Avent
86 400 secondes par jour pour choisir Dieu!
Avent signifie avènement: la venue du Christ, à 3 moments: dans sa Nativité, dans nos cœurs, à la Parousie (St Bernard).
L’avent est notre premier cadeau de Noël, une grâce spéciale: c’est un temps de faveur divine (Is 49,8), consacré à se rapprocher de Dieu.
1. Attente patiente et ardente de Dieu
– Attente vient de ad-tendere: tendre vers Dieu pour Le recevoir, et tout attendre de Lui.
Il ne s’agit pas de l’attente absurde d’un néant (Beckett), mais de l’orientation de tout notre être vers la rencontre du Christ, notre but ultime et déjà commencé.
Os 11,7 Mon peuple est suspendu à mon retour.
Ha 2,3 C’est une prophétie dont le temps est déjà fixé, elle marche vers son terme, et elle ne mentira pas; Si elle tarde, attends -la, Car elle s’accomplira, elle s’accomplira certainement.
Lm 3,26 Il est bon d’attendre en silence le salut du Seigneur.
Ps 69,4 Je m’épuise à crier, ma gorge brûle, mes yeux sont consumés d’attendre mon Dieu.
Ps 130,5 J’attends le Seigneur, j’attends de toute mon âme et j’espère en sa parole, 6 mon âme attend le Seigneur plus que les veilleurs l’aurore; plus que les veilleurs l’aurore.
Jc 5,7 Soyez donc patients, frères, jusqu’à l’Avènement du Seigneur. Voyez le laboureur: il attend patiemment le précieux fruit de la terre jusqu’aux pluies de la première et de l’arrière-saison.
Les 3 avènements du Christ sont symbolisés en Lc 13,6-9: Jésus fait trois visites au figuier pour voir s’il porte fruit.
– On parle aussi de Vigilance (nepsis):
Pr 4,23 Plus que sur toute chose, veille sur ton coeur, c’est de lui que jaillit la vie.
1R 17,1 (Elie:) Je me tiens debout devant le Dieu vivant.
Lc 12,37 Bienheureux ces serviteurs que le maître à son arrivée trouvera en train de veiller.
Lc 21,36 Veillez donc et priez en tout temps!
Ignace d’Antioche: L’Esprit ne dort jamais.
Newman 1801-1890, Sermon « Watching », PPS 4, 22: Veiller, c’est vivre détaché de ce qui est présent, dans l’invisible, dans la pensée du Christ tel qu’il est venu une première fois et tel qu’il doit venir, c’est à partir de notre souvenir aimant et reconnaissant du premier avènement, désirer le second.
Dans la mythologie païenne grecque, Hypnos le sommeil est le jumeau de Thanatos la mort.
Le coeur humain est une place publique, battue par tous les vents et toutes les agitations. Il devrait être un château accueillant le voyageur dans le besoin, mais sur les murs desquels la garde veille contre l’ennemi et les agitateurs.
Qui n’a jamais été en retard et loupé un train, RDV?: Un banquier laisse-t-il moisir son capital sur un compte de dépôt; le saint investit tout son capital sur le plus haut rendement, et cela sans risque (ce qui n’est pas naturel): la venue du Christ.
On n’attend pas le Salut comme on attend un bus ou un rendez-vous chez le médecin. « Soyez prêts » se dit en araméen « soyez bons »: il s’agit de vivre la bonté du Christ et de Dieu.
– C’est la réponse à l’attente de Dieu qui attend le premier et inlassablement l’amour des hommes.
Ps 33,18 Le Seigneur veille sur ceux qui le craignent.
Ps 121,4 Il ne dort ni ne sommeille le gardien d’Israël (Jn 10 Bon pasteur; Is 11,1 natsar rejeton- Nazareth: gardien).
On veille car Dieu veille sur nous, et tandis que l’ennemi (démon) aussi rôde toujours autour. En italien, on nomme les Pompiers vigile del fuoco, comme le Chrétien contre le feu du mal.
Jr 1,11 La parole du Seigneur me fut adressée en ces termes: « Que vois-tu, Jérémie? » Je répondis: « Je vois une branche d’amandier. » 12 Alors le Seigneur me dit: « Tu as bien vu, car Je veille (shqd, mêmes lettres que qdsh « sainteté » et racine de « amandier », sans doute parce que premier à fleurir) sur ma parole pour l’accomplir. »Chez les Messianiques: l’amandier est symbole de la croix.
– Les 4 semaines sont un itinéraire spirituel:
* Espérance – avec Isaïe (temps messianiques)
* Conversion/Foi et Combat spirituel – avec Jean-Baptiste
* Contemplation de l’Incarnation et Joie – avec Élie
* Attente du Salut et de la Paix – avec Marie
2. Parce qu’Il est venu (en son Incarnation), parce qu’Il est présent, et parce qu’Il vient (en sa Parousie)!
L’Avent aide à entrer en profondeur dans ces trois mystères du début du Salut, de l’habitation divine parmi les hommes, et des fins dernières.
Dans la Foi chrétiennes, ces trois réalités divines sont la manifestation par excellence de l’Amour de Dieu pour ses créatures.
Nb 24,17 Je le vois – mais non pour maintenant, je l’aperçois – mais non de près: Un astre issu de Jacob devient chef, un sceptre se lève, issu d’Israël. Il frappe les tempes de Moab et le crâne de tous les fils de Seth.
Is 13,22 Il viendra rapidement ; il ne tardera pas.
Is 30,27 Voici que le Nom du Seigneur vient.
Is 35,4 Dieu Lui-même viendra et vous sauvera.
Ml 3,1 Soudain il entrera dans son sanctuaire, le Seigneur que vous cherchez; et l’Ange (messager) de l’alliance que vous désirez, le voici qui vient! dit YHWH Sabaot. 2 Qui soutiendra le jour de son arrivée? qui restera droit quand il apparaîtra?
Ct: Le bien-aimé vient, il hâte le pas, il s’approche, il est là, il regarde, il parle.
Lc 19,10 Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.
Lc 21,27 Alors on verra le Fils de l’homme venant dans une nuée avec puissance et grande gloire.
Lc 21,34 Tenez-vous sur vos gardes (pros-echete), de peur que vos cœurs ne s’appesantissent dans la débauche, l’ivrognerie, les soucis de la vie… 36 afin d’avoir la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme.
Mt 24,27 Comme l’éclair qui part de l’Occident apparaît en Orient, ainsi sera la venue du Fils de l’homme.
Mt 25,6 Voici l’Epoux qui vient!
Ph 3,20 Notre vie [cité] est dans les cieux, et c’est de là que nous attendons le Sauveur.
1Jn 2,28 Oui, maintenant, demeurez en lui, petits enfants, pour que, s’il venait à paraître, nous ayons pleine assurance, et non point la honte de nous trouver loin de lui à son Avènement.
Ap 1,4.8; 4,8 (3*!) « Celui qui est, qui était et qui vient ».
Ap 22,20 Oui, mon retour est proche! « Amen, viens, Seigneur Jésus! » (maranatha -1Co 16,22) 21 Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous! Amen.
Notre Père (2ème demande): Que Ton Règne vienne!
Liturgie de l’Eucharistie (acclamation anamnèse): Nous attendons Ta venue.
Abbé de St Wandrille: Devise, « Parce qu’Il vient! »
David Flüsser: Qu’Il vienne ou qu’Il revienne, pourvu qu’Il vienne!
3. Comment vivre l’Avent
– Espérance, désir: tiqvah (assemble -à Dieu- cordon); yesh’a (salut); spes (respiration divine du cœur). Il ne s’agit pas de l’espoir humain ni d’un simple sentiment, mais d’une décision volontaire de coopérer à la grâce divine.
Christ est déjà venu et on en fait mémoire, mais le monde l’ignore et a besoin d’espérance eschatologique. Christ est le seul avenir de l’homme et du monde.
A l’imitation de Marie: Lc 1,30 Ne crains pas, Marie… 1,33 Il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin…. 1,38: croit que rien n’est impossible à Dieu.
Son Fiat donne espérance à monde entier.
Lc 2,19.51 Marie conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son coeur.
Marie a reçu la prophétie de l’épée transperçant son cœur Lc 2,35 à vivre l’intimité avec Jésus vivant en nous.
Augustin: Le Coeur de Marie est l’Espérance de ceux qui n’en ont plus.
Car elle est unie à Dieu, signe et promesse du Salut: elle s’avance comme l’aurore (Ct 6,10); Etoile lumineuse du matin (Ap 2,28)
Ses apparitions annoncent l’imminence de la Parousie.
Dante Par. 18, 12: Tu « es la vraie fontaine d’espérance ».
Ave maris stella hymne du VIIe -IXe siècle, donc depuis plus de mille ans, l’Église salue Marie comme étoile de la mer.
– Conversion: shuv (retour vers Dieu, réponse); nakham (repentir); meta-noia (changement de tout l’esprit), avec Jean-Baptiste.
L’attente est un temps de dépouillement: pas d’abord de combat (même s’il peut y en avoir un), mais d’acceptation, se laisser faire par Dieu.
1Co 10,12 Que celui qui se flatte d’être debout prenne garde de tomber.
Ne pas nous détourner de cette attente avec des ersatzs, scories (divertissement pascalien): théocentrisme…
Bonhoeffer: L’attente des fins dernières implique l’engagement pour les avant-dernières.
