EVANGILES Intro
Origine du mot: Is 61,1 L’esprit du Seigneur YHWH est sur moi, car YHWH m’a donné l’onction; il m’a envoyé porter la bonne nouvelle (Besora tova en hébreu) aux pauvres, panser les coeurs meurtris, crier aux captifs la libération et aux prisonniers la délivrance. Basar = chair: incarnation (Jn 1,14).
L’Evangile, c’est le Christ, les Evangiles, ce sont les Ecrits. C’est pourquoi on dit toujours « Evangile de Jésus Christ selon … »
Irénée: « L’Evangile quadriforme. »
Gn 2,10 Un fleuve sortait d’éden pour arroser le jardin et de là il se divisait pour former quatre bras.
Sources:
Mt araméen
l \ Q (Césarée) Sources particulières
l X \ l
l / \ \ l
Mt Mc Lc
(Les évangiles n’ont pas été dictés tels quels: l’Esprit Saint est passé à l’époque apostolique par les témoignages mis en commun de plusieurs auteurs humains, dont seul Mathieu fut lui-même directement apôtre. On dispose de plus 26 000 manuscrits plus ou moins complets du Nouveau Testament (dont 5 700 en grec); leurs concordances et leurs différences tendent à montrer que l’Eglise voulait transmettre fidèlement tout ce qui était reçu, sans chercher à trafiquer un unique discours humainement convainquant.
Rq: La source Q atteste les titres « fils de l’homme, Seigneur, fils de Dieu », mais pas « Christ, Sauveur » -ni les mots: puissance, signe-. Aujourd’hui on ne pense plus que Mc soit le plus ancien.)
Versets communs entre évangiles:
|
Mt |
Mc |
Lc |
|
v. communs / 3 évg. |
387 – 406 (330?) |
|||
v. communs / 2 évg. |
130 – 145 |
41 – 60 |
(ces valeurs varient selon l’identification ou non des versets)
Mt-Mc: 600 ?
Mt-Lc: 176 – 184 (240?)
Mc-Lc: 350 ?
Lc: 17 paraboles propres
Mc: 7% de particularités
Mt: 42%
Lc: 59%
Comparaison:
– Marc: autre plan: Introduction (Mc 1,1-13)
Le mystère du Messie (1,14-8,30)
Jésus et le peuple (1,14-3,6)
Jésus et les siens (3,7-6,6)
Jésus et ses disciples (6,6-8,30)
Le mystère du Fils de l’Homme (8,31-16,8)
Le chemin du Fils de l’Homme (8,31-10,52)
Le jugement de Jérusalem (11,1-13,37)
La passion et la résurrection (14,1-16,8)
Epilogue (rajout): l’envoi (16,9-20)
– Luc:
* péricopes proprement lucaniennes (environ 500 versets propres):
Lc 1-2 Enfance
Lc 7,11: la résurrection du fils de la veuve de Naïm
Lc 7,36s: la pécheresse et les 7 démons (mais ~Jn)
Lc 10,38s: Marthe et Marie,
Lc 11: le bon samaritain
Lc 15: les paraboles de la miséricorde
La catéchèse sur la prière (Lc 18,1s veuve importune…)
Lc 17,11s: 10 lépreux
Lc 18: pharisien et publicain
Lc 19: Zachée
Lc 23: le bon larron (mais évoqué ds autres)
Lc 24: les pèlerins d’Emmaüs.
* paires (parallélisme est une façon de mettre en forme le matériel, exprimer une signification à partir d’une confrontation):
Jésus – Marie
JB – Zacharie
Femme aimante et pardonnée – Simon pharisien
Marie – Marthe
Publicain – pharisien
Pierre – Jh riche
Dieu – César
(Ac:) Pierre et Paul: chacun aura résurrection, guérison d’un paralytique, discours…
* Luc a vécu la condition des païens qui se manifestait par le rejet de ceux qui n’étaient pas du peuple juif. Il a donc une attention particulière aux:
. pécheurs: Zachée, la pécheresse où Jésus reconnaît le péché, mais offre la possibilité de recommencer, larrons, f pécheresse.
. étrangers: surtout les samaritains qui étaient d’un peuple hybride et donc méprisé. Il y a le bon samaritain, les 10 lépreux où seul le samaritain revient.
. femmes: elles n’avaient pas tous les droits. Cf. la Vierge avec l’annonciation, le magnificat, Elisabeth, prophétesse Anna; la veuve de Naïm Lc 7,11; pécheresse Lc 7; Jeanne femme de Chouza intendant d’Hérode et Suzanne, Lc 8,3; femme drachme perdue Lc 15,8; Marthe et Marie Lc 10; veuve/jge inique Lc 18,2,…
* Luc divise son œuvre en 2 tomes: l’Evangile et les Actes; il distingue ainsi le temps de Jésus et le temps des débuts de l’Eglise.
Construction symétrique et contrastée des 2 ouvrages:
. 2 prologues: Lc commence les 2 œuvres par une dédicace où il précise la méthode employée
. l’homogénéité de la langue et de la pensée
. tout commence à Jérusalem (Zacharie est dans le Temple)
. on part de Galilée pour monter à Jérusalem, lieu de la Passion
. toutes les apparitions de Jésus ont lieu à Jérusalem
. Pâques devient l’élément central
. l’évangile se termine dans le Temple (ie là où il avait commencé) où les apôtres prient et louent le Seigneur.
. les Actes commencent à Jérusalem (Pentecôte) et, en passant par la Samarie et la Judée, on arrive à l’extrémité des nations (= Rome)
– Jean:
* Comparaison de la Passion entre Jean et les synoptiques:
. Omissions de Jean:
a. Agonie à Gethsémani
b. Baiser de Judas
c. Procès juif devant le sanhédrin
d. Outrages en la maison du grand prêtre
e. Ténèbres à l’heure de la mort
. Ajouts en Jean:
a. L’impression de majesté de Jésus lors de l’arrestation (les gardes tombent)
b. Le passage devant Anne l’ex grand prêtre
c. ecce homo »
d. ecce rex vester »
e. La discussion sur l’écriteau écrit en trois langues au dessus de la croix: il reste écrit qu’il est le roi de Juifs et qui passait le lisait
f. Marie au pied de la croix
g. La référence à l’ agneau pascal et le coup de lance avec le sang et l’eau
. Grands blocs en Jean:
. La scène du jardin où Jésus dit « c’est moi« , révélant sa divinité par le nom divin. Celui qui est recherché pour être tué est celui qui guide toute chose.
. Devant Anne ex-grand prêtre (années 6-15), le reniement de Pierre et l’identité de Jésus révélée qui dit avoir « parlé ».
. Jésus devant Pilate, la vérité de ce qu’il est: « ecce homo; ecce rex vester ». il est revêtu des ornement royaux car il continue à être roi.
. Le titulus sur la croix en 3 langues que tous peuvent lire et où est encore révélée la royauté de Jésus.
. Marie au pied de la croix où elle est « femme » (si la préoccupation de Jésus fut sa mère, il y aurait pensé avant et aurait d’abord parlé à Jean pour la lui confier. Il faut une autre lecture plus ecclésiale et plus profonde. Jésus révèle la maternité divine de Marie).
. Le rappel de l’agneau pascal, car on ne brise pas les jambes de Jésus (cf. Ex 12,46 « et vous ne briserez aucun os »), il est mort à 15 heures alors qu’au Temple on sacrifiait les agneaux.
. L’eau et le sang où les Pères ont vu le baptême et l’eucharistie.
. La sépulture neuve au jardin avec Nicodème. Jésus est enterré comme un personnage important avec beaucoup de parfum: 100 livres = 32 kg!
* 7 signes chez Jean: dynamique relation entre les 7 miracles: itinéraire spirituel de l’âme vers D, 7 degrés de foi, gestation spirituelle, âges de la foi; Jean accompagne les âmes vers D. (p.Philippe Plet)
1 Qana: douceur et ivresse de la découverte de D. L’âme est appelée à suivre Jésus.
2 Guérison du fils de l’officier: Obéissance aux voies de D. L’âme apprend à recevoir de D sans exiger (gratuité); heure Passion et J pas sur place: sommes contemporains de l’événement.
3 Guérison du paralytique: abandon à D. L’âme entre dans la maturité de la foi, guérison de la volonté, apprentissage de l’humilité
4 Multiplication des pains: âme introduite dans la vie contemplative. D est source de la vie. Appel au saut dans la foi. Etre disciple.
5 Marche sur les eaux: accomplissement de la sortie d’Egypte: délivrance de l’esclavage des agitations du monde et du péché; plus de peur de la mort.
6 Guérison aveugle-né: âme comprend le mystère de la lutte Lumière/ténèbres. Contemplation, rec Vérité.
7 Résurrection Lazare: mort à soi-même et vie nouvelle. L’âme renaît en D dans la foi (c’est la mort à soi-même). Amitié avec X, association à sa Passion (persécution).
MIRACLES: voir le document
PARABOLES.
Environ 43: Mt: 20 (de 1 -5,13- à 17 versets); Lc: 17; 7 communes aux 3.
Para-bolein
Jeter auprès de: conduire vers un ailleurs: invite à une libre réaction personnelle.
Mashal (39 fois AT). 1ère: Natan 2S 12.
Le sens est dans l’élément principal, les éléments secondaires ne sont là qu’au service (vs allégorie) et ne sont pas à retenir.
On retrouve ces paraboles dans 3 grands contextes:
1- les situations conflictuelles ou d’incompréhension. Lc 15, Lc 7,36 , Mt 2,.33
2- les enseignements, où il s’agit de conduire son auditoire à une meilleure compréhension de qui Il est ou ce qu’Il doit faire (eg les ouvriers de la 11° heure, le fils prodigue, les remises de dettes, le festin des exclus…): morale
3- le Royaume de Dieu. Jésus ne dit jamais ce qu’est le Royaume mais Il dit ce à quoi il ressemble. Parfois du genre littéraire apocalyptique. Plusieurs types:
La parabole instaure le Royaume dans 3 perspectives:
. la croissance: cf. grain de sénevé
. la mise en cause du monde où nous sommes. Le Règne de Dieu se manifeste dans la rupture. La miséricorde bouleverse la justice
. l’invitation à un acte de liberté, dans la perspective d’un jugement à venir, en vue du Règne de Dieu.
COURANTS ET TENDANCES DU JUDAïSME DU NT
– Pharisiens (littéralement « séparés »): groupe religieux fervent, cherchant à observer en tout point la torah: pureté rituelle, observance du décalogue et des 613 commandements. Foi au monde surnaturel (anges, esprits), résurrection des morts. Particulièrement actifs dans les synagogues.
– Sadducéens (d’après Tsadoq, chef des prêtres à époque de David, 2S 15,24): retiennent la torah au sens strict (pentateuque). Pour eux, il n’y a pas de surnaturel en dehors de Dieu: espérance d’un bonheur terrestre. Ils sont chargés du Temple (aristocratie sacerdotale), et pour cette raison parfois compromis avec l’occupant romain.
– Scribes et Docteurs de la Loi (Légistes): Parmi les sadducéens et pharisiens, leur rôle était l’interprétation juridique et exégétique de la Torah. Ils étudiaient et enseignaient à al fois la torah écrite et la torah orale (tradition qui sera mise par écrite dans la mishnah, noyau du talmud au IIIè siècle).
– Hérodiens: partisans d’Hérode et collaborateurs des Romains.
– Publicains: tièdes, ne pratiquant plus la Loi. Ces Juifs étaient souvent collecteurs d’impôts, militaires, prostitués… Ils étaient considérés comme apostats et renégats par le peuple, des pécheurs publics.
– Zélotes (Qanaim): Nationalistes et fanatiques (proche des pharisiens par l’amour de la torah). Attendent un Messie-Roi (politique); zélés pour le Nom de Dieu. Ils sont à l’origine de la destruction du Temple (70) et de la diaspora (135).
– Samaritains: secte issue du Judaïsme depuis la chute de Samarie en -721, peuple composé de descendants de Juifs non déportés ou rapatriés et de populations exogènes installées par les Assyriens. Leur religion, proche du judaïsme est un syncrétisme de traditions religieuses juives et assyriennes. Considérés par les Juifs comme idolâtres.
– Esséniens de Qumrân: communauté eschatologique née de la révolte des Maccabées. Refus de fréquenter le Temple, car le peuple s’est compromis avec l’occupant (païen). Médite le prophète Isaïe et, attente de la venue imminente du Messie. Leur pratique consiste également dans le baptême d’eau, pour accéder à leur vie communautaire.
– Baptistes: disciples de Jean Baptiste, que l’on appelle aussi les Johannites (Jn 19,1-7)
Trois grandes Institutions juives du temps de Jésus:
. le Temple: lieu de la présence de Dieu, des 3 pèlerinages annuels et sacrifices quotidiens
. la Synagogue: à partir de l’exil à Babylone, lieu des trois prières quotidiennes, commentaires de la Torah et étude (beit midrash)
. le Sanhédrin: assemblée des 70 anciens, sorte de Sénat; appelé aussi le grand conseil des sages d’Israël (de toutes les tendances: pharisiens, sadducéens….)
Types d’attentes messianiques:
* Messie-Roi: Ben David: / Hérodiens, Zélotes, Pharisiens et Sadducéens, disciples du Nazaréen.
* Messie-Prophète: / Esséniens, Baptistes, Pharisiens, disciples du Nazaréen
* Messie-Prêtre: Ben Aaron / Sadducéens, disciples du Nazaréen.
+ Ben Yosef
Théorie des sources 2011, synthèse Petitfils: