante, magique…) de l’appel et de l’attente de « signes ». Or la Parole de Dieu transmise par l’Eglise indique que:
– il n’y a que deux sortes d’appel à un état de vie: le mariage et la consécration à Dieu dans le célibat: le célibat non choisi n’est pas un état de vie par appel divin en soi, mais un temps de préparation ou parfois d’épreuve (qui peut être transformée ensuite par la réponse à l’un des deux appels: l’appel fondamental à la sainteté demeure et dépasse de toute façon la forme ou l’état de vie).

– l’appel divin (à un état de vie) est une invitation, non une obligation: dans l’Ecriture, l’appel (en hébreu qara) n’est pas un commandement (mitsva ou huq). C’est une proposition, non une volonté extérieure qui te serait imposée: ce n’est pas une prédestination ou un déterminisme.
L’appel est une attirance profonde, tout au fond de ton coeur, et la volonté de Dieu, c’est de te laisser le choix entre deux voies bonnes. Ta réponse doit donc être motivée par la liberté de l’Amour le plus profond, non par la contrainte.

– l’appel au mariage et l’appel à la consécration sont tous deux universels. En effet, l’appel divin n’est pas une « révélation » individuelle, ce qui signifierait qu’on pécherait en ne parvenant pas à entendre des « voix », mais un message contenu dans la Parole de Dieu adressée à tous, l’unique Révélation (cf. DV 7, « sans acception de personne » -Dt 10:17). Il relève ainsi de ta responsabilité de choisir entre ces deux appels divins, dans la liberté de l’Amour.
(Rq: l’appel au sacerdoce, lui, n’est pas universel: s’originant dans l’élection des apôtres par le Christ, il diffère des autres appels, tout en étant aussi un genre de consécration, par le rôle de l’Eglise, chargée de reconnaître les aptitudes de celui qui désire ce service et de l’inviter publiquement).
Puisque l’état de vie est non pas la réponse à un commandement, mais le choix libre entre deux appels, ce n’est pas un péché que de répondre à un appel plutôt qu’à l’autre, et cela doit t’ôter définitivement tout sentiment de culpabilité sur ce sujet: quelle que soit ta décision, tu ne pèches pas (1Co 7:28); c’est-à-dire que tu ne te trompes pas devant Dieu! Puisque Jésus n’aura rien à te reprocher sur ce choix, ne te reproche rien non plus. (Preuve liturgique exprimant aussi la réalité de la Foi de l’Eglise: les prêtres bénissent tous les mariages sacramentels et toutes les consécrations -on ne bénirait pas un péché).
Si tu te consacres, tu fais plaisir à Jésus; si tu te maries, tu fais plaisir à Jésus aussi: dans tous les cas, dès lors que ton intention est bonne (chercher par-dessus tout l’Amour divin), Jésus est content.
Tu as tout ce qu’il faut pour répondre à l’un des deux appels comme à l’autre, et le bon Dieu te rendra très heureux(-se) quelle que soit ta voie. Tu as reçu de nombreux talents, et si tu cherches ainsi, quelle que soit ta voie, à mettre Dieu à la première place, tu es plus radical(e) (au meilleur sens du terme: enraciné(e) -en Dieu) que beaucoup qui n’ont pas même voulu se poser honnêtement la question. Le bon Dieu t’a beaucoup donné et attend beaucoup de toi. Rien ne te manque pour être saint(e) si tu persévères jusqu’à ton dernier jour dans la priorité donnée à « la gloire de Dieu et le salut du monde », comme on dit dans l' »offertoire ».
Ta décision dépend de l’ampleur des moyens spirituels que tu désires prendre pour ce but: Jésus te laisse toute liberté de décider de quelle manière et jusqu’où tu veux aller dans la manière d’aimer dont Il a aimé.
Distinction de vocabulaire: l’appel (du latin « pousser vers« ) est l’acte de Dieu qui invite, la vocation (de vocare= appeler, comme l’hébreu et araméen qara) désigne (grammaticalement) plus le processus relationnel qui en découle ou le chemin même que Dieu te propose (l' »objet » de l’appel).
Appeler (en grec kaleô) est ce qui propose et donne la plus grande beauté (kalosunê) à ton existence, là où tu exerces la plus grande bonté (premier sens de kalosunê), suivant l’exemple du bon et beau Pasteur (Jn 10:11).

La place où Dieu t’appelle est le lieu où ton bonheur le plus profond rencontre les besoins les plus criants du monde (cf. pasteur Buechner).

Jean Paul II, Vêpres à Tor Vergata, JMJ 2000: « En réalité, c’est Jésus que vous cherchez quand vous rêvez de bonheur; c’est lui qui vous attend quand rien de ce que vous trouvez ne vous satisfait; c’est lui, la beauté qui vous attire tellement… C’est Jésus qui suscite en vous le désir de faire de votre vie quelque chose de grand, la volonté de suivre un idéal, le refus de vous laisser envahir par la médiocrité, le courage de vous engager avec humilité et persévérance pour vous rendre meilleurs, pour améliorer la société, en la rendant plus humaine et plus fraternelle. »

 

1.2 Distinction entre les deux appels à un état de vie
– Le mariage (chrétien) est une voie d’abord, naturelle dotée (par le sacrement) d’une grâce surnaturelle. C’est un appel universel, depuis la Création (Gn 1:28; 2:18) (même les consacrés y sont appelés, mais en le vivant d’une manière spirituelle). C’est la grâce surnaturelle du sacrement qui permettra d’y traverser toutes les difficultés.
– La consécration (au Christ) est une voie surnaturelle dotée d’une grâce surnaturelle. C’est aussi un appel universel, spécialement depuis Jésus-Christ: les conseils évangéliques sont une douce invitation (non une obligation) adressée à tout croyant. Ils sont une voie surnaturelle car on n’y chemine pas en s’appuyant sur ce qui est créé (l’affection d’une famille, la vie dans le monde) mais sur ce qui est incréé (la seule affection du Christ, la vie du Royaume de Dieu). La grâce y est aussi évidemment surnaturelle (1P 5:7b; bien que la consécration à Dieu n’ait pas canoniquement dans l’Eglise latine le statut de sacrement -contrairement au cas de l’Eglise assyrienne par exemple).
Puisqu’il s’agit d’appels universels, chaque chrétien(-ne) a au départ toutes les aptitudes pour pouvoir répondre à l’un ou l’autre de ces deux appels (sauf handicap physique ou psychologique particulier).

 

1.3 La croix, et le dilemme
Tout choix radical implique un certain renoncement et donc une souffrance: il s’agit de renoncer à quelques chose de grande valeur (la consécration ou le mariage). « Choisir, c’est toujours en même temps renoncer. C’est aussi cela, être adulte: c’est celui qui a accepté de renoncer à tous ses rêves d’enfants, pour choisir de réaliser vraiment le plus beau d’entre eux. » Ce choix n’est pas facile: il est absolument normal et sain d’éprouver différents appels en même temps: c’est bon signe! Tu as un cœur, qui vit, un corps, une affectivité, une sexualité, une attirance fondamentale vers Dieu; c’est le contraire qui serait inquiétant. Quel que soit le choix définitif, toute ta vie tu pourras parfois éprouver des désirs opposés, mais on choisit librement de suivre le désir le plus profond en renonçant aux autres.
Jésus a peine de ta peine s’il te voit parfois dans l’angoisse, alors qu’Il veut d’abord te rendre heureux(-se) parce qu’Il t’aime à en mourir, quel que soit ton choix. On connaît l’histoire de l’âne du philosophe Buridan (+1363) qui dépérit de ne pouvoir choisir entre l’eau et l’avoine. L’issue de ce paradoxe est l’exercice de ta liberté humaine (c’est ce qu’explique Buridan, qui avait pourtant le « défaut » d’être nominaliste, et contrairement à Spinoza bien plus tard).
La Parole de Dieu montre que Dieu respecte parfaitement ta liberté: sauf cas très exceptionnels, à l’intérieur de tout appel à un état de vie, Dieu laisse le choix de la personne à épouser ou de la communauté où entrer.
Toutes les vocations (et les personnes) sont d’abord orientées vers la sainteté de Dieu et égales en dignité: la différence ne réside finalement que dans l’ordre des moyens employés pour cette rencontre avec Dieu.

– Si tu choisis le mariage, le conjoint humain (ayant autant que soi-même droit à l’imperfection) déçoit inévitablement, mais la grâce du sacrement, elle, ne peux pas décevoir; si tu choisis le mariage, tente de vivre cette voie naturelle (activités, amour humain, éducation…) de la façon la plus surnaturelle possible (avec les fruits de la grâce du sacrement, rendue agissante par la prière du cœur); même si cette voie passe par des moyens quotidiens moins directs, les personnes mariées béatifiées/canonisées montrent que certains ont pu aller très loin.

– Si tu choisis la consécration, tu n’auras aucune déception de la part de cet Amour, car il est impossible à Dieu de décevoir. Il est impossible qu’une personne consacrée soit déçue, car son attente n’est pas humaine.
Mais quelle que soit la voie choisie, tu connaîtras à ta mesure la souffrance de ne pas communier encore avec l’Amour absolu (du fait de tes propres imperfections, et dans le mariage en plus, du fait des imperfections et des différences de personnalités du conjoint), mais Dieu donne toujours la grâce de surmonter ces imperfections (1Co 10:13). Il y aura toujours un décalage cause de souffrance, mais la grâce permet de l’accepter et de le surmonter. Qui accepte le Christ pour berger ne peut manquer de rien (cf. Ps 23:1).
Dans les 2 voies, même et surtout à travers les nuits, Dieu te proposera toujours ce dont tu as spirituellement besoin.
Rq: pour te décider en toute liberté, il ne faut pas mélanger les moments: avant le questionnaire de discernement des personnes dans la fiche Fiançailles, la question est d’abord de déterminer ton état de vie, avant de déterminer quelle personne ou quel lieu de consécration.

 

2. DISCERNE TON APPEL
L’appel est le chemin du plus grand bonheur que Dieu désire te donner et te propose; comme Dieu habite d’abord ton cœur, il s’agit donc de reconnaître en toi peu à peu ce désir profond d’origine divine; tu peux partager ton propre désir avec Dieu, car c’est celui qui te rend pleinement libre et heureux, ce que Dieu désires encore plus que toi-même! Ainsi, si tu t’appliques à le rechercher, à un moment, le désir de Dieu et ton désir se rejoignent intimement. Cet appel n’est donc pas un fardeau à porter mais le déploiement d’une vie à recevoir.

