Jean-Paul II, saint?
Le pontificat de Jean-Paul II, 264ème pape, a duré 26 ans (3ème plus long de l’histoire après St Pierre et le bhx Pie IX ); il a été d’une telle richesse qu’on se demande ce que la mémoire des générations futures gardera comme plus important.
L’attentat dont il fut victime en 1981 a bouleversé bien des personnes même non catholiques, car elles reconnaissaient en Jean-Paul II une figure du Père: en s’en prenant à l’image, on attaquait le Créateur, la source de Vie et d’Amour. Sa mémoire reste dans le cœur de l’Eglise, et de toute l’humanité, comme en témoignent les foules qui suivirent la messe de ses funérailles et la présence jamais vue de presque tous les chefs d’Etat.
Pourquoi est-il proclamé saint?
Il a laissé un témoignage édifiant de piété mystique, de vie sainte par le don sans reprise de lui-même, et de paternité universelle.
Il était le même en public et en privé, transparent, vrai, intègre.
Ayant perdu sa mère à 9 ans, son frère à 12, son père à 21, il a sans doute compris que le but et l’absolu de notre vie ne sont pas limités à cette existence d’ici-bas, mais résident dans la recherche de Dieu et du salut des âmes.
Deux critères éminents de sainteté: sa profonde dévotion à Marie, dans la spiritualité de St Louis-Marie Grignion de Monfort (et sa devise: Totus Tuus: tout à toi, Marie), et son amour de l’Eucharistie.
L’occupation nazie, puis les persécutions communistes, l’attentat, et les oppositions au Christ et à l’Eglise ont manifesté trois attitudes fondamentales chez lui:
. consentement total aux événements permis par Dieu (confiance filiale ou abandon à la providence)
. charité et pardon sans condition aux agresseurs
. vigoureuse détermination par ailleurs à lutter de toute sa vie contre le mal commis envers les plus faibles, les pauvres
La grande patience dont il a témoigné durant sa dernière maladie n’a été que la confirmation de son attitude d’abandon confiant à Dieu pendant toute sa vie. Il a osé se montrer fragile et tremblant, et même épuisé par sa maladie (Parkinson); là où l’esprit du monde fuirait la honte et demanderait l’euthanasie, il choisit l’humilité. Au lieu de cacher sa faiblesse, il montre toute la dignité de l’être humain vulnérable et vit la Parole de Dieu (cf. 2Co 12,10): dans la faiblesse humaine peut se manifester la force du Christ. Tout en refusant des traitements disproportionnés, il supporte une maladie emblématique contre laquelle certains chercheurs revendiquent l’utilisation d’embryons humains, manifestant en sa chair le langage de la Croix.
Il supporta avec la ferme douceur du Christ les critiques jusque parmi les Chrétiens. Certains ne voulaient pas l’accueilir dans ses voyages apostoliques; en 1996 des manifestants à Berlin lui lancent injures et œufs pourris; de leur côté, des intégristes lui reprochent toutes les conséquences de la crise générale de la civilisation occidentale évidente à partir des années 1960, méconnaissent la profondeur théologique et le développement organique de la tradition (Cf. Newman), et l’accusent aussi à propos du dialogue interreligieux de ne plus prôner la conversion au Christ, alors qu’au contraire, le pape a affirmé que tous les êtres ont été marqués en profondeur par l’Incarnation, qu’ils en aient conscience ou non, et ont le droit d’entendre l’annonce de l’Evangile.
Un chemin personnel de sainteté
En raison d’un appel particulier et avec la permission de son directeur spirituel il s’auto-flagellait par ascèse, dormait à même le sol en dérangeant les draps pour qu’on croit qu’il y avait dormi, eut quelques visions de Padre Pio et entendait la Vierge,
Les services secrets communistes le nommèrent leur « plus dangereux adversaire« .
Jean-Paul II se nourrissait beaucoup du témoignage des saints et a lui-même procédé à 147 cérémonies de béatification (pour 1338 Bienheureux) et à 51 de canonisation (pour 482 Saints).
