La chasteté du couple


 
 

Sexualité du couple


Définitions:
La plupart des gens et des dictionnaires estiment qu’être chaste signifie n’avoir aucune activité sexuelle: une simple abstinence physique (continence). C’est humainement faux, car cela réduit la sexualité à la seule génitalité ou activité physique…

La sexualité voulue et créée par Dieu n’est pas un acte anodin, essentiellement mécanique et parfois émotionnel, comme un divertissement d’intérieur, mais l’expression ULTIME de l’amour entre un homme et une femme, le don total et réciproque de soi.
Elle engage la totalité de chaque personne: c’est une expérience à la fois physique, psycho-affective, et spirituelle (cf. 1Th 5,23).
Ainsi reconnue et vécue, elle nourrit et fortifie la relation, comme un des aliments en général vitaux de toute la vie conjugale: elle soude et renforce le lien personnel des époux.
L’intimité sexuelle est ainsi comparable à un ruban adhésif à colle très forte: en couchant avec une personne, c’est comme si on s’attachait mutuellement l’être avec ce ruban; en supposant qu’on se sépare, cela fait bien mal d’arracher le ruban; et si on va avec une nouvelle personne, c’est le même ruban qu’on utiliserait à nouveau, et qui chaque fois serait dans un état un peu moins bon et collerait moins bien. Un usage désordonné de la sexualité a en effet des implications sur toute la personne humaine, et se fait au détriment de la sexualité elle-même, de notre vie spirituelle, et de notre vrai bonheur, dans les faits souvent de manière tragique (souffrance de confiance brisée et de séparation, isolement, etc).
Mais une bonne nouvelle de la sexualité conjugale est que le mariage étant le lieu de la confiance maximale, il est aussi celui du lâcher-prise et de la jouissance maximales! Là se trouve la véritable révolution sexuelle, non celle du stérile vagabondage, mais celle qui fait aimer plus et donne les joies les plus grandes et les plus durables.

La chasteté est la manière de vivre ta sexualité, ordonnée à la finalité de l’Amour, dans la Vérité: le mode d’exercice concret de ta sexualité, dans la charité, selon ton état de vie.
Dans le couple, elle est une conséquence de la sacralité de l’Amour conjugal et donc de la sexualité créée par Dieu.
Dans le célibat pré-marital, elle a sa propre valeur de service de l’Amour, en plus d’être une préparation et une conséquence de la chasteté du couple.
Un geste est chaste lorsqu’il exprime et fait grandir l’amour (toute la relation), et non quand il est au service de mon plaisir (même s’il s’agissait d’un troc entre deux égoïsmes). Une sexualité chaste « fait l’amour », dans le sens positif de cette expression, qui désigne au fond une coopération avec Dieu (cf. 1Co 3,9) à l’Amour reçu et donné. Il ne serait pas chaste par exemple, d’accepter une pratique d’abord parce qu’elle ferait plaisir à l’autre: la sexualité ne doit pas être réduite à cela, puisque sa finalité est de manifester et faire grandir l’amour; le plaisir est un fruit gratuit de l’Amour, donné par Dieu aux époux, mais si on recherche ce plaisir pour lui-même, on rate le but et le bonheur du couple et on court à l’égoïsme, la lassitude et la déception.
La chasteté reconnaît que la sexualité est un don de Dieu, et manifeste la dignité de l’être humain (la sienne comme celle des autres). Si tu uses de ce don en accord avec le projet du Créateur, tu Lui rends gloire, et participes à Son Amour et Son plan de vie pour le monde, et même de salut par les temps de continence en « achevant en ta chair ce qui manque à la Passion du Christ » (Col 1,24) (JPII, TDC 76, 31 03 1982).