2.1 Les sept langages de Dieu lorsqu’Il s’adresse personnellement à toi.
-1 Sa Parole
Is 55:10-11 « Comme la pluie et la neige descendent des cieux, et n’y retournent pas, mais arrosent la terre et la font produire et germer, et donner de la semence au semeur, et du pain à celui qui mange, 11 ainsi sera ma parole qui sort de ma bouche: elle ne reviendra pas à moi sans effet, mais fera ce qui est mon plaisir, et accomplira ce pour quoi je l’ai envoyée. »
Quand tu ouvres ta bible, Dieu ouvre sa bouche, et il s’adresse à toi de manière efficace (cf. He 4:12). Quand tu écoutes la tradition qui porte les Ecritures, Dieu développe sa révélation et continue de t’expliquer sa bonne nouvelle pour toi.
-2 Les portes ouvertes et opportunités
Ap 3:7-8 « Ecris à l’ange de l’Eglise de Philadelphie: Voici ce que dit le Saint, le Véritable, celui qui a la clef de David, celui qui ouvre, et personne ne fermera , celui qui ferme, et personne n’ouvrira: Je connais tes oeuvres. Voici, parce que tu as peu de puissance, et que tu as gardé ma parole, et que tu n’as pas renié mon nom, j’ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer. »
-3 Les paroles d’autrui
Dieu se sert souvent d’autrui (et même parfois malgré eux de nos ennemis qui n’ont pas conscience de se nuire à eux-mêmes e!) pour vous parler. Ainsi Mardochée pour Esther, Nathan pour David, Pilate (Jn 19:5 ‘Ecce Homo! ») ou Caïphe pour les disciples (Jn 11:50 ‘Il nous est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation entière ne périsse pas! ».)
Nb 11:29 Moïse dit à Josué… « Puisse tout le peuple de YHWH être composé de prophètes; et veuille YHWH mettre son Esprit sur eux! »
André appelé en premier amène ainsi Pierre (Jn 1:42), le garçon aux cinq pains et deux poissons (Jn 6:8) et les premiers Grecs (Jn 12:20) à Jésus. Ambroise de Milan fut l’aiguillon d’Augustin, l’évêque Diego d’Osma suscita St Dominique, Albert le Grand motiva Thomas d’Aquin, l’abbé Huvelin secoua Charles de Foucauld…
-4 Le désir profond (sous les envies égoïstes)
Ph 2:13 « Car c’est Dieu qui crée en nous le vouloir et le faire. »
Ps 37:4 « Fais de YHWH tes délices, et Il te donnera ce que ton coeur désire. »
-5 Les songes, avec discernement (cf. Si 34)
Jl 2:28-3:2; Ac 2:17: « Dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Esprit sur toute chair; Vos fils et vos filles prophétiseront, Vos jeunes gens auront des visions, Et vos vieillards auront des songes. »
-6 Les motions de l’Esprit: ses invitations silencieuses aux bien dans notre conscience. Il est important d’apprendre à obéir à ces murmures » du bien, pour les grandes comme pour toute les petites choses.
Is 30:21 « Tes oreilles entendront derrière toi la voix qui dira: Voici le chemin, marchez-y! Car vous iriez à droite, ou vous iriez à gauche. »
-7 La souffrance
C.S.Lewis: « Dieu murmure à travers nos plaisirs, mais crie à travers notre douleur ».
La souffrance n’est pas voulue par Dieu (mais une conséquence de tous les péchés du monde); toutefois l’Amour divin est assez grand pour en tirer un bien: elle est comme une école au travers de laquelle nous développons notre relation avec Dieu et comprenons mieux ses enseignements. P.Jacques Philippe: « La souffrance nous rend pauvre, mais elle devient une grâce parce qu’elle détruit notre orgueil, et Dieu peut en faire jaillir des fruits splendides » (comme en témoigne l’expérience de nombreux saints).

 

2.2 Moyens concrets à prendre pour discerner:
(Il s’agit des cinq moyens pratiques habituels de la vie spirituelle: cf. fiches; ne pas laisser un seul de ces moyens de côté):
– Scruter assidument la Parole de Dieu (cf. fiche)
C’est le Seigneur qui nous a aimés le premier (1Jn 4:19), c’est Lui qui appelle et nous manifeste cet appel par un désir profond en nos coeurs. Attention, ce qui importe n’est pas tant la lettre d’un passage de la Parole sur lequel tu « tombes », mais l’écho en ton coeur de ce passage.
Recevoir la Parole demande de se former. Lis aussi des vies de saints et laisse-toi toucher car ils sont comme la Parole de Dieu vécue.

Prière (personnelle et communautaire, avec le cœur)
En prendre l’habitude et la «tenir» malgré les difficultés rencontrées. Efforce-toi d’adopter un rythme et respecte-le. Il est hautement recommandé de prendre des temps de retraite (une semaine dans une communauté qui prie). Pour entendre l’appel de Dieu et y répondre, il faut une relation vivante et gratuite avec Dieu, ce qui se fait dans la prière. Tu as à devenir un être de prière: il faut aller à l’école de la prière pour apprendre à prier… de la même façon qu’on a besoin d’étudier pour apprendre un métier, une science, une langue, etc.
La prière doit être ouverte (toutes les options doivent être envisagées sans condition).
Tu peux dire à Dieu par exemple: «Seigneur, qu’attends-tu de moi, que veux-tu que je fasse pour toi?» «Montre moi la route à suivre! Fais moi connaître ma vocation, celle où je serai le plus heureux et où je pourrai rendre les autres heureux!»

Sacrement de l’Eucharistie
Recevoir la source et le sommet de la vie chrétienne et de tous les sacrements.

Sacrement du Pardon
Recevoir la Miséricorde de Dieu. Nul n’est appelé dans une voie parce qu’il y serait humainement (ou moralement) meilleur que d’autres, mais parce que Dieu lui fait miséricorde dans cette voie et que dans cette voie il va transmettre la miséricorde aux autres. Et pour accueillir cette Miséricorde et la transmettre, la première étape est de se reconnaître sans cesse pécheur.

Accompagnement spirituel et personnel (demande à quelqu’un de formé). Se faire accompagner spirituellement atteste que tu te confies effectivement au Seigneur, par l’Eglise. Mais l’accompagnateur n’est pas celui qui prend les décisions à ta place, il est seulement un témoin qui aide à éclairer le chemin. Personne ne peut te dire à la place de Dieu et à ta place: « c’est ou ce n’est pas ton type d’appel » (en revanche une personne ou un responsable de communauté peut légitimement dire: « je pense que nous ne sommes pas faits l’un pour l’autre »). Le piège est soit de n’avoir pas d’accompagnateur, soit d’avoir trop d’accompagnateurs.
Consulter aussi ceux qui ont répondu au même appel et recueillir leur expérience.
Rq: Suivre de plus un accompagnement psychologique chrétien en principe ne peut pas faire du mal, mais la décision au fond ne relève pas de ce niveau là, mais de la nature des désirs profonds de ton cœur: la possible souffrance n’est pas psychologique mais spirituelle: tu es devant une oblation, une croix à accepter en te décidant.

 

2.3 Attitudes pour être en mesure de discerner (conseils…)
– Prends le temps nécessaire pour discerner (ni trop, ni trop peu). Un appel n’est pas un coup de tête ni un coup de coeur, il ne se vérifie que sur la durée: en général il faut qu’il soit perçu de façon stable pendant plusieurs années.

– Cherche la Paix du coeur (cf. Ps 34:14-15) qui n’est pas l’absence de contrariétés, mais la certitude de Foi que Dieu aime infiniment toute Créature et propose le meilleur à chacun. Dans une phase de désolation intérieure, comme d’euphorie psychologique superficielle, on n’est pas en mesure de discerner correctement en encore moins de se décider.
Dorothée de Gaza: « Une eau boueuse et agitée ne laisse pas passer la lumière…laisse la reposer…elle redeviendra limpide et permettra de voir à travers… » (SC 92)

– Mets Dieu au centre de ta vie quelle que soit ta vocation: ce qui est premier, c’est que tu choisisses Dieu, et non pas que tu choisisses un état de vie particulier. Cette mise en place progressive, qui distingue bien les étapes et les domaines, peut demander du temps, mais elle permet ensuite de prendre une décision libre et réfléchie.

– Relis ton histoire personnelle, car c’est là que l’appel du Seigneur s’exprime. Tu peux faire un tableau de relecture et de perspectives en 2 colonnes, recommande St Ignace:
* soit les éléments en faveur et les éléments opposés à une option possible;
* soit les éléments en faveur de deux alternatives distinctes,
à partager ensuite avec un accompagnateur spirituel, en notant d’où tu viens, tous les événements qui t’ont marqué(e) (depuis l’enfance, et avec attention à l’âge de 10 à 12 ans où souvent l’enfant écoute avec moins de biais) par leurs joies ou leurs difficultés, les paroles de Dieu et d’autres personnes qui t’ont marquées (ce qui compte n’est pas tant leur contenu que leur écho en ton coeur); les faisceaux d’indices (quantitatifs), les points forts (qualitatifs) et les lignes convergentes (évolution)… Cela permet de distinguer peu à peu la direction du chemin sur lequel le Seigneur t’invite à te rendre de plus en plus disponible.

– Sache prendre de la distance par rapport à la vie que tu as déjà imaginée dans ta tête (mariage, sacerdoce, vie consacrée) afin d’être ouvert et réceptif à ce qui va advenir dans le futur et que tu ne peux pas encore concevoir. C’est la condition pour que tu deviennes toi-même.
Il s’agit d’entrer dans la liberté intérieure, ou « sainte indifférence« : le détachement intérieur par rapport à tous les attachements superficiels qui te feraient louper l’essentiel dans ta vie, et aussi de pressions d’autrui pour entrer dans un chemin qui ne serait pas forcément celui pour lequel on est le mieux fait.
Ignace, Exercices 166: « Le second degré d’humilité est plus parfait que le premier. Il consiste à me trouver dans une entière indifférence de volonté et d’affection entre les richesses et la pauvreté, les honneurs et les mépris, le désir d’une longue vie ou d’une vie courte, pourvu qu’il en revienne à Dieu une gloire égale et un égal avantage au salut de mon âme.  »

– Conscientise et accepte inconditionnellement le renoncement ou « prix à payer » (financier, intellectuel, affectif, spirituel, disponibilité à la vie de famille, non renouvellement d’autres engagements, …).

– Enracine-toi comme le Christ s’est enraciné dans l’humanité par son Incarnation… Prends au sérieux ta vie de tous les jours: études, travail, engagements, loisirs, rencontres… Le Seigneur t’y donne chaque jour rendez-vous.

– Prends part personnellement à la vie de l’Eglise (en plus de l’accueil des sacrements): participation à des groupes de chrétiens, à des services divers. Toute vocation naît et se développe dans l’Eglise. Elle est au service de l’Eglise pour l’annonce de la Bonne Nouvelle au monde. Quelle est ta place dans l’Eglise? Aimes-tu l’Eglise malgré les défauts de ses membres? Pose-toi ces questions et vois comment évoluent les réponses que tu lui donnes au cours de ta recherche.

– L’éventualité de devenir prêtre ou religieuse ou de te marier te rend-elle profondément pacifié et heureux(se)? Si oui, pourquoi? Si non, pourquoi?
Dt 30:9 «Car, de nouveau, le Seigneur prendra plaisir à ton bonheur, comme il avait pris plaisir au bonheur de tes pères».

– Examine ta manière d’être avec ton « proche » prochain. L’appel du Seigneur, s’il t’invite à vivre dans une plus grande intimité avec Lui, te conduit vers les autres et t’ouvre au monde. Ce critère est important pour t’assurer de l’authenticité de ton désir.

 

2.4 Pose-toi ces questions: écoute ta conscience en toute honnêteté devant Dieu, en chassant toute pensée de peur et tout refoulement (cf. 2Co 10:5).
– Suis-je formé un minimum sur la portée (enjeu, grandeur) du mariage? fiche Couple – Mariage
– Me suis-je une fois sérieusement posé la question de la consécration (ou du sacerdoce)? fiche Vocation consacrée
– Qui est la personne de Dieu pour moi?
– Quelle est ma raison de vivre (motivations, causalités)?
– Quel est le but de ma vie (finalité)?
– Quelles sont les talents que j’ai reçus et les qualités qu’il m’a été donné de pouvoir développer?
– Quelles sont les huit valeurs (ou principes) auxquelles je tiens le plus?
– Que m’a apporté ma famille?
– Qui sont ou ont été mes amis?
est-ce qu’au fond je me sens vraiment bien? Qu’est-ce qu’au fond j’aime vivre? (pas forcément une action concrète, car parfois on découvre de nouvelles activités qui nous plaisent plus que lce que l’on connaissait déjà)
– Qu’est-ce que je désire par dessus tout?
– De quelle manière (quelle forme extérieure de vie) est-ce que je veux aimer le plus possible Dieu et autrui?
– En m’imaginant dans 10, 20 et 30 ans, pour chacun des choix possibles, serai-je heureux quel que soit l’avenir possible (déception, croix, ou tranquillité), et referais-je les mêmes choix?
– Si je dois conseiller un(e) ami(e) dans une situation semblable, quel encouragement lui donnerais-je pour son bien (cette distanciation vise à minimiser le biais émotionnel ou fixation psychique)
– Que voudrai-je avoir fait à la fin de ma vie?
– Si je meurs ce soir, que veux-je faire d’ici-là?
– Lors de mon jugement particulier (cf. Mt 25:33s), comparaissant devant le trône du Christ (Mt 25), que désirerais-je Lui présenter de ma vie?
(car la question juste et féconde n’est pas: Comment Me rendre moi-même heureux? -égocentrisme dont on constate qu’il est contreproductif; on se préoccupe de se réaliser soi-même alors que tout se reçoit de Dieu, 1Co 4:7-,
mais: Comment pourrais-je coopérer du mieux que je peux avec Dieu, et ainsi Lui « permettre » d’en rendre plusieurs voire beaucoup dont moi-même heureux?

2.5 Vérifie les critères de l’Esprit-Saint
1Jn 4:1 « Éprouvez les esprits pour discerner s’ils sont de Dieu. »
Ga 5:22 « Le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, patience, bienveillance, bonté, confiance dans les autres, 23 douceur, maîtrise de soi ».

Esprit-Saint Diable
Don de soi, générosité Egoïsme, captation
Humilité Présomption, vaine gloire
Paix, sérénité, douceur, tempérance Trouble, agitation, fausse tranquillité, dureté, avidité
Continuité, stabilité Discontinuité, instabilité
Réalisme Refus de la réalité
Ouverture à accompagnateur/resp, obéissance Secret, ténèbres, indépendance
Douceur Ressentiment, colère
Conformité avec Ecriture et enseignement de l’Eglise Incohérence
Joie profonde, bonheur joie fausse et passagère, tristesse
Désir de la vie éternelle Lassitude, Morbidité

 

 

 

 

 

 

 

 

2.6 Vise la juste mesure des vertus

    Insuffisance                Vertu Excès/absolutisation
     Lâcheté Prudence      Courage               Témérité
      Egoïste Econome     Généreux                Prodigue
    Mépris de soi Modestie    Estime de soi                 Orgueil

 

