Fiançailles
L’amour n’est pas un paquet tombé d’en haut, ni un état auquel on ne pourrait rien, mais une construction continue.
Le mot « fiançailles » à l’époque moderne est employé dans beaucoup de sens différents et même contradictoires. Pour les uns, ce serait « vivre ensemble sans être mariés »; pour d’autres, « sortir avec quelqu’un », entretenir une relation avec un copain, une copine, de façon un peu plus suivie que le simple flirt (toutes choses absentes du chemin proposé dans les Saintes Ecritures…: à chacun de choisir en profondeur ce qu’il veut suivre), un rite suranné rimant avec Versailles, l’officialisation vis-à-vis de l’entourage d’une relation amoureuse…
Mais les fiançailles chrétiennes désignent une réalité bien précise: fiançailles vient du latin fides qui veut dire foi. Se fiancer est donc, étymologiquement, donner sa foi, sa parole, s’engager. Or, aujourd’hui, moins de 10% des jeunes qui se marient à l’église ont vécu ces fiançailles.
Les fiançailles chrétiennes, à redécouvrir, ne sont ni un faux mariage à l’essai, ni une salle d’attente passive, mais un temps de préparation active, le moyen profond et complet de se préparer à un changement radical de vie, dans toutes ses dimensions: l’amour mutuel et pour toujours d’une personne adulte de l’autre sexe, avec les sentiments, la psychologie, le corps, l’intelligence, la volonté de chacun, et pour les croyants le roc et la source qu’est la Foi.
Les fiançailles sont ainsi l’Ecole de l’Amour conjugal, un travail essentiel de fondation, où la connaissance (la Vérité) vient permettre et renforcer l’Amour (cf. Ps 85,10), une période intense de formation et aussi de discernement, où les amoureux prennent le plus sérieusement possible le temps et les moyens adaptés de vérifier qu’ils sont capables de passer cette existence ensemble, que cet engagement est libre et réaliste. En apprenant à se connaître de manière suffisamment profonde, on éprouve les conditions de compatibilité psychologique (caractère, aspirations communes, volonté de se donner à l’autre) pour toujours. En Occident, nous mettons parfois plus de 20 ans de scolarité et d’études à nous préparer pour notre vie professionnelle: notre vie affective et familiale, de laquelle dépend au premier chef notre bonheur d’un point de vue humain, devrait être préparée non avec une telle durée, mais au minimum avec le soin qui y correspond. Selon l’espérance de vie actuelle, nous avons 16 000 soirées à passer ensemble avec notre conjoint!
Les fiancés cherchant à écouter le Christ et à se respecter pour mieux s’aimer sont encore des célibataires, ils se savent appelés au mariage, ont un projet de vie commune, mais pas encore de promesse définitive. Même fiancés, on doit pouvoir encore se dire non et changer d’avis si on constate que c’est nécessaire.
Les fiançailles sont le temps pour élaborer clairement le projet commun, c’est-à-dire l’orientation générale que les conjoints vont donner à leur vie de couple: ils vont construire une histoire commune, fruit de leurs aspirations. Pour cela, il est indispensable que chacun ait d’abord un projet personnel: que vais-je faire de ma vie? Quelles sont mes désirs profonds? Qu’est-ce qui est essentiel, prioritaire pour moi? (la famille? le travail? les enfants? mon hobby? mes amis?…) Nos priorités sont-elles compatibles? Non seulement maintenant mais aussi à long terme? Bien entendu, il n’est pas nécessaire de « tout » prévoir: l’existence est suffisamment riche en imprévus et rebondissements pour mettre à mal les meilleurs projets. Mais que de drames évités si les amoureux prennent le temps d’aborder au préalable tout grand sujet important et de s’accorder…
Pour être un temps de rapprochement profond, les fiançailles sont aussi un temps de recul, nécessaire à la liberté intérieure, où on évite de se laisser submerger par la seule affectivité comme dans les temps suivant un coup de foudre. Ne t’appuie pas sur la seule passion qui est changeante, mais fais de ton fiancé/ta fiancée ton meilleur ami: l’attirance physique et l’affection psychologique (le sentiment) sont un minimum vital pour le mariage mais ne peuvent certainement pas en constituer le socle, sinon ce ne serait qu’une recherche de satisfaction égocentrique, et une fondation aussi instable que le sable auprès des vagues.