– Bucket list de l’avent:
1 Lis/écoute un passage biblique chaque jour (évangile de la messe…)
2 Lis un commentaire spirituel, un passage de vie de saints, ou un enseignement du pape pour bien nourrir aussi ton âme.
3 Prie au moins 20 mn en silence dans une église ou dans un coin prière à aménager chez toi.
4 Participe de temps en temps en plus à une liturgie de semaine (messe quotidienne…)
5 Prie un chapelet.
6 En petit sacrifice, dis non à une activité de loisir non essentielle pour te préparer plutôt à rencontrer Jésus et faire plaisir aux autres.
7 Confesse-toi au moins une fois.
8 Prépare des cadeaux qui à la fois font grandir l’être humain et lui font plaisir.
9 Donne gratuitement à quelqu’un qui ne te donnera rien en échange (objet, argent, temps, pardon).
Citations:
Simone Weil: Attente de Dieu.
Jean de la Croix: On reçoit de Dieu autant qu’on en attend (espère).
Th MsC: Mon Dieu, Vous avez dépassé mon attente.
cardinal Newman: Un chrétien, c’est quelqu’un qui attend le Christ.
Abba Bessarion: Un moine, comme les chérubins et les séraphins, doit être tout yeux.
H.Monachorum Prol 7: On peut les voir disséminés au désert, qui attendent patiemment le Christ comme de vrais fils leur père, ou comme une armée son empereur, ou comme de nobles serviteurs attendent leur maître et libérateur. Il n’y a chez eux nul souci, nulle préoccupation du vêtement, de la nourriture, mais seulement, dans le chant des hymnes Ep 5,19, l’attente du retour du Christ.
Teilhard de Chardin Le milieu divin, 197: L’attente… est la fonction chrétienne par excellence, et le trait le plus distinctif peut-être de notre religion. Historiquement, l’attente n’a jamais cessé de guider, comme un flambeau les progrès de notre Foi. Les Israélites ont été de perpétuels « expectants »; et les premiers chrétiens aussi. Car Noël qui aurait dû, semble-t-il, inverser nos regards et les concentrer sur le Passé, n’a fait que les reporter plus loin encore en avant. Un instant apparu parmi nous, le Messie ne s’est laissé voir et toucher que pour se perdre, une fois encore, plus lumineux et plus ineffable dans les profondeurs de l’avenir. Mais maintenant nous devons l’attendre encore et de nouveau… C’est une accumulation de désirs qui doit faire éclater la Parousie
P. Jérôme L’art d’être disciple, 311: Nous n’avons pas dès ici-bas notre plénitude, ne jouons pas aux satisfaits, Dieu ne cherche pas ici à nous exalter. Nous vivons un amour différé, nous sommes des amoureux sans leur objet. Nous ne tenons pas encore celui pour qui nous avons refusé tout le reste (les joies réelles et authentiques que les gens du monde peuvent se procurer sur le plan humain, et nous n’avons guère encore les joies surnaturelles). Situation pénible, précaire, humiliante. Notre cœur est blessé par l’absence [sensible] de son objet. Nous n’avons ici-bas que l’espérance, l’attente ie des arrhes précaires et fragiles, situation pas toujours agréable.
P.Tillich: Le moyen d’avoir Dieu, c’est de ne pas l’avoir. L’attente anticipe ce qui n’est pas encore réel. Si nous attendons dans l’espérance et dans la patience, le pouvoir de ce que nous attendons agit en nous. Celui qui attend, dans le sens le plus élevé, n’est pas loin de ce qu’il attend. Celui qui attend avec un sérieux absolu est déjà saisi par ce qu’il attend. Celui qui attend dans la patience a déjà reçu la puissance de ce qu’il attend. Celui qui attend passionnément est déjà puissance d’action, il a la plus grande puissance de transformation possible dans sa vie intérieure et extérieure. Nous sommes plus forts dans l’attente que dans la possession. Lorsque nous possédons Dieu, nous le réduisons à cette petite parcelle de lui que nous avons cru connaître et saisir, et nous en faisons une idole… Mais, si nous savons que nous ne connaissons pas Dieu et si nous attendons qu’il se fasse connaître à nous, alors nous avons réellement quelque connaissance de lui, alors nous sommes connus, saisis et possédés pas lui… Attendre c’est accepter de n’avoir point, au nom de ce que nous avons déjà.
Carlo Caretto Le Dieu qui vient 119-23.PRÉSENCE DANS L’ABSENCE : Souvent au cours de ma vie, je me suis demandé comment Dieu pouvait agir de manière si étrange. Pourquoi garde-t-il si longtemps le silence? Pourquoi la foi est-elle aussi amère? Lui qui peut tout, pourquoi ne se révèle-t-il pas aux hommes de manière plus éclatante?
