Marie toujours Vierge
La virginité de Marie n’est certes pas le centre même de la Foi mais elle est ce qui convient le mieux au cœur de la Foi.
Marie est mère seulement du fils de Dieu selon la chair, pour qu’en Lui tous les hommes soient ses enfants selon l’Esprit.
C’est ce qui est cru dans l’Eglise (catholique, orthodoxe, ainsi que chez de nombreux protestants), depuis l’Antiquité, en tout lieu, par tous et en particulier par les Saints.
Attention de pas évacuer ce que l’Incarnation contient de mystérique et d’incompréhensible, au prétexte de rendre la foi plus concevable, acceptable, naturelle, efficace, humainement plus prosélyte, et moins transcendante…
1Co 2:5 Que votre foi ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu!
DANS L’ECRITURE
– Is 7:14: La prophétie de l’Emmanuel: qu’une jeune femme enfante ne serait pas un signe, si elle n’avait pas pris l’engagement de la virginité. Le grec, le syriaque et le latin disent bien « la vierge ». (La jeune fille alma signifie de toute façon aussi « vierge » dans la culture de l’Ancien Orient .) L’article défini (« la ») indique davantage un état permanent.
– Lc 1:34 « Comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge? »; si Marie n’avait pas pris cette résolution définitive, il lui aurait suffi de consommer son mariage. Sarah (Gn 18), Anne (1S 1) et la Shunamite (2R 4) reçoivent de pareilles promesses et ne posent aucune question, sachant bien ce qu’elles ont alors à faire. Dans le judaïsme antique, l’obligation de se marier n’existait que pour les hommes (Yebamot 65b s’appuyant sur Gn 1,28 non vocalisé) et avec des exceptions (Elie ; Naziréat à vie Jg 13,5 Samson ; 1Samuel 1,11 ; Jérémie 16,2; cf. Ezékiel 24,16; JB Lc 1,15; Esséniens; Ben ‘Azzai – Yebamot 63b), et pour les femmes la possibilité de voeux (Mishnah Qidushin 2,5 et traité Nedarin).
– Lc 1:49 « Le Seigneur fit pour moi des Merveilles! » Les évangiles sont des textes juifs incarnés, non des abstractions spiritualisantes en vue d’édifier. Cette merveille, c’est l’enfantement alors qu’elle a pris la résolution de demeurer vierge auprès de Joseph. Rien pour indiquer que cette résolution ait changé ensuite.
– Mt 1:2.11.16: Lorsque dans une génération de la généalogie du Christ, on identifie les frères d’une personne, le texte les mentionne par « et ses frères »; ce n’est pas le cas pour Jésus au dernier verset.
– Mt 1:20: L’ange dit à Joseph « Ne crains pas. » Il aurait pu lui dire « Ne suspecte pas Marie » ou « Ne lui reproche rien »; la simple lecture psychologisante est réductrice; l’Ecriture évoque plutôt la « crainte sacrée » devant l’enfantement de Celui que l’ange a désigné ainsi (Lc 1,32-33): « Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-haut; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père; 33 et il régnera… toujours« ; Joseph qui vient d’être appelé « Fils de David » comprend qu’il est impliqué en première place et prend conscience de sa petitesse devant ce qui se passe chez sa fiancée.
– Mt 1:25: le « jusqu’à [ce qu’elle ait enfanté] » n’implique pas la « consommation » ultérieure ou un changement (//2S 6:23; Gn 8:7; Dt 34:6; Jn 9:18; 1Tm 4:13; 1Co 15:25; Ac 25:21 et 27:1: il s’agit aussi d’états définitifs).
– Lc 2:41-51: Dans l’épisode de Jésus à douze ans au Temple, s’il avait eu des frères (4 ou 5 selon certains), le texte l’aurait bien plus probablement mentionné dès ce moment.
– Jn 19:26-27: Jésus confie Marie à Jean, et non pas à l’un de ses « frères »: a fortiori dans la culture orientale, s’il avait eu des frères de sang, c’est à ces autres frères et non pas à Jean qu’il aurait confié sa mère. L’argument que des frères de sang étaient absents au pied de la croix ne vaut pas, car Jésus qui est Dieu connaissait sa Passion qu’il avait annoncée: il aurait pu prendre d’autres dispositions par avance, par exemple la veille lors de l’institution de l’Eucharistie, son « Testament ».
– Ap 11:19-12,3: Marie est l’Arche de la Nouvelle Alliance, et la Virginité est ce qui convient à ce mystère révélé.
– Marie toujours vierge a eu pour antetype le Saint des Saints du Temple, où seul le Grand Prêtre pénétrait avec crainte une fois par an (Siracide 50).
VOCABULAIRE biblique
« Frères de Jésus » = membres de la parenté de Jésus
En hébreu et en araméen, ‘ah signifie indifféremment frère de sang, demi-frère, neveu ou cousin. Peu importe la langue finale d’écriture des évangiles, les rédacteurs ont en tête la culture judéo-araméenne. Or il n’y a pas de mot en hébreu ou en araméen pour dire « cousin ». Ce sont les mots « frères » et « sœurs » qui désignent la parenté proche. La tradition orale s’est fixée en araméen avant d’être écrite en grec dans l’Évangile. C’est dans cette culture orale que s’est fixée l’appellation « frères de Jésus » pour désigner ses proches parents. Ce « titre de gloire » reconnu aux cousins de Jésus fut conservé quand l’Evangile a été écrit ou traduit en grec, de même que les LXX ont traduit servilement l’original hébreu de l’AT en utilisant le terme grec « adelphos » frère, et non « anepsios » cousin, lorsqu’il y a un rapport de parenté plus lointain.
Il y a d’abondantes attestations de cet usage: par exemple Lot et Jacob qui sont les neveux, respectivement, d’Abraham (Gn 11:27; 14:12), et de Laban (Gn 29:12); sont appelés leurs frères (Abraham-Lot: Gn 13:8; 14:14; Laban-Jacob: Gn 29:15).
Dans le Nouveau Testament grec, « frère » a souvent une signification qui n’est pas biologique: adelphos se rencontre 41 fois avec le sens de « frères biologiques« ; 213 fois dans le sens « adeptes d’une même religion »; 22 fois comme « collaborateurs proches » dans les épîtres de Paul et Pierre; 42 fois comme « membres d’une même communauté ou famille ».
La « sœur« de Marie au pied de la Croix, qui est sûrement sa cousine. Jn 19:25: Marie, sœur de Marie la mère de Jésus. Il ne peut bien sûr s’agir d’une sœur de sang ou même d’une demi-sœur car les parents n’auraient pas donné le même prénom à deux enfants.
La fameuse mention des « frères de Jésus » (Mt 13:55; Mc 6:3) ne peut être lue isolément mais se rapporte à:
Mc 15:40 (cf. Mt 27:56) « Il y avait aussi des femmes qui regardaient à distance, entre autres Marie de Magdala, Marie mère de Jacques le petit et de Joset… » Cette « Marie » est aussi appelée plus loin « Marie, [mère] de Joset » (15:47), puis « Marie [mère] de Jacques » (16:1). Lc 24:10 fait encore mention de « Marie, celle de Jacques« . Si c’était la même Marie que la « mère de Jésus », aussi présente (Jn 19:25), Mc et Mt l’aurait simplement dit directement et brièvement. Ce Jacques est fils d’Alphée (Lc 6:15; et non de Joseph), en plus de l’autre Jacques fils de Zébédée.
Les frères de Jésus ne sont donc pas enfants terrestres de Marie mère de Jésus, ils ont pour mère selon la chair une autre Marie; ils sont précisément cousins de Jésus.
« Frère » a aussi souvent un sens spirituel, par exemple Mt 23:3: « Vous êtes tous frères ».
« Premier-né » (Mt 1:25: prôtotokos), ou en hébreu « celui qui ouvre la matrice », n’implique en rien qu’il y en ait eu d’autres (cf. Ex 13:2).
« Epouse » de Joseph (Mt 1:24) n’écarte pas non plus l’exception de la virginité et d’un sens non littéral (cf. Is 54:5). La paternité adoptive de Joseph est ainsi authentique, afin que Jésus soit le vrai Messie « fils de David » (cf. 2S 7:14; Is 11:1s; He 1:5; Ap 22:16).
« Cousin », en grec anepsios, ne se trouve que 4 fois dans l’Ecriture, contre 1269 fois le mot « frère »/adelphos, ce qui montre que le sens de ce dernier mot s’est extraordinairement élargi, en particulier dans le grec néotestamentaire extraordinairement sémitisé.
p.Renaud Silly op (passage): Les frères de Jésus se nomment « Jacques et Joset, Jude et Simon » (Mc 6:3). Joset étant une forme hellénisée de Joseph, l’usage juif de la papponymie (on donne à l’enfant un des prénoms de son grand-père et non de son père) exclut l’existence d’un fils de saint Joseph prénommé comme lui.
Mc 15:40 près de la croix de Jésus « Marie, mère de Jacques et Joset« . Si cette femme était la mère de Jésus, on la présenterait comme telle, non pas comme mère de Jacques et Joset.
Mt 27:56, elle fait partie de l’entourage féminin qui accompagne Jésus depuis la Galilée. Il est donc impossible qu’il s’agisse de sa mère. Encore vivante lors de la Passion, comme la mère du Christ, cette seconde Marie ne peut avoir été l’épouse de Joseph qui, comme juif pieux, n’était pas polygame.
Nommés deux fois ensemble et dans le même ordre, « Jacques et Joset« forment un duo aisément identifiable, le premier n’étant autre que le chef de l’Église de Jérusalem, tenu pour un saint par ses fidèles comme par les Pharisiens, mort en glorieux martyr en 62 ou 67. Il est donc prouvé que Marc peut présenter ces deux hommes comme frères de Jésus, employant pour cela un terme qui, en pur grec, désigne des frères de mêmes père et mère, tout en ayant parfaitement conscience qu’ils ont des parents différents. Ce fait ruine l’argument philologique sur lequel s’appuie Chandernagor, à savoir que les auteurs du NT emploient toujours les termes au sens propre qu’ils ont en grec. Certes, Paul possède parfaitement cette langue. Pourtant, même s’il avait cru lorsqu’il nomme ce Jacques frère du Seigneur (Ga 1:19) qu’il était le fils de Joseph et Marie, le témoignage de Marc suffirait à nous prouver qu’il se serait trompé. Le fait que Jacques soit encore nommé « frère de Jésus, le Christ » par l’historien juif contemporain Flavius (Ant. XX,200) laisse entendre qu’il s’agit d’un titre traditionnel, glorieux, que Paul n’était pas libre de lui dénier même s’il percevait son impropriété dans sa langue.
TRADITION et LITURGIE UNANIMES
Grégoire de Nazianze (+390) appelle « athées » ceux qui admettent que Marie ait eu des relations sexuelles.
Grégoire de Nysse (+392) voit dans la terre vierge dont furent pétris Adam et Ève, dans le tambourin que frappe Myriam sœur de Moïse, dans le buisson ardent qui brûle sans se consumer, dans la porte close d’Ézéchiel, dans la manne que l’on trouve sur la terre non labourée, autant de symboles de la virginité de Marie.
Athanase Disc. vs Arian. 4,2,70: Que ceux qui nient que le Fils est par substance du Père mais avec sa propre nature nient aussi qu’il a pris sa vraie chair humaine de la toujours vierge Marie ».
Hilaire de Poitiers (+366) déclare que nier la virginité perpétuelle de Marie c’est être « irréligieux et étranger à la doctrine spirituelle ».
Jérôme est tout à fait catégorique sur la virginité « post partum« . Son Adversus Helvidium est un véritable pamphlet où le téméraire Helvidius est littéralement mis en pièces avec une ironie cinglante. Jusqu’à l’époque moderne, plus personne ne se risquera à contester la virginité « post partum« .
Augustin traduit la foi de l’Église en une formule lapidaire: « virgo concepit, virgo peperit, virgo permansit » (vierge elle a conçu, vierge elle a enfanté, vierge elle est demeurée). Cf. Léon le Grand, S 22,2.
Cyrille d’Alexandrie Hom. 4, PG 77,991.995 (concile d’Ephèse 431): Célébrons par nos louanges Marie toujours vierge (Aeiparthene), qui est le saint Temple de Dieu, c’est-à-dire l’Église; et son Fils, son Époux immaculé!
Thomas d’Aquin résume toute la tradition patristique: « C’est une abomination l’erreur d’Helvidius qui dit que Marie engendra d’autres fils à Joseph« .
Luther et Calvin, sont de farouches tenants de la virginité post partum. Luther va même jusqu’à traiter de « gros porcs » ceux qui la nient !
St Léon le Grand pape (+461) dans la célèbre lettre dogmatique appelée le Tome à Flavien enseigne que « le Christ a été conçu par le Saint-Esprit dans le sein de la Vierge mère qui enfanta sans perdre sa virginité, comme sans perdre sa virginité elle l’avait conçu ». La constance du Magistère sur ce point fut dès lors sans faille jusqu’à nos jours. Vatican II lui-même, après avoir rappelé la conception virginale, parle de la nuit de Noël où « la Mère de Dieu présenta dans la joie aux pasteurs et aux mages son fils premier-né, dont la naissance était non la perte mais la consécration de son intégrité virginale » (LG 57).
Hégésippe originaire d’Orient, probablement de Palestine, écrivit vers 150-200 des « mémoires » dont Eusèbe de Césarée rapporte plusieurs extraits. Il rapporte que Simon et Jude sont des cousins du Seigneur. Simon était « le fils d’un oncle du Seigneur », « fils de Cléophas, frère de saint Joseph ». (Eusèbe, HE III, 11-12, 19-20). Après le martyre de Jacques, Simon fut nommé évêque « parce que c’était un second cousin du Seigneur« : « second » est à comprendre en lien avec Jacques, qui devait donc être aussi le cousin de Jésus (et non pas son frère au sens strict).
Aeiparthénos