On y sort du mythe immature de l' »âme soeur » ou du « double »; l’expression « faits l’un pour l’autre » est une illusion et une réduction de la grandeur de l’Amour en une rêverie à l’eau de rose: Dieu ne prédestine pas mais laisse aux êtres humains la liberté de choix et la responsabilité de construire en coopérant (1Co 3,9) avec Lui (cf. Ps 127,1) et toute la vie l’édifice familial. La question n’est pas de choisir la bonne personne, mais de poser le bon choix: conscient et libre: il est nécessaire de se demander si rationnellement, il est réaliste de passer toute sa vie avec cette personne. Une bonne personne, est celle avec qui tu te rapproches de Dieu, but ultime de cette existence.
On y grandit ainsi dans le réalisme: se dire mutuellement: « Je te décevrai et tu me décevras; je te ferai souffrir et tu me feras souffrir. »
La finalité des fiançailles et du mariage est la communion complète d’un homme et d’une femme (l’ouverture à la vie sera certes une des composantes essentielles et des conditions de validité du mariage, mais la fécondité elle-même est un fruit à accueillir et non le but premier; autrement l’amour lui-même serait accessoire -un moyen au lieu d’être une fin-, et en cas de stérilité ou après la ménopause, le mariage cesserait d’exister…).
Dieu étant l’unique source de l’Amour et du bonheur, l’accomplissement de toute attente, il est important de ne chercher l’Absolu qu’au lieu où il se trouve. Demande une personne qui aimerait encore plus Dieu qu’elle ne t’aimerait toi. Il ne s’agit pas d’informer simplement Dieu de notre amour puis de notre mariage, mais de Le reconnaître comme la Source, de le remercier et si l’on veut durer et être heureux, de se brancher pour toujours dessus.
7 fondamentaux des fiançailles:
1. Se fiancer aujourd’hui: à contre-courant
Que signifie se « préparer » au mariage?
– Est-ce « s’essayer » mutuellement: « si ça colle entre nous, au lit et dans le rangement de l’appartement, on peut se marier »? Dans ce cas comment expliquer que ce sont les couples qui ont cohabité qui divorcent le plus ? Les relations précoces ne préparent pas au mariage, mais plutôt au divorce.
– Est-ce se donner simplement un tout petit peu pour découvrir l’autre déjà « sous toutes les coutures », sans comprendre que donner son corps c’est déjà se donner entièrement, en échangeant le signe le plus fort qui soit de l’alliance entre deux personnes?
Chaque être humain est une unité entre corps, âme et esprit (cf. 1Th 5,23): donner ainsi le plus grand signe que le corps puisse donner implique en réalité toute la personne et crée un lien engageant tout l’être en profondeur, qu’on ait l’honnêteté de se l’avouer ou non. Une rupture (qui doit être envisageable durant les fiançailles si l’on veut se marier pleinement libres) sera alors immensément plus difficile et douloureuse.
Qui n’est pas chaste avant le mariage montre à son futur conjoint qu’il est capable avoir des relations avec quelqu’un qui n’est pas son conjoint, ie hors de l’engagement, simplement lorsqu’il est amoureux ou éprouve du désir.
L’expérience montre que si la relation sexuelle est prématurée, même dans la vie habituelle d’un couple marié (illusion de la « réconciliation sur l’oreiller »), elle court-circuite complètement la communication profonde alors qu’elle devrait en être le couronnement. Le temps des fiançailles est celui de la construction d’un socle solide de la communication, pas déjà son accomplissement.
Qui n’est pas chaste avant le mariage montre paradoxalement à son futur conjoint qu’il ne l’aime pas assez pour être capable de s’empêcher d’avoir une relation avec quelqu’un qui n’est pas son conjoint, ie hors engagement. Il couche parce qu’il est tombé amoureux, et cela peut se produire de nouveau.
– Ou est-ce apprendre à s’aimer, se découvrir par le dialogue, le partage d’activités amicales, la rencontre de chaque famille? Est-ce le temps de la tendresse qui n’exclut pas l’attirance charnelle mais qui veut réserver pour le mariage le don total du corps et du cœur?
Le théologien Xavier Lacroix note: « Une décision véritable doit mûrir de l’intérieur et non être comme dictée par les circonstances. Et le meilleur moyen d’intérioriser une décision est de savoir attendre. Attendre signifie savoir supporter la distance, la solitude et même le vide. Eprouver sa liberté, se mettre en mesure d’être tout entier dans son acte. »
Les fiançailles sont le temps des fondations: la maison n’est pas prête c’est pourquoi on n’y vit pas encore (c’est dans ce sens qu’il ne peut y avoir de « mariage à l’essai ») mais on prépare sa solidité future.
JPII aux jeunes à Turin: « Le fait que beaucoup de jeunes aient peur de considérer leur propre vie comme un projet impliquant un choix définitif, peut être imputé, en termes généraux, à cette culture au souffle court propre aux pays riches. On y trouve une sorte de peur de penser, d’espérer, d’agir en grand.
L’éloignement d’une conception religieuse de l’existence et le refus d’un rapport concret avec Dieu, reviennent à enlever à l’homme l’appui, en cas de risque, de la foi et de l’espérance.
Or, seules, elles donnent la possibilité et l’attrait d’un projet définitif, c’est-à-dire orienté vers une finalité absolue et positive ».
2. On « n’essaie » pas un être humain
Familiaris consortio 80: « Une première situation irrégulière consiste dans ce que l’on appelle « le mariage à l’essai », que beaucoup aujourd’hui voudraient justifier en lui attribuant une certaine valeur.
Qu’il soit inacceptable, la raison humaine le laisse déjà entendre par elle-même, en montrant combien il est peu convaincant de parler d’un « essai » quand il s’agit de personnes humaines, dont la dignité exige qu’elles soient toujours et seulement le terme de l’amour de donation sans aucune limite, de temps ou autre.
On n’essaie pas une personne humaine: ce serait la traiter comme une voiture ou une machine à laver. Est-ce que cela ferait plaisir à quelqu’un qui veut me faire un cadeau, que j’aille m’emparer de ce cadeau chez lui et en prendre possession avant que ce cadeau soit prêt et qu’Il ait eu la joie de me le donner directement? L’autre est comme un cadeau que Dieu me fait: la personne humaine n’est pas un bien que j’ai le droit de posséder à ma guise (pas même ma propre personne!); la personne que j’aime appartient d’abord à Dieu, et c’est Lui son Créateur et Sauveur qui me la confiera lors du Mariage..
L’amour appelle le don total: la Parole de Dieu et l’Eglise ne peuvent approuver ce type d’union, pour des motifs supplémentaires et originaux qu’indiquent la foi:
– le don du corps dans le rapport sexuel est le symbole réel de la donation de toute la personne ; une telle donation, d’ailleurs, dans le dessein de Dieu, ne peut se réaliser dans sa pleine vérité sans le concours de l’amour de charité donné par le Christ.
– le mariage entre deux baptisés est le symbole réel de l’union du Christ avec l’Eglise, union qui n’est pas temporaire ou « à l’essai », mais éternellement fidèle ; entre deux baptisés, il ne peut donc exister qu’un mariage indissoluble.
Cela ne s’obtient pas sans une vraie formation à l’amour authentique et à l’usage correct de la sexualité, capable d’introduire la personne humaine selon toutes ses dimensions, et donc aussi son corps, dans la plénitude du mystère du Christ. »
S’aimer entre homme et femme, c’est respecter l’autre dans son corps, son coeur, sa liberté ; c’est le recevoir avec admiration comme un don de Dieu, c’est l’aimer différent, avec l’intention de tout faire pour le rendre heureux et meilleur; c’est s’unir pour créer une famille.
L’autre doit être aimé pour lui-même, et non comme un objet de plaisir ou de réalisation. Un tel amour s’apprend patiemment; fait pour durer, il demande des sacrifices.
Sur ce point, certains semblent hésitants, ébranlés par le comportement majoritaire de la société païenne qui se prétend en faveur de la cohabitation juvénile et du divorce, et même de certains de leurs amis se disant chrétiens. Il est humain qu’ils soient troublés. Au temps de Jésus, certains pensaient aussi profiter des concessions que Moïse avait semblé accorder en matière de répudiation, à cause de la dureté des coeurs. Mais Jésus a rappelé le dessein originel de Dieu: « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni. »(Mc 10,9).
Si Dieu exige une fidélité totale, c’est qu’elle est possible: Dieu donne ce qu’il ordonne! Si Jésus a fait du mariage un sacrement, à l’image de son amour indissoluble pour l’Eglise, c’est que sa grâce ne fera jamais défaut.
L’acte qui unit l’homme et la femme en une seule chair est si grand et si fort qu’il exprime l’alliance totale de deux personnes ; il perd son sens en dehors de cette alliance, scellée dans le sacrement.
De même qu’on ne peut vivre seulement à l’essai, ni mourir à l’essai, on ne peut aimer vraiment à l’essai.
Ce serait confondre l’expérience prématurée de l’union des corps avec le don de soi dans l’amour lucidement consenti pour toujours. Le problème est de se préparer à ce don de soi, au niveau du coeur et de la volonté.
3. De quelle liberté use-t-on?
Ce qui rend vraiment libre n’est pas de suivre ses envies, c’est-à-dire, les conditionnements psychologiques du moment, mais nos choix fondamentaux, et à ce titre, l’engagement libère: après l’engagement du mariage, nous savons tous deux ce qu’en commun nous avons décidé (se donner entièrement l’un à l’autre pour toujours) et savons que nous voulons mettre tous les moyens pour être fidèles à ce choix profond, quels que soient nos états d’âmes de chaque jour. Le mariage est comme une ligne de vie gardant un marin sauf sur son bateau, ou l’assurance du grimpeur.
Dans la pseudo-« union libre », par soucis de se garder, on ne donne en fait plus rien d’essentiel. L’union libre par excellence est en réalité le mariage.
L’engagement permet aux couples de résoudre leurs difficultés en ayant la liberté et la satisfaction de savoir que l’affrontement et les conflits ne remettent pas en cause leur projet initial ni leur amour.
4. Sur quoi construire l’amour?
Gn 24,67: « Isaac prit sa femme, puis il l’aima »: L’amour grandit, c’est une décision d’aimer tous les jours. En français l’expression « je le veux » lors de l' »échange des consentements pourrait être comprise de manière réductrice « je le souhaite », alors que latin original « volo » est engagement maximum de toute la volonté (avec résolution de prendre les moyens)!
La garantie humaine à 100% de pouvoir durer avec telle personne n’existe pas. Après un échec on entend parfois: « j’étais si sûr que c’était le bon », mais alors qu’est ce qui peut m’empêcher vraiment de me tromper? Comprendre au moins que le « bon numéro » est celui qu’on choisit d’aimer.
Jean-Paul II, s’adressant aux jeunes de France dans les années 80, voulait leur révéler le secret du bonheur: Le bonheur d’aimer et d’être aimé. Et l’amour est toujours d’actualité au troisième millénaire…
Aimer, c’est donc essentiellement se donner aux autres. L’amour est une décision consciente de la volonté d’aller vers les autres. Pour pouvoir aimer en vérité, il faut se détacher de bien des choses et surtout de soi, donner gratuitement, aimer jusqu’au bout. Cette dépossession de soi est l’oeuvre de toute la vie. Elle est source d’équilibre. Elle est le secret du bonheur.
L’attirance physique et l’affection psychologique (le sentiment) sont un minimum vital mais ne peuvent certainement pas constituer le socle du mariage chrétien, car ils varient beaucoup, et surtout ce ne serait alors qu’une recherche de satisfaction égocentrique, et une fondation aussi instable que le sable auprès des vagues.
On ne se prépare pas au mariage d’abord parce qu’on aimer être avec l’autre, mais parce qu’on veut aimer l’autre pour son bien à lui.
Epouse ton meilleur ami!: que ton mari devienne ton meilleur ami.
On aime l’autre en vérité non pour ses éventuels succès, mais pour ce qu’il est, et parce qu’il y a une estime mutuelle.
Cet amour, préférant l’autre à soi-même et partagé, déborde alors naturellement autour. Un couple trop tourné sur lui-même finirait rapidement par s’asphyxier (cf. Mt 5,46).
5.
Choisir d’aimer est un combat spirituel.
Il faut par conséquent prendre les 5 armes spirituelles du combat que sont la Parole de Dieu, la prière, le sacrement du pardon, l’Eucharistie, l’accompagnement spirituel.
Le mariage est l’union de deux pauvres qui se mettent à l’écoute du Seigneur sans avoir rien à démontrer à l’autre; il faut être sûr de l’amour qui existe de l’un pour l’autre, mutuellement. Le mariage est une école: on y apprend, et le Christ nous enseigne par sa vie! La contemplation de Sa vie nous aide: Ps 34,6 « Qui regarde vers lui resplendira. »
Dieu s’engage avec le couple! « Nous te demandons la grâce de nous aimer davantage ».
Le sentiment ne peut pas suffire à résoudre les problèmes, et dans la plupart des cas, les défauts humains (insécurité, égoïsme, addiction, pornographie, alcool…) ne s’améliorent pas. Se dire « tout ira bien parce qu’on s’aime » serait une grave (et fréquente) illusion. Si on prend la décision de cheminer dans le dialogue, avec tous les défauts, petits et grands, déjà identifiés ou non, vers le mariage, alors les deux fiancés apprennent à reconnaître et partager leurs vulnérabilités.
Il ne faut jamais se décourager: le mariage est une école d’humilité et avec la grâce de Dieu quel’on invoque, l’humilité permet de traverser de nombreuses difficultés.
Il importe aussi de continuer de prier, se former et communiquer après le jour de la célébration, toute la vie: les fiançailles sont là pour prendre l’habitude de ces moyens vitaux.
6. Démarche sociale et démarche spirituelle.
Sociale parce qu’on annonce aux familles et aux amis que l’on chemine vers le mariage, et que l’on a l’intention d’en prendre les responsabilités.
Spirituelle car on demande la bénédiction du Seigneur pour discerner sa volonté sur le couple et avoir le soutien de sa grâce pour vivre un temps qui est souvent un temps de combat spirituel.
Les fiançailles sont un temps de construction qui aide à prendre conscience de l’importance de l’engagement qu’ils vont célébrer. Le respect des étapes avant le mariage aide et fortifie le couple chrétien. Elles sont au service de l’amour et permettent un vrai temps de discernement. Tout mariage s’il est un mariage d’amour est aussi un mariage de raison qui n’est pas construit que sur l’affectif mais qui fait appel à l’intelligence. Les fiancés doivent avoir des raisons pour s’engager l’un envers l’autre; en prenant conscience et en faisant mémoire de ces raisons, ils se donnent les moyens de durer.
7. Petit historique
Les fiançailles apparaissent comme un ensemble de coutumes aux formes très diverses selon les époques et les civilisations, à la frontière du sacré et du social.
Les documents juridiques sur les fiançailles dont nous disposons sont assez rares. Elles ont, de tout temps, été, en premier lieu, un évènement familial, social et religieux d’où leur caractère privé et souvent confidentiel.
Dans l’empire romain, la coutume est d’organiser des cérémonies réunissant les familles des futurs époux avec la remise d’un anneau et un engagement réciproque : fidélité, non-dissipation de la dot déjà versée… Si le jeune homme s’engage librement, bien souvent la jeune-fille ne fait qu’adhérer à la décision de son père. Néanmoins les fiançailles peuvent être rompues.
Au cours des premiers siècles de l’ère chrétienne, la forme des fiançailles reste proche des gestes traditionnels pratiqués durant l’Antiquité profane : remise d’un anneau, baiser, bénédictions. L’Eglise recommande que le délai entre les fiançailles et le mariage soit très court de sorte que les fiancés ne commettent pas l’erreur de se croire déjà mariés et donc autorisés à vivre l’union charnelle.
Dans le rite byzantin, les fiançailles sont intégrées, d’habitude, dans la célébration du mariage.
En France, de la fin du Moyen Age jusqu’au XVIIIe siècle, les rituels varient d’une région à une autre: certains reçoivent une bénédiction, d’autres s’engagent par une promesse orale. Il semble qu’à cette époque le rite de bénédiction de l’anneau se soit perdu.
A la Révolution française les fiançailles disparaissent du code civil où elles ne seront réintroduites qu’en 1912. Dans le domaine liturgique, on observe le même phénomène de disparition.
Ce n’est qu’en 1984 qu’est élaboré le « Livre des bénédictions » dans lequel on trouve une cérémonie des fiançailles. Il est précisé que celle-ci ne doit jamais figurer à l’intérieur d’une messe, sans doute pour qu’il n’y ait pas de confusion possible avec le mariage. En 2005, l’Eglise catholique a ajouté un rituel de bénédiction des fiancés au rituel romain de la célébration du mariage. Il permet d’avoir les éléments liturgiques nécessaires pour marquer cette étape importante et d’apprécier la valeur et la nécessité d’accompagner ce temps intermédiaire entre le célibat et le mariage.
(fiche retravaillée à partir de serviteurs.org)
Préparation: LE questionnaire top-pro pour ne pas foncer dans le mur:<doc128|left>
Documents intéressants sur les fiançailles:<doc131|left>
Un dossier pour se préparer: <doc141|left>
Texte du magistère sur les fiançailles:<doc126|left>>
Petit rituel pour célébrer les fiançailles:<doc130|left>
Avec quels termes s’engage-t-on dans le mariage?:<doc133|left>
Pour les témoins de votre mariage:<doc134|left>
Pape François, 27 05 2015:
Les fiançailles –cela s’entend bien dans l’italien fidanzamento– ont à voir avec la confiance, la familiarité, la fiabilité. Familiarité avec la vocation que Dieu donne, parce que le mariage est avant tout la découverte d’un appel de Dieu. C’est certainement quelque chose de beau qu’aujourd’hui, les jeunes puissent choisir de se marier sur la base d’un amour réciproque. Mais justement la liberté de ce lien requiert une harmonie consciente de la décision, pas seulement une simple entente de l’attraction ou du sentiment d’un moment, d’un temps bref… cela requiert un cheminement.
En d’autres termes, les fiançailles sont un temps dans lequel les deux personnes sont appelées à faire un beau travail sur l’amour, un travail associé et partagé, qui va en profondeur. On se découvre l’un l’autre petit à petit, c’est-à-dire que l’homme « apprend » la femme en apprenant cette femme, sa fiancée ; et la femme « apprend » l’homme en apprenant cet homme, son fiancé. Ne sous-estimons pas l’importance de cet apprentissage : c’est un bel engagement, et l’amour même le demande, parce que ce n’est pas seulement un bonheur insouciant, une émotion fascinée… Le récit biblique parle de toute la création comme d’une belle œuvre de l’amour de Dieu ; le livre de la Genèse dit que « Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon » (Gn 1,31). C’est seulement à la fin que Dieu « se reposa ». De cette image, nous comprenons que l’amour de Dieu, qui a donné l’origine au monde, ne fut pas une décision improvisée. Non ! Ce fut un beau travail. L’amour de Dieu a créé les conditions concrètes d’une alliance irrévocable, solide, destinée à durer.
L’alliance d’amour entre l’homme et la femme, une alliance pour la vie, ne s’improvise pas, ne se fait pas d’un jour à l’autre. Il n’existe pas de mariage express : il faut travailler sur l’amour, il faut cheminer. L’alliance de l’amour de l’homme et de la femme s’apprend et s’affine. Je me permets de dire que c’est une alliance artisanale. Faire de deux vies une seule vie, c’est aussi presque un miracle, un miracle de la liberté et du cœur, confié à la foi. Peut-être devrons-nous nous engager plus sur ce point, parce que nos « coordonnées sentimentales » sont un peu désorientées. Celui qui prétend vouloir tout et tout de suite, cède ensuite aussi sur tout – et tout de suite – à la première difficulté (ou à la première occasion).
Il n’y a pas d’espoir dans la confiance et la fidélité du don de soi, si l’habitude qui prévaut est de consommer l’amour comme une sorte d’ « intégrateur » du bien-être psychique et physique. L’amour, ce n’est pas cela ! Les fiançailles mettent en lumière la volonté de garder quelque chose qui ne devra jamais être acheté ou vendu, trahi ou abandonné, quelque alléchante que puisse être l’offre. Mais Dieu aussi, quand il parle de l’alliance avec son peuple, il le fait parfois en employant les termes des fiançailles. Dans le livre de Jérémie, quand il parle au peuple qui s’était éloigné de lui, il lui rappelle lorsque celui-ci était la « fiancée » de Dieu et il dit ceci : « Je me souviens de la tendresse de tes jeunes années, ton amour de fiancée » (2,2). Et Dieu a fait ce parcours de fiançailles ; et puis il fait aussi une promesse : nous l’avons entendu au début de l’audience, dans le livre d’Osée : « Je ferai de toi mon épouse pour toujours, je ferai de toi mon épouse dans la justice et le droit, dans la fidélité et la tendresse ; je ferai de toi mon épouse dans la loyauté, et tu connaîtras le Seigneur. » (2,21-22). C’est une longue route que fait le Seigneur avec son peuple, dans ce cheminement des fiançailles.
