Evangélise-Action (Pourquoi, Comment)
Les hommes sont assoiffés d’amour, mais en ignorent la Source. Ce monde a un trou en forme de Dieu.
Or la foi est théologale (venant de Dieu et conduisant à Dieu): comme une nappe phréatique; il s’agit de l’annoncer et aider à y puiser pour qu’elle jaillisse.
Le groupe religieux à croissance la plus rapide dans les pays occidentaux est celui des non-religieux. Les Juifs libéraux et les chrétiens sont les milieux où la transmission de la foi se fait le plus mal: le taux de mortalité infantile spirituelle est supérieur à 90%.
80 générations t’ont transmis la foi depuis Jésus-Christ. Vas tu interrompre ceci?
Le centre de la mission est annoncé en Mt 28:19 « faites des disciples » (seul verbe à l’impératif); la « grande mission » ne doit pas se transformer en grande omission.
Prétendre lutter pour la réforme morale de la société, pour la correction de ses vices serait, pour lui, comme vouloir déraciner un arbre en commençant par en enlever les feuilles ou les branches les plus saillantes: l’évangélisation ne commence pas par la morale, mais par le kérygme (Mc 16:15b: crier), parce que le monde se perd, et nous-mêmes aussi.
Thomas d’Aquin: « La première conversion consiste à croire » (Prima conversio fit per fidem: ST I-IIae, q. 113, a. 4).
Grégoire le Grand: « On ne vient pas à la foi en partant des vertus, mais aux vertus en partant de la foi » (Hom. sur Ez., II, 7, PL 76, 1018).
Le seul vrai évangélisateur est Dieu, mais il cherche des coopérateurs. Il a (souverainement et miséricordieusement) voulu avoir besoin de toi, pour Le proposer aux autres.
L’Eglise, et donc tout Chrétien, existent pour évangéliser (cf. Paul VI, EN 14). Aucun baptisé digne de ce nom ne peut se contenter de recevoir. Nous n’avons pas une mission mais sommes une mission. Le problème est que beaucoup de Chrétiens de titre n’évangélisent pas, parce qu’ils sont universalistes (relativistes), ou néopélagiens (pensant qu’être une bonne personne sans grande offense en actes suffirait).
1Co 9:16 « Malheureux suis-je, si je n’annonce pas l’Evangile! »
Une foi qui n’est pas annoncée dépérit.
2Co 4:13 (Ps 116:10) « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé. »
2Co 5:20 « Nous sommes en ambassade pour le Christ; c’est comme si Dieu exhortait par nous.:
Lc 8:39 « Raconte tout ce que Dieu a fait pour toi. »
Elisabeth de la Trinité: « Dieu veut se faire aimer à travers toi! ».
Paul VI: [Si sans mérite de ta part tu as reconnu par la Foi l’Amour que Dieu a eu pour toi, alors reconnais qu’aussi] les multitudes ont le droit de connaître… le Christ… et la Vérité.
Si ne pas connaître le Christ en vérité est la plus grande des pauvretés, alors annoncer le Christ est la plus grande des charités. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour proposer à tout homme de découvrir aussi la source inépuisable et véritable de l’Amour.
Vénérable Marthe Robin: « Il faut montrer Jésus aimant, pour que jésus soit aimé. »
COMMENT faire?
1P 1:12: les apôtres ont « évangélisé dans l’Esprit Saint »; le contenu est donc l’Évangile, et le « procédé » est l’Esprit Saint, soit ta communion avec le Christ.
La mission la plus efficace, c’est comme par exemple chez Thérèse de l’Enfant-Jésus patronne des missions, accueillir la grâce de Dieu et offrir sa vie pour que cette grâce se déverse sur toutes les créatures; et cela, ça commence par la contemplation, premier lieu de sanctification.
La clef d’une fécondité réelle et durable n’est pas la maximisation du professionnalisme, même si nous avons l’impérieux devoir d’employer tous les moyens en notre mesure, mais la prière et la docilité à l’Eprit-Saint.