1. Les idées reçues du monde embrument notre capacité de jugement. La Foi permet de dire que satan (Luci-fer: porteur de la lumière)  commence par détourner la lumière pour essayer d’enténébrer notre intelligence, et manipuler alors notre volonté qui n’est plus éclairée. Voici pour commencer 8 brèves mises au point:
– Les addictions ne relèvent pas de la sexualité véritable, mais du mésusage des hormones naturelles endorphines ayant dans le corps la fonction de soulager la douleur… Dieu a créé cette super-glue dans notre « chimie cérébrale » comme « ciment » du mariage. Mal employée, elle produit des liens profonds, des compulsions contraires à la chasteté.
– Contrairement aux affirmations de nombreux « sexologues » païens répandues dans une société érotisée, le succès d’un couple ne dépend pas d’abord et absolument des orgasmes, car le bonheur de l’être humain dépend de bien plus que de ses seules sensations et de la recherche sans limites de leur renouvellement, alors que celles-ci restent éphémères et superficielles. Ce qui est canalisé est utile, ce qui déborde est catastrophique. La limite essentielle à tenir est celle de la dignité humaine intégrale, de l’autre comme de soi; ce qui implique au minimum un respect inconditionnel.
– S’attacher aux seuls symptômes ne peut résoudre les problèmes.
– La pornographie est toujours désastreuse, physiquement (blessures, MST…), psychologiquement (dépendance, dépression, violence, suicide) et spirituellement (péché intrinsèque).
– La prière ne peut libérer quelqu’un que si la volonté de conversion est profonde et les moyens humains pris (situations fuies, thérapies…), et le combat sera en général présent jusqu’ la mort.
– Dans le mariage, la chasteté de l’un ne dépend jamais uniquement de l’autre (disponibilité, attractivité, écoute, douceur…), mais d’abord de la décision continue de fidélité mutuelle.
– Les péchés contre la chasteté sont extrêmement répandus, pour de nombreuses raisons, notamment aggravées par la pornographie, et nul ne doit penser que personne ne souffre d’une telle addiction autour de lui. Tous ont besoin du secours du Christ par l’Eglise.
– Toute personne pécheresse peut se convertir et être sauvée et tout mariage restauré si les moyens humains et spirituels sont pris au sérieux.
Ga 5,13 Vous en effet, mes frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement, que cette liberté ne se tourne pas en prétexte pour la chair; mais par la charité mettez-vous au service les uns des autres. 

2. Pourquoi la chasteté du couple
He 13,4 Le mariage est honorable en tout, et le lit conjugal exempt de souillure (et Dieu jugera les fornicateurs et les adultères).
Gaudium et Spes 51 exprime que les actes sexuels sont honorables et dignes, s’ils sont vécus dans le don de soi, la vraie confiance mutuelle, ie la chaste intimité.
1Co 14,33 Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix.
Cependant le péché originel a répandu un certain chaos des passions, ces inclinations psychologiques ont pris l’autorité de l’intelligence et de la volonté humaine et les dominent: Rm 7,19s: Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. Le seul remède est la grâce du Christ coulant de son cœur ouvert, à laquelle nous devons coopérer (1Co 3,9).
Augustin dit qu’après le péché d’Adam, l’harmonie a été perdue, le cœur de l’homme a perdu son intégrité; l’homme « n’aime plus Dieu plus que tout »; (Ex 20,3), mais son ego et le corps des autres.
La chasteté est la manière de retrouver cette harmonie et de vivre la charité dans cette dimension très belle et bonne, essentielle de toute être, qu’est la sexualité telle que Dieu la voulut lors de la Création.
Jean-Paul II dit (dans Amour et Responsabilité), que la chasteté est l’attitude transparente d’une personne envers l’autre sexe; et la vertu de modération est ce qui aide [les êtres raisonnables] à atteindre la perfection propre à notre nature. 
                      La sexualité n’est pas une activité anodine mais le langage complet de l’amour, qui ne peut être authentique que vécu dans la vérité. Tout geste sexuel porte ainsi une signification symbolique profonde; il inclut un signifiant (le geste) et un signifié (le message profond exprimé ou accueilli): tout acte sexuel doit donc refléter ce qui se vit dans la réalité quotidienne. Par exemple:
– se mettre à nu corporellement doit exprimer la franchise partagée dans la vie quotidienne des époux; la mise à nu des corps reflète la relation de confiance des âmes.
– se recevoir et se donner physiquement doit refléter ce qui a été vécu les jours passés par les services et attentions à l’autre.
Le dialogue des coeurs doit précéder le dialogue des corps (la réconciliation préalable est une nécessité).
La sexualité chaste est donc la communion des âmes (charité dans la Vérité), une anticipation de l’Amour céleste dépassant de bien loin le seul plaisir de l’orgasme.
BXVI Deus caritas est 4: L’eros a besoin de discipline, de purification, pour donner à l’homme non pas le plaisir d’un instant, mais un certain avant-goût du sommet de l’existence, de la béatitude vers laquelle tend tout notre être.
La chasteté est le moyen de recevoir la grâce divine aussi à travers l’acte conjugal, la jouissance (conforme à la raison) du bien objectif qu’est cette union conjugale.
Elle est l’ intégration intelligente et amoureuse des désirs sexuels et affections dans ton être personnel. Elle est une ordination du cœur humain, la transformation de tes désirs les plus profonds, de l’accomplissement de soi au don de soi, de la satisfaction simplement humaine à l’abandon à Dieu, du plaisir au don, de la puissance à la vraie liberté. Elle n’est certainement pas la suppression de nos désirs mais leur reconnaissance et intégration à une réalité supérieure: notre personne humaine créée selon l’image et la ressemblance de Dieu (Gn 1,26).
Prenons l’exemple de la faim: sa juste satisfaction  est intrinsèquement bonne, mais l’obsession de la nourriture est un désir désordonné allant même contre la nature comme le montrent tous les troubles qu’il entraîne. L’être charnel, non-intégré, accorde une importance excessive à sa sexualité qui prend une place démesurée dans sa vie, au détriment de son bonheur qui inclut toutes les dimensions de l’être humain.
                      Ta coopération à la grâce est un des dons de l’Esprit (Ga 2,22s): la maîtrise de toi. Dans le couple comme dans le célibat, tu es appelé à vivre la chasteté selon le mode propre à ton état de vie, c’est-à-dire à dominer tes passions selon le plan divin originel (avant le péché originel) pour recueillir les fruits de l’harmonie ou unité intérieure voulue par Dieu en toi et dans toute Sa Création. On ne peut se donner véritablement à autrui si on ne se « possède » pas ainsi d’abord soi-même.
L’amour conjugal (qui inclue comme expression par excellence la sexualité conjugale) vécu dans cette chasteté est une image de l’Amour divin absolu et indéfectible, et symbolise la donation complète de soi par Amour dans la Sainte Trinité. Le récit de la Genèse montre que Dieu pouvait très bien créer tout homme sans l’homme, toute personne humaine sans avoir recours à d’autre personne humaine, mais il a choisi d’avoir recours à l’être humain, masculin et féminin comme co-créateurs de toute nouvelle vie humaine, par la sexualité vécue selon son dessein.
Un rabbin dit: « Quand je connais ma femme, j’accomplis un acte sacerdotal« , car la femme est le temple de la vie. Elle a porté le salut du monde.
Les offenses à la chasteté conjugale sont tous les actes  niant un des 4 biens du mariage (unicité, indissolubilité, fidélité, ouverture à la vie -par exemple le viol, la masturbation réciproque, la pornographie qui est un adultère du cœur avec une autre femme…)
En revanche, la sexualité conjugale chaste renouvelle la communion intime de vie et d’amour des époux.