À la fin, Dieu épouse son peuple en Jésus-Christ : il épouse l’Église en Jésus. Le peuple de Dieu est l’épouse de Jésus. Mais que de chemin ! Et vous avez un chef-d’œuvre sur les fiançailles [Les fiancés, de Manzoni]. Il est nécessaire que les jeunes le connaissent, qu’ils le lisent : c’est un chef-d’œuvre où l’on raconte l’histoire de fiancés qui ont connu de grandes souffrances, qui ont parcouru une route pleine de nombreuses difficultés jusqu’à ce qu’ils arrivent au bout, au mariage. Ne laissez pas de côté ce chef-d’œuvre sur les fiançailles, que la littérature italienne vous a justement offert. Avancez, lisez-le et vous verrez la beauté, la souffrance, mais aussi la fidélité des fiancés.
Dans sa sagesse, l’Église garde la distinction entre être fiancés et être époux – ce n’est pas la même chose – précisément en vue de la délicatesse et de la profondeur de cette vérification. Soyons attentifs à ne pas mépriser trop légèrement ce sage enseignement, qui se nourrit de l’expérience de l’amour conjugal vécu dans le bonheur. Les symboles forts du corps détiennent les clés de l’âme : nous ne pouvons pas traiter à la légère les liens de la chair, sans ouvrir des blessures durables dans l’esprit (1Co 5,15-20).
Certes, la culture et la société actuelle sont devenues plutôt indifférentes à la délicatesse et au sérieux de cette étape. Et d’autre part, on ne peut pas dire qu’elles soient généreuses avec les jeunes qui ont sérieusement l’intention de fonder un foyer et de mettre des enfants au monde ! Au contraire, souvent elles mettent mille obstacles mentaux et pratiques. Les fiançailles sont un chemin de vie qui doit mûrir comme les fruits, c’est une route de maturation dans l’amour, jusqu’au moment où cela aboutit au mariage.
Les cours de préparation au mariage sont une expression particulière de cette préparation. Et nous voyons de nombreux couples qui arrivent peut-être au cours un peu à contrecœur. « Mais ces prêtres qui nous font suivre une formation ! Mais pourquoi ? Nous savons, nous ! »… et ils y vont à contrecœur. Mais après, ils sont contents et ils remercient parce qu’ils ont en effet trouvé là l’occasion – souvent la seule ! – de réfléchir sur leur expérience dans des termes qui ne sont pas banals. Oui, beaucoup de couples sont ensemble pendant longtemps, peut-être aussi dans l’intimité, parfois ils vivent ensemble, mais ils ne se connaissent pas vraiment. Cela semble étrange, mais l’expérience le prouve. C’est pourquoi il faut revaloriser les fiançailles comme un temps de connaissance réciproque et de partage d’un projet. Le chemin de préparation au mariage doit être organisé dans cette perspective, en s’appuyant aussi sur le témoignage simple mais intense d’époux chrétiens. Et en indiquant l’essentiel : la Bible, à redécouvrir ensemble, avec une prise de conscience ; la prière, dans sa dimension liturgique, mais aussi dans celle de « prière domestique », à vivre en famille, les sacrements, la vie sacramentelle, la confession, … par lesquels le Seigneur vient demeurer chez les fiancés et les prépare à s’accueillir vraiment l’un l’autre « avec la grâce du Christ » ; et la fraternité avec les pauvres, avec les personnes démunies, qui nous provoquent à la sobriété et au partage. Les fiancés qui s’y engagent grandissent tous deux et tout cela amène à préparer une belle célébration du mariage de manière différente, non pas mondaine, mais de manière chrétienne!