Les plus grands missionnaires, quoi qu’ils fassent, sont d’abord des contemplatifs; ainsi Mère Teresa priait 5 heures par jour et expliquait que c’est uniquement là qu’elle trouvait la force pour toute sa journée. Toutefois en dehors des consacrés en clôture, sur qui repose un appel contemplatif spécifique, tout chrétien est, après la prière, aussi appelé à évangéliser en actes dans le monde, comme le Christ le demande explicitement dans l’Evangile.
Charles de Foucauld: Mon apostolat doit être celui de la bonté [avec chacun]. En me voyant, on doit se dire: puisque cet homme est si bon, sa religion doit être bonne. Et si l’on me demande pourquoi je suis doux et bon, je dois dire: parce que je suis le serviteur d’un bien plus bon que moi. Si vous saviez combien est bon mon maître Jésus! Je voudrais être assez bon pour qu’on dise: si tel est le serviteur, comment donc est le Maître! (Carnet de 1909, Conseils de l’abbé Huvelin, cité dans Carnets de Tamanrasset 1905-1916, Nouvelle Cité).
Le critère de la fécondité missionnaire est la croix . La mission est sacrificielle(de soi) en son principe, miséricordieuse en son exercice.
Dieu demande d’être non pas défendu mais révélé, en actes et en paroles manifestant l’amour absolu de Jésus.
Voici une méthode (meta-odos, = chemin à travers) pratique de 16 points à vérifier:
– Sois toujours disponible pour parler de l’Amour de Jésus si une occasion se présente.
1P 3:15 « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous »; et cette « espérance, c’est le Christ » (1Tm 1:1).
– Recherche aussi ces occasions, car le Christ n’a pas dit « poireautez, attendez qu’ils se ramènent ou qu’ils agonisent… » pour leur annoncer qu’ils peuvent être sauvés, mais: « allez… » (Mt 10:16) « je vous envoie… » (Mc 16:15).
– Evangélise à plusieurs (cf. Lc 10:1) tant que c’est possible, sans toutefois écraser l’autre par le nombre: pour que l’Esprit agisse, pendant que l’un parle les autres prient.
Mt 18:19 « Je vous le dis en vérité, si deux d’entre vous, sur la terre, unissent leurs voix pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux ».
Bien souvent, c’est davantage le témoignage de charité entre les Chrétiens qui touche les païens plus que leurs paroles même. « Voyez comme ils s’aiment »! (Tertullien, apol.39)
– Aie toujours confiance en Dieu qui conduit toute chose.
Mt 28:20 « Je suis pour toujours avec vous ».
– Forme-toi dans la connaissance de la Parole de Dieu. Mais attention cela n’est en rien une excuse pour ne pas annoncer que d’attendre d’être bac+1000 en théologie. Humainement, on ne sera jamais prêt, et ce n’est qu’au ciel qu’on connaîtra vraiment la Parole de Dieu. La responsabilité pour nos frères commence dès qu’on a rencontré Jésus et chaque jour.
1Co 2:13 « Nous parlons non pas avec des discours enseignés par l’humaine sagesse, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, exprimant en termes spirituels des réalités spirituelles. »
– Vis de ton mieux ce que tu annonces. Mais attention, c’est un cliché archi-faux que de prétendre qu’il faut attendre d’être capable de vivre tout ce qu’on annonce: tout homme est pécheur, et ce n’est qu’au ciel qu’on sera vraiment saints; et ce n’est pas nous-mêmes qu’on annonce mais Dieu lui-même. 2Co 5:20 « C’est pour le nom du Christ que nous sommes ambassadeurs, comme si Dieu exhortait par nous ». Ton prochain n’a pas à attendre que tu sois parfait pour être sauvé. C’est évident que la sainteté de vie apporte de la crédibilité à tes paroles, et un Chrétien ne peut pas vivre comme tout le monde, mais tes paroles justement doivent être davantage celles du Maître que celles de l’ouvrier.
Bernanos dit ainsi: « bienheureuses ces mains qui donnent ce qu’elles n’ont pas » (…encore).
N’est-il pas assez incroyable qu’une personne puisse être feu et flamme le dimanche à l’église, adorant et remerciant le Seigneur pour sa miséricorde pour un jour de plus de santé et de vie, etc, mais le reste de la semaine il est un chrétien invisible !
– Cherche toujours à être humble par rapport à Dieu: tu n’es pas le sauveur, mais un témoin du Christ; tu es seulement l’instrument auquel Dieu recourt quand cela convient pour le salut des hommes; Lui seul convertit; dans l’évangélisation nous sommes seulement chargés d’annoncer; le reste appartient à la liberté de chaque personne et à l’initiative de Dieu.
– Sois toujours aimable et respectueux de la personne elle-même et de sa liberté, même si tu peux légitimement penser que ses actes ou pensées sont erronés. Notre devoir est de proposer et non d’imposer. Aime cette personne. « Seul l’Amour est digne de foi. »
– Adresse-toi aussi aux Chrétiens (de surface), qui ont souvent plus de mal que les païens à se laisser convertir par le Christ, sûrs qu’ils sont de Le connaître déjà et d’être justes: il y a une tendance à s’approprier la vérité et la sainteté qui sont le Christ même.
– Parle par débordement de ton cœur: adresse-toi plus encore au cœur qu’à l’esprit; la foi n’est pas une croyance idéologique, mais une relation personnelle avec Dieu. Cherche davantage à disposer la personne à être visitée par Dieu qu’à la convaincre par des arguments (certes quelques grands cerveaux ont rencontré Dieu par la voie de la Vérité, de nombreux grands savant étaient croyants, mais beaucoup aussi se sont égaré par orgueil: ‘l’intelligence humaine est bonne et créée par Dieu, mais Dieu est d’un ordre bien au-delà de ce qu’elle peut contenir, et Dieu se rencontre dans la plupart des cas d’abord par une ouverture de notre cœur).
– Si on te pose une question et que tu ne sais pas, dis en vérité que tu ne sais pas mais donne une voie pour que l’autre ne soit pas bloqué mais puisse aller de l’avant (si tu vas le revoir, tu vas chercher et lui répondra cette fois-là; ou tu peux le mettre en contact avec un autre chrétien formé, lui donner une Bible; lui communiquer un site…)
– Prie pour cette personne avant votre discussion, pendant et après.
Pour une parole de mission, il en faut 100 échangées avec Dieu (lectio et prière).
Par exemple: « Seigneur, aime cette personne à travers-moi; guide-moi par ton Esprit Saint; je te prie de parler toi-même par mon cœur, mon intelligence et ma bouche pour que cette personne te connaisse enfin ».
Demande aussi à vos anges gardiens respectifs de vous aider à arranger les choses pour avancer vers Jésus.
Après: remets cette personne entièrement entre les mains de Dieu car c’est à Lui seul qu’elle appartient.
– Annonce explicitement le Christ: dans tes paroles, sois clair dans le contenu en te concentrant sur le « kérygme »: résumé du « mystère pascal » (« Dieu est Amour; et Jésus-Christ, Fils de Dieu, est venu dans la chair, mort sur la croix et ressuscité pour nous sauver ».)
La Parole de Dieu ne dit pas « dialoguez sans cesse, ne dites pas trop en qui vous croyez et comment il est mort cloué sur une croix pour ne pas scandaliser, et d’ailleurs toutes les fois se valent donc soyez un bon new age, bouddhiste ou musulman comme l’humeur vous en chante », mais: Is 48,20 « Avec des cris de joie, annoncez, proclamez ceci, répandez-le jusqu’aux extrémités de la terre, dites : YHWH a racheté son serviteur… »
2Tm 4:2 « Proclame la Parole, insiste à temps et à contretemps, reprends, menace, exhorte, avec une patience inlassable et le souci d’instruire ».