Grand évangélisateur et docteur
Jean-Paul II est en particulier Apôtre de la Miséricorde et de la Vérité qu’est le Christ. Ce n’est pas un hasard qu’il soit originaire de Pologne, qui à la fois souffrit tant des péchés nazis et communistes, et reçut par Ste Faustine Kowalska la grâce de la redécouverte de la Divine Miséricorde pour l’annoncer de nouveau au monde.
Comprenant les enjeux de la mondialisation, il accomplit 104 voyages apostoliques dans 131 pays hors d’Italie et 146 visites pastorales en Italie. Comme évêque de Rome, il a pu visiter 317 des 333 paroisses du diocèse.
Ses enseignements sont particulièrement nombreux et riches (« magistère doctrinal »). Gardien du dépôt de la foi (cf. Lc 22,32), il s’est employé avec sagesse et courage à promouvoir la doctrine catholique, théologique, morale et spirituelle, et à combattre, pendant tout son pontificat, les tendances contraires à la « Foi une » de l’Eglise (Ep 4,5):
Parmi les documents principaux, on compte:
. 14 encycliques
. 15 exhortations apostoliques
. 11 constitutions apostoliques
. 45 lettres apostoliques
. 28 motu proprio
. 3 300 discours ou catéchèses proposées dans les 1160 audiences générales du mercredi et les allocutions prononcées dans toutes les parties du monde.
. le Catéchisme de l’Eglise catholique, à la lumière de la Tradition et notamment du concile Vatican II (1962-1965).
. 5 livres publiés à titres personnel (« Entrer dans l’espérance » -octobre 1994-; « Don et Mystère » -en mémoire de son ordination sacerdotale, novembre 1996-; « Triptyque romain », méditations poétiques -mars 2003-; « Levez-vous et allons! » -mai 2004-; « Mémoire et Identité » -février 2005-.
Ses encycliques notamment touchent différents domaines:
. théologique (surtout dans ses 3 premières grandes encycliques – Redemptor hominis, Dives in misericordia, Dominum et vivificantem),
. anthropologique et sociale ( Laborem exercens, Sollicitudo rei socialis, Centesimus annus)
. morale ( Veritatis splendor, Evangelium vitae)
. œcuménique (Ut unum sint)
. missiologique (Redemptoris missio)
. mariologique (Redemptoris Mater).
. eucharistique (Ecclesia de Eucharistia, son ultime encyclique, prolongée par sa Lettre apostolique Mane nobiscum Domine, durant l’année de l’Eucharistie).
Le tout totalise 80 000 pages (54 tomes), uniquement pour la période de son pontificat (donc sans compter tous ses écrits de la période cracovienne…)
Biographie
1920, 18 mai: naissance de Karol Jozef Wojtyla (prononcer vojtioua), à Wadowice, 30 km au sud-ouest de Cracovie; il est baptisé 2 jours plus tard
1927: 1ère communion
1929: sa mère meurt
1932: son unique frère Edmund, médecin, meurt à 26 ans (l’unique soeur, Olga, était morte à la naissance en 1914)
Dès l’adolescence, il s’investit dans une association mariale, et dans le théâtre.
1938: confirmation, et début des études de lettres à Cracovie
1939: ses études de lettres étant interrompues parce que les nazis avaient fermé l’université, il travaille dans une carrière puis dans l’usine chimique Solvay.
1942: se sentant appelé au sacerdoce, à 22 ans il commence à suivre les cours du séminaire clandestin de Cracovie.
1944, 29 février: renversé par un véhicule il frôle la mort et passe 15 jours à l’hôpital.
1946, 1er novembre (Toussaint): ordination sacerdotale
Il est envoyé à Rome pour une licence et un doctorat en théologie sur la « Doctrine de la foi chez saint Jean de la Croix » obtenu en 1948
Durant ce séjour romain, il occupa son temps libre pour exercer son ministère pastoral auprès des émigrés polonais de France, de Belgique et des Pays-Bas.
1948: retournant en Pologne, il est vicaire dans diverses paroisses de Cracovie et aumônier des étudiants jusqu’en 1951 lorsqu’il reprend ses études philosophiques et théologiques, pour soutenir en 1953, près l’université catholique de Lublin une thèse intitulée « Mise en valeur de la possibilité de fonder une éthique catholique sur la base du système éthique de Max Scheler« .
Il devient professeur de théologie morale et d’éthique sociale au grand séminaire de Cracovie et à la faculté de théologie de Lublin.
1958: 28 septembre: ordination épiscopale en la cathédrale de la colline du Wawel à Cracovie, là où il avait entendu l’appel de Dieu au sacerdoce.
1960: Il publie le fondement de sa théologie du corps: Amour et Responsabilité
1962-1965: il participe au concile Vatican II, en contribuant notamment à la constitution Gaudium et Spes
1964, 13 janvier: archevêque de Cracovie, primat de Pologne.
1967, 26 juin: créé cardinal par Paul VI qu’il aida particulièrement dans l’élaboration de l’encyclique Humanæ Vitæ sur la spiritualité conjugale et la protection de la Vie.
1978, 16 octobre: élection du premier pape polonais de l’histoire, à 58 ans, succédant à Jean Paul Ier, mort prématurément après 33 jours de pontificat. Premier pape non italien depuis 456 ans Adrien VI des Pays-Bas en 1522). Il prend le nom de Jean Paul II, et proclame immédiatement aux croyants: « N’ayez pas peur! » Toujours rempli de sollicitude pour les jeunes, en faveur de qui il organisait depuis ses débuts camps et retraites, il leur dit ce jour là: « Vous êtes l’Espérance de l’Eglise ».
Soljénitsyne, grand témoin orthodoxe russe, dès 1978: « Ce pape est un don de Dieu ».
1979
25 janvier-1er février: Premier voyage missionnaire dans le Mexique anticlérical
4 mars: encyclique Redemptor hominis sur la centralité du Christ
2 juin: première visite en Pologne. « Il n’y a plus d’Eglise du silence, puisqu’elle parle par ma voix! »
Jean Paul II prie au camp d’extermination nazi d’Auschwitz.
29 septembre: Il prend la parole à la tribune de l’ONU à New York.
30 novembre: le pape rencontre en Turquie le patriarche orthodoxe de Constantinople Dimitrios 1er.
1980
30 mai-2 juin: premier voyage en France (Paris).
Au Bourget le 1er juin il demande: « France, Fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton Baptême? »
novembre: rencontre avec la Communauté juive de Mayence (Allemagne). A partir de ce moment, le pape s’efforcera toujours de garder un moment lors de ses voyages dans le monde pour rencontrer la communauté juive.
30 novembre: encyclique Dives in Misericordia.
1981
13 mai: attentat sur la place St Pierre: Jean-Paul II est atteint de 2 balles de 9 mm tirées à 3 m par le nationaliste turc Mehmet Ali Agca, manipulé par des services communistes d’Europe de l’Est; il perd 3 litres de sang
15 septembre: encyclique sociale Laborem exercens (« C’est par le travail »), consacrée aux travailleurs et au syndicalisme.
22 novembre: exhortation apostolique Familiaris consortio sur la famille chrétienne.
1982
mai-juin: visite pastorale en Grande-Bretagne, puis en Argentine pour essayer de stopper le conflit des Malouines.
septembre: Jean Paul II rencontre le leader de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat, au Vatican; 11 autres rencontres suivront.
28 novembre: l’Opus Dei devient prélature personnelle.
1983
25 janvier: publication du nouveau Code de Droit Canonique.
4 mars: visite en Amérique centrale où le pape parle des droits de l’homme. Au Nicaragua, il est hué par les activistes du régime sandiniste (marxisant).
25 mars ouverture d’une Année Sainte
16 juin: deuxième visite en Pologne, alors sous état de siège.
14-15 août: voyage en France (Lourdes)
28 décembre: Jean Paul II visite son agresseur Ali Agca en prison à Rome.
