Vivre selon sa conscience, ou être libre.


 
 

Vivre selon sa conscience


Tu expérimentes que tes actes peuvent provoquer du bien ou du mal chez toi et chez les autres?
Tu te rends compte que tu as parfois fait des bêtises simplement pour n’avoir pas au préalable réfléchi suffisamment à la nature de tes actes?
Tu désires être libre, c’est-à-dire vivre selon de vrais choix fondamentaux et pas selon les influences ou conditionnements psychologiques du moment?
Alors éduque ta conscience, et accomplis ce qu’elle te montre.

Ta liberté de conscience est le test de tous tes droits, ton droit fondamental avec le droit de vivre (ta conscience est la vie de ton âme!). Beaucoup dans l’histoire ont même préféré se laisser tuer que de laisser une personne extérieure contraindre leur âme! Elle est un élément fondateur de ta dignité humaine, alors chaque jour, prends en conscience et fais en usage!: c’est l’heure de recourir à notre intelligence, aussi limitée soit-elle…

1. Ta conscience est:
Ton cœur: l’être humain cherche à comprendre la réalité à partir de lui-même, de ce qu’il y a de plus profond en lui.
On distingue la conscience morale et la conscience psychologique (ou activité de la connaissance du sujet qui revient sur lui-même). Elles se distinguent et se complètent mais ne se séparent pas, autrement on tombe dans une schizophrénie entre intelligence (discernant le vrai et le faux) et volonté (choisissant entre bien et mal).

– Une voix intime. Au sens large, la conscience morale est la connaissance personnalisée de la Loi naturelle et divine: tu peux constater dans la nature certaines lois universelles (désir d’être aimé et d’aimer, désir de la lumière, désir du bonheur…) – Dieu a ordonné le monde en le créant (cf. 1Co 14,33). Dieu étant Parole (Jn 1,1), Il ne cesse de parler à ceux qui veulent bien L’écouter et de leur dire qui Il est, ce qu’est la Création, et ce qui est bon pour elle. La dignité de l’homme est en particulier d’écouter cette voix.
Jr 31,33 Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur; alors je serai leur Dieu et ils seront mon peuple.
Newman lettre au Duc de Norfolk 5: La conscience nous parle à travers le voile, nous instruit et nous gouverne. Elle est le premier de tous les vicaires du Christ.
Cette voix te porte un message, un contenu: ta conscience te parle de ta vie, du bien que tu as à faire, et du mal à éviter de causer.
De la connaissance du vrai et du faux, jaillit la conscience du bien et du mal: c’est la vérité (qu’est le Christ, Jn 14,6) qui éclaire la conscience (si cette dernière l’accepte); vérité et liberté sont indissociables.
Jn 8,32 Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous libérera.

– Le socle de toutes tes décisions libres: si ta conscience est droite (ou libre), elle reconnait et t’indique où sont le bien et le mal. Ta volonté peut alors s’exercer librement, dans la lumière tu peux agir pour chercher à atteindre les buts fondamentaux que tu t’es reconnus.
Sur ce socle de ta conscience peut s’exercer la prudence (vertu cardinale en Sg 8,7) qui n’est pas selon un sens psychologique réducteur le refus du risque, mais ce qui dirige les opérations (Evagre) vers le bien, et conforme l’action à sa vérité pratique (Thomas d’Aquin), en refusant tant le manque de considération de tes actes que l’inaction et le manque de détermination.
Jn 3,21 Celui qui fait la vérité vient à la lumière.
Ep 4,14 Nous ne serons plus des enfants, nous ne nous laisserons plus ballotter et emporter à tout vent de la doctrine, au gré de l’imposture des hommes et de leur astuce à fourvoyer dans l’erreur. 15 Mais, vivant selon la vérité et dans la charité, nous grandirons de toutes manières vers Celui qui est la Tête, le Christ.

– Ton sanctuaire: pas seulement ce que tu ressens, mais le siège de ta liberté intérieure, le lieu où dans la Foi, Dieu demeure et te parle! Quelqu’un (homme ou diable) peut éventuellement blesser ta psychologie et tuer ton corps, mais nulle autre autorité ne peut-avoir d’emprise sur ce sanctuaire inviolable. Ta liberté est en effet l’image ou le reflet de la liberté de Dieu te créant.
Si 15,14 Le Seigneur a créé l’homme au commencement et l’a laissé à son propre conseil.
Ga 5,1 C’est pour la liberté que le Christ nous a libérés.

– Ta responsabilité: ta conscience doit être éclairée, formée, éduquée c’est à dire grandir; avant de devenir responsable devant ta conscience tu es responsable de ta conscience. La conscience n’est jamais refermée sur elle-même, elle est toujours ouverte, elle veut grandir dans une plus grande lumière. La liberté intérieure n’est jamais acquise, c’est un chemin. A cette fin, l’Ecriture confiée par le Christ à l’Eglise, la Tradition qui la porte, et le Magistère qui l’enseigne (grâce à l’Esprit Saint que le Christ a insufflé) sont la lumière que le Christ a disposée pour toi.

Dieu, par l’Eglise, ne te dicte rien (seuls une mauvaise expérience passée et un sentiment inconscient de culpabilité peuvent faire dire le contraire) mais te propose un chemin évitant les influences et entraves des vrais conditionnements.



2. Comment éduquer et suivre ta conscience?
Désire et recherche de tout ton être la Vérité (pas une idée, mais selon la foi chrétienne, la personne même du Christ).
Mets toi à l’écoute de cette voix intérieure. Pour l’écouter, le silence et la paix au moins intérieurs sont nécessaires.
Ecoute la Parole de Dieu: l’Ecriture, les écrits des saints, la Tradition, l’enseignement de l’Eglise: Dieu ne se tait pas!
Jn 1,9 La Parole est la Lumière véritable, venue dans le monde pour éclairer tout homme.
Si tu le sais, ce serait un péché devant Dieu que de ne pas vouloir L’écouter et ne pas reconnaitre Son autorité.
Prie: pour rencontrer Dieu en profondeur; c’est le chemin le plus direct.
Recherche l ‘intériorité: humilité, prière, dialogue, confiance en qui le mérite, sens des proportions entre les réalités, liberté de cœur, humour avec soi-même, écoute intérieure, amour du vrai et du bien (descends dans ta conscience d’amour)
Ecris pour comprendre son message, cela aide à y voir clair.
Parle à quelqu’un en qui tu as confiance accompagnateur spirituel), pour vérifier que tu ne te trompes pas.
Connais-toi toi-même, accepte le réel, reconnais tes conditionnements.
Sois honnête avec toi-même: si ta conscience te montre quelque chose, ne te voile pas la face, reconnais-le.
Décide-toi à la suivre; autrement tu divises ton être et ne peux pas durablement vivre la paix du cœur. Avoir une conscience lucide mais ne pas en tenir compte serait comme ligoter en cours de route le conducteur d’une voiture.


3. Difficultés possibles
– Le difficile silence. Persévère, car il permet de trouver ce qu’il a de plus beau en soi, un cœur qui veut aimer, selon l’image de Dieu.
– L’indépendantisme absolutiste: moi seul, je sais ce qu’il faut que je fasse, les autres n’y connaissent rien… Oui toi seul fera ce que tu as à faire, mais il vaut mieux que tu te fasses du bien. Et ne pas tenir compte de l’expérience de milliards de croyants depuis 4 000 ans n’est très probablement pas le plus intelligent.
– L’hésitation: tu ne sais pas si ce que tu fais est bien! Parle avec quelqu’un, on n’est pas fait pour vivre seul dans son coin. La seule chose que Dieu veut, c’est ton bonheur, mais il ne le peut pas sans toi.
– La faiblesse: Rm 7,19 Je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas.
C’est en réalité une bonne nouvelle: tu es pécheur, tu en a pris conscience et tu perçois ton besoin du Sauveur; Celui-ci te relèvera autant de fois que tu te tourneras de tout cœur vers lui, te disant: Jn 8,11 Je ne te condamne pas, va, désormais ne pèche plus.
– Le scrupule, ou sentiment de culpabilité obsédant ta conscience. Se fait rare apparemment aujourd’hui, car il est refoulé (chez ceux qui par idéologie nient toute idée de bien et de mal), mais il revient au galop. En réalité c’est le Christ seul qui en libère: une conscience éclairée par la Vérité qu’est le Christ reconnait humblement son péché, se laisse pardonner, et met toute sa confiance dans la Miséricorde toute-puissante de Dieu. La conscience bonne n’est pas la bonne conscience autosatisfaite, mais la connaissance confiante de la volonté de salut de Dieu pour tous et des exigences concrètes que cela implique pour y coopérer.


4. Fais usage de ta conscience dans une situation:
– Discerne la situation:
Qui cela implique (Dieu, les autres, toi-même). Attention, dans la communion des saints, tout ce que je décide a des répercussions sur autrui.
Objectivise le problème: analyse le comme si tu n’étais pas du tout impliqué mais devais conseiller quelqu’un d’autre (prise de distance nécessaire).

– Evalue les décisions possibles
* Finalité de ton acte
* Conformité avec tes choix fondamentaux
* Compare les avantages et inconvénients des autres décisions
* Détermine le moment opportun
* Dans quel sens ton goût te porte, ton désir s’oriente, ta raison penche?
Accepte d’avance certains renoncements pour choisir un plus (et mieux!)
Newman: Nous faisons avancer la vérité par le sacrifice de nous-mêmes.
* Complément d’information en cas de doute: probabilisme modéré (rechercher un jugement équilibré), se situer par rapport à la coopération, à l’acte à double effet, repérer les position extrêmes (désamorcer les faux problèmes).
* Intériorise ta décision.

– Agis avec diligence, détermination et constance: adhère à ta propre décision (accepte les conséquences inévitables –agir, c’est-à-dire choisir, c’est renoncer, faire le deuil des autres possibilités); et persévère.
Saint Michel Garicoïts: "Me voici, sans retard, sans réserve, sans retour, par amour pour la volonté de mon Dieu".


(Développé à partir de T.-M. Pouliquen, Suivre sa conscience, Paray-le-Monial, Emmanuel, 2005)