Evangéliser, c’est annoncer non de grandes valeurs consensuelles (tolérance, compassion… certes belles, mais limitées) mais la personne du Christ qui est Amour infini et qui a vécu une existence historique concrète; c’est promouvoir non pas la seule équité sociale (aspiration humaniste certes louable et à encourager) mais la charité qui va jusqu’au don libre de sa vie; un salut non pas d’abord politique mais mystique; non pas la seule action des hommes de bonne volonté, mais d’abord la contemplation de Dieu qui est à l’œuvre à travers ses enfants…
– Déjoue les pièges du « voisin du dessous » cherchant à égarer le dialogue: si ton interlocuteur commence à parler de l' »inquisition de St Dominique, de Savonarole ou Galilée au bûcher, des guerres de religion, des richesses de l’Eglise, de ‘l’interdiction du préservatif’, du problème du mal », tu peux certes argumenter (plus ces reproches sont émotionnels, plus cette personne a souffert et tu peux le lui reconnaître, tu pourrais lui demander ses diplômes de doctorat en histoire médiévale et ses sources; tu n’as toi-même sans doute pas tué, les péchés éventuels de chrétiens ont été commis non pas au nom de l’Evangile mais malgré l’Evangile, et on ne peut pas exiger des autres une perfection dont on est aussi incapable), mais d’abord et surtout il faut au plus vite recentrer le sujet car l’ignorance, la possible mauvaise foi et le poids des préjugés risquent de tout bloquer: l’enjeu traité est avant toute chose sa propre rencontre personnelle avec Dieu.
Le démon va évidemment tenter d’instiller le doute, la peur et la honte en toi: chasse ces pensées, car 2Tm 1:7 Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, et Dieu t’a donné toute autorité sur elles: 2Co 10:5 Nous faisons toute pensée captive pour l’amener à obéir au Christ.
Cessons de nous soucier de ce que les autres peuvent penser de nous, il est temps de nous soucier de ce que « Dieu pense de nous »…
– Questionne: le principe de la mission, n’est pas de donner des réponses toutes faites, mais de permettre à la personne d’entendre les questions que Dieu lui pose: « Pour vous, qui suis-je? », « Pierre, m’aimes-tu? », « Acceptes-tu mon Amour? », et de lui donner la lumière de la Parole pour qu’elle trouve librement sa réponse personnelle d’adhésion.
La foi ne résout nos problèmes intellectuels et existentiels qu’en les creusant jusqu’au mystère, ce qui nous fait souvent passer par l’épreuve de la croix.
– Invite la personne à l’église, à lire la Parole de Dieu, à prier, à parler avec un prêtre pour recevoir les sacrements…
– Propose lui de prier sur le champ l’Esprit Saint pour elle avant de la laisser ; puis engage-toi à la présenter fidèlement et personnellement à Dieu dans ta prière.
Ez 33:8 Si tu ne parles pas pour avertir le méchant d’abandonner sa conduite, il mourra de son iniquité, mais c’est à toi que je demanderai compte de son sang.
St Charles Borromée: « Les âmes se conquièrent à genoux. »
Quelques citations actuelles:
Ac 4:20 Nous ne pouvons pas nous taire.
Ps 66 Le zèle de ta maison me dévore.
CDF Note doctrinale sur certains aspects de l’évangélisation 12 2007
5. Toute personne a le droit d’entendre la « Bonne Nouvelle » de Dieu, qui se fait connaître et qui se donne dans le Christ, afin de réaliser pleinement sa vocation…
Solliciter (faire appel à) de manière honnête l’intelligence et la liberté d’une personne pour qu’elle rencontre le Christ et son Évangile n’est pas une ingérence indue à son égard, mais plutôt un don légitime et un service qui peuvent rendre plus fécondes les relations entre les hommes.
7. La Vérité qui sauve la vie enflamme le cœur.
9. L‘incorporation de nouveaux membres à l’Église n’est pas l’extension d’un groupe de puissance, mais l’entrée dans le réseau d’amitié avec le Christ.
11. Celui qui annonce l’Évangile participe à la charité du Christ.
12. Partout et toujours, tout fidèle catholique a le droit et le devoir de donner un témoignage de sa foi et de l’annoncer pleinement.
Paul VI Evangelii nuntiandi 22: « Le plus beau témoignage se révélera à la longue impuissant s’il n’est pas éclairé, justifié – ce que Pierre appelait donner « les raisons de son espérance » (1P 3:15) –, explicité par une annonce claire, sans équivoque, du Seigneur Jésus ».