1984, 29 novembre: signature au Vatican du Traité de paix entre l’Argentine et le Chili, conclu grâce à la médiation du Saint-Siège.
1985
30 mars: premier rassemblement de 450 00 jeunes à Rome, et lancement des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ).
2 juillet: encyclique Slavorum Apostoli (« Les apôtres des Slaves »), appel en faveur de la liberté religieuse.
1986
3 février: le pape rencontre mère Teresa à Calcutta.
13 avril: visite historique à la grande synagogue de Rome. Il est le premier pape à prier dans une synagogue (sans compter les premiers qui étaient juifs évidemment).
18 mai: encyclique Dominum et vivificantem (« Il est le Seigneur et il donne la vie »), consacrée à l’Esprit Saint et à la défense de la foi contre le matérialisme.
4-7 octobre: voyage en France (Lyon, Paray, Taizé, Ars et Annecy).
27 octobre: Rencontre interreligieuse d’Assise: le pape préside une journée mondiale de prière pour la paix avec les représentants de religions du monde entier.
1987
22 février: instruction Donum vitae sur le respect de la vie humaine.
25 mars: encyclique Redemptoris Mater sur la participation de Marie à l’unique médiation du Christ
avril: Jean Paul II se rend au Chili et rencontre le général Pinochet.
7 décembre: déclaration commune du pape et du patriarche orthodoxe de Constantinople, Dimitrios 1er, sur le dialogue oecuménique.
30 décembre: encyclique sociale Sollicitudo rei socialis
1988
30 juin: schisme de Mgr Lefebvre
15 août: lettre apostolique Mulieris dignitatem sur la dignité de la femme
8 octobre: visite en France (Strasbourg, Metz et Nancy).
30 décembre: exhortation apostolique Christifideles laici sur l’importance du rôle des laïcs
1989, 1er décembre: le président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev au Vatican, premier face-à-face du chef de l’Eglise catholique et du chef du Kremlin.
1990, 7 décembre: Encyclique Redemptoris missio
1991
1er mai: encyclique sociale Centesimus annus
15 août: plus d’1 million de jeunes à Czestochowa (Pologne) avec le pape pour les Journées Mondiales de la Jeunesse.
1992
7 avril: exhortation Pastores Dabo Vobis (pour de saints prêtres)
12 juillet: Jean Paul II est opéré d’une tumeur bénigne à l’intestin.
11 octobre: publication du Catéchisme de l’Eglise Catholique
1993
4-10 septembre: il se rend pour la première fois en ex-URSS en visitant la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie.
9 mai: réquisitoire contre la mafia en Sicile.
6 août: encyclique Veritatis splendor (« La splendeur de la vérité ») contre le relativisme et pour l’éthique évangélique.
30 décembre: signature d’un accord fondamental entre le Saint-Siège et Israël, premier acte juridique entre les deux Etats.
1994
29 avril: nouvelle hospitalisation pour une fracture du fémur suite à une chute dans sa salle de bains.
25 octobre: établissement de relations officielles entre le Saint-Siège et l’OLP.
1995
12 janvier: Journées mondiales de la jeunesse à Manille, plus de 4 millions de personnes pendant une semaine avec le pape pour louer Dieu (la plus grande foule de son pontificat).
25 mars: encyclique Evangelium vitae (L’Evangile de la vie), condamnant l’avortement et l’euthanasie.
25 mai: encyclique Ut unum sint (sur l’engagement oecuménique).
1996
25 mars: exhortation Vita consecrata (la sainteté par la consécration religieuse)
7 octobre: Jean Paul II est hospitalisé pour une appendicectomie.
1997, 24 août: Journées Mondiales de la Jeunesse à Paris, 1 million de personnes.
19 octobre: Thérèse de l’Enfant‑Jésus et de la Sainte Face (dite de Lisieux) proclamée 33e Docteur de l’Eglise
1998
janvier: Jean Paul II rencontre Fidel Castro à Cuba.