On dirait que Dieu fait tout pour rester silencieux afin de me démontrer par son silence qu’il n’existe pas, que je fais une mauvaise affaire en le suivant, et qu’il serait plus intéressant pour moi de chercher à posséder la terre. Certains hommes, devant le silence de Dieu, ne restent-ils pas convaincus qu’il n’existe pas, tandis que d’autres demeurent scandalisés par la manière dont Dieu gère les choses? Si Dieu existe, pourquoi le mal? Si Dieu est amour, pourquoi la souffrance? Si Dieu est père, pourquoi la mort? Et si je frappe à la porte, pourquoi ne m’ouvre-t-il pas? J’ai pensé à tout cela et à bien d’autres choses lorsque j’étais novice à son école. Puis, cheminant avec patience, sans me laisser impressionner par les premières difficultés, résistant devant sa porte avec la volonté d’un homme qui fait la grève de la faim, croyant surtout à l’Évangile comme à une chose vraie et inexorable, j’ai commencé à voir comment étaient les choses, à découvrir sa manière de faire, à distinguer son pas feutré.
Je ne me suis plus étonné d’être traité comme l’épouse du Cantique des cantiques, je ne me suis plus étonné de ce que l’Époux s’enfuyait lorsque j’ouvrais la porte. C’était à lui de l’ouvrir cette porte, et non à moi, homme, toujours pressé. Le péché, c’est la hâte d’Adam, et mon désir de posséder est plus fort que mon véritable amour pour Dieu. « Attends donc! », m’est-il dit. « Attends! » Oh! le tourment de cet « Attends », le vide laissé par cette absence!
Mais ensuite, peu à peu, je commençai à comprendre que dans ce vide, dans cette absence, Dieu était plus présent que jamais. À moi qui étais assoiffé de présence, il se présentait comme absence pour attiser mon désir. Aussi étais-je obligé de purifier ma foi, et de lui dire que je croyais en lui non point par intérêt, mais par amour. À moi, qui étais assoiffé de sa lumière et de sa vérité, il se présentait comme ténèbres. Jamais je n’ai compris, comme en cet instant, le sens de la nuée qui conduisait le peuple de Dieu dans le désert. À moi, qui étais impatient de le posséder, il se présentait comme l’insensibilité même dans les froides aubes du désert.
« Avant d’accepter ton étreinte, me dit-il, je veux la preuve de ta fidélité. Tu es trop sensuel pour que je me donne en pâture à tes envies, si pauvres d’amour et si gonflées d’égoïsme! Tu crois m’aimer, mais en réalité, tu t’aimes toi-même! C’est toujours la même histoire! Tu en as de la route à faire, avant d’être sorti de toi-même et de ton univers. Moi, je suis sorti pour toi de ma sphère pour venir à toi. Fais-en autant! Attends-moi toute la vie comme si je venais chaque soir: je te serai présent et tu ne t’en apercevras pas, je serai ta lumière et tu ne me verras pas, je t’étreindrai et tu ne sentiras rien. Ainsi, je saurai vraiment si tu aimes Dieu, parce qu’il est Dieu ou parce qu’il résout tes problèmes. Je te l’ai dit, ce que je crains c’est un mariage d’intérêt: un Dieu court toujours ce risque! Je veux me sauvegarder! Tu dois m’aimer parce que je suis l’amour, et non parce que je te plais. Oui, l’amour et non point la puissance; l’amour, et non la tranquillité; l’amour, non le plaisir ».
Je compris alors ce que signifiait la foi nue, l’espérance sans mémoire et la charité sans plaisir. Acceptez la foi telle qu’elle est: nue, et attendez toute votre vie ce Dieu qui vient toujours; il (ne) se montre (pas) [peu] à votre esprit curieux, mais il se dévoile devant votre fidélité et votre humilité. Acceptez l’espérance, c’est la trace ineffaçable qu’il a laissée au fond de votre âme, nostalgie infinie du ciel.
Bernard de Clairvaux S sur l’Avent III, 2, SC 480, 138-13:La mémoire de cette faveur [Noël] devient prétexte pour la chair: tu peux voir en ces jours préparer des vêtements somptueux, des mets délicats, avec tant de zèle qu’on croirait que le Christ, pour sa naissance, réclame ce genre de choses, et qu’on l’accueille plus dignement là où on les exhibe avec plus de faste. Mais écoute le Seigneur dire lui-même : Le regard hautain, le cœur insatiable, je ne mangeais pas avec eux.
Ressources Ecriture et Tradition sur l’Avent: <doc119|left>