Cardinal Vingt-Trois discours de clôture de la réunion de la CEF nov 2007:
« avant toute chose, expérimenter et témoigner « de la joie et du bonheur de la foi » qui donnent « envie » à nos contemporains.
« Celui qui a vraiment rencontré le Christ ne peut le garder pour lui-même, il doit l’annoncer ».
« L’Eglise doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde (…) Comment pourrions-nous être vraiment attachés à Jésus-Christ et à son Evangile, si nous n’étions pas constamment préoccupés de partager la richesse que nous avons reçue? (…) Faute d’entrer résolument dans cette mission d’annoncer la Bonne Nouvelle, nous nous exposons à ne plus croire qu’elle est vraiment bonne et à ne plus en voir la pertinence pour nous-mêmes. Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants.»
« Intégrer les impératifs de l’évangélisation, qu’elle soit nouvelle ou ancienne, est une tâche permanente (…). La richesse de la Révélation accueillie n’est jamais un bien dont on pourrait jouir en repos ».
Nécessaire approfondissement du Salut donné par le Christ, d’autant plus si certains baptisés s’avèrent « incertains, ou pire, honteux » de ce qu’ils reçoivent de lui : que serait alors notre crédibilité, surtout auprès des jeunes qui nous interpellent sur les raisons et l’utilité de la foi : « à quoi ça sert ?! ». En cela, il dévoile le véritable levier intérieur de l’évangélisation qui conduit le croyant à « s’engager sans crainte dans la mission (…) : si connaître le Christ, vivre du Christ, aimer le Christ est une richesse », comment peut-on vivre tranquillement et « prendre son parti que tant de nos contemporains puissent vivre à l’écart de cette richesse », alors que nous sommes « dans la certitude que Dieu veut le bonheur de l’homme » ?!…
JPII Redemptoris Missio 1990: encyclique « sur la valeur permanente du précepte missionnaire »
90: Le véritable missionnaire, c’est le saint. [le meilleur, et seul argument incontestable est la sainteté. Pour être vraiment missionnaire il faut être saint, pour être vraiment saint il faut être missionnaire. Pour être saint, il faut évangéliser.]
71. Tous les laïcs sont missionnaires en vertu de leur baptême.
Les papes de ces derniers temps ont beaucoup insisté sur l’importance du rôle des laïcs dans l’activité missionnaire (Cf. PIE XII, encycl. Evangelii praecones: I.c., 510s; encycl. Fidei donum: Ic, 228s; JEAN XXIII, encycl. Princeps Pastorum: I.c., 855s; PAUL VI, exhort. ap. Evangelii nuntiandi, EN 70-73: I.c, 59-63.)
Même si la fondation d’une nouvelle Eglise exige l’Eucharistie, et donc le ministère sacerdotal, la mission, qui s’effectue sous des formes diverses, est la tâche de tous les fidèles.
C’est un devoir et un droit fondés sur la dignité conférée par le baptême, en raison de laquelle les fidèles laïcs participent, pour leur part, à la triple fonction de Jésus Christ: sacerdotale, prophétique et royale.
JPII Exhort. ap. post-synodale Christifideles laici (1988): l’Eglise « ne peut esquiver la mission permanente qui est celle de porter l’Evangile à tous ceux et ils sont des millions et des millions d’hommes et de femmes qui ne connaissent pas encore le Christ rédempteur de l’homme. C’est la tâche la plus spécifiquement missionnaire que Jésus ait confiée et confie de nouveau chaque jour à son Eglise »
Enquête: par quel moyen ou par quelle personne êtes-vous venus au Christ et à l’Église ? » (huit possibilités):
1. un besoin personnel
2. en allant simplement à l’église
3. le contact avec un pasteur
4. une visite à domicile
5. l’école du dimanche
6. un rassemblement public ; un programme missionnaire dans les médias
7. le programme de l’Église
8. sur l’invitation d’un ami ou d’un parent
20% des réponses se retrouvent dans les 7 premières catégories. La 8ème, « sur l’invitation d’un ami ou d’un parent », rassemble à elle seule 80 % des réponses. La très grande majorité des gens vivant une expérience de conversion sont venues à la communauté chrétienne grâce à un ami ou un parent plus de 70% des cas: le père, qui a la mission de médiateur. L’évangélisation est presque toujours non virtuelle, mais interpersonnelle.