12 mars: il signe le document « Souvenons-nous: une réflexion sur la Shoah ».
14 septembre: encyclique Fides et ratio sur les rapports entre foi et raison.
1999: voyage missionnaire en Roumanie
2000
12 mars: Jean Paul II demande pardon à Dieu pour les fautes et les erreurs passées de l’Eglise, notamment contre les Juifs.
mars: pèlerinage historique en Terre Sainte, 36 ans après Paul VI; il renouvelle sa demande de pardon à Dieu à l’égard des fautes commises par les Chrétiens envers les Juifs.
2001
mai: signature en Grèce d’une déclaration commune avec le patriarche orthodoxe d’Athènes; visite de la mosquée des Omeyyades à Damas.
juin: visite pastorale en Ukraine, malgré les protestations du patriarcat de Moscou.
Le Nobel lui est refusé en raison d’un empêchement public de la part de l’évêque luthérien d’Oslo, Gunnar Staalseth, membre du comité: « Pas de prix pour un pape tant que l’Église catholique n’aura pas actualisé son enseignement sur la contraception. »
2002
24 janvier: le pape convoque un sommet inter-religieux de prière à Assise pour « éloigner les nuages du terrorisme et des conflits ».
11 février: Jean Paul II crée 4 nouveaux diocèses en Russie; le patriarcat de Moscou dénonce cette décision comme une « action inamicale ».
2003
février: Jean Paul II affirme que la guerre en Irak « peut être évitée » et développe une intense activité diplomatique pour éviter une intervention militaire.
17 avril: 14ème encyclique, Ecclesia de eucharistia, invitant les Chrétiens à retrouver le sens et la centralité de la Messe
juin: voyage en Croatie (5-9 juin), 100ème de son pontificat, puis en Bosnie.
septembre: visite en Slovaquie; le pape apparaît très affaibli; des prélats commencent à évoquer publiquement la perspective de sa mort.
octobre: 25ème anniversaire du pontificat et béatification de Mère Teresa.
2004
5-6 juin: Jean Paul II se rend en Suisse.
14-15 août: pèlerinage à Lourdes à l’occasion du 150ème anniversaire de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie.
2005
janvier: célébrations à Auschwitz pour le 60ème anniversaire de la libération du camp
1er et 24 février: 2 hospitalisations pour des problèmes respiratoires.
2 avril: après 15 années de Parkinson pendant lesquelles il a laissé voir au monde sa faiblesse physique (qui ne diminue pas la dignité et la valeur de la vie humaine), il remet son âme à Dieu à 21h37 dans son appartement du Vatican, le premier soir du dimanche de la Miséricorde
2011, 1er mai, dimanche de la Miséricorde: béatification par B XVI
7 legs principaux de Jean-Paul II (d’après A. de Penanster):
– Attitude franche envers le corps, la vie, la sexualité, la maladie, avec l’élaboration d’une théologie du corps dont beaucoup n’ont pas encore commencé à envisager l’ampleur.
(L’apparence corporelle de Jean-Paul II a beaucoup varié au cours de son pontificat. Où est la constante dans son attitude?: Au début de son pontificat, Jean-Paul II est robuste et sportif. On lui offre une piscine à Castel Gandolfo. Le cardinal Marty le surnomme « l’athlète de Dieu« . L’attentat du 13 mai 1981 met fin à cette période harmonieuse. Le tempérament énergique de Jean-Paul II reprend le dessus malgré des ennuis de santé. Il recommence à voyager à travers le monde. Mais, au fil des années, les échéances de l’âge se font sentir. Il devient le « serviteur souffrant » cité par Isaïe. Ses interlocuteurs sont sensibles à cette faiblesse physique qu’il cherche à surmonter sans la cacher. La constance dans son attitude, que vous évoquez, est dans cette franchise. Quand il est diminué physiquement, il se montre diminué. Quand il est malade, il va à la polyclinique. Les papes précédents se faisaient soigner discrètement, parfois en cachette. Jean-Paul II a incarné une cohérence entre ce qu’il vivait et ce qu’il enseignait. Il a été d’autant plus crédible pour exprimer des vues théologiques originales sur le corps, la sexualité, le respect de la vie, la maladie, la souffrance. Lui-même a accompli les dernières années de son ministère non pas à côté de sa maladie mais dans sa maladie même. Ce témoignage vécu renforce la crédibilité de sa théologie du corps, qui n’est pas encore assez connue.)
– Appel à la mémoire sur des fautes d’hommes d’Eglise dans le passé et l’expression de « repentances » sans demande de réciprocité aux interlocuteurs quand les torts étaient partagés.
– Attitude remarquable ouverte et compréhensive envers les Juifs.
(Au sujet des Juifs, il y avait eu une première ouverture lors du concile Vatican II. Un concile auquel Mgr Wojtyla et l’abbé Ratzinger avaient participé. Il avait notamment rappelé que les responsabilités dans la mort du Christ étaient nombreuses et ne pouvaient pas, en tout cas, être imputées aux Juifs extérieurs à Jérusalem et à cette époque-là. Mais, en ce domaine, les Chrétiens avaient à revenir de très loin. Jean-Paul II, lui, trouvait normale la cohabitation avec les Juifs: ils étaient 30% des élèves de son école à Wadowice, en Pologne ; dont son meilleur ami. Puis, comme archevêque de Cracovie, il a eu sur son diocèse l’ancien camp d’Auschwitz et a été spécialement touché par le « mystère d’iniquité » de la Shoah, même si son auteur était un régime néo-païen. Jean-Paul II a rappelé l’élection divine du peuple d’Israël. Il a fait à la synagogue de Rome la première visite d’un pape ; puis un pèlerinage en Terre sainte en 2000. Auparavant, il avait fait établir des relations diplomatiques entre le Vatican et l’Etat d’Israël, ce qui reconnaissait la légitimité de cet Etat. Le grand rabbin de Rome a été l’une des rares personnes que Jean-Paul II a citées dans son testament. A son tour, son héritier spirituel Benoît XVI a fait une visite pontificale à la synagogue de Cologne. Il a aussi rappelé que le Nouveau Testament était un développement de l’Ancien Testament.)
– Unité de l’Eglise et primauté de Pierre, par le dialogue dans la Vérité
– Splendeur et rudesses de la Vérité
(A notre époque, l’individualisme incite à n’y accepter que des vérités partielles, subjectives, à la carte, et à récuser les enseignements de la Révélation. L’encyclique Veritatis Splendor rappelle les données qui permettent de guider notre liberté, au moment où notre monde demande des repères. Le cardinal Ratzinger avait contribué à la rédaction de cette encyclique. Benoît XVI continue en dénonçant le relativisme, cette dérobade mentale devant la Vérité et ses conséquences.)
– Implication dans les affaires du monde
– La nouvelle évangélisation dont nous voyons les fruits dans la rencontre du Christ par de nombreux adultes dans les pays occidentaux déchristianisés.
Citations:
Jean-Paul II cite souvent Vatican II GS 36: « La créature sans son Créateur s’évanouit. »
Et GS 24: « L’homme… ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même. »
Lettre aux familles: « L’avenir de l’humanité et du christianisme passe par la famille ».
Aux étudiants du Kazakhstan 2001: Après « la violence mortelle de l’idéologie », arrive « la violence non moins destructrice du vide, négation de l’infini ».
Bucarest 1999: « J’ai cherché l’unité de toutes mes forces, et je continuerai à me dépenser jusqu’à la fin pour qu’elle soit parmi les préoccupations prioritaires des Eglises ».
Evangelium vitae 62: « Je déclare que l’avortement direct, c’est à dire voulu comme fin ou comme moyen, constitue toujours un désordre moral grave, en tant que meurtre délibéré d’un être humain innocent […] aucune circonstance, aucune finalité, aucune loi au monde ne pourra jamais rendre licite un acte qui est intrinsèquement illicite parce que contraire à la loi de Dieu…. »