 

 

 

2.6 Confiance, paix du coeur et courage!
Dieu est fidèle (2Tim 2:13), et quelle que soit ta réponse à son appel, Il continue de t’aimer et de te bénir en te proposant toujours son bonheur, même si celui qui n’a pas pris les moyens d’y répondre aura un chemin bien moins direct pour rencontrer ce bonheur.
Notre appel primordial ici-bas est l’appel à la sainteté, et beaucoup y ont répondu bien que pour des raisons indépendantes de leur volonté ils/elles n’ont pas été en mesure de répondre à l’appel vocationnel -mort du fiancé à la guerre par exemple. Marcel Van était sans doute authentiquement appelé au sacerdoce, mais comme la petite Thérèse le lui annonça, la mort en déportation devait l’en empêcher; sa vie fut toutefois une réussite extraordinaire, non seulement malgré mais à travers cette épreuve: aujourd’hui le témoignage de sa vie de sainteté touche des centaines de milliers de personnes.
Réussir sa vie est bien autre chose que réussir dans la vie, et ne dépend pas de la réalisation d’un état de vie mais de l’amour donné chaque jour.

 

3. 18 OBSTACLES INTERIEURS, fausses pistes ou illusions à éviter
Rassure-toi, on est rarement menacé par tous en même temps!
– L’impatience: « Mon bac approche! Il est urgent que je sache ce que je veux faire plus tard de ma vie! » L’impatience est souvent le signe que la maturité est encore insuffisante, et dans tous les cas, elle est mauvaise conseillère.
Variante, la précipitation: «J’abandonne mes études, je coupe les ponts derrière moi, pour une totale disponibilité à Dieu!» Or la vie ordinaire est le lieu par excellence pour vérifier aujourd’hui ma réponse à l’appel du Seigneur, et je risque beaucoup de manquer de liberté intérieure en m’engageant à la fin d’abord parce que je n’aurai matériellement plus d’autre possibilité.
– L’attentisme ou procrastination: «Je vais d’abord assurer une petite carrière et des points de retraite au cas où je me trompe». Or la vie chrétienne n’est pas une situation sociale avec la certitude d’acquis terrestres, mais plutôt un saut en parachute, dans la foi en Dieu qui est le bien céleste véritable; il faut bien sauter un moment avant que l’avion de notre vie perde tout son carburant.
– Les préoccupations du monde: accumulation pour soi d' »expériences », positions, « biens »; évasion dans le virtuel (réseaux, et séries)… Je reporte indéfiniment en préférant volontairement crâmer de nombreuses années…
Empire du Moi-d’abord, aversion au renoncement: on veut tout avoir, plutôt que de tout recevoir avec un cœur d’enfant. La crise occidentale des vocations dépasse pour cette raison la baisse du nombre de pratiquants, et le Seigneur est peiné par ce manque de générosité.
C’est le complexe du riche insensé (Lc 12:18) et du jeune homme riche (Lc 18,22).
Mt 16:25 « Qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi la trouvera. 26 Que servira-t-il donc à l’homme de gagner le monde entier, s’il ruine sa propre vie? Ou que pourra donner l’homme en échange de sa propre vie? »
– Le tourisme spirituel: «Je veux essayer un max de communautés avant de trouver la bonne afin de ne pas me planter!» Le papillonnage peut durer longtemps si on ne prend pas le temps de répondre à ces deux questions: «Est-ce vraiment le Seigneur qui m’appelle?» et: «Qu’est-ce que je cherche au juste?» Ai-je compris que la communauté idéale n’existe pas? (Avec le Christ, on épouse la sainte Eglise des pécheurs, et pas une communauté, et de la même façon dans le mariage le conjoint idéal n’existe pas. Le seul idéal réel est le Christ.)
– L’idée personnelle appropriée (et fixe): « Prêtre (ou religieuse), jamais de la vie! Je veux me marier et avoir des enfants! » Ou: « Je veux devenir prêtre (ou religieuse), c’est maintenant décidé, je ne changerai pas d’avis! » N’envisager qu’une seule vocation et refuser toute autre possibilité doit nous conduire à rechercher les raisons de cet attachement exclusif. On ne peut être libre que lorsqu’on a accepté que toute autre vocation ait été possible et belle si Dieu la voulait pour moi.
– La fuite: « Vivre dans ces églises ringardes et en plus dans la solitude, je trouve ça contre-nature et surhumain, alors je ne peux envisager que la vie conjugale », ou: « Le monde est si mauvais qu’il m’est impossible d’y vivre en chrétien, alors je rentre au monastère! » La réponse à un appel du Seigneur ne peut pas être motivée d’abord par un rejet, fondée sur une attitude négative. Le Christ en a appelé certains à le suivre jusque dans sa forme de vie: il ne demande rien de surhumain et donne sa grâce surnaturelle. C’est aussi dans ce monde qui est le nôtre que le Fils de Dieu s’est incarné et son appel passe par le même amour que le sien pour le monde à sauver. Si l’appel est authentique, le regard sur le monde est objectif mais rempli de compassion et d’espérance.
– La « glande« : « je laisse venir passivement les évènements et attends de subir les circonstances de la vie pour voir où ça va bien me mener ». Or la réponse de l’homme à Dieu est une décision éclairée et libre.
– L’intéressement: « Comme je n’ai pas eu de grande révélation de Dieu m’ordonnant solennellement en présence de ses archanges, et de mon avocat, de tout vendre pour le suivre ou de me marier pour fonder une famille sainte, je vais suivre le simple penchant de ce que j’appelle ma nature», c’est-à-dire en fait les tendances de ma nature blessée par le péché originel. Par exemple: peur de la relation, misogynie; ou: besoin de relation fusionnelle, simples pulsions sexuelles…
Péguy, sur certains prêtres…:     « Parce qu’ils n’ont pas la force d’être de la nature, ils croient qu’ils sont de la grâce. Parce qu’ils n’ont pas le courage d’être du monde, ils croient qu’ils sont de Dieu. »
Thérèse d’Avila, sur certaines sœurs: « Parce qu’elles n’aiment personne, elles croient qu’elles aiment Dieu…  »
– Les critères de sélection du monde: « Je choisis de devenir prêtre ou religieuse parce que c’est ‘le plus haut service’, ‘la plus belle vocation’. Ou « je vais me marier parce que le sacerdoce ou la vie consacrée et l’Eglise ont mauvaise image. Or il n’y a pas de vocation supérieure ou meilleure en dignité qu’une autre. La seule chose importante -la plus belle pour moi- est que je suive le Christ sur le chemin où, au fond de mon cœur, je perçois (en général peu à peu) qu’Il m’attire.
– L’émotion seule: «Je suis tombé amoureux de telle personne, ou de telle communauté, j’ai trouvé une paix, …». Cela ne doit pas m’empêcher de réfléchir: même un homme marié ou un moine consacré depuis longtemps peuvent tomber amoureux de quelqu’un d’autre, ce serait irresponsables de s’imaginer qu’ils sont appelés à tout balancer pour autant… De plus, le péché donne aussi de manière provisoire une fausse tranquillité de la conscience, qui n’est pas la paix du Christ.
– Le manque de liberté, par dépendance envers les attentes d’autrui ou envers l’image que je veux donner. Alors que la vocation naît d’une relation de communion personnelle avec Dieu, seule vérité et seule source de tout amour vrai.
Est-ce que je me sens “chez moi” dans cet appel, dans cette Communauté religieuse, dans ce diocèse, avec cet ami, cette amie, ce possible futur conjoint…? C’est ce que les anglophones appellent le « home », son « chez soi », « en famille »: un lieu où je peux être pleinement moi-même sans avoir peur d’être jugé, scanné, analysé, interprété…
– L’autosuffisance: «Je n’ai besoin de personne pour m’aider à découvrir ma vocation: l’Esprit Saint est toujours avec moi!» Dieu a fondé l’Eglise et a voulu qu’en elle nous ayons besoin les uns des autres.
– L’attente magique du coup de fil divin: «Afin d’être bien sûr(e), j’attends des signes clairs!»Ce que l’on entend généralement par signes, aujourd’hui, est une intervention divine qui me dise ce que je dois faire. Les seuls signes réels sont ceux que nous apprenons à interpréter: paroles, rencontres, événements, après une prière prolongée; tout ce qui relève de l’acte et non de l’impression.
– L’aveuglette: «Ma réponse à l’appel du Christ, je ne la connaîtrai vraiment que plus tard: le jour de mon mariage ou le jour de mon ordination ou de mes vœux définitifs» Or mes décisions présentes et les réponses que je donne aujourd’hui préparent et conditionnent celle que j’aurai à donner à ce moment décisif.
– La présomption: «L’expérience de la rencontre du Christ a été bouleversante, mon intelligence a perçu de grandes lumières et mes émotions ont été très fortes; le désir s’est éveillé, impératif, de consacrer à Dieu immédiatement tout mon être et toute ma vie. J’ai beaucoup reçu, je veux recevoir beaucoup encore, et d’ailleurs Dieu exige beaucoup en retour». Une conversion récente et trop exclusivement émotionnelle fausse souvent le choix d’une vie consacrée.
Ou bien un état amoureux fusionnel, sans s’être informé sur les exigences et implications du mariage et sans avoir  suffisamment appris à connaître les dimensions de la personnalité de l’autre et construit la meilleure amitié, mène aussi généralement à des souffrances qui étaient évitables.
Or, il faut prendre le temps (sans perdre de temps!) de laisser l’appel s’enraciner dans la durée.
– Le mépris ou la méfiance (vs défiance) de soi (comme Moïse pour son bégaiement, Isaïe son impureté, Jérémie sa trop grande jeunesse…)
– L’ affectivité blessée par des événements depuis ma conception peut peser sur l’orientation d’un choix de vie et pas toujours de manière positive (fuite de la souffrance ou recherche de compensations, failles…). Si l’on se rend compte de cela à un moment, il est important de faire le point sur sa vie affective avec un accompagnateur à la fois qualifié et authentiquement chrétien.
– La peur de s’engager: «Je veux rester libre, et d’ailleurs je ne voudrais faire de mal à personne en risquant de rompre mon engagement». Mais les décisions qui engagent sont les seules à donner la vraie liberté. D’ailleurs sans engagement, pas de don de soi (c’est du prêt dans lequel je garde ma toute-puissance) donc pas de vrai bonheur. Aie confiance en Dieu, qui donne la grâce de la fidélité et emploie tous les moyens humains de cette fidélité, pour accueillir cette grâce.
– La peur en général (des fausses images de Dieu, de vivre, de perdre…), alors que 2Tm 1:7 dit: « Ce n’est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné, mais un Esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi. » Dieu n’appelle pas des gens capables mais rend capables ceux qu’il appelle. N’attends pas d’être un saint pour te livrer à l’Amour, sinon tu n’aimeras jamais.
Dieu ne contraint jamais et ne te demandera jamais trop! Le Christ n’impose rien mais propose le chemin du plus grand bonheur! Il frappe à la porte de ton coeur (Ap 3:20), il ne l’enfoncera jamais et ne se fera pas de la place à l’explosif ou au karcher. Il propose une simple rencontre avec Lui! Il invite! Quand on accepte de coopérer avec Lui, on peut consentir à perdre un tout petit peu (la vie selon le monde), mais on gagne l’infini avec Lui!

 

4. « Instruments » de Dieu, aussi avec des erreurs ou dans les galères
Si le Seigneur peut « se servir » de tout, Il souhaite aussi très probablement « se servir » de toi…:
Noé était ivrogne (Gn 9:21).
Abraham était très vieux (Gn 12:4; 21:5) et épousa sa demi-soeur (Gn 20:12).
Lot enfanta avec ses filles (Gn 19:30).
Isaac était rêveur (Gn 27).
Jacob mentit sévèrement (Gn 27:19).
Léa était laide (Gn 29:17).
Joseph se fit abuser (Gn 37:28).
Juda fils de Jacob alla avec sa belle-fille prostituée (Gn 38:24).
Moïse fut meurtrier et bégayait (Ex 2:12; 4:10).
Aaron mena le peuple à adorer le veau d’or (Ex 32).
Rahab était une prostituée (Jos 2:1).
Gédéon avait peur (Jg 6:13.23).
Samson ne s’était jamais coupé les cheveux (Jg 13:5) et était un coureur de jupons (14:1; 16:1.4).
Noémie était une veuve ayant perdue même ses enfants, et Ruth était une veuve immigrée (Rt 1:4-5).
David avait une liaison (2S 11) et était un meurtrier (v.15).
Salomon eut 300 concubines et adora leurs idoles (1R 11:3).
Elie était suicidaire (1R 19:4).
Isaïe avait les lèvres impures (Is 6:5) et prêcha nu pendant trois ans (20:2).
Jérémie était trop jeune (Jr 1:6).
Jonas fuyait la face de Dieu (Jon 1:3.10).
Job avait fait faillite et était déprimé (Job 1:21; 2:8).
Marthe s’inquiétait pour beaucoup de choses (Lc 10:41).
La femme samaritaine était divorcée, et plus d’une fois (Jn 4:18).
Zachée était malhonnête et petit (Lc 19:3.8).
Pierre renia trois fois le Christ (Mc 14:72).
Avec Jacques et Jean, ils s’endormirent en priant au moment crucial (Mt 26:43).
A part un disciple, tous les apôtres abandonnèrent Jésus au supplice (Jn 19:26).
Jésus-Christ lui-même (aussi Elu, Lc 9:35), fut conçu avant le mariage humain de ses parents, réfugié en Egypte, insulté (Jn 8:48), compté parmi les sans-loi (Lc 22:37), abandonné de tous (Mc 14:50), exécuté entre les criminels (Mt 27:38).
Paul persécuteur furieux (Ac 26:11), zélé pour les traditions humaines, (Ga 1:14), était sans excellence de parole et de sagesse humaine (1Co 2:1) et accumulait les galères (2Co 11:23-28).
Timothée avait un ulcère (1Tm 5:23).
Et Lazare était mort (Jn 11:17)!
(PS: il ne s’agit pas ici de dévaloriser ces personnes qui ont par ailleurs, chacune, leurs qualités)

 

Prière d’abandon à Dieu de St Charles de Foucauld:
Mon Père,
Je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira.
Quoi que tu fasses de moi, je te remercie.
Je suis prêt à tout, j’accepte tout.
Pourvu que ta volonté se fasse en moi, en toutes tes créatures,
je ne désire rien d’autre, mon Dieu.
Je remets mon âme entre tes mains.
Je te la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon cœur,
parce que je t’aime, et que ce m’est un besoin d’amour
de me donner, de me remettre entre tes mains, sans mesure,
avec une infinie confiance, car tu es mon Père.

 

Pour approfondir: https://www.editions-beatitudes.com/catalogue/jeunes-bds/discerner-concretement-sa-vocation/
Un extrait: « Où vais-je aimer le plus librement, le plus joyeusement? Où vais-je porter le plus de fruit pour le Seigneur? Pour son Royaume? Où vais-je faire le plus de bien autour de moi? Comme carmélite, dans une vie de prière? Comme père de famille, engagé chrétiennement et professionnellement dans l’Église? Comme curé de paroisse? Comme missionnaire auprès des enfants, des malades, des pauvres…? Comme enseignant? Comme infirmier? Comme accompagnateur? Comme artiste chrétien? etc…
Où vais-je être le plus cohérent avec ma vocation la plus profonde, qui est d’aimer et de me donner? »