L’évangélisation est féconde si elle s’ancre prioritairement dans la relation, l’amitié, la relation fraternelle personnalisée. Il est indispensable de devenir des chrétiens sainement contagieux.
Dans le contenu, ce qui a touché le plus les récents convertis est l’Eucharistie (présence aimante reçue et adorée), l’unité incarnée (à renforcer dans l’aspect communautaire; communion des saints), et la clarté (cohérence historique interne de l’enseignement de l’Eglise, à préserver…: vérité, beauté, bonté).
Mode de contact qui vous convient (Bill Hybels, EPH, 2000): 8 styles bibliques différents ou méthodes:
– Pierre: la confrontation
– Paul: l’approche intellectuelle
– l’aveugle-né: le témoignage (Jn 9)
– Matthieu: l’invitation à un banquet (Lc 5:29)
– Zachée: s’inviter chez quelqu’un (Lc 19)
– Samaritaine: attendre quelqu’un au puits (Jn 4)
– Dorcas: rendre service (Ac 9:36)
– Emmaüs: chemin faisant (Lc 24)
8 profils missionnaires (cf. monprofilmissionnaire.com):
– serviteur (charité)
– invitant
– ami (chaleureux)
– témoin
– apologète (appuyé sur la raison)
– prophète (charismatique)
– évangéliste (appuyé sur la Parole de Dieu)
– amoureux de Dieu.
Aujourd’hui, il est recommandé de réexaminer comment les apôtres et les premiers chrétiens ont porté Jésus-Christ dans le monde païen car c’est pratiquement la situation d’aujourd’hui.
La grande leçon de l’Église primitive ou des dissidents chrétiens à l’époque communiste ou nazie, est de ne pas faire de compromis et de ne pas laisser sa foi être dissuadée. Il est alors particulièrement important d’éviter les mensonges et de vivre la vérité.
Augustin avait déjà vivement critiqué le culte impérial, notamment la vénération de l’empereur en tant que personne divine; il reconnaissait le « mensonge conscient comme la base latente de l’Empire païen. Le culte laïciste nihiliste post-moderne s’en rapproche (eg soi-sant lois « anti-haine » unidirectionnelles, matraquage judiciaire, incarcération de parents désirant éduquer leurs enfants selon leur foi, dogmes et tabous de l’avortement et de l’-a-anthropolgie indifférenciée, dénigrements au prétexte de la pluralité non représentative, célébrations liturgiques laïques et médiatiques…). Les chrétiens se sont souvent montrés témoins de la vérité sous la forme du martyre, car ils préféraient accepter la mort plutôt que de vivre dans le mensonge. Les chrétiens ont donc agi « à contre-courant des tendances de l’époque : contre le polythéisme et contre le culte impérial ». Non-conformisme culturel et spirituel, qui demande encore aujourd’hui du courage.
Théophile d’Antioche, au IIe s., parle d’« îles de vérité ». Elles ne doivent pas être des donjons étouffants, car le témoignage de la vérité s’y déroule. Il existe aussi des phares qui peuvent indiquer le chemin vers ces îles. Benoît XVI, après Toynbee, parle de « minorités créatives ».
Eg les cercles philosophiques autour de l’apologiste Justin, les académies chrétiennes d’Alexandrie et de Césarée. Et la charité pratique.
Il s’agit d’annoncer avec douceur mais fermeté la Vérité en renversant les faux prémices, s’engageant dans les milieux médiatiques, éducatifs, politiques et judiciaires.
Nos pères dans la foi mettaient la honte aux païens antiques par la Charité (soins des bébés abandonnés aux chiens, anciens, pauvres…)!
Historiquement, hors des zones d’extermination, le christianisme se développe le plus fortement dans les pays où les chrétiens sont persécutés.