Pensons à ces paroles de Dieu que nous avons entendues quand il parle à son peuple comme le fiancé à sa fiancée : « Je ferai de toi mon épouse pour toujours, je ferai de toi mon épouse dans la justice et le droit, dans la fidélité et la tendresse ; je ferai de toi mon épouse dans la loyauté, et tu connaîtras le Seigneur » (Os 2,21-22). Que tous les couples de fiancés pensent à cela et se disent l’un à l’autre : « je ferai de toi mon épouse, je ferai de toi mon époux ». Attendre ce moment ; c’est un moment, c’est un parcours qui avance lentement, mais c’est un parcours de maturation. Les étapes du chemin ne doivent pas être brûlées. La maturation se fait comme cela, pas à pas.
Le temps des fiançailles peut vraiment devenir un temps d’initiation ; à quoi ? À la surprise ! À la surprise des dons spirituels avec lesquels le Seigneur, à travers l’Église, enrichit l’horizon de la nouvelle famille qui se dispose à vivre dans sa bénédiction. Maintenant, je vous invite à prier la Sainte Famille de Nazareth : Jésus, Joseph et Marie. Prier pour que la famille fasse ce chemin de préparation ; prier pour les fiancés. Prions la Vierge Marie tous ensemble, un ‘Je vous salue Marie’ pour tous les fiancés, pour qu’ils puissent comprendre la beauté de ce chemin vers le mariage [Je vous salue Marie…]. Et aux fiancés qui sont sur la Place: « Bon chemin de fiançailles! »
Prière du (ou de la) fiancé(-e):
En mon cœur, Seigneur, s’est éveillé l’amour de ‘Prénom’, que Vous connaissez et que Vous aimez.
Vous-même me l’avez fait rencontrer et me l’avez présenté(e), comme jadis au Paradis terrestre, Vous avez présenté Eve à Adam, afin que l’homme ne demeurât pas seul.
Je Vous remercie pour ce don qui m’emplit d’une joie profonde, me rapproche de Vous qui êtes l’Amour et me fait comprendre la valeur de la vie que Vous m’avez donnée.
Faites que je ne gaspille pas cette richesse que Vous avez mise en mon cœur ;
apprenez-moi que l’amour est don et ne peut être mélangé d’aucun égoïsme, que l’amour est pur et ne peut s’accommoder d’aucune bassesse, que l’amour est fécond et doit à partir d’aujourd’hui nous conduire tous les deux à une nouvelle manière de vivre. Je Vous prie, Seigneur, pour celui (celle) qui compte sur moi;
pour celui (celle) qui a mis en moi tout l’espoir de son avenir;
pour celui (celle) qui veut marcher à mes côtés ;
rendez-nous dignes l’un et l’autre;
faites que nous soyons l’un pour l’autre une aide et un modèle.
Aidez-nous à bien préparer notre mariage, à prendre conscience de la grandeur de ce sacrement, à mesurer les responsabilités qu’il suppose, de sorte que dès maintenant nos âmes soient maîtresses de nos corps et les gouvernent parfaitement dans l’amour mutuel. Amen »
Prière aux Fiancés de Nazareth:
Petite Vierge de Nazareth, qui étiez amoureuse et fiancée à Joseph, de la tribu de David, souvenez-vous de ce temps de grâces et d’épreuves durant lequel vous n’avez cessé d’accomplir la volonté du Très-Haut.
C’est à vous, Marie, que je confie ‘Prénom fiancé(-e)’, car vous êtes sa Mère du Ciel. Qu’à votre commandement, les prévenances de votre Fils Jésus le (la) comblent.
Faites que nous vivions des fiançailles conformes au dessein de Dieu sur nous.
Saint Joseph, homme juste entre tous, homme d’une pureté et d’une foi exemplaires, garant de l’accomplissement des Ecritures, qui n’avez pas craint d’épouser Marie, vierge enceinte, de fuir en Egypte, et d’éduquer le Fils de Dieu, vous qui étiez amoureux et fiancé à l’irréprochable Marie, je viens vous demander pour nous, ………… et ……….., la grâce de la pureté du coeur et du corps, la pureté dans le regard et dans les gestes, la pureté: source de la vraie joie, depuis nos fiançailles et jusque dans notre mariage.
Saint Joseph, aidez-moi, aidez-le (la) tout particulièrement dans les choix que j’aurai (qu’il aura) à faire.
Saints Fiancés de Nazareth, assistez-nous, veillez sur nous!
Nos Saints Anges Gardiens, protégez-nous!
Tous les saints de nos familles, entourez-nous! Amen.