3. Honore donc la dignité et la vocation du mariage!
Un Chrétien est celui qui s’est décidé et prend les moyens de suivre le Christ, et accepte donc d’être à contre-courant comme Lui. Jésus n’a pas dit que ce serait facile, mais « prends ta croix et suis-moi« , et « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps« . Sa recherche par la grâce et notre coopération  est ce qui en rendent les fruits si doux.
Cherche les vertus cardinales de Tempérance et de Force (Sg 8,7), la possession de soi pour la donation de soi.
La chasteté est un chemin; on ne le parcourt ni rapidement, ni facilement, ni une fois pour toutes.  Elle est une coopération patiente, continue et exigeante à la grâce reçue en particulier par le moyen de tous les sacrements, elle est le mode concret de vivre la charité avec son conjoint. L’homme spirituel ou chaste n’est pas forcément celui qui ne tombe pas (Pr 24,16 Le juste tombe sept fois par jour mais il se relève) mais celui qui prend sérieusement tous les moyens de suivre le chemin de l’Evangile et de se relever avec pour motivation principale l’Amour de Dieu.

Vatican II, GS 17: C’est toujours librement que l’homme se tourne vers le bien. Cette liberté, nos contemporains l’estiment grandement et ils la poursuivent avec ardeur. Et ils ont raison. Souvent cependant ils la chérissent d’une manière qui n’est pas droite, comme la licence de faire n’importe quoi, pourvu que cela plaise, même le mal. Mais la vraie liberté est en l’homme un signe privilégié de l’image divine. Car Dieu a voulu le laisser à son propre conseil (Si 15,14) pour qu’il puisse de lui-même chercher son Créateur et, en adhérant librement à lui, s’achever ainsi dans une bienheureuse plénitude. La dignité de l’homme exige donc de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, motivé et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d’une contrainte extérieure. L’homme parvient a cette dignité lorsque, se délivrant de toute servitude des passions, par le choix libre du bien, il marche vers sa destinée et prend soin de s’en procurer réellement les moyens par son ingéniosité. Ce n’est toutefois que par le secours de la grâce divine que la liberté humaine, blessées par le péché, peut s’ordonner à Dieu d’une manière effective et intégrale. Et chacun devra rendre compote de sa propre vie devant le tribunal de Dieu, selon le bien ou le mal accomplis (2Co 5,10).