Aujourd’hui, en tant que chrétien, on peut vivre cette forme de contre-culture en « renonçant simplement à certaines choses dites « culturelles », par exemple dans l’industrie du divertissement, en différenciant toujours puis acceptant le positif et rejetant le répréhensible.
Jimmy Lai prison HK: « Le vide moral en Chine [comme ailleurs] est une opportunité pour le catholicisme de le combler et d’enseigner aux gens que “la vie, c’est plus que du pain ”. »
Outil: Questions/Réponses pour évangéliser (d’après Marcel Lejeune):
Lorsque nous évangélisons, nous devrions poser plus de questions que l’autre personne. Jésus a fréquemment utilisé cette tactique. Ce que les autres pensaient être une session de réponses-réponses a soudainement changé lorsque Jésus l’a transformée en session de questions-réponses. De même le diacre Philippe en Ac 8:31. Toutes les questions ne conviennent pas à toutes les situations: il s’agit de discerner ce que vous devriez demander et quand: il est essentiel de personnaliser l’évangélisation.
Questions sur le sens de la vie / but de la vie / identité / etc.
D’après vous, d’où vient l’humanité? Quelle est notre origine?
Où trouvez-vous un sens à la vie?
Comment définissez-vous le succès »?
Quel est votre ultime futur? Comment le savez-vous?
Qu’est-ce qui donne un sens à votre vie?
Croyez-vous en une puissance supérieure? Si oui, pouvez-vous décrire ce pouvoir pour moi? Si non, pouvez-vous me dire pourquoi pas?
Questions sur la vérité / les valeurs / les faussetés / les priorités
Comment savez-vous ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas?
Pour quoi êtes-vous prêt à donner votre vie?
Quelles sont vos plus hautes priorités? Comment êtes-vous arrivé à ces priorités?
Quelles sont vos passions? Qu’est-ce que vous vous trouvez argumentant pour ou contre? Pourquoi?
Qu’est-ce que vous trouvez le plus convaincant?
Quels sont tes rêves pour la vie? Qu’espérez vous accomplir?
Que voulez-vous dire en vous décrivant comme ____?
Questions sur la façon de vivre / comment devrais-je agir / qu’est-ce qui est juste ou faux?
Comment savez-vous le vrai du faux?
Comment déterminez-vous comment vous devez agir?
Existe-t-il des droits de l’homme universels? Que sont-ils? Comment pouvons-nous les déterminer?
Certains actes sont-ils moralement relatifs?
Y a-t-il quelque chose qui soit universellement moral?
D’où viennent les problèmes d’humanité / du mal?
Quelle est la solution aux problèmes / au mal de l’humanité?
Une autre façon de classer les questions consiste à comprendre les différents types d’ « étiquettes » que les gens appliquent à eux-mêmes et d’essayer de les approfondir pour les dépasser et voir la personne qui se cache derrière l’étiquette. L’étiquette ne définit jamais une personne mais peut être un point de départ pour une conversation.
Questions pour non-croyants (athées, agnostiques, etc.):
Pouvez-vous me parler du dieu en qui tu ne crois pas?
Pouvez-vous décrire ce que vous trouvez le plus gratifiant en étant _____?
Parlez-moi de Dieu? Comment décrivez-vous Dieu aux autres
Que savez-vous de Jésus?
Si vous avez entendu parler de Jésus, que savez-vous de lui?
Que pensez-vous que le christianisme ajoute à la vie des autres?
Croyez-vous en une sorte de puissance universelle ou supérieure?
Avez-vous cru en Dieu dans le passé? Si vous l’avez fait et que vous ne le faites plus, pourquoi avez-vous cessé de croire?
Si vous croyiez en un dieu, en quel genre de dieu croiriez-vous?
Questions pour les personnes de religions non chrétiennes (hindoues, musulmanes, mormones, etc.):
Quelles sont les différentes manières de prier?
Pouvez-vous décrire ce que vous trouvez le plus gratifiant d’être _____?
Parlez-moi de Dieu? Comment décrivez-vous Dieu aux autres?
Que savez-vous de Jésus?
Y a-t-il quelque chose de séduisant dans le christianisme?
Questions pour les chrétiens non catholiques:
Pouvez-vous décrire ce que vous croyez à propos de Jésus?
Votre foi est-elle quelque chose que vous pratiquez tous les jours?
Comment décririez-vous votre relation avec Jésus?
Y a-t-il quelque chose dans le catholicisme qui vous attire?
Que savez-vous sur l’Eglise catholique?
Questions pour les catholiques:
Pouvez-vous décrire ce que signifie être catholique, selon votre expérience?
Avez-vous une vie de prière personnelle? Si oui, comment priez-vous?
Dieu est-il quelqu’un avec qui tu dirais que tu entretiens une relation personnelle?
Avez-vous eu un moment où vous vous êtes senti particulièrement proche de Jésus? Si oui, pouvez-vous m’en parler? Si non, avez-vous déjà voulu le faire?
Recommandations:
prendre le temps de construire une relation à long terme, afin de gagner la confiance et de gagner le droit d’être entendu.
proclamer le kérygme et inviter une réponse.
hospitalité radicale et amitié.
donner votre témoignage.
présenter une vision à long terme de ce que signifie suivre Jésus et aider à « calculer le coût » d’être disciple.
servir les autres, sans attendre de remboursement.
leur permettre de s’en aller (pas d’amour vrai sans liberté).
Une histoire:
Un pays souffrait de sécheresse depuis de nombreuses années. En effet, après avoir beaucoup réfléchi, les habitants avaient décidé que des boissons artificielles seraient meilleures pour le corps et l’esprit que l’eau, et ils avaient donc construit de grands toits partout pour éviter la pluie du ciel et avaient bétonné toutes les sources et rivières; cependant ils avaient dû se rendre compte après quelques temps que les boissons artificielles finissaient par donner le cancer, et d’ailleurs les matières premières servant à leur fabrication finirent par s’épuiser si bien qu’il fallait toujours trouver de nouveaux procédés et inventer de nouvelles usines, qui ne suffisaient plus de toute façon à les désaltérer. Ce pays apparemment riche avait tous les biens matériels sauf l’eau. Ainsi beaucoup d’habitants mouraient de soif, et aussi de faim car l’absence d’eau avaient aussi empêché la production des aliments; certains avaient tellement soif qu’ils buvaient à des sources polluées laissées par les autorités, ou trouvaient des réservoirs de liquides toxiques pour y boire; certains se jetaient aussi sur des objets non comestibles pour se donner l’impression de se remplir le ventre, ou volaient la nourriture du voisin; certains prenaient des drogues leur détruisant le cerveau pour se donner l’illusion de fuir cette souffrance; et certains même s’entredévoraient, ou tuaient leurs petits par peur de l’avenir et leurs anciens pour ne pas avoir de fardeau supplémentaire. Aveuglés, beaucoup interdisaient même qu’on critique toutes ces manières de faire, ce qui aurait trop remis en question toute l’autonomie de leur raisonnement.
Un petit reste cependant avait rencontré un Envoyé, qui pris de compassion, était venu et leur avait parlé et donné à nouveau l’eau vive et le pain de vie. Cet Envoyé avait certes été tué, cloué sur une planche, au bout de 3 ans seulement, parce que sa sagesse divine et son Amour remettait trop en question la sagesse strictement humaine et l’égoïsme de tous les hommes, mais après être ressuscité et monté aux cieux, il avait laissé son Esprit à ses disciples en fondant son Eglise, et ainsi il resta présent parmi les successeurs de ces disciples, bien que tous soient aussi pécheurs. En effet, l’eau continuait toujours de couler de la source vive en surabondance, et tout en cherchant à la cacher, aucune autorité n’avait pu prévaloir contre elle. Tous ceux qui l’avaient rencontrée, voyant à la fois sa surabondance et l’immense détresse des autres habitants, ne pouvaient plus s’empêcher d’en parler tout autour d’eux, et trouvait le plus grand sens de leur vie et leur plus grande joie de voir ainsi leurs jeunes frères qui étaient perdus revenir à la vie.
Jn 7:37 « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, 38 celui qui croit en moi!… De son sein couleront des fleuves d